Audiences fêtées par Hanouna: C8 pas en faute, selon l'Arcom

L'animateur et producteur de télévision français Cyril Hanouna (Photo, AFP).
L'animateur et producteur de télévision français Cyril Hanouna (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 03 février 2023

Audiences fêtées par Hanouna: C8 pas en faute, selon l'Arcom

  • L'Arcom n'a pas relevé d'élément susceptible de constituer une atteinte à la dignité de la personne humaine
  • Plusieurs séquences de TPMP en lien avec le meurtre de Lola, 12 ans, le 14 octobre, avaient donné lieu à des signalements

PARIS: La chaîne C8 n'a pas commis de faute en célébrant en octobre sur le plateau de "Touche pas à mon poste!" les records d'audience de l'émission de Cyril Hanouna au lendemain d'un numéro largement consacré au meurtre de la petite Lola, a estimé l'Arcom dans une décision rendue publique jeudi.

"Les audiences saluées concernaient les deux premiers mois de la saison et non des séquences récentes au cours desquelles des évènements tragiques ont pu être évoqués", juge le régulateur de l'audiovisuel dans cette décision prise en décembre et publiée jeudi sur son site internet.

L'Arcom "n'a donc pas relevé d'élément susceptible de constituer une atteinte à la dignité de la personne humaine". Le régulateur a tenu également à préciser à l'AFP "que les décisions prises par l'autorité s'adressent aux éditeurs", c'est-à-dire aux chaînes de télévision.

Plusieurs séquences de "TPMP" en lien avec le meurtre de Lola, 12 ans, le 14 octobre, avaient donné lieu à des signalements de téléspectateurs auprès de l'Arcom.

Dans la principale de ces affaires, la chaîne C8 (groupe Canal+), qui diffuse "TPMP", a écopé le 18 novembre d'une mise en demeure, car l'animateur Cyril Hanouna avait appelé à des procès sommaires dans le cas d'affaires similaires au meurtre de Lola.

Cette mesure, qui visait les émissions diffusées les 18, 19 et 24 octobre, est le deuxième niveau d'avertissement de l'Arcom avant de possibles sanctions.

La décision rendue jeudi, elle, porte sur une séquence de l'émission du 19 octobre. Une fête avait alors été organisée sur le plateau pour célébrer les audiences de l'émission.

Lors de cette fête, le patron de C8, Franck Appietto, avait remis à Cyril Hanouna un trophée en or portant la date de la veille. L'émission du 18 octobre, en partie consacrée à Lola, avait en effet dépassé la barre des deux millions de téléspectateurs.

Outre les procédures concernant l'affaire Lola, C8 et "TPMP" pourraient également être sanctionnées à cause des injures de Cyril Hanouna envers le député LFI Louis Boyard dans l'émission du 10 novembre.

Une semaine après cet incident, l'Arcom avait ouvert la voie à une procédure de sanction en transmettant ce nouveau cas à un rapporteur indépendant, membre du Conseil d'Etat.

Expert des clashs rémunérateurs en audiences, Cyril Hanouna a déjà valu à sa chaîne de nombreux avertissements et sanctions. Parmi elles, la plus lourde jamais prononcée à l'encontre d'une chaîne, une amende de 3 millions d'euros pour un canular jugé homophobe diffusé dans une autre de ses émissions en mai 2017.


JO-2024: le CIO «rassuré» sur les transports, un «défi»

Cette photo d'illustration prise le 6 mars 2020 montre un pass Navigo de l'opérateur de transports publics parisiens RATP à Paris (Photo de Philippe LOPEZ, AFP).
Cette photo d'illustration prise le 6 mars 2020 montre un pass Navigo de l'opérateur de transports publics parisiens RATP à Paris (Photo de Philippe LOPEZ, AFP).
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  • La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) a affirmé il y a une dizaine de jours que les transports ne seront «pas prêts» pour les JO
  • Les tarifs des transports ont été revus à la hausse pour les Jeux de Paris et le prix du ticket du métro parisien va quasiment doubler durant l'été 2024

PARIS: Le Comité international olympique (CIO) a été "rassuré" par les autorités françaises sur la question des transports pendant les JO-2024 qui restent "un défi" après les inquiétudes exprimées par la maire de Paris Anne Hidalgo, a assuré jeudi le directeur des JO du CIO Christophe Dubi.

"On a revu avec nos experts les plans de transports, avec l'ensemble des acteurs concernés (...) C'est une opération extrêmement complexe, on est tout à fait d'accord", a rappelé Christophe Dubi lors d'un point presse du CIO qui se réunit depuis mercredi à Paris pour une commission exécutive.

"Sur Paris centre, on a une concentration incroyable de sites avec probablement un demi-million de spectateurs par jour. C'est une opportunité extraordinaire de montrer à quel point votre ville est belle mais c'est également un challenge, un défi en terme de transports", a-t-il estimé.

La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) a affirmé il y a une dizaine de jours que les transports ne seront "pas prêts" pour les JO, s'attirant les foudres des ministres des Sports Amélie Oudéa-Castéra et des Transports Clément Beaune.

"Sur ce que nous avons vu de la part de l’ensemble des opérateurs, ça nous rassure énormément. Il reste encore 7-8 mois jusqu'aux JO, donc il reste encore du travail et c'est bien normal", a-t-il ajouté.

Les tarifs des transports ont été revus à la hausse pour les Jeux de Paris et le prix du ticket du métro parisien va quasiment doubler durant l'été 2024 afin de financer les surcoûts liés aux JO, a annoncé lundi la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.

Les plans de circulation arrêtés par la préfecture de police pour les automobilistes dans Paris ont été dévoilés mercredi.


Loi immigration: un «compromis» sur les régularisations à l'Assemblée, fustigé par la droite

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 28 novembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 28 novembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • La commission des Lois de l'Assemblée a largement réécrit la copie sénatoriale sur ce point, l'un des plus sensibles du projet de loi
  • La mesure, initialement bornée à fin 2026, a vu la fin de sa date d'application repoussée à fin 2028

PARIS: Un "compromis" selon le camp présidentiel, une "nouvelle ligne rouge" franchie pour la droite: les députés ont adopté jeudi une version remaniée d'une mesure-phare de la loi immigration, sur la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension.

La commission des Lois de l'Assemblée a largement réécrit la copie sénatoriale sur ce point, l'un des plus sensibles du projet de loi, censé incarner son volet humaniste face à une série de mesures de "fermeté".

L'amendement adopté du rapporteur général Florent Boudié (Renaissance), ne crée ni une procédure "discrétionnaire" entièrement à la main du préfet, comme le souhaitaient les sénateurs, ni un droit automatique à la régularisation, a-t-il plaidé.

Une version qui n'est pas "idéale" mais qui est une position de "compromis", destinée à "faire aboutir ce texte", a souligné le président de la commission, Sacha Houlié, représentant de l'aile gauche du groupe macroniste.

Le Sénat, dominé par la droite, avait largement durci le dispositif proposé par l'exécutif, en prévoyant un titre de séjour accordé par les préfets "à titre exceptionnel". Avec de multiples conditions, comme la "vérification" auprès de l'employeur de la "réalité de l'activité" et une durée minimale de travail de 12 mois.

Le "compromis" voté jeudi revient à une durée de huit mois de travail et supprime l'intervention de l'employeur. Il encadre la possibilité pour le préfet de s'opposer à la délivrance du titre de séjour, citant les cas de menace à l'ordre public, de non-respect des valeurs de la République ou encore de polygamie.

La mesure, initialement bornée à fin 2026, a vu la fin de sa date d'application repoussée à fin 2028.

«Appel d'air»

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a soutenu cette réécriture, et, s'adressant à la droite inquiète d'un "appel d'air", s'est dit ouvert à l'instauration d'un "quota", par exemple de "8 000, 10 000 ou 5 000" travailleurs qui pourraient être régularisés par an.

Il s'est en revanche opposé à des amendements visant à rétablir le texte initial du gouvernement, portés par l'aile gauche de la majorité, le groupe indépendant Liot et... le PS. La preuve d'une "duplicité" du gouvernement, a estimé le patron des députés socialistes, Boris Vallaud.

M. Darmanin avait aussi soutenu plus tôt dans la matinée le rétablissement d'un article supprimé au Sénat, donnant la possibilité à certains demandeurs d'asile de travailler sans attendre le délai de six mois aujourd'hui en vigueur.

La disposition concerne ceux dont la nationalité augure de fortes chances d'obtenir l'asile, comme les Afghans, les Syriens ou encore les Erythréens. La gauche a tenté en vain de l'étendre à tous les demandeurs d'asile.

La droite, que le camp présidentiel cherche à ne pas trop braquer pour ne pas compromettre les chances d'adoption du texte, a manifesté son mécontentement.

"Vous avez supprimé les quotas" d'immigration, "vous avez rétabli l'AME", l'Aide médicale d'Etat pour les sans-papiers, "vous avez supprimé le délit de séjour irrégulier", a listé la députée LR Annie Genevard.

«Pas de caricature»

Avec la mesure sur les métiers en tensions, c'est "une quatrième ligne rouge" qui est franchie selon elle: vous "consacrez un droit opposable à la régularisation, "source de contentieux inépuisable", a lancé l'élue.

Gérald Darmanin a longuement répliqué en dressant une liste des ajouts sénatoriaux retenus dans le texte, citant notamment "le maintien d'exigences d'une assurance maladie pour demander un regroupement familial", le contrôle du caractère "réel et sérieux" des études pour bénéficier d'une carte de séjour pluriannuelle, ou encore l'examen de français pour obtenir cette même carte.

"Merci de ne pas caricaturer les choses", a insisté le ministre.

Le rapporteur Florent Boudié a interpellé de son côté le RN, dont un député avait parlé des "conséquences" de l'asile "sur la sécurité des Français", évoquant pêle-mêle "la décapitation de Samuel Paty", "l'incendie de la cathédrale de Nantes" ou encore "le meurtre d'un prêtre".

"Vos propos qui consistent à mettre un signe égal entre la demande d'asile et la décapitation sont dégueulasses, immondes, honteux", a-t-il répondu, l'appelant à "cesser de parler aux instincts les plus bas".


Migrants: Évacuation de grande ampleur des campements du littoral du nord de la France

Des migrants sont encerclés par la police nationale française alors qu'ils attendent de monter à bord d'un bus pour les centres d'accueil après avoir quitté leur camp de fortune lors d'une opération d'hébergement menée par la préfecture locale de Loon-Plage, dans le nord de la France, le 30 novembre 2023 (Photo, AFP).
Des migrants sont encerclés par la police nationale française alors qu'ils attendent de monter à bord d'un bus pour les centres d'accueil après avoir quitté leur camp de fortune lors d'une opération d'hébergement menée par la préfecture locale de Loon-Plage, dans le nord de la France, le 30 novembre 2023 (Photo, AFP).
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  • A Loon-Plage près de Dunkerque, comme dans les principaux campements de Calais, des dizaines de bus ont été mobilisés pour emmener les migrants vers des centres d'accueil à l'écart du littoral
  • Selon les autorités britanniques, plus de 27 000 personnes sont arrivées au Royaume-Uni en traversant la Manche depuis le début de l'année, après un record de 45 000 en 2022

CALAIS: Plus d'un millier de migrants ont été évacués jeudi de lieux de vie autour de Calais et Dunkerque, où ils campent dans des conditions exécrables avec l'espoir de gagner le Royaume-Uni, une "mise à l'abri" selon les préfectures, dénoncée comme "forcée" par les associations.

A Loon-Plage près de Dunkerque (Nord), comme dans les principaux campements de Calais (Pas-de-Calais), des dizaines de bus ont été mobilisés pour emmener les migrants vers des centres d'accueil à l'écart du littoral, dans toute la France.

Près de 1.000 places d'hébergement en dehors des Hauts-de-France avaient été réservées et 1.244 personnes "ont accepté d'être mises à l'abri", selon un communiqué de la préfecture de la zone de sécurité Nord.

D'après les préfectures, qui évaluaient le nombre de migrants présents à environ 800 pour Calais et 1.200 à 1.500 pour Loon-Plage, tous se sont vu proposer une mise à l'abri, mais beaucoup ne souhaitent pas s'éloigner de la côte pour ne pas rater une opportunité de traversée.

Cent-trente exilés en situation irrégulière ont "été interpellés en vue d'un placement en retenue administrative", indique le communiqué.

Ces opérations simultanées visaient selon le préfet du Pas-de-Calais Jacques Billant à mettre fin à des "conditions de vie indignes, accentuées ces dernières semaines par les précipitations importantes".

Récupérer un téléphone

Dans les campements détrempés par les pluies record de novembre, les températures sont actuellement négatives la nuit.

A Calais dans la matinée, des équipes de nettoyage fourraient tentes et couettes dans des camionnettes, derrière un barrage de policiers.

Des candidats à l'exil, parfois en sandales malgré le froid, parfois enroulés dans des couvertures, erraient à proximité, certains dans l'espoir de récupérer un téléphone ou une paire de chaussures abandonnés dans l'urgence de l'évacuation.

Yassin Omar, un Soudanais de 18 ans arrivé à Calais il y a quatre mois, a raconté que lui et ses compagnons dormaient quand la police est arrivée vers 5h00.

Certains ont été pris par la police, "on ne sait pas où ils les ont emmenés", a-t-il expliqué. "Quand je suis revenu sur le camp, je n'ai pas retrouvé mon sac, ma couverture, rien. Je ne comprends pas pourquoi la police fait ça".

"L'objectif est de sauver les vies", a souligné François-Xavier Bieuville, sous-préfet de Dunkerque, alors que les tentatives de traversées se poursuivent malgré les conditions météo.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, 128 personnes ont été secourues en mer, à bord de deux embarcations clandestines en difficulté, a indiqué la préfecture maritime dans un communiqué.

Deux personnes ont péri dans la Manche le 22 novembre, lorsque leur embarcation a fait naufrage.

«Expulsions forcées»

Jeudi, les associations venant en aide aux migrants dénoncent une nouvelle fois des "expulsions forcées".

"On reçoit des appels de nombreuses familles qui sont dans les bus dans l'Essonne ou en direction du sud (...) et qui nous contactent parce qu'elles ne comprennent pas où elles vont, et ne veulent pas aller là-bas", a pointé Amélie Moyart, coordinatrice d'Utopia56 dans la zone de Loon-Plage.

Selon elle, les exilés évacués de Loon-Plage vont probablement se réinstaller progressivement sur le même terrain.

La fédération d'associations Auberge des Migrants a indiqué sur X s'attendre à voir revenir les personnes évacuées "dans quelques jours par leurs propres moyens (...), pour se retrouver dans les mêmes champs de boue, mais sans leurs tentes".

L'évêque d'Arras Mgr Olivier Leborgne, qui s'est rendu près d'un campement à Calais, a déploré que les expulsions se fassent sans prévenir les exilés en amont, ni effectuer de diagnostic social.

"Est-ce qu'on peut respecter le droit ?", a-t-il lancé, rappelant aussi les propos du pape à Marseille sur le risque de "naufrage de civilisation" dans la peur et l'indifférence opposées au phénomène migratoire.

Selon Juliette Delaplace du Secours catholique, certains migrants ont été poursuivis ou contraints de monter dans les bus.

La présidente de l'association, Véronique Devise, a appelé à multiplier les lieux d'accueil de jour, pour faciliter l'accès au droit et les demandes d'asile, et à augmenter le nombre de places en hébergement d'urgence.

L'association compte saisir la Défenseure des droits de la situation de personnes vulnérables, familles avec jeunes enfants ou femmes enceintes, obligées de rester dehors.