La bibliothèque Mohammed ben Rachid de Dubaï, un phare de la culture arabe

La bibliothèque Mohammed ben Rachid de Dubaï, un phare de la culture arabe. (Photo fournie)
La bibliothèque Mohammed ben Rachid de Dubaï, un phare de la culture arabe. (Photo fournie)
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Publié le Mardi 07 février 2023

La bibliothèque Mohammed ben Rachid de Dubaï, un phare de la culture arabe

  • Le bâtiment est construit en forme de livre ouvert vers le ciel ou de support pour le Coran
  • L’établissement comporte une riche et impressionnante collection de cartes historiques. Des recueils anciens et des manuscrits rares sont également présentés

DUBAI: On est loin de l’image bling-bling et jet-set de Dubaï. Alors que les tours poussent comme des champignons dans cette ville en plein essor des Émirats arabes unis, un immeuble aux caractéristiques bizarres a récemment ouvert ses portes. Contrairement aux gratte-ciel en forme de flèche qui pointent vers les nuages, ce bâtiment est construit en forme de livre ouvert vers le ciel ou de support pour le Coran. On le remarque d’emblée lorsqu’on quitte l’aéroport de Dubaï en direction de la ville. Il se trouve dans le quartier Al-Jaddaf, qui comprend par ailleurs le village culturel de Dubaï (Dubai Culture Village).

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Cet émirat, longtemps connu pour ses centres commerciaux et ses hôtels de luxe qui font le bonheur des touristes et des influenceurs des réseaux sociaux, s’ouvre désormais de plus en plus à des activités culturelles, avec le Musée du futur, un chef-d’œuvre architectural, mais aussi l’opéra de Dubaï, inauguré en 2016.

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Lorsqu’il a lancé la construction de ce projet, en 2016, cheikh Mohammed ben Rached al-Maktoum voulait faire de Dubaï un phare de la culture arabe, à l’instar d’Alexandrie, en Égypte, dont la bibliothèque est célébrissime.

Sur place, le ton est donné d’emblée. Un jeune homme chargé de la sécurité s’approche poliment des visiteurs qui arrivent en short: «Messieurs, vous êtes les bienvenus à la bibliothèque Mohammed ben Rachid. Comme il s’agit d’un lieu de culture, le port du pantalon est impératif. Pardon du dérangement.» Entre-temps, des jeunes filles, tout aussi aimables, vérifient les réservations sur leur tablette électronique.

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Design épuré
Une fois introduit dans le grand hall de l’établissement, on est frappé par les étagères, hautes de plusieurs mètres et remplies de livres. Les visiteurs, venus entre amis ou en famille, déambulent dans la salle en prenant des photos, des selfies, ne sachant pas dans quelle direction regarder. Un design aux lignes pures et simples donne aux livres une extraordinaire majesté. Un impressionnant escalator mène aux sept étages du bâtiment, alors que, de l’autre côté, deux ascenseurs panoramiques permettent de découvrir des zones de lecture où des jeunes lisent, confortablement assis dans des chaises au design futuriste.

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Un espace enfants est par ailleurs à la disposition des visiteurs. Il règne dans ce lieu très coloré une ambiance agréable et stimulante pour lire et s’amuser. Son seul petit défaut? La salle est ouverte sur le grand hall et les cris des enfants brisent parfois le silence sacré des lecteurs absorbés par leurs livres.

Dans les étages supérieurs, la bibliothèque est divisée par thèmes. Les étagères sont encore à moitié vides, l’institution n’ayant ouvert ses portes qu’en juin dernier. Les ouvrages d’arts, de culture, de tourisme, d’architecture et de géographie sont parsemés, ici et là, disponibles dans différentes langues. Des coins chaleureux et confortables permettent aux étudiants de discuter à voix basse tout en travaillant sur les sujets qui les intéressent.

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En revanche, dans la section consacrée à l’économie et aux finances, les livres remplissent les rayons. C’est là où se trouve le plus grand nombre de jeunes, que l’on voit s’affairer entre les allées.

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Au septième étage se trouve également une salle destinée aux expositions temporaires, comme celle qui est consacrée à l’histoire et au développement de l’émirat de Dubaï sous le règne de la famille Al-Maktoum.

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En outre, la bibliothèque comporte une riche et impressionnante collection de cartes historiques exposées dans une section à part. Des recueils anciens et des manuscrits rares sont également présentés, faisant la fierté de l’établissement.

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Technologie

La bibliothèque propose une vaste collection de livres digitaux que l’on peut télécharger, ainsi que des livres en braille. Il y a aussi un petit joyau technologique: le distributeur robotique de livres. Il existe en effet une réserve souterraine pour près de quatre cent mille titres qui ne sont pas exposés sur les étagères dans les sections. Les visiteurs peuvent commander un livre en ligne à travers l’application de la bibliothèque. De petits robots se mettent alors en œuvre pour rechercher et livrer la commande en un temps record.

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Ce système mécanique est parfois plus efficace que les jeunes employés qui travaillent sur place. La majorité d’entre eux sont des étudiants bénévoles. Malgré leur gentillesse et leur politesse, ils ne peuvent pas toujours répondre aux multiples questions, faute d’une formation adéquate.
Les autorités n’ont pourtant pas lésiné pour faire de ce projet pharaonique de 54 000 mètres carrés et qui a coûté la bagatelle de 272 millions de dollars (1 dollar = 0,93 euro) un paradis pour les amoureux du livre. Il est supposé comprendre, à terme, plus de quatre millions d’ouvrages, qu’il s’agisse de livres imprimés, digitaux ou audio.

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En attendant de devenir une référence arabe et régionale de la culture, la bibliothèque Mohammed ben Rachid est aujourd’hui une pierre de plus vers la consolidation de Dubaï qui contribue à sa politique d’ouverture et de diversité.

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Disney va ouvrir un parc d'attraction aux Emirats arabes unis, à Abou Dhabi

Des acteurs de Disney participent à une parade lors d'une cérémonie marquant le 100e anniversaire de la Walt Disney Company, organisée à Disneyland Paris, à Marne-la-Vallée, à l'est de Paris, le 16 octobre 2023. (AFP)
Des acteurs de Disney participent à une parade lors d'une cérémonie marquant le 100e anniversaire de la Walt Disney Company, organisée à Disneyland Paris, à Marne-la-Vallée, à l'est de Paris, le 16 octobre 2023. (AFP)
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  • Disney prévoit d'ouvrir son septième parc d'attraction, sur l'île de Yas, à Abou Dhabi, via un accord de licence avec le groupe émirati Miral, qui va bâtir et gérer le site
  • Le septième parc Disney, qui en compte déjà deux aux Etats-Unis, deux en Chine, un au Japon et un en France, comprendra lui aussi hôtels, restaurants et boutiques

NEW YORK: Disney prévoit d'ouvrir son septième parc d'attraction, sur l'île de Yas, à Abou Dhabi, via un accord de licence avec le groupe émirati Miral, qui va bâtir et gérer le site, ont indiqué les deux sociétés dans un communiqué publié mercredi.

Le septième parc Disney, qui en compte déjà deux aux Etats-Unis, deux en Chine, un au Japon et un en France, comprendra lui aussi hôtels, restaurants et boutiques.

"La région est suffisamment distante des autres parcs pour que nous craignions pas de cannibaliser les sites existants", a expliqué mercredi, depuis Abou Dhabi, le patron de Disney, Bob Iger, lors d'une conférence téléphonique de présentation des résultats, sans donner de date prévue pour l'ouverture du parc.

Bob Iger a justifié l'implantation d'un parc à Abu Dhabi par le développement touristique déjà entamé par les Emirats arabes unis depuis plusieurs années. Il a mentionné l'antenne du Louvre, inaugurée en 2017, et celle du Guggenheim, qui devrait ouvrir ses portes début 2026.

Yas Island est située à une centaine de kilomètres au sud de Dubaï, autre place commerciale et financière des Emirats, et premier aéroport au monde pour les passagers internationaux. Sur cette île, Miral opère déjà, par ailleurs, plusieurs attractions, parmi lesquelles le Warner Bros World et Ferrari World.

Troisième ville des Emirats arabes unis, Abou Dhabi ambitionne d'accueillir environ 39 millions de touristes en 2030.

L'accord passé avec Miral permet à Disney de n'engager aucun investissement dans le projet, qui va être intégralement financé par le groupe émirati. Le géant américain du divertissement supervisera les plans du site et fournira à son partenaire une "expertise opérationnelle".

En échange de son soutien et de l'utilisation de l'univers Disney, Miral lui versera des royalties et des commissions. Le site d'"Abou Dhabi aura à la fois l'authenticité de Disney et le caractère distinctif émirati", a décrit Bob Iger.

L'annonce intervient avant la visite officielle au Moyen-Orient de Donald Trump, qui doit notamment se rendre aux Emirats arabes unis.

Le projet va "mélanger les histoires et les personnages formidables de Disney avec la culture et le goût de ce pays et de cette région", a poursuivi Bob Inger.

L'ajout de ce nouveau parc au portefeuille du groupe "nous permet de toucher la population mondiale plus efficacement qu'auparavant", a-t-il déclaré.

Interrogé sur la possibilité d'un huitième parc, le patron du groupe de Burbank (Californie) a répondu que rien n'était à l'étude pour l'instant.


Le Louvre: une exposition inédite met en lumière la grandeur des Mamlouks

Quelque 260 chefs-d’œuvre, répartis sur cinq sections thématiques dans le Hall Napoléon, retracent deux siècles du règne de cette dynastie, engagée dans le mécénat de l’art, la littérature et les sciences.  (AFP)
Quelque 260 chefs-d’œuvre, répartis sur cinq sections thématiques dans le Hall Napoléon, retracent deux siècles du règne de cette dynastie, engagée dans le mécénat de l’art, la littérature et les sciences. (AFP)
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  • Ce sultanat embrasse un vaste territoire qui comprend l’Égypte, le Bilad al-Sham (Syrie, Liban, Israël/Palestine, Jordanie), une partie de l’est de l’Anatolie et le hijjaz en Arabie où sont situées La Mecque et Médine
  • Mais son histoire ne saurait se limiter à ses conquêtes et faits d’armes, car sa culture tout aussi complexe et sa société participent d’une époque médiévale méconnue et singulièrement mouvante

PARIS: Du 30 avril au 28 juillet, le musée du Louvre lève pour la première fois le voile sur une dynastie méconnue en France à travers une exposition inédite consacrée aux Mamelouks.

Quelque 260 chefs-d’œuvre, répartis sur cinq sections thématiques dans le Hall Napoléon, retracent deux siècles du règne de cette dynastie, engagée dans le mécénat de l’art, la littérature et les sciences.

Esclaves militaires d’origine majoritairement turque puis caucasienne, les Mamelouks ont construit leur légende sur leur puissance guerrière. 

De 1250 à 1517, le sultanat mamelouk a vaincu les derniers bastions des croisés, combattu et repoussé la menace des Mongols, survécu aux invasions de Tamerlan et maintenu à distance ses menaçants voisins turkmènes et ottomans avant de succomber à l’expansionnisme de ces derniers.

Ce sultanat embrasse un vaste territoire qui comprend l’Égypte, le Bilad al-Sham (Syrie, Liban, Israël/Palestine, Jordanie), une partie de l’est de l’Anatolie et le hijjaz en Arabie où sont situées La Mecque et Médine.

Mais son histoire ne saurait se limiter à ses conquêtes et faits d’armes, car sa culture tout aussi complexe et sa société participent d’une époque médiévale méconnue et singulièrement mouvante.

 Une société plurielle où les femmes comme les minorités chrétiennes et juives ont une place, une sorte d’épicentre où convergent l’Europe, l’Afrique et l’Asie et au sein duquel les personnes et les idées circulent au même titre que les marchandises et les répertoires artistiques.

C’est cette diversité et cette richesse que retrace le parcours de l’exposition, répartie en cinq sections, elle plonge le visiteur dans plusieurs espaces d’immersion, détaille l’identité mamelouk, leurs cultures, ainsi que leur ouverture et leurs échanges avec le monde environnant.

La première section met en lumière le tempérament des sultanats Mamelouks, bâtisseurs et mécènes, engagés entre eux dans une compétition de chantiers de construction, dont les vestiges ont marqué la ville du Caire, haut lieu de leur pouvoir.

Cette section propose un dispositif immersif réalisé à partir de photographies du complexe funéraire du sultan Qalawun, dont le règne est considéré comme l’âge d’or du règne Mamelouks.

Elle se compose, d’un hôpital, d’une « madrasa » et du mausolée du souverain, lequel est considéré comme l’un des édifices les plus somptueux du Caire médiéval, avec des murs couverts de panneaux de mosaïque et un sol incrusté de marbre.

 Une grande place est consacrée aux Mamelouks en tant que protecteurs des lieux saints, un prestige qui leur permet de se présenter comme les défenseurs de la foi, et leur confère la charge d’assurer le bon déroulement du pèlerinage.

 Ainsi, ils en profitent pour réaliser des travaux d’embellissement de la Mecque, et Médine, les deux villes saintes.

Une des pièces phare de cette section est une clé de la Ka’aba gravée au nom du sultan Farah destinée à ouvrir l’unique porte du lieu saint.

Cette clé, conservée par le Louvre, est recouverte de transcriptions coraniques en langues arabes, elle constitue un objet hautement symbolique qui désigne les Mamelouks comme les plus légitimes souverains musulmans de l’époque.

La société Mamelouks diverse, arabophone et largement islamisée est également mise en valeur par la présentation de vestiges, de l’importante communauté chrétienne ainsi que des petites communautés juives.

Leur culture, militaire et religieuse entièrement tournée au service de l’empire est éclairée dans l’une des sections, à travers des armures militaires finement tissées et incrustées d’inscriptions d’or, de lampes en verre soufflé émaillées et dorées, de pupitres marquetés d’ivoire et un Coran monumental de la moitié du 14ème siècle manuscrit en encre, pigments et or.

Les Mamelouks sont par ailleurs au cœur des échanges entre orient et occident, la position stratégique de leur sultanat dans le commerce des épices et leur domination sur les lieux saints du Hijaz et de la Palestine leur permet de jouer un rôle de pivot au croisement de nombreux itinéraires marchands, diplomatiques et spirituels.

C’est ainsi que dès la fin du 13ème les Mamelouks et les Européens signent des accords de commerce, instaurant des échanges fructueux et durables révélés dans la quatrième section de l’exposition.

La grande vitalité du sultanat, sa frénésie constructrice et l’intensité de ses échanges contribuent à l’essor d’un art florissant est luxueux dévoilé dans la dernière section, où se côtoient des boiseries sculptées égyptiennes, des objets en métal cuivré et argenté de Syrie, des pièces d’artisanat du Mossoul en Irak, sans oublier les manuscrits et les textiles finement brodés.

Par leur énergie, les Mamelouks, des esclaves étrangers à la terre d’Égypte, arrachés à leurs familles et formés dans les casernes, ont façonné l’un des âges d’or les plus brillants de l’histoire islamique.

Dans leur société singulière, diversité et mobilité étaient érigés en véritables règles de vie. 

 


Le matcha pour tous : un thé vert devenu tendance en Arabie saoudite

Autrefois cantonné au thé de cérémonie au Japon, le matcha gagne aujourd'hui en popularité en Arabie saoudite. (AN Photo Waad Hussain)
Autrefois cantonné au thé de cérémonie au Japon, le matcha gagne aujourd'hui en popularité en Arabie saoudite. (AN Photo Waad Hussain)
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  • L'essor du thé japonais dans le Royaume est un changement culturel, une tasse verte à la fois

RIYAD — Longtemps réservé aux cérémonies traditionnelles au Japon, le matcha trouve aujourd’hui sa place dans le quotidien des Saoudiens. Cette popularité croissante s’explique par l’intérêt grandissant pour les tendances bien-être, l’évolution des tendances gustatives et l’essor d’un mode de vie plus conscient.

Les données confirment cette tendance. Selon un récent rapport d'IMARC Group, le marché saoudien du thé vert, qui comprend le matcha, était évalué à 140,14 millions de dollars et devrait atteindre 229,24 millions de dollars d'ici à 2033.

Les importations de thé vert conditionné ont presque doublé en valeur entre 2020 et 2023, ce qui suggère un appétit croissant pour les boissons haut de gamme axées sur la santé.

Cette demande croissante se reflète dans les menus des cafés et sur les réseaux sociaux du Royaume. Les Matcha lattes, autrefois réservés aux cafés spécialisés, sont désormais présents dans les cafés branchés et dans les cuisines des particuliers.

Qu'il soit servi glacé dans des tasses en verre élégantes ou fouetté à la maison avec du lait d'avoine, le matcha est plus qu'une boisson. C'est un état d'esprit, une déclaration personnelle et, pour beaucoup, une façon plus saine de commencer la journée.

À Dammam, Sara Anas, 19 ans, se souvient de sa première dégustation de matcha en 2019. "Mon père aime découvrir de nouvelles saveurs. Le goût n'était pas très bon au début, mais lorsque le matcha est devenu populaire en 2021, j'ai eu envie de le goûter à nouveau dans les cafés locaux," a-t-elle lancé.

Aujourd'hui, elle en boit presque tous les jours. "Cela peut paraître bizarre, mais je n'ai pas l'impression que c'est lourd pour mon corps comme le café. Je me sens plus à l’aise et j'ai plus d'énergie."

Anas fait partie d'un groupe démographique en pleine expansion. À Riyad, Amal Al-Mutairi, 26 ans, commence son jour par un matcha. "Je le préfère glacé avec du lait vanillé pour que le goût soit plus doux et plus léger", a-t-elle affirmé.

Pour elle, l'attrait du matcha a commencé par la lecture de ses bienfaits. "Le matcha me donne de l'énergie calme sans la nervosité ou l'effondrement que je ressens habituellement après avoir bu du café. Il m'aide également à me concentrer plus longtemps."

Cette énergie calme et concentrée - souvent décrite comme une expérience de caféine "plus propre" - a rendu le matcha particulièrement populaire auprès des étudiants et des professionnels.

Pour Anas, il s'agit d'un élément essentiel du campus. "C'est indispensable avant les cours ! Il me donne l'énergie nécessaire pour continuer ma journée à l'université", a-t-elle déclaré.

Mais le matcha est plus que fonctionnel. Il est devenu un mode de vie, adopté à la fois pour ses vertus de bien-être et pour son charme visuel.

À l'échelle mondiale, l'essor du matcha s'inscrit dans le cadre d'un boom plus large du bien-être. La production japonaise de matcha a augmenté de 185% entre 2010 et 2023, et la demande est aujourd'hui si forte que les fournisseurs annoncent des pénuries. Les principaux producteurs japonais ont commencé à limiter les exportations pour répondre aux besoins nationaux.

L'attrait du matcha pour la santé n'est pas qu'un effet d'annonce. Riche en antioxydants - en particulier un composé appelé EGCG - des études suggèrent qu'il peut réduire l'inflammation, soutenir la santé cardiovasculaire et aider les fonctions cognitives.

Une récente étude saoudienne a également révélé que plus de la moitié des participants pensaient que le matcha pouvait contribuer à la gestion du poids et à l'équilibre de la glycémie.

Les experts soulignent toutefois que la modération est de mise. Une consommation excessive de matcha peut interférer avec l'absorption du fer et n'est pas recommandée pour tout le monde.

Le rituel de la préparation du matcha, en particulier pour ceux qui le fabriquent eux-mêmes, fait désormais partie d'une évolution plus large vers un mode de vie lent et intentionnel, auquel de nombreux jeunes Saoudiens adhèrent.

Ce rituel est profondément personnel pour Leen al-Zamil, 27 ans, qui a fait du matcha une curiosité et un plaisir quotidien. "J'étais curieuse au début et honnêtement, je détestais ça, mais je pense que c'est parce que c'était chaud. Je l'ai préféré froid avec du sirop de vanille et du lait d'avoine. Je ne peux certainement pas le boire seul", a-t-elle révélé. 

Aujourd'hui, elle ne peut pas passer une journée sans en boire. "Parfois, elle en boit deux fois ou plus. "J'aime sa couleur... J'apprécie chaque étape de sa préparation et son goût est si bon. Il me rend de bonne humeur."

Mme al-Zamil n'est pas la seule à considérer le matcha comme plus qu'une simple boisson.

Pour Mona Abdullah, 28 ans, le matcha est bien plus qu’une boisson : c’est un remède. "En tant que personne atteinte du syndrome du côlon irritable, le café me cause souvent des inconforts prolongés. Le matcha, lui, m’apporte une énergie stable sans effets secondaires. J’ai arrêté le café depuis trois mois, et je suis convaincue que le matcha est une meilleure source de caféine que le café noir", a-t-elle confié.

Le syndrome du côlon irritable est une affection digestive courante. De nombreuses personnes atteintes du syndrome de l'intestin irritable trouvent que le café, avec son acidité et sa forte teneur en caféine, peut déclencher des malaises, ce qui fait que des alternatives plus douces comme le matcha sont préférées.

Mme Abdullah en consomme deux fois par jour, glacé et sans arômes ajoutés. "C’est ma santé, dit-elle, qui m’a poussée à changer."

Mais l'attrait du matcha ne se limite pas à la santé : il s'agit aussi d'une question d'esthétique et de culture. "Je pense que c'est un mélange de tout", dit al-Mutairi. "Les bienfaits pour la santé, le goût et, oui, l'esthétique".

Anas a fait écho à cette idée, notant que les motivations varient d'une personne à l'autre. "Pour moi, c'est pour ses bienfaits sur la santé et pour son goût. En général, on n'obtient pas une boisson saine avec un bon goût. Mais je pense qu'il y a beaucoup de gens qui le boivent juste pour l'esthétique. On les voit ajouter des centaines de sirops juste pour dire qu'ils boivent du matcha", a-t-elle expliqué. 

Ce mélange de bien-être et d'image - une santé sérieuse associée à une image de marque ludique - a alimenté la montée en puissance du matcha sur les médias sociaux. Avec sa teinte vert vif, son emballage minimaliste et ses fréquentes apparitions dans les selfies de cafés, le matcha est devenu la boisson du mouvement "soft life", qui privilégie la paix, l'équilibre et le plaisir.

"C'est sans aucun doute l'ambiance et le goût", a indiqué al-Zamil.

Dans un pays où la culture du café est profondément enracinée, le matcha ne vient pas remplacer la tradition, mais proposer une alternative : un mélange de saveur, de style de vie et de sens personnel, une tasse vert vif à la fois.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com