L'Allemagne dit adieu à ses chars Leopard bientôt livrés à Kiev

Un char Leopard 2 est vu sur le terrain d'entraînement d'Augustdorf en Allemagne (Photo, AFP).
Un char Leopard 2 est vu sur le terrain d'entraînement d'Augustdorf en Allemagne (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 février 2023

L'Allemagne dit adieu à ses chars Leopard bientôt livrés à Kiev

  • Berlin veut livrer ses Leopards fin mars, début avril dans le cadre d'une alliance de pays alliés prêts à fournir entre 120 et 140 chars
  • Le défi logistique que représentera l'acheminement des chars jusqu'à l'Ukraine est un secret bien gardé

BERLIN: L'Allemagne a présenté mercredi les chars Leopard qu'elle enverra bientôt à Kiev, une "perte amère" pour la Bundeswehr sous-équipée, selon le ministre de la Défense, mais un don indispensable pour que "les Ukrainiens gagnent la guerre".

Une semaine après avoir accepté de livrer ces blindés tant attendus par les Ukrainiens, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a rendu visite au bataillon de la Bundeswehr qui fait don de ses 14 Leopard, stationnés à Augustdorf, dans le nord-ouest du pays.

Pour les quelque 550 soldats du bataillon 203, c'est "une perte amère", a admis M. Pistorius.

"Leur cœur saigne bien sûr à l'idée que ces chars doivent maintenant être rendus, mais ils le comprennent parce que c'est comme ça, l'Ukraine a besoin de tout notre soutien", a-t-il martelé.

Vêtu d'une combinaison militaire, le ministre s'est laissé à l'émotion : "Deux coeurs battent dans ma poitrine", a-t-il lancé, assurant penser à la fois aux besoins de l'armée allemande et à ceux de l'Ukraine.

L'objectif est que "l'Ukraine gagne cette guerre" contre la Russie, a-t-il martelé.

Le temps presse: Berlin veut livrer ses Leopards "fin mars, début avril" dans le cadre d'une alliance de pays alliés prêts à fournir "entre 120 et 140" chars, selon Kiev, pour repousser l'armée russe qui a récemment intensifié son offensive.

Le défi logistique que représentera l'acheminement des chars jusqu'à l'Ukraine est un secret bien gardé.

«Comme un iPhone»
Mais les Ukrainiens doivent d'abord apprendre le maniement de ces engins fabriqués par l'industrie allemande, qui comptent parmi les plus modernes du monde.

Un entraînement va leur être dispensé en Allemagne dans les tous prochains jours, a confirmé le ministre. Sous la forme d'un cours accéléré.

"Ils n'auront pas de formation à part entière telle que nous la connaissons chez nos soldats - mais il ne peut en être autrement", a déclaré M. Pistorius.

Il a lui même embarqué à l'intérieur de l'un de ces monstres d'acier d'une soixantaine de tonnes qui a enchaîné les allers et retours dans la boue et les tirs de canon, sous l'oeil des caméras.

La préparation des soldats ukrainiens aura lieu à Munster (nord), l'unique centre de formation pour la conduite de blindés de la Bundeswehr, où les Allemands enseignent déjà aux Ukrainiens comment se servir des "Marder", des blindés plus légers destinés au transport de troupes.

Selon une source proche de l'armée allemande, les Ukrainiens devraient avoir une formation d'environ six semaines.

C'est bien moins qu'en temps normal. Pour les quatre soldats de l'équipage du Leopard, "il est habituellement prévu six semaines pour le pilote, trois mois pour celui qui tire les obus et celui qui les charge et trois ans pour le commandant", a expliqué à l'AFP le capitaine Martin Waltemathe, l'un des porte-paroles de la brigade des blindés d'Augustdorf.

Une société de défense américaine propose à l'Ukraine deux drones de pointe pour un dollar symbolique

General Atomic Aeronautical Systems, filiale de General Atomics, a indiqué qu'elle exhortait depuis des mois Washington à livrer à l'Ukraine ses puissants drones Grey Eagle et Reaper (aussi appelé "drone tueur"), utilisés par les forces armées américaines lors d'opérations de surveillance et d'attaques ciblées en Afghanistan, Syrie, Irak et d'autres zones de conflits.

Ces drones, qui peuvent parcourir de longues distances à moyenne altitude, font partie des technologies qui permettraient de renforcer les capacités de défense de l'Ukraine dans la guerre qui l'oppose à la Russie, selon le constructeur.

Nouvelles commandes
"La conduite est assez simple", assure le gradé à propos de ce char qui serait, selon une autre source, "intuitif comme un iPhone".

Quant à la réparation et l'entretien des véhicules, elle est plus "problématique", reconnaît M. Waltemathe: il faut habituellement six ans de formation pour la maîtriser.

Le ministre de la Défense a promis aux soldats qu'il essaierait de remplacer rapidement les chars promis à l'Ukraine. La Bundeswehr dispose au total de 320 Leopard 2, la version moderne de ce char, en service depuis la fin des années 1970

Obtenir de nouveaux engins "prend du temps", a reconnu M. Pistorius. Le but est de "commander de nouveaux chars, non pas dans un an, mais rapidement, afin que la production puisse commencer".

La remise à niveau de l'équipement de la Bundeswehr figure en tête des priorités du nouveau ministre entré en fonction fin janvier.

Rompant avec la doctrine stratégique allemande après l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, Olaf Scholz affirme vouloir que l'Allemagne dispose de la "force armée la mieux équipée d'Europe". Mais plusieurs décennies de sous-investissements dans la défense ont rendu cette tâche titanesque.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com