Birmanie: la junte durcit les règles pour les partis politiques, avant les élections promises

Le chef militaire du Myanmar Min Aung Hlaing se tient dans une voiture alors qu'il supervise une démonstration militaire sur un terrain de parade pour marquer le jour de l'indépendance du pays à Naypyidaw le 4 janvier 2023. (AFP)
Le chef militaire du Myanmar Min Aung Hlaing se tient dans une voiture alors qu'il supervise une démonstration militaire sur un terrain de parade pour marquer le jour de l'indépendance du pays à Naypyidaw le 4 janvier 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 27 janvier 2023

Birmanie: la junte durcit les règles pour les partis politiques, avant les élections promises

  • Les organisations politiques existantes ou en cours de création ont 60 jours pour s'enregistrer auprès de la commission électorale nommée par l'armée
  • Chaque parti doit promettre que «100 000 membres au moins seront mobilisés» dans les 90 jours suivant l'homologation, et ouvrir des bureaux dans au moins la moitié des districts du pays, sous 180 jours

RANGOUN: Les partis politiques en Birmanie ont jusqu'à fin mars pour se déclarer sous la nouvelle loi électorale contrôlée par la junte, une annonce qui rapproche le pays du scrutin national promis cette année.

Les organisations politiques existantes ou en cours de création ont 60 jours pour s'enregistrer auprès de la commission électorale nommée par l'armée, selon les règles approuvées jeudi, et publiées vendredi dans un journal d'Etat.

Chaque parti doit promettre que "100 000 membres au moins seront mobilisés" dans les 90 jours suivant l'homologation, et ouvrir des bureaux dans au moins la moitié des districts du pays, sous 180 jours.

Ceux qui ne pourront satisfaire à ces demandes "perdront leur statut" de parti politique.

La loi ne précise pas comment ces chiffres seront vérifiés, d'autant que des régions de la Birmanie sont en proie à un violent conflit entre forces armées et milices rebelles.

La Birmanie a "profondément régressé" depuis le coup d'Etat (ONU)

La Birmanie a "profondément régressé" depuis le coup d'Etat de la junte militaire il y a deux ans, a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk.

"Dans tous les domaines des droits de l'homme - économiques, sociaux et culturels, autant que civils et politiques - la Birmanie a profondément régressé", a dit M. Türk, cité dans un communiqué publié quelques jours avant le coup d'Etat du 1er février 2021.

"Loin d'être épargnés, les civils ont été les véritables cibles des attaques - victimes de tirs de barrage d'artillerie et de frappes aériennes ciblées et aveugles, d'exécutions extrajudiciaires, du recours à la torture et de l'incendie de villages entiers", a dénoncé Volker Türk, qui tient à "souligner le courage de tous ceux dont la vie a été perdue dans la lutte pour la liberté et la dignité" en Birmanie.

Le Haut-Commissariat, indique que, selon des sources crédibles, au moins 2.890 personnes sont mortes aux mains des militaires et autres personnes impliquées dans la répression.

Parmi elles, quelques 767 personnes sont décédées au cours de leur arrestation.

"Il s'agit presque certainement d'une sous-estimation du nombre de civils tués à la suite d'une action militaire", précise le Haut-Commissariat, qui ajoute que 1,2 million de personnes supplémentaires ont été déplacées à l'intérieur du pays et que plus de 70.000 l'ont quitté.

Elles viennent rejoindre plus d'un million d'autres, y compris la majeure partie de la communauté rohingya, de confession musulmane, qui a fui les persécutions et les attaques au cours des dernières décennies.

Plus de 16.000 personnes ont aussi été arrêtées -dont les dirigeants démocratiquement élus- dont la plupart font face à "des accusations spécieuses devant des tribunaux contrôlés par l'armée, en violation flagrante du droit à une procédure régulière et à un procès équitable".

Les services de M. Türk jugent aussi que sur la base d'informations crédibles, plus de 34.000 infrastructures civiles, dont des maisons, des cliniques, des écoles et des lieux de culte, "ont été incendiées au cours des deux dernières années".

M. Türk accuse la junte de dédaigner le plan en cinq point agréé par les membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean).

"Deux des conditions essentielles convenues - cesser toute violence et permettre l'accès humanitaire - n'ont pas été remplies", souligne le Haut-Commissaire.

"En fait, nous avons vu le contraire. La violence est devenue incontrôlable et l'accès humanitaire a été sévèrement restreint", a encore souligné M. Türk.

La junte, en quête de légitimité depuis le coup d'Etat du 1er février 2021 qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, détenue depuis, a promis des élections cette année, bien qu'aucune date n'ait encore été annoncée.

L'armée avait justifié son putsch par des fraudes massives lors du scrutin de novembre 2020 qui avait confirmé à la tête du pays le parti de la prix Nobel de la paix, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) - des accusations contestées par les observateurs internationaux.

Le chef de la junte Min Aung Hlaing a insisté début janvier que l'armée allait organiser un scrutin multipartite "libre et équitable", quelques jours après la fin du procès fleuve de la figure de la démocratie Suu Kyi, condamnée à 33 ans de prison.

Les Etats-Unis ont déjà qualifié d'imposture ces élections, que soutient de son côté Moscou, allié et fournisseur d'armes de Naypyidaw.

Une poignée de partis plus petits et régionaux ont fait part de leur volonté de participer, pendant que le parti de l'union, de la solidarité et du développement, soutenu par l'armée, organisait des rassemblements à travers le pays ces dernières semaines.

La commission électorale mène des discussions avec les partis politiques pour mettre en place un système de représentation proportionnelle, a indiqué Min Aung Hlaing.

Selon des experts, la junte pourrait abandonner le système uninominal majoritaire à un tour par lequel le LND, aujourd'hui décimé, avait remporté d'écrasantes majorités en 2015 et 2020.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.