Inflation: Les populations du Maghreb et du Moyen-Orient particulièrement affectées

La livre libanaise a perdu environ 95% de sa valeur depuis 2019 (Photo, LTA).
La livre libanaise a perdu environ 95% de sa valeur depuis 2019 (Photo, LTA).
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

Inflation: Les populations du Maghreb et du Moyen-Orient particulièrement affectées

  • Les classes moyennes des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord ressentent aujourd'hui l'impact de la flambée des prix
  • Elles ont subi le triple choc de la pandémie, de la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants, et de l'invasion de l'Ukraine par la Russie

DUBAÏ: Face à des économies en crise, des monnaies en difficulté et une inflation qui sape le pouvoir d'achat, il est clair que les pauvres de la région arabe sont en difficulté. Alors que même les classes moyennes de certains pays commencent à être touchées, de plus en plus de familles ont du mal à se nourrir.
«C'est comme si nous avions été frappés par un tremblement de terre. Tout à coup, vous devez tout laisser tomber», a déclaré Manar, une Égyptienne de 38 ans, mère de deux enfants, à l'Agence France-Presse (AFP).
«Désormais, la vie semi-humaine que les gens avaient se réduit à penser au prix du pain et des œufs.»

Le prix du pain a augmenté dans certains pays arabes en raison de la guerre en Ukraine (Photo, AFP).

La livre égyptienne a perdu la moitié de sa valeur par rapport au dollar depuis mars dernier après une dévaluation exigée par le Fonds monétaire international dans le cadre d'un accord de prêt de 3 milliards de dollars. L'inflation globale annuelle officielle dans le pays a atteint 21,9% en décembre et les prix des denrées alimentaires ont grimpé de 37,9%.
L'économie égyptienne s'était difficilement remise de la pandémie de Covid-19. C'est toutefois l'invasion de l'Ukraine par la Russie qui a déclenché la dernière crise, car ces deux pays sont de gros exportateurs de blé vers l'Égypte et des sources de tourisme de masse.
Selon la Banque mondiale, près d'un tiers de la population égyptienne, soit 104 millions de personnes, vit actuellement sous le seuil de pauvreté, et presque autant sont «vulnérables à la pauvreté».
Par ailleurs, des prévisions économiques inquiétantes pèsent déjà sur l'année 2023. Les économistes prédisent une aggravation de la récession mondiale qui entraînera une nouvelle dépréciation des monnaies, une flambée des prix et une augmentation des taux de chômage et de pauvreté.
L'année dernière, l'économie mondiale a connu de multiples revers. Les pays et les entreprises qui commençaient tout juste à se remettre des confinements, des restrictions et des autres conséquences de la pandémie de Covid-19 ont subi un nouveau coup dur avec le début de la guerre en Ukraine il y a presque un an.
Le conflit a perturbé les chaînes d'approvisionnement mondiales, entraînant une forte hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant, aggravant ainsi les pressions inflationnistes. Cette situation a exercé une pression supplémentaire sur les monnaies nationales et la confiance des entreprises, menaçant l'emploi et freinant la croissance.
La dépréciation des monnaies arabes contre le dollar est particulièrement préoccupante pour les pays les plus vulnérables, car les ménages qui avaient constitué une épargne avant la récession ont vu la valeur de leurs économies s'effondrer et les filets de sécurité se dérober sous leurs pieds.

Un activiste libanais brandit des billets de banque factices appelés «Lollars» au cours d'une manifestation visant à dénoncer la corruption qui ravage le pays, à Beyrouth, le 13 mai 2022 (Photo, AFP).

La livre libanaise a récemment atteint son record le plus bas jamais enregistré et a désormais perdu environ 95% de sa valeur depuis le début de la crise financière dans le pays, fin 2019.
La Jordanie, la Syrie et l'Irak connaissent de même des hausses massives du coût des denrées alimentaires, du carburant et d'autres produits de première nécessité. Le pouvoir d'achat des populations continue de baisser, ce qui entraîne des protestations et des vagues occasionnelles de violence.
La vie d'environ 130 millions de personnes dans la région est désormais rongée par la pauvreté, selon l'enquête sur les développements économiques et sociaux dans la région arabe, publiée en décembre par la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie occidentale (Cesao).
 

EN CHIFFRES

130 millions – Personnes touchées par la pauvreté dans la région arabe.
12% – Taux de chômage dans la région arabe (le plus élevé au monde).
36% – Pourcentage de la population arabe vivant dans la pauvreté en 2024.*
*à l'exclusion de la Libye et des pays du Conseil de coopération du Golfe
(Source: Onu, Cesao)

Le rapport révèle qu'à l'exception de la Libye et des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), plus d'un tiers de la population de la région, soit 35,3%, est actuellement en situation de pauvreté. Ce taux devrait augmenter au cours des deux prochaines années, pour atteindre 36% en 2024.
L'enquête constate également que la région arabe affiche le taux de chômage le plus élevé au monde en 2022, soit 12%, ce qui reflète une stagnation économique généralisée et témoigne des pressions exercées sur les entreprises et des mesures d'austérité prises par les gouvernements.
Les effets de l'inflation n'ont toutefois pas été ressentis de manière uniforme dans la région. Selon Ahmed Moummi, principal auteur du rapport d'enquête, il est probable que les pays du CCG et d'autres pays exportateurs de pétrole continueront à bénéficier de la hausse des prix de l'énergie, tandis que les pays importateurs de pétrole connaîtront une série de difficultés socio-économiques.
«La situation actuelle offre une opportunité aux pays arabes exportateurs de pétrole de diversifier leurs économies en dehors du secteur de l'énergie, en accumulant des réserves et en investissant dans des projets qui génèrent une croissance inclusive et un développement durable», a indiqué M. Moummi.
On s'attend à ce que l'Arabie saoudite soit cette année l'économie qui connaît la croissance la plus rapide au sein du groupe des pays développés du G20.
L'économie libanaise s’est quant à elle contractée l'année dernière sur fond de paralysie politique et de retard dans la mise en œuvre d'un plan de relance.

Des Tunisiens descendent dans la rue le 14 janvier 2019 pour dénoncer la cherté de la vie (Photo, AFP).

Selon les économistes, l'inflation a frappé de plein fouet et de manière disproportionnée les pays arabes qui dépendent des importations de denrées alimentaires et d'autres produits de base. Le monde arabe figurait déjà parmi les régions les plus touchées par l'insécurité alimentaire. En effet, le nombre de ménages souffrant de la faim a augmenté l’année dernière.
Avant le début de la guerre en Ukraine, la Russie était le premier exportateur mondial de blé et l'Ukraine le cinquième, représentant respectivement environ 20% et 10% des exportations mondiales, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ces deux pays étaient également des exportateurs clés d'autres produits essentiels.
Le blocus imposé aux ports ukrainiens de la mer Noire l'année dernière a entraîné une flambée massive des prix des céréales, de l'huile de cuisson et des engrais. Les prix des produits de base tels que le pain se sont par conséquent envolés dans toute la région arabe.
Un accord conclu l'été dernier sous l'égide de l'ONU a permis la reprise des exportations de céréales de la mer Noire, dissipant ainsi les craintes d'une pénurie de l'offre. Toutefois, les sanctions occidentales contre les produits russes, notamment les hydrocarbures, ont fait grimper le prix du carburant et, par conséquent, le coût des importations et des exportations.
«La sécurité alimentaire a été menacée dans plusieurs pays, notamment ceux qui subissent des conflits et des troubles (qu'ils soient politiques ou économiques), car le panier alimentaire devient de plus en plus inabordable», a déclaré à Arab News Majed Skaini, responsable régional du programme de comparaison internationale à la Cesao.
Dans le même temps, en raison des pressions accrues qui pèsent sur les gouvernements et les entreprises, les salaires n'ont pas suivi le rythme de l'augmentation du coût de la vie, entraînant une baisse du niveau de vie dans de nombreux pays et une montée de la colère publique.
Les populations des pays arabes sont «probablement plus touchées par la hausse du coût de la vie pour deux raisons», a indiqué à Arab News An Hodgson, directrice mondiale des études de consommation chez Euromonitor.
«Tout d'abord, les consommateurs de la région ont un taux d'épargne relativement faible, ce qui signifie qu'ils n'ont pas vraiment de réserve financière pour les aider à surmonter la crise du coût de la vie.»
«En 2022, le taux d'épargne au Moyen-Orient et en Afrique du Nord s'élevait à 10% du revenu disponible, soit moins que la moyenne mondiale de 17,6%. En comparaison, le taux d'épargne en Asie-Pacifique représentait 26,7% du revenu disponible au cours de la même année.»

L'invasion de l'Ukraine par la Russie l'an dernier a perturbé les exportations de céréales du pays, faisant grimper les prix des denrées alimentaires dans le monde entier (Photo, AFP).

La deuxième raison est la forte dépendance de la région aux importations alimentaires.
«En 2021 (dernière année pour laquelle Euromonitor dispose de données), les importations de denrées alimentaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord s'élevaient en moyenne à 105 dollars par habitant, contre 44 dollars par habitant en Asie-Pacifique et 67 dollars par habitant en Amérique latine», a souligné Mme Hodgson.
«Cela signifie que les consommateurs de la région sont plus vulnérables à la flambée des prix des denrées alimentaires résultant des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale et de la production alimentaire.»
L'augmentation du coût de la vie pèse particulièrement sur les classes moyennes, qui constituent généralement le groupe le plus important et le plus économiquement actif au sein des sociétés.
«Nous constatons que les classes moyennes du monde entier luttent pour maintenir leur statut socio-économique, ainsi que leur niveau de vie, dans un contexte de faible croissance des revenus, d'inflation galopante et de crise du coût de la vie», a expliqué Mme Hodgson.
«En réalité, la classe moyenne des pays développés, notamment en Europe occidentale, ne s'est jamais remise du resserrement financier qu'elle a subi pendant la crise financière mondiale de 2008-2009.»
Ce resserrement a entraîné un changement généralisé des habitudes de consommation, notamment une baisse de la consommation ostentatoire et davantage de prudence et d’austérité dans les dépenses.
Selon les dernières conclusions d'Euromonitor sur les tendances mondiales de la consommation, la grande majorité des ménages chercheront à économiser au cours de l'année à venir. L'étude révèle qu'environ 75% des consommateurs ne prévoient pas d'augmenter leurs dépenses globales et que 43% ont réduit leur consommation d'énergie.
Selon une enquête récente du Forum économique mondial, 92% des personnes interrogées ont déclaré que leurs concitoyens «modifient leur budget pour acheter de la nourriture, certains s'en privant même».
Le rapport ajoute le suivant: «Lorsqu'on leur a demandé quel impact la hausse des prix avait eu sur les consommateurs, 68% ont répondu que la dette des ménages avait augmenté et 59% que l'accès aux soins de santé avait été affecté.»
Certains pensent que 2023 sera une autre année difficile pour une partie de la région arabe, qui verra le fossé se creuser davantage entre les économies pétrolières les plus riches et les pays du Levant et d'Afrique du Nord, plus instables et plus dépendants des importations.
En Égypte, la nouvelle réalité pousse des familles qui étaient autrefois considérées comme faisant partie de la classe moyenne à demander de l'aide. Ahmed Hesham, de l'organisation caritative Abwab el-Kheir, a déclaré que de plus en plus d'Égyptiens issus de la classe moyenne avaient besoin d'aide.
«Beaucoup de personnes avaient des économies qu'elles mettaient de côté... Maintenant, elles les utilisent pour les soins de santé ou les dépenses quotidiennes», a-t-il indiqué à l'AFP.
«Ils avaient l'habitude de bien gagner leur vie. Maintenant, ils n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Ils n'ont jamais été dans cette situation auparavant et ils sont mortifiés à l'idée de venir nous voir.»
«Un homme nous a dit qu'il pouvait soit nourrir ses enfants, soit les inscrire à l'école, mais pas les deux.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
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  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.