Le Liban «suit les pas du Venezuela», affirme un économiste

Un client portant des gants tient des livres libanaises dans un bureau de change à Beyrouth (Photo, Reuters).
Un client portant des gants tient des livres libanaises dans un bureau de change à Beyrouth (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 28 janvier 2023

Le Liban «suit les pas du Venezuela», affirme un économiste

  • L'économiste Jassem Ajaka a déclaré à Arab News: «Nous suivons les pas du Venezuela.»
  • En moins de 24 heures, la valeur de la monnaie libanaise a chuté de plus de 10 000 livres libanaises, le taux de change avoisinant les 70 000 pour 1 dollar

BEYROUTH: En moins de 24 heures, la valeur de la monnaie libanaise a chuté de plus de 10,000 livres libanaises, le taux de change avoisinant les 70,000 pour 1 dollar américain – une chute qui intervient au moment où les Libanais redoutaient que le taux de change atteigne les 50,000 pour 1 dollar.

L'économiste Jassem Ajaka a déclaré à Arab News: «Nous suivons les pas du Venezuela. L'intervention de la banque centrale pour empêcher la monnaie locale de se déprécier aussi rapidement ne fonctionnera pas tant qu'il n'y a aucune action du gouvernement.»

Ajaka a révélé qu'il pensait que le problème résidait dans la structure libanaise, le manque de confiance dans la politique et les juges et le conflit avec la communauté internationale concernant l'incapacité du Liban à payer ses dettes.

Pour éviter les pertes, les institutions commerciales et de services ont fixé le prix de leurs produits sur la base d'un taux de change beaucoup plus élevé, en prévision d'une nouvelle dévaluation. Cette action a considérablement réduit le pouvoir d'achat des citoyens.

Le prix d'un bidon de 20 litres de carburant a bondi de 147,000 livres libanaises en 24 heures, atteignant 1,147,000 livres (19 dollars sur la base du taux de change de 60,000 livres contre 1 dollar), ce qui équivaut au salaire d'un employé du secteur public.

L'instabilité du taux de change a poussé les propriétaires d'épiceries à fermer pour la journée ou à cesser de vendre certains produits.

De nouveaux manifestants sont descendus dans les rues des zones rurales libanaises vendredi, bloquant les routes avec des pneus enflammés. La route internationale de Baalbek a été complètement coupée en signe de protestation contre la situation économique. Les manifestants ont également bloqué la route internationale d'Al-Minya, dans le nord du Liban, dans les deux sens, pour protester contre la détérioration des conditions de vie.

Le ministère de l'Économie a publié une décision augmentant le prix d'un gros paquet de pain arabe à 29,000 livres (48 cents américains).

Avec la flambée des prix, certains chauffeurs de taxi ont choisi de rester dans une seule région pour éviter de gaspiller du carburant dans les embouteillages, modifiant constamment leurs tarifs en fonction du taux de change.

Pour la première fois, le syndicat des pharmaciens du Liban a appelé ses membres à fermer leurs pharmacies pour protester contre la situation actuelle.

«Les fournisseurs des produits pharmaceutiques et les propriétaires d'entrepôts médicaux ont complètement cessé de livrer des médicaments il y a près d'une semaine. Le syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques ne livrera désormais les médicaments que sur la base d'une liste de prix publiée quotidiennement, à l'instar des stations-service», a déclaré le syndicat dans un communiqué.

Joe Salloum, chef du syndicat, a prévenu: «Les différences de prix entre l'indice du ministère de la Santé et le taux de change sur le marché noir font partie des raisons qui ont failli conduire à l'effondrement complet du secteur.»

Robert, un pharmacien de Beyrouth, a affirmé qu'il avait vendu un médicament sur la base du taux de change de 50,000 livres libanaises contre 1 dollar américain, selon l'indice du ministère de la Santé, mais que le taux de change sur le marché noir a ensuite atteint les 61,000 livres contre 1 dollar, ce qui signifie qu'il ne peut plus acheter le même médicament sans subir de pertes.

«Tout ce que je vends, je ne peux plus l'acheter. Les fournisseurs livrent à peine les médicaments et le taux de change est sujet au changement constant. Pendant ce temps, la liste des médicaments manquants ne cesse de grandir», a-t-il ajouté.

La semaine dernière, le syndicat des hôpitaux a eu recours à l'adoption d'une procédure qui oblige les patients inscrits à la Caisse nationale de sécurité sociale à payer les médicaments requis, car l'État n'est pas en mesure de couvrir leurs coûts pour les hôpitaux à cause de l'instabilité du taux de change.

Antoine Yammine, chef du syndicat des propriétaires et investisseurs des usines de remplissage de bouteilles de gaz domestique, a mis en garde vendredi contre la fermeture forcée des usines en raison de la dévaluation insensée de la livre libanaise, le prix d'une bouteille de gaz domestique ayant dépassé les 730,000 livres, soit environ 12 dollars (sur la base du taux de change de 60,000 livres contre 1 dollar).

Yammine a signalé: «Hier, la liste des prix était établie selon le taux de change de 60,600 livres contre 1 dollar, mais ce taux a atteint les 64,000 livres contre 1 dollar sur le marché noir aujourd'hui, ce qui signifie que les ventes d'hier étaient toutes des pertes. Notre capital s'érode de jour en jour. Les autorités doivent mettre fin à cette mascarade.»

Par ailleurs, les blocs parlementaires doivent encore se mettre d'accord sur l'élection d'un nouveau président libanais.

Les députés de l'opposition se sont réunis vendredi après avoir participé jeudi aux manifestations des familles des victimes de l'explosion du port devant le ministère de la Justice après que le procureur Ghassan Oueidat a libéré toutes les personnes que le juge Tarek Bitar avait fait arrêter.

Les députés ont publié une déclaration, disant: «Nous soutenons la demande visant à tenir le juge Oueidat responsable des violations flagrantes qu'il a commises», exprimant leur rejet de la révocation du juge Bitar et de la désignation d'un autre juge pour mener l'enquête.

Ils ont également mis en garde contre les dangers créés par le vide présidentiel. Ils ont réitéré leur appel et leur engagement à respecter les dispositions de la Constitution, qui stipulent que le Parlement est un organe électoral qui se réunit régulièrement jusqu'à l'élection d'un président.

Le juge Bitar devrait poursuivre ses investigations, malgré toutes les objections judiciaires à l'étude juridique à laquelle il s'est référé pour reprendre son travail après une interruption de 13 mois.

Les séances d'interrogatoire de la semaine prochaine doivent commencer le 6 février avec le député Ghazi Zeaiter et l'ancien ministre Mohad al-Machnouk.

Les membres du Conseil judiciaire suprême et son président, le juge Souhail Abboud, sont toujours en désaccord sur le sort de Bitar, qui est chargé de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Bouygues Telecom: ventes en hausse, portées par La Poste Telecom

Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions. (AFP)
Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions. (AFP)
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  • Sur la période, ses ventes atteignent 5,9 milliards d'euros, soit une hausse de 4% par rapport à la même période l'année précédente. A périmètre et change constants, elles accusent un léger recul de 1%
  • Le chiffre d'affaires facturé aux clients, autre indicateur de l'activité de l'entreprise, ressort quant à lui en hausse de 5% sur un an, à 4,9 milliards d’euros, grâce à l'intégration de La Poste Telecom

PARIS: Le groupe de télécommunications Bouygues Telecom a vu son chiffre d'affaires augmenter sur les neuf premiers mois de l'année, toujours porté par l'intégration de La Poste Telecom après son rachat l'année dernière, d'après des résultats financiers publiés mercredi.

Sur la période, ses ventes atteignent 5,9 milliards d'euros, soit une hausse de 4% par rapport à la même période l'année précédente. A périmètre et change constants, elles accusent un léger recul de 1%.

Le chiffre d'affaires facturé aux clients, autre indicateur de l'activité de l'entreprise, ressort quant à lui en hausse de 5% sur un an, à 4,9 milliards d’euros, grâce à l'intégration de La Poste Telecom.

En parallèle, la contribution de l'activité au résultat net du groupe Bouygues accuse une baisse substantielle de 126 millions d'euros et s'établit à 137 millions d'euros.

Sur les neuf premiers mois de l'année, l'excédent brut d'exploitation après loyer (Ebitdal), indicateur de rentabilité de référence dans le secteur, est stable et atteint 1,5 milliard d'euros, avec "une contribution limitée de La Poste Telecom", précise l'entreprise dans son communiqué.

A fin septembre, le nombre de clients fixe progresse par rapport aux derniers chiffres de fin juin, à 5,3 millions de clients.

Sur le dernier trimestre, l'entreprise a gagné 125.000 nouveaux abonnés à un forfait mobile, et compte désormais 18,5 millions d'abonnés. Le nombre total de clients mobile accuse quant à lui une légère baisse, à 27 millions.

La filiale a indiqué maintenir ses prévisions sur l'année, avec un chiffre d'affaires facturé aux clients "soit légèrement supérieur soit légèrement inférieur, son évolution dépendant de la durée et de l’intensité de la pression concurrentielle observée actuellement".

Bouygues Telecom a également indiqué que la vente de sa société Infracos, détenue en commun avec SFR, devrait s'achever d'ici la fin de l'année.

L'opérateur a réaffirmé maintenir l'offre de rachat commune de SFR, déposée mi-octobre avec Free et Orange.

"Nous considérons que l'offre est attractive", a affirmé Pascal Grangé, directeur général délégué du groupe Bouygues, au cours d'une conférence téléphonique.

"Il n'y avait pas de dialogue particulier avant, il n'y a pas de dialogue particulier après" avec Patrick Drahi, actionnaire majoritaire du groupe Altice France, maison mère de SFR, a-t-il ajouté.

La proposition de rachat, à hauteur de 17 milliards d'euros, avait été refusée dès le lendemain de son annonce par la direction d'Altice France, et remise aussitôt sur la table par les trois opérateurs concurrents.

 


Le décret sur la programmation énergétique de la France, priorité du Premier ministre, assure Lescure

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 novembre 2025. (AFP)
Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 4 novembre 2025. (AFP)
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  • Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Roland Lescure, a affirmé que la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) est la priorité du gouvernement et qu’elle sera présentée « très bientôt » après plus de deux ans de retard
  • Ce texte stratégique doit définir la trajectoire énergétique de la France pour les dix prochaines années, combinant relance du nucléaire et développement des énergies renouvelables afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050

PARIS: Le décret traçant la stratégie énergétique de la France est en tête des priorités du ministre de l'Energie et de celles du Premier ministre, a affirmé mardi le ministre de l'Economie Roland Lescure, au sujet de ce texte sensible qui déchire la classe politique.

"La programmation pluriannuelle de l'énergie, elle est au sommet de la pile du ministre de l'Energie, elle est aussi au sommet de la pile du Premier ministre" Sébastien Lecornu, a assuré à la presse le ministre de l'Economie et des Finances, également chargé de l'énergie, lors d'un déplacement au salon du nucléaire civil près de Paris.

La programmation énergétique de la France, dite PPE3, qui a déjà plus de deux ans de retard, n'en finit pas de se faire attendre. Mais le ministre tient à rassurer: "on est en train de travailler, j'ai repris le crayon il y a maintenant trois semaines pour faire atterrir tout ça".

"On va rencontrer les parlementaires qui ont beaucoup travaillé là-dessus et on va vous revenir très vite avec une programmation pluriannuelle de l'énergie qui (...) va permettre de lancer les grands projets dont on a tant besoin", a-t-il dit.

Le gouvernement précédent avait promis de publier le décret de la PPE3 d'"ici à la fin de l'été", avant finalement de renoncer.

Le Premier ministre de l'époque François Bayrou, alors sous menace d'une censure du Rassemblement national, avait expliqué début août avoir retardé la publication "pour que soient conduites la concertation et les consultations nécessaires" avec les partis et les groupes parlementaires.

Le texte a donné lieu à des débats enflammés dans la classe politique au printemps entre pronucléaires et partisans des renouvelables, lors de l'examen d'une proposition de loi elle aussi consacrée à la programmation énergétique.

La PPE3 fixe la feuille de route énergétique de la France sur 10 ans pour sortir des énergies fossiles et atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à une relance massive du nucléaire combinée au développement des renouvelables.

Initialement, le gouvernement avait prévu de présenter sa stratégie énergétique dans un projet de loi pour début 2024, avant finalement d'opter pour la voie réglementaire devant la "guerre de religion" qui oppose pro-renouvelables et pro-nucléaire, comme l'avait admis à l'époque le ministère de l'Energie alors dirigé par Roland Lescure lors de son précédent passage à Bercy.

Mais aujourd'hui, "la guerre des religions est terminée", a martelé mardi le ministre. "On a besoin d'engager des grands projets dans le nucléaire, dans l'éolien offshore" et "de continuer sur la dynamique des énergies renouvelables".


IA: Microsoft annonce 15,2 milliards de dollars d'investissements aux Emirats arabes unis

Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe. (AFP)
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  • Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis
  • Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42

ABOU DHABI: Microsoft a annoncé lundi des investissements de 15,2 milliards de dollars, essentiellement dans l'intelligence artificielle (IA), aux Emirats arabes unis d'ici à 2029, en affirmant avoir obtenu une licence pour importer des puces avancées dans le pays du Golfe.

Le géant technologique américain a investi 7,3 milliards de dollars dans le pays depuis 2023, dans le cadre d'une initiative soutenue par les gouvernements des Etats-Unis et des Emirats arabes unis, a indiqué son président Brad Smith, dans une lettre publiée en marge d'une visite à Abou Dhabi.

Ce montant inclut l'investissement de 1,5 milliard dans la société d'intelligence artificielle G42, dirigée par le conseiller à la sécurité nationale et frère du président émirati, Tahnoon ben Zayed.

"Du début de l'année 2026 à la fin de l'année 2029, nous dépenserons plus de 7,9 milliards de dollars" supplémentaires pour continuer à développer l'infrastructure d'IA et de cloud dans le pays, portant l'enveloppe totale à 15,2 milliards, a-t-il ajouté.

L'Etat du Golfe, qui figure parmi les principaux exportateurs de pétrole au monde, a fait de l'IA l'un des piliers de sa stratégie de diversification économique, avec l'ambition de devenir un leader mondial d'ici 2031.

Il subit toutefois les règles imposées par les Etats-Unis pour restreindre les exportations de certaines puces d'IA avancées vers la Chine, dont l'une prévoit des autorisations pour toute exportation ou réexportation afin de limiter toute opération consistant à contourner les restrictions en passant par des pays tiers.

Des exemptions sont prévues pour des pays considérés comme amis des Etats-Unis, mais la plupart se voient imposer des plafonds.

Lors de la visite du président américain Donald Trump à Abou Dhabi en mai, les Emirats et les Etats-Unis ont conclu un partenariat stratégique dans l'IA, laissant espérer un assouplissement de ces règles à l'égard du pays.

Sous l'administration de Joe Biden, Microsoft avait été "l'une des rares entreprises" à obtenir des licences d'exportation pour les Emirats, permettant d'accumuler dans le pays l'équivalent de 21.500 puces A100 de la compagnie Nvidia, selon son président.

Et pour la première fois depuis l'arrivée de M. Trump, elle a obtenu en septembre des licences "permettant d'expédier l'équivalent de 60.400 puces A100 supplémentaires", impliquant dans ce cas des technologies encore plus avancées, a-t-il ajouté en soulignant que ces autorisations étaient basées sur "des mesures de protection technologique strictes".