Israël accusé d’escalade sécuritaire «sans précédent» contre les Palestiniens

Des soldats israéliens patrouillent dans le centre de Jérusalem le 30 janvier 2023, alors que les autorités intensifient les mesures de sécurité après la fusillade de la semaine dernière par un Palestinien qui a tué sept personnes près d’une synagogue, dans le secteur est de la ville, un secteur annexé par Israël. (AFP)
Des soldats israéliens patrouillent dans le centre de Jérusalem le 30 janvier 2023, alors que les autorités intensifient les mesures de sécurité après la fusillade de la semaine dernière par un Palestinien qui a tué sept personnes près d’une synagogue, dans le secteur est de la ville, un secteur annexé par Israël. (AFP)
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

Israël accusé d’escalade sécuritaire «sans précédent» contre les Palestiniens

  • Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, exhorte à des «actions immédiates» pour stopper l'escalade de violence dans le conflit israélo-palestinien, à la suite de discussions de haut niveau à Jérusalem
  • Selon le ministère palestinien de la Santé, trente-cinq Palestiniens auraient été tués par l’armée et les colons israéliens depuis le début de l’année 2023

RAMALLAH: Israël fait face à de nouvelles accusations dans l’escalade sécuritaire sans précédent contre les Palestiniens, alors que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a atterri à Jérusalem lundi pour exiger une désescalade de la violence meurtrière.
M. Blinken exhorte à des «actions immédiates» pour stopper l'escalade de violence dans le conflit israélo-palestinien, à la suite de discussions de haut niveau à Jérusalem.
Les tensions ont encore augmenté depuis le retour au pouvoir du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, en décembre, avec des nationalistes religieux qui occupent des postes phares au sein du gouvernement, et qui promettent des positions plus fermes qui suscitent la colère des Palestiniens.
L’armée israélienne a déployé des points de contrôle dans les villes et villages de Cisjordanie, et les attaques sans précédent de colons contre des citoyens palestiniens ont empêché les déplacements sur les routes principales.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères demande à inscrire les colons violents sur des listes terroristes.
Les factions palestiniennes appellent les citoyens à participer massivement à un sit-in organisé à Khan al-Ahmar, qui débutera à 14 heures aujourd’hui.
Ces factions indiquent que Khan al-Ahmar est une «ligne rouge face aux politiques de démolition, d’expulsion forcée et d’épuration ethnique» que promeut Israël.
Des militants palestiniens ont également appelé les gens à assister à un sit-in central à Ramallah, aujourd’hui à 16 heures, pour rejeter la politique des États-Unis en faveur d’Israël.
La manifestation coïncide avec la visite de M. Blinken dans la ville.
Des résidents et des militants palestiniens ont appelé à la formation de comités de protection pour faire face aux attaques des colons.
L’université de Beir Zeit, l’une des plus grandes universités palestiniennes, a rétabli les cours virtuels organisés lors de la pandémie de Covid-19, après que des milliers d’étudiants de Cisjordanie n’ont pas pu se rendre sur le campus en raison de menaces sécuritaires.
Les Palestiniens passent des heures à attendre aux postes de contrôle israéliens déployés à travers la Cisjordanie pendant la journée et ils sont victimes de la violence des colons la nuit.
Ahmad al-Chami, un chercheur en sciences politiques originaire de Ramallah, déclare à Arab News que les citoyens palestiniens ont été contraints de se protéger individuellement en raison de l’incapacité de l’Autorité palestinienne à les protéger des attaques dans la zone C ainsi qu’au nord et au sud de la Cisjordanie.
«L’Autorité palestinienne est désormais incapable de protéger les citoyens palestiniens qui se déplacent entre Ramallah et Jénine ou tout autre endroit en Cisjordanie face aux attaques de l’armée et des colons. Les Palestiniens se rendent compte que si jamais ils se faisaient tuer, l’Autorité ne pourrait pas poursuivre les tueurs», indique M. Al-Chami à Arab News.
«Par conséquent, les citoyens estiment qu’ils doivent se protéger par leurs propres moyens, sans compter sur l’Autorité si fragile», poursuit-il.
L’Autorité palestinienne a mis fin à sa coopération en matière de sécurité avec Israël le 27 janvier, à la suite du meurtre de neuf Palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine.
De nombreux Palestiniens considèrent toutefois que cette mesure n’a pas réussi à arrêter les attaques des forces armées et des colons israéliens, soutient Ahmad al-Chami.
Il ajoute: «La décision de l’Autorité palestinienne d’arrêter la coordination en matière de sécurité a-t-elle permis de sauver la vie des Palestiniens, de les rapprocher d’une solution ou de rétablir leurs droits?»
Hicham al-Charabati, un militant des droits de l’homme d’Hébron, est d’accord avec le chercheur. Il explique à Arab News qu’Israël n’applique pas ses lois contre les colons violents – la plupart des attaques contre les Palestiniens se produisant en présence de l’armée israélienne.
M. Al-Charabati souligne que certains incidents violents avaient été laissés sans surveillance par la police israélienne pendant de longues périodes, bien que les autorités aient reçu des demandes d’aide de la part des victimes palestiniennes.
«Si un Palestinien essaie de se défendre contre les attaques des colons, les forces de l’armée israélienne l’arrêteront», indique M. Al-Charabati.
Par ailleurs, il affirme que les communautés de colons sont devenues plus agressives et violentes, renforcées par la nouvelle administration à la suite du retour au pouvoir de M. Netanyahou.
«Le sentiment des colons de bénéficier du soutien politique du gouvernement les encourage à commettre davantage d’attaques», renchérit M. Al-Charabati.
Il ajoute que l’Autorité palestinienne doit protéger les Palestiniens dans la zone C – qui est sous le contrôle total de la sécurité israélienne – et la transformer d’un dispositif fonctionnel en une autorité.
Taysir Nasrallah, l’un des leaders du mouvement Fatah dans la région de Naplouse, déclare à Arab News qu’il est essentiel d’activer et de renforcer les comités de protection populaire dans les villages palestiniens pour décourager les attaques de colons dans la zone C.
M. Nasrallah craint que des groupes de colons ne commettent des massacres contre des citoyens palestiniens, décrivant le comportement de la communauté des colons comme «très violent» et «répréhensible».
Il indique à Arab News: «Même pendant l’opération militaire Rempart en 2002, l’armée israélienne était le seul groupe à attaquer les Palestiniens. Désormais, l’armée et les colons sont ensemble. Ils se partagent les rôles pour maltraiter les citoyens palestiniens et détruire leurs biens.»
Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, vit dans une colonie de Cisjordanie, ce qui met en lumière les liens étroits que le nouveau gouvernement entretient avec la communauté des colons, précise le chef du Fatah.
Janvier a été le mois le plus meurtrier pour les Palestiniens tués lors de raids israéliens en Cisjordanie depuis 2015, a déclaré lundi le ministère palestinien de la Santé avec, en moyenne, plus d’une personne tuée chaque jour.
Selon le ministère, trente-cinq Palestiniens auraient été tués par l’armée et les colons israéliens depuis le début de l’année 2023.
On compte parmi les morts huit enfants palestiniens et une femme âgée. Parmi les personnes décédées, vingt étaient originaires de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, selon un communiqué du ministère.
Ce bilan comprend Omar al-Saadi, 24 ans, abattu jeudi dernier lors d’un raid israélien sur le camp de réfugiés de Jénine qui a été qualifié de «massacre».
M. Al-Saadi, qui a succombé à ses blessures dimanche, est la dixième personne tuée à l’issue de ce raid.
Un autre Palestinien a été tué lors d’affrontements avec Tsahal, l’armée de défense d’Israël, à Al-Ram jeudi.
Le ministre palestinien de l’Économie, Khaled al-Osaily, a déclaré lundi que les pertes annuelles de l’économie palestinienne depuis 2020 s’élèvent à 3,4 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro), principalement en raison des restrictions israéliennes sur la zone C.
Les Palestiniens n’ont pas le droit d’utiliser les terres – 65% du territoire de l’État – de la région, les privant de ressources économiques vitales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le mouvement Hamas diffuse une vidéo de deux otages israéliens retenus à Gaza

La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza. (AFP)
La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza. (AFP)
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  • Selon les médias israéliens, l'homme qui s'exprime pendant la plus grande partie de la vidéo est Guy Gilboa-Dalal, âgé de 22 ans au moment de son enlèvement
  • Le mouvement Hamas diffuse une vidéo de deux otages israéliens retenus à Gaza

GAZA: La branche armée du Hamas a diffusé vendredi une vidéo de deux otages israéliens, enlevés lors de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

La vidéo, de plus de trois minutes et demi, montre un otage, dans une voiture se déplaçant au milieu d'immeubles détruits, demandant en hébreu au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de ne pas mener l'offensive militaire israélienne prévue contre la ville de Gaza.

L'otage, filmé rencontrant un autre otage à la fin de la vidéo, dit se trouver dans la ville de Gaza et que la vidéo a été tournée le 28 août 2025.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Selon les médias israéliens, l'homme qui s'exprime pendant la plus grande partie de la vidéo est Guy Gilboa-Dalal, âgé de 22 ans au moment de son enlèvement.

Il était déjà apparu dans une vidéo publiée par le Hamas le 23 février, désespéré, assistant à la libération d'autres otages pendant la trêve alors en vigueur.

Guy Gilboa-Dalal a été enlevé le 7 octobre 2023 au festival de musique Nova, dans le sud d'Israël, à la lisière de la bande de Gaza.

La famille du deuxième otage apparaissant à la fin de la séquence n'a pas autorisé que son identité soit rendue publique.

Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 47 sont toujours retenues à Gaza, dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.

Depuis le 7-Octobre, plusieurs vidéos d'otages ont été diffusées par le Hamas et le Jihad islamique.

Une trêve du 19 janvier au 17 mars a permis le retour en Israël de 33 otages, incluant huit morts, en échange de la sortie d'environ 1.800 Palestiniens des prisons israéliennes, après un premier bref cessez-le-feu en novembre 2023 ayant permis la libération de nombreux otages.


La Défense civile à Gaza fait état de 19 morts dans des frappes israéliennes

L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP. (AFP)
L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP. (AFP)
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  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile
  • Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure de commenter les informations sur ces dernières frappes sans leurs coordonnées précises

GAZA: La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de 19 morts dans des frappes aériennes israéliennes depuis l'aube vendredi dans le territoire palestinien en guerre.

L'aviation israélienne a frappé des immeubles et des tentes de personnes déplacées dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza et de sa périphérie, a indiqué la Défense civile dans un communiqué transmis à l'AFP.

Cette organisation de premiers secours qui opère sous l'autorité du mouvement islamiste Hamas a fait état de 19 morts et au moins dix blessés dans ces bombardements.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit ne pas être en mesure de commenter les informations sur ces dernières frappes sans leurs coordonnées précises.

Jeudi, le porte-parole de l'armée israélienne, Effie Defrin, avait indiqué que les troupes israéliennes contrôlaient 40% de la ville de Gaza.

Les autorités israéliennes ont annoncé leur intention de conquérir toute cette ville du nord de la bande de Gaza mais un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani, a dit que le début de cette opération ne serait pas annoncé pour "conserver l'effet de surprise".

Mercredi, un haut responsable militaire a déclaré qu'Israël s'attendait à ce qu'un million de personnes fuient vers le sud.

L'ONU estime que près d'un million de personnes vivent à Gaza-ville et dans ses environs, région frappée par la famine selon l'organisation, ce qu'a démenti Israël.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent otages à Gaza dont 25 sont décédées selon l'armée israélienne.

Les représailles militaires israéliennes ont depuis fait au moins 64.231 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.


Le dernier refuge des familles de Gaza est désormais une «ville de la peur, de la fuite et des funérailles» où l'enfance ne peut pas survivre

Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
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  • Après avoir passé 9 jours dans le territoire, une fonctionnaire de l'UNICEF met en garde contre les déplacements répétés, les enfants séparés de leurs parents, les mères pleurant leurs enfants morts de faim
  • Elle parle de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans les hôpitaux et met en garde : L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là

NEW YORK : Autrefois refuge pour les familles, la ville de Gaza est aujourd'hui un endroit où "l'enfance ne peut pas survivre", a déclaré jeudi un haut responsable de l'UNICEF.

"C'est une ville de peur, de fuite et de funérailles ", a déclaré Tess Ingram, responsable de la communication de l'organisation pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, s'exprimant depuis Gaza.

"Le monde tire la sonnette d'alarme sur ce qu'une intensification de l'offensive militaire dans la ville de Gaza pourrait entraîner : une catastrophe pour près d'un million de personnes. Mais nous ne pouvons pas attendre que l'impensable se produise pour agir".

Après avoir passé neuf jours dans le territoire, M. Ingram a raconté des histoires de déplacements répétés, d'enfants séparés de leurs parents, de mères pleurant des enfants morts de faim et d'autres qui craignent que leurs enfants ne soient les prochains.

Elle a également parlé de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans des hôpitaux et a lancé un avertissement : "L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là.

La montée en flèche de la malnutrition infantile est l'une des plus graves situations d'urgence à Gaza. Sur les 92 centres de nutrition ambulatoires de la ville de Gaza, soutenus par l'UNICEF, seuls 44 sont encore opérationnels.

"C'est à cela que ressemble la famine dans une zone de guerre", a déclaré Mme Ingram, décrivant des cliniques surchargées, remplies d'enfants affamés et de parents désespérés. Elle a raconté que de nombreuses familles survivent grâce à un seul bol quotidien de lentilles ou de riz, partagé entre tous les membres, les mères sautant des repas pour que leurs enfants puissent manger.

Elle a raconté en particulier l'histoire de Nesma, une mère qu'elle a rencontrée pour la première fois en avril 2024. La fille de Nesma, Jana, a été évacuée de Gaza pour recevoir un traitement médical contre la malnutrition et s'est rétablie. Mais après le bref cessez-le-feu à Gaza et le retour de la famille dans le nord du territoire, le blocus a repris. Le fils cadet de Nesma, Jouri, est mort le mois dernier de malnutrition, a indiqué M. Ingram, et Jana, à nouveau gravement malade, tient à peine le coup.

"Je suis anéantie après avoir élevé mon enfant et l'avoir perdu dans mes bras", a déclaré Nesma à Ingram. "Je supplie de ne pas perdre Jana aussi.

L'UNICEF continue d'opérer dans la bande de Gaza, apportant une aide vitale. Au cours des deux dernières semaines, il a fourni suffisamment d'aliments thérapeutiques pour 3 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, des aliments complémentaires pour 1 400 nourrissons et des biscuits à haute teneur énergétique pour 4 600 femmes enceintes ou allaitantes. Mais les besoins de la population du territoire sont bien plus importants.

Les statistiques sont brutales. En février, 2 000 enfants ont été admis dans des centres de santé pour y être traités contre la faim. En juillet, ce chiffre est passé à 13 000. Au cours de la seule première quinzaine d'août, 7 200 autres ont été admis.

Pendant ce temps, l'accès à Gaza reste étroitement limité par les autorités israéliennes. En moyenne, seuls 41 camions d'aide entrent dans le territoire chaque jour, un nombre négligeable par rapport aux 6 000 à 8 500 camions nécessaires. Même les jours les plus favorables, seuls une centaine de camions parviennent à passer. Les barrières bureaucratiques et sécuritaires, associées au pillage, entravent encore davantage les efforts de distribution de l'aide.

L'UNICEF recherche 716 millions de dollars de financement auprès de la communauté internationale pour son intervention à Gaza, mais le financement n'est que de 39 %. Malgré les conditions de famine, l'aide nutritionnelle n'est financée qu'à hauteur de 17 %.

"Nous pourrions faire beaucoup plus et atteindre chaque enfant si nos opérations étaient mises en place à grande échelle et entièrement financées", a déclaré M. Ingram.

Des fournitures essentielles telles que des couches et du lait maternisé spécialisé sont livrées en quantités limitées, mais il en faut beaucoup plus. Selon M. Ingram, certaines fournitures sont pillées en cours de route, un problème qui pourrait être résolu si les volumes d'aide étaient suffisants pour répondre à la demande.

En plus de répondre aux besoins nutritionnels, l'UNICEF fournit également de l'eau potable, des salles de classe provisoires, des services de protection de l'enfance, un soutien en matière de santé mentale, du matériel hospitalier et une aide en espèces.

Mais les hôpitaux restent débordés. Sur les 11 qui fonctionnent encore partiellement dans la ville de Gaza, seuls cinq disposent d'unités de soins intensifs néonatals. Quarante couveuses, utilisées à 200 % de leur capacité, maintiennent en vie 80 nouveau-nés fragiles, mais dépendent d'une alimentation électrique irrégulière et en baisse.

Même les zones dites "sûres" sont devenues mortelles. Au cours d'une nuit récente, une jeune fille de 13 ans, Mona, a survécu à une frappe israélienne qui a tué sa mère, son frère de 2 ans et sa sœur de 8 ans. Elle est aujourd'hui allongée dans un lit d'hôpital après une opération de l'abdomen et l'amputation de sa jambe gauche.

"J'ai eu très mal", a déclaré Mona à M. Ingram. "Mais je ne suis pas triste pour ma jambe ; je suis triste d'avoir perdu ma mère.

Mme Ingram a exhorté les autorités israéliennes à revoir leurs règles d'engagement afin de mieux protéger les enfants, conformément aux principes du droit international humanitaire, et a appelé le Hamas et les autres groupes armés à libérer les otages. Elle a insisté sur la nécessité pour les deux parties au conflit de permettre un accès sûr et durable aux travailleurs humanitaires, de protéger les civils et les infrastructures essentielles, et de rétablir l'accord de cessez-le-feu.

"La vie des Palestiniens est en train d'être démantelée", a déclaré Mme Ingram. "À Gaza, l'impensable a déjà commencé. Le coût de l'inaction se mesurera en vies d'enfants ensevelis sous les décombres, anéantis par la faim et réduits au silence avant même d'avoir eu l'occasion de s'exprimer.