L'Ukraine pense recevoir au moins 120 chars, Moscou revendique un village

Des militaires ukrainiens tirent avec un obusier automoteur CAESAR vers des positions russes dans l'est de l'Ukraine, le 28 décembre 2022 (Photo, AFP).
Des militaires ukrainiens tirent avec un obusier automoteur CAESAR vers des positions russes dans l'est de l'Ukraine, le 28 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 31 janvier 2023

L'Ukraine pense recevoir au moins 120 chars, Moscou revendique un village

  • Kiev avait précédemment indiqué qu'il lui faudrait plusieurs centaines de ces chars lourds, des missiles de longue portée et des avions
  • Le président américain Joe Biden a lui indiqué mardi qu'il allait en discuter avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky

KIEV: L'Ukraine a annoncé mardi que les Occidentaux s'étaient déjà engagés à livrer "entre 120 et 140" chars pour repousser l'armée russe qui a récemment intensifié son offensive, revendiquant la prise d'un nouveau village près du point chaud de Bakhmout.

Kiev avait précédemment indiqué qu'il lui faudrait plusieurs centaines de ces chars lourds, des missiles de longue portée et des avions pour pouvoir monter des contre-offensives à même de reconquérir les territoires ukrainiens occupés par la Russie.

Le président américain Joe Biden a lui indiqué mardi qu'il allait en discuter avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

"Nous allons parler", a-t-il dit à un groupe de journalistes à la Maison Blanche après avoir affirmé, la veille, que Washington ne fournirait pas d'avions de combat F-16 à son allié ukrainien.

Après de longues tergiversations, Américains et Allemands ont décidé de livrer des dizaines de leurs chars les plus modernes, mais ils ont jusqu'ici refusé de livrer avions et missiles de longue portée.

Hésitations occidentales 

"Lors de la +première vague de contributions+, les forces armées ukrainiennes recevront entre 120 et 140 chars modernes de modèles occidentaux", a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, dans une vidéo sur Facebook, rappelant qu'il s'agissait de Leopard 2 de conception allemande, de Challenger 2 britanniques et d'Abrams américains.

C'est la première fois que Kiev révèle le nombre total des blindés lourds modernes promis par ses alliés occidentaux.

Le Royaume-Uni compte fournir des Challenger fin mars, l'Allemagne entend envoyer de premiers Leopard 2 "fin mars-début avril" et Washington a annoncé l'envoi de 31 Abrams. D'autres pays européens, comme la Pologne, prévoient d'envoyer aussi leurs Leopard.

Mais le processus de livraison pourraient prendre des mois, selon plusieurs chancelleries, du fait des besoins de maintenance et de formation des soldats ukrainiens.

D'autres pays, comme la France, hésitent à ce stade à puiser dans leur stock, de crainte d'affaiblir leurs capacités militaires.

Paris a en revanche annoncé mardi que la France allait fournir à l'Ukraine douze canons Caesar de 155 mm supplémentaires, en plus des 18 déjà livrés.

Mais ces pièces très précises n'ont pas la portée de plus de cent kilomètres dont l'Ukraine dit avoir besoin pour détruire les lignes d'approvisionnement et les dépôts de munitions russes.

Les Occidentaux craignent qu'un soutien militaire encore plus massif puisse pousser le Kremlin à l'escalade, alors que la Russie martèle qu'Américains et Européens lui ont déclaré une guerre par procuration.

De nombreux observateurs estiment que Moscou et Kiev préparent chacun une offensive à la fin de l'hiver ou au printemps.

Sur le terrain, les forces russes semblent déterminées à reprendre l'initiative, après les revers de l'automne qui les ont forcées à la retraite dans le nord-est et le sud du pays.

Les troupes de Moscou ont notamment redoublé d'efforts pour tenter de conquérir Bakhmout, ville qui est le théâtre d'une bataille acharnée depuis l'été dernier, au prix de destructions et de pertes militaires très importantes.

Village détruit

Les paramilitaires du groupe russe Wagner ont été placés en tête de cette offensive, et ils auraient conquis un nouveau village.

Mardi, le ministère russe de la Défense a revendiqué dans son point de situation quotidien que "la localité de Blagodatné avait été libérée" après une offensive d'"unités d'assaut de volontaires" appuyées par l'aviation et l'artillerie.

Les volontaires sont l'euphémisme utilisé en Russie s'agissant des groupes paramilitaires combattant avec l'armée.

D'ailleurs, le patron de Wagner, le sulfureux Evguéni Prigojine, avait déjà revendiqué la prise de Blagodatné samedi, ce que Kiev avait démenti.

Ses hommes ont par ailleurs conquis en janvier la petite ville de Soledar, au prix de lourdes pertes, et des villages avoisinants.

Les forces ukrainiennes assurent cependant que Bakhmout reste fermement sous leur contrôle.

"Les troupes russes ont été incapables de couper la route de ravitaillement des forces armées" ukrainiennes, a affirmé un porte-parole militaire ukrainien, Serguiï Tcherevaty.

Les forces russes ont également lancé une offensive 150 km plus au sud pour prendre Vougledar, une ville d'environ 15.000 habitants avant-guerre située au sud-ouest de Donetsk.

A une dizaine de kilomètres plus au nord de Soledar, la bourgade sous contrôle ukrainien de Bogoyavlenka est largement détruite, privée d'électricité et d'eau, ont constaté mardi les journalistes de l'AFP, également témoins d'échange de violents tirs d'artillerie.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com