Shakespeare au Yémen : le retour du théâtre face à la tragédie de la guerre

Des acteurs jouent dans une production de Hamlet de William Shakespeare, dans la ville d'Aden, dans le sud du pays, contrôlée par le gouvernement yéménite, le 8 janvier 2023. (AFP)
Des acteurs jouent dans une production de Hamlet de William Shakespeare, dans la ville d'Aden, dans le sud du pays, contrôlée par le gouvernement yéménite, le 8 janvier 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 25 janvier 2023

Shakespeare au Yémen : le retour du théâtre face à la tragédie de la guerre

  • La troupe a été formée à distance via l'application Zoom pendant deux ans par le théâtre du Globe de Londres et le Volcano Theatre au Pays de Galles
  • «La pièce a été adaptée de l'anglais de Shakespeare vers l'arabe classique puis vers le dialecte spécifique d'Aden», explique Omar, qui joue plusieurs rôles dont celui de Guildenstern

ADEN: "Etre ou ne pas être": soldats en armes et costumes d'époque sur la scène d'une bâtisse datant de l'ère coloniale britannique, le célèbre monologue d'Hamlet résonne en arabe dans une adaptation inédite au Yémen, événement rarissime dans ce pays ravagé par la guerre.

Entre dilemmes moraux et lutte de pouvoir tragique, l'emblématique pièce de William Shakespeare a un écho puissant aux portes de la mer Rouge, dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dévasté depuis plus de huit ans par un conflit sanglant opposant les combattants pro-gouvernement aux rebelles Houthis.

Organisées en partenariat avec le British Council, les dix représentations d'Hamlet ont fait salle comble début janvier à Aden, ville du sud contrôlée par le gouvernement et devenue sa capitale temporaire après la prise de Sanaa par les Houthis en 2014.

«Vieux rêve»

"La plupart des réactions sont bonnes et prometteuses", se réjouit le metteur en scène de la pièce Amr Gamal, par ailleurs réalisateur de "Dix jours avant le mariage", l'un des rares longs métrages yéménites réalisés ces dernières années.

"Les gens ne quittent pas la salle avant la fin de la pièce alors même qu'elle est longue", dit-il.

Pourtant, le metteur en scène s'attendait à une audience "limitée", le grand public étant rarement friand d'oeuvres étrangères. Mais le succès de la pièce permettra d'autres représentations cette année, assure-t-il.

La troupe se produit dans l'enceinte du parlement, un bâtiment historique qui date de la forte présence coloniale britannique dans une ville stratégique située sur le Golfe d'Aden, près du détroit de Bab al-Mandab.

Marwan Mafraq, assistant du metteur en scène, évoque "un vieux rêve" enfin réalisé. "Ce n'est pas seulement une pièce de Shakespeare, c'est aussi la restauration d'un monument historique", dit-il à l'AFP.

Mais, au-delà de cette pièce, l'environnement artistique est devenu très restreint au Yémen en raison du conflit, regrette Marwan Mafraq, alors que le pays était connu pour son histoire et sa culture très riches.

La guerre a dévasté ce pays de 30 millions d'habitants, confrontés à l'une des pires crises humanitaires au monde, avec une menace permanente de famine à grande échelle. Des centaines de milliers de personnes ont été tuées et des millions d'autres déplacées, selon l'ONU.

«Amour et paix»

La troupe a été formée à distance via l'application Zoom pendant deux ans par le théâtre du Globe de Londres et le Volcano Theatre au Pays de Galles. Le British Council, qui a chapeauté cette coopération, affirme à l'AFP son "engagement" pour permettre aux "jeunes yéménites de s'exprimer de manière créative".

"La pièce a été adaptée de l'anglais de Shakespeare vers l'arabe classique puis vers le dialecte spécifique d'Aden", explique à l'AFP Omar Majalad, qui joue plusieurs rôles dont celui de Guildenstern, ami d'Hamlet.

"En tant qu'artistes, nous avons toujours l'espoir qu'il y ait de grandes productions culturelles, théâtrales ou cinématographiques, qui mettent en valeur la culture yéménite", confie l'acteur.

Si, comme nombre d'artistes à travers le monde, l'actrice Nour Zaker qualifie Hamlet de pièce "pas facile qu'on ne peut pas prendre à légère", elle a dû particulièrement, en tant que femme, faire face à de "très grandes difficultés", dans un pays très conservateur.

"Ma famille ne s'y est pas opposée, mais c'est difficile parce que la société, elle, ne l'accepte pas", confie-t-elle à l'AFP.

Mais les spectateurs, eux, se disent "avides" de ces événements culturels, à l'instar de Heba Al-Bakri, venue à l'une des représentations d'Hamlet. "Notre peuple est épuisé et a besoin de se divertir", dit-elle à l'AFP après l'une des représentations.

Fadi Abdelmalik "espère" lui aussi voir bien d'autres oeuvres artistiques à l'avenir. Le Yémen devrait, dit-il à l'AFP, "accorder plus d'importance à l'art et à la musique pour cultiver l'amour et la paix".


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Short Url
  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Short Url
  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Short Url
  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com