Saudi Aramco a réduit ses émissions de 23% depuis 2015

Le président de Saudi Aramco, Yasir al-Rumayyan. (Photo fournie)
Le président de Saudi Aramco, Yasir al-Rumayyan. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 03 février 2023

Saudi Aramco a réduit ses émissions de 23% depuis 2015

  • Le programme iktva d’Aramco joue un rôle essentiel qui consiste à aider le géant pétrolier à atteindre ses objectifs de durabilité à long terme
  • «Depuis 2015, nous avons signé cent quatre-vingt-deux accords pour établir des collaborations à long terme avec des fournisseurs stratégiques, stimuler de nouveaux investissements et promouvoir le contenu local»

RIYAD: La Saudi Arabian Oil Company, également connue sous le nom de «Saudi Aramco», a réduit de 23% les émissions de sa chaîne d’approvisionnement matérielle et logistique depuis 2015, révèle le président Yasir al-Rumayyan dans un entretien exclusif accordé à Arab News.
Le programme d’Aramco baptisé «iktva» joue un rôle essentiel qui consiste à aider le géant pétrolier à atteindre ses objectifs de durabilité à long terme en s’assurant que ses fournisseurs soient évalués et récompensés pour leur contribution environnementale, sociale et de gouvernance.
«La durabilité a toujours fait partie intégrante du modèle iktva. Nous adoptons de nouvelles technologies, nous exploitons le cadre de l’économie circulaire du carbone et nous dotons les gens des moyens nécessaires pour améliorer notre durabilité et réduire notre empreinte environnementale», déclare le président d’Aramco.
«Il convient de noter que les émissions de portée 1 et 2 de notre chaîne d’approvisionnement matérielle et logistique ont été réduites de 23% depuis 2015», ajoute-t-il.
Les émissions de portée 1 font référence aux émissions directes provenant de sources détenues ou contrôlées, tandis que les émissions de portée 2 concernent les émissions indirectes provenant de la production d’électricité, de vapeur, de chaleur et de froid utilisée par une entreprise.
En plus d’avoir une incidence sur la durabilité, l’iktva joue également un rôle dans le soutien de la croissance et du développement de l’économie locale, note M. Al-Rumayyan.
À ce jour, Aramco dispose d’une chaîne d’approvisionnement locale comprenant près de mille fabricants locaux et plus de deux mille fournisseurs de services, déclare le président.
«Le programme crée un écosystème de chaînes de valeur intégrées qui aident les entreprises à fonctionner efficacement en Arabie saoudite. De plus, iktva récompense les fournisseurs pour la mise en place d’un siège régional en Arabie saoudite», indique-t-il.
Au sujet de l’efficacité, le président note que tout dépend de l’investissement dans un réseau qualifié de fournisseurs locaux, ce qui conduit automatiquement à la résilience en matière de chaîne d’approvisionnement.
Les fournisseurs locaux et internationaux doivent répondre à certains critères pour pouvoir travailler avec le géant pétrolier et gazier. Ces critères comprennent l’établissement d’usines de fabrication locales, le recrutement d’employés saoudiens, ainsi que l’investissement dans la recherche et la formation, entre autres.
«Cette progression constante vers la localisation de la chaîne d’approvisionnement a non seulement été bénéfique pour notre entreprise, mais également pour l’économie locale et nationale. L’impact devrait se poursuivre grâce à la croissance des exportations et à l’augmentation des possibilités d’emploi», précise le président à Arab News.
En ce qui concerne les étapes importantes, Yasir al-Rumayyan souligne qu’Aramco a atteint un score iktva de 63%, ce qui implique que 63% des dépenses de l’entreprise en matière de fournisseurs concernent le Royaume.
De plus, Aramco enregistre également une augmentation de 40% des dépenses des fournisseurs en recherche et développement dans le Royaume par rapport à 2021.
Dans le même temps, les dépenses des fournisseurs pour le développement des petites et moyennes entreprises (PME) ont augmenté de 120% entre 2021 et 2022, servant ainsi de force motrice pour l’évolution de la chaîne d’approvisionnement, explique-t-il.
«Depuis 2015, nous avons signé cent quatre-vingt-deux accords d’une valeur totale de 31 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) pour établir des relations de collaboration à long terme avec des fournisseurs stratégiques, stimuler de nouveaux investissements et promouvoir l’activité locale», soutient le président d’Aramco.
L’objectif de ces accords, qui se présentent comme des contrats d’achat, est d’offrir aux fournisseurs une visibilité à long terme sur la demande. Par conséquent, ils leur permettent de prévoir la croissance future et de stimuler les efforts de localisation en conséquence, souligne-t-il.
Le programme iktva a été initié dans le but de construire une base industrielle diversifiée et compétitive à l’échelle internationale en Arabie saoudite. Dans une perspective plus large, ce rassemblement annuel est également conçu pour aider la communauté à innover, à collaborer et à travailler en réseau.
En termes d’investissements, cette initiative a permis d’identifier plus de deux cents possibilités d’investissement avec une part de marché annuelle estimée à 16 milliards de dollars dans dix secteurs différents.
«Nous recherchons en permanence des entreprises qui partagent notre vision d’une croissance durable et pour construire des partenariats stratégiques avantageux pour tous. Ensemble, nous visons à stimuler l’innovation, à diversifier l'industrie et à créer des emplois de qualité pour une population saoudienne en pleine croissance», conclut M. Al-Rumayyan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gastat: les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite augmentent de 4,4%

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  • Selon l’Autorité générale des statistiques, la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens
  • La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février

RIYAD: Les exportations non pétrolières de l’Arabie saoudite, notamment les réexportations, ont connu une hausse de 4,4% en février par rapport à la même période en 2023, selon des données officielles.

Selon l’Autorité générale des statistiques (Gastat), la valeur totale des exportations non pétrolières a atteint 21,86 milliards de riyals saoudiens (SAR), soit une hausse par rapport aux 20,93 milliards enregistrés au cours de la même période de l’année précédente (1 SAR = 0,25 euro).

L’augmentation des exportations non pétrolières est due à une hausse de 8,3% des exportations de produits en caoutchouc et en plastique en février, qui représentent 24,1% des exportations totales.

Le renforcement du secteur privé non pétrolier est essentiel pour l’Arabie saoudite, qui poursuit ses efforts de diversification économique qui visent à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole.

Le rapport dévoile une baisse de 4,1% en glissement annuel des exportations non pétrolières du Royaume, à l’exclusion des réexportations, en février. En revanche, la valeur des marchandises réexportées a grimpé de 32,3% au cours de la même période.

Cependant, la Gastat a noté qu’en février, le nombre total de marchandises expédiées par l’Arabie saoudite a diminué de 2% par rapport à la même période de l’année précédente.

Selon le rapport, ce déclin est principalement dû à une diminution de 3,8% des exportations de pétrole en février par rapport au même mois en 2023.

De même, le pourcentage des exportations de pétrole par rapport aux exportations totales est tombé à 77% en février, contre 78,4% au cours de la même période de l’année précédente.

Les exportations de pétrole ont chuté en raison de la décision du Royaume de réduire sa production de brut, conformément à un accord conclu par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, collectivement connus sous le nom d’«Opep+».

En avril 2023, l’Arabie saoudite a réduit sa production de pétrole de 500 000 barils par jour, une décision que le ministère de l’Énergie vient de prolonger jusqu’à la fin décembre 2024.

Par rapport à janvier 2024, la valeur des exportations totales de marchandises a connu une légère hausse de 0,1% pour atteindre 95,02 milliards de SAR.

La Gastat a révélé que les importations de l’Arabie saoudite ont progressé de 12,3% en glissement annuel en février.

D’autre part, l’excédent de la balance du commerce des marchandises a diminué de 21,8% par rapport à la même période de l’année précédente.

La Chine a été le principal partenaire commercial de l’Arabie saoudite en février, les exportations vers le pays asiatique s’élevant à 12,57 milliards de SAR. L’Inde et le Japon viennent ensuite, avec des exportations respectives vers ces pays de 9,43 et 8,55 milliards de SAR.

La Corée du Sud, les Émirats arabes unis et la Pologne figurent également parmi les principales destinations des exportations saoudiennes, de même que l’Égypte, les États-Unis et la France.

La Chine a par ailleurs occupé la première place du côté des importations, représentant 19,9% des échanges, soit 12,58 milliards de SSAR, en février.

D’après le rapport, le port maritime du roi Abdelaziz de Dammam a été classé comme le point d’entrée le plus important pour les marchandises en Arabie saoudite, accueillant 26,7% des exportations totales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
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  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
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  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.