John Kerry, qui signa l'accord de Paris, devient le Monsieur climat de Joe Biden

John Kerry est un habitué des missions diplomatiques périlleuses: outre le climat et l'Iran, il avait négocié avec la Russie un accord sur les armes chimiques en Syrie. (MANDEL NGAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
John Kerry est un habitué des missions diplomatiques périlleuses: outre le climat et l'Iran, il avait négocié avec la Russie un accord sur les armes chimiques en Syrie. (MANDEL NGAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
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Publié le Mardi 24 novembre 2020

John Kerry, qui signa l'accord de Paris, devient le Monsieur climat de Joe Biden

  • Joe Biden a promis de revenir dès le premier jour de son mandat, le 20 janvier 2021, dans l'accord climatique
  • M. Kerry, 76 ans, a quitté le département d'Etat quand Donald Trump a pris les rênes du pouvoir, en janvier 2017

Avec la nomination de John Kerry au poste de représentant spécial pour le climat, le prochain président américain Joe Biden mise sur un diplomate rompu au multilatéralisme et connu de multiples dirigeants mondiaux, afin de consacrer le retour prévu des Etats-Unis dans l'accord de Paris.

C'est John Kerry lui-même qui signa, au nom des Etats-Unis, l'accord sur le climat négocié en décembre 2015, comme chef de la diplomatie de Barack Obama. L'un des accords, avec celui sur le nucléaire iranien, qu'il avait personnellement négociés et qu'a ensuite déchirés Donald Trump.

Joe Biden a promis de revenir dès le premier jour de son mandat, le 20 janvier 2021, dans l'accord climatique.

«Je retourne au gouvernement pour remettre l'Amérique sur la bonne voie, face au plus grand défi de cette génération et face à ceux qui suivront», a tweeté John Kerry, promettant de «traiter la crise climatique comme la menace urgente de sécurité nationale qu'elle est».

M. Kerry, 76 ans, de deux ans le cadet de M. Biden, est un poids lourd parmi les poids lourds de la planète démocrate. Outre avoir été secrétaire d'Etat, il fut candidat malheureux à la Maison Blanche en 2004, et il est resté sénateur 28 ans, spécialisé dans les affaires étrangères.

Il a quitté le département d'Etat quand Donald Trump a pris les rênes du pouvoir, en janvier 2017. Et le climat était depuis devenu l'un de ses sujets de prédilection. 

Il y a un an, il avait lancé une coalition de vedettes et personnalités pour mobiliser contre la crise climatique, baptisée «World War Zero» (Guerre mondiale zéro). Le diplomate a exploité son carnet d'adresses: Leonardo DiCaprio, Emma Watson, Arnold Schwarzenegger ont rejoint l'initiative. 

«Aucun pays ne fait le travail» sur le changement climatique, disait-il alors. «Nous devons traiter cela comme une guerre»

Chaque année d'inaction climatique sous la présidence Trump a rendu cette guerre-là encore plus ardue à gagner. Les émissions de gaz à effet de serre américaines se réduisent naturellement, avec l'essor des énergies renouvelables et, cette année, un coup de pouce de la pandémie, mais pas assez vite pour atteindre l'objectif affiché par Joe Biden: la neutralité carbone en 2050. 

- Tenir parole -

A la signature de l'accord de Paris, l'idée d'un monde neutre en carbone 35 ans plus tard -- un monde où le résidu d'émissions de carbone serait entièrement compensé par des projets d'absorption du carbone -- paraissait si radicale qu'elle n'était pas explicitement incluse dans le texte.

Mais en cinq ans, nombre de pays, et l'Union européenne, se sont ralliés à l'objectif de 2050. La Chine a annoncé en septembre viser 2060, non sans critiquer l'inconstance des Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de CO2.

La feuille de route de John Kerry sera de retrouver la confiance des partenaires des Etats-Unis et de prouver que la structure de l'accord de Paris, fragilisée par Donald Trump, était bien la bonne. 

Cet accord n'impose pas de mesures aux pays signataires: il leur demande de fixer eux-mêmes leurs objectifs pour le climat, de les respecter, et éventuellement de les rehausser. Cette formule peu contraignante est à la fois la force et la faiblesse du texte, dépendant de la bonne volonté des parties prenantes.

John Kerry est un habitué des missions diplomatiques périlleuses: outre le climat et l'Iran, il avait négocié avec la Russie un accord sur les armes chimiques en Syrie. Barack Obama l'avait dépêché à Islamabad en 2011 pour tenter d'apaiser l'allié pakistanais fou de rage de ne pas avoir été informé du raid contre Oussama ben Laden.

Elancé, épaisse chevelure poivre et sel, francophone, il affectionne par-dessus tout les contacts personnels, poignées de mains et tapes dans le dos chaleureuses avec ses interlocuteurs, et se retrouver dans le huis clos de réunions pour sceller les compromis qui font le sel de la diplomatie internationale.

Le temps presse. L'Amérique de Joe Biden devra dévoiler au monde dès 2021 son nouveau plan climat, avec la conférence onusienne COP26 en ligne de mire, en novembre à Glasgow.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"