Retraites: Un tweet fait dérailler les débats, un député LFI exclu pour 15 jours

Le député Thomas Portes assiste à une grève des employés de TotalEnergies sur le site de raffinerie de TotalEnergies, à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, dans le nord-ouest de la France, le 13 octobre 2022 (Photo, AFP).
Le député Thomas Portes assiste à une grève des employés de TotalEnergies sur le site de raffinerie de TotalEnergies, à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, dans le nord-ouest de la France, le 13 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 11 février 2023

Retraites: Un tweet fait dérailler les débats, un député LFI exclu pour 15 jours

  • L'auteur du message litigieux, Thomas Portes, s'est vu infliger la plus lourde sanction disciplinaire pour un député
  • L'Insoumis, ceint de son écharpe tricolore, s'était mis en scène jeudi sur le réseau social, le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail

PARIS: Un tweet d'un Insoumis visant Olivier Dussopt met le feu à l'hémicycle: l'examen de la réforme des retraites a été momentanément interrompu vendredi à l'Assemblée et le député exclu pour 15 jours de séances, à la veille d'une nouvelle mobilisation espérée massive par les syndicats.

L'auteur du message litigieux, Thomas Portes, s'est vu infliger la plus lourde sanction disciplinaire pour un député, la même que Grégoire de Fournas (RN), auteur de propos jugés racistes en novembre.

L'Insoumis, ceint de son écharpe tricolore, s'était mis en scène jeudi sur le réseau social, le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail, qui porte la réforme à l'Assemblée.

Malgré les demandes du camp présidentiel, il a refusé vendredi de s'excuser, provoquant un tollé. La séance a été suspendue, le bureau de l'Assemblée, plus haute instance collégiale, s'est réuni et a demandé son "exclusion temporaire" en raison d'un "outrage" ou d'une "provocation".

Cette peine disciplinaire, validée par un vote assis-debout dans l'hémicycle, entraîne l'interdiction de paraître au Palais Bourbon pendant quinze jours de séances, soit jusque mi-mars, et la privation de la moitié de l'indemnité parlementaire pendant deux mois.

Défendant un "droit à la caricature et à la satire" avec ce tweet, les collègues de M. Portes ont vivement protesté. "Vous cherchez les Insoumis, vous allez les trouver", a lancé Danièle Obono à la majorité.

"Nous ne laisserons rien passer. Aucune menace, aucune intimidation", a campé Aurore Bergé (Renaissance).

Marine Le Pen (RN), qui combat comme la gauche la retraite à 64 ans, a estimé que la Nupes est dans une "fuite en avant" dans sa lutte.

«Instrumentalisé»

M. Portes n'en démord pas: "Je n'ai jamais fait d'appel à la violence", a-t-il assuré devant la presse, déplorant que son message ait été "utilisé et instrumentalisé par certains".

"Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez votre réforme qui va sacrifier des milliers de gens", avait défié l'Insoumis dans l'hémicycle.

"Ce que nous voyons actuellement (...) avec nos invectives, avec nos insultes, avec du brouhaha, (n'est) pas digne de l'Assemblée nationale", a déclaré la titulaire du perchoir, Yaël Braun-Pivet, au bout d'une semaine de discussions laborieuses.

"Nous ne nous tairons pas", a assuré la présidente du groupe LFI Mathilde Panot, pointant une sanction pour "intimider à un moment où le mouvement social est en train de se durcir". "Personne ici ne veut qu'il y ait une police des tweets".

Le patron des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a aussi défendu sur Twitter son député: "Après le pilori pour Thomas Portes, cheminot député, Macron va interdire tous les chamboule-tout dans les fêtes du pays".

Au sein de la Nupes, si le tweet de M. Portes a été diversement apprécié, la sanction est jugée bien trop sévère. "Nous contestons le parallélisme qui a été fait" avec le cas de Grégoire de Fournas, a protesté le communiste Pierre Dharréville.

La matinée à l'Assemblée s'était déroulée sans trop d'embûches. Par un vote relativement serré (181 voix contre 163), les députés ont validé l'article 1er du projet de loi, prévoyant l'extinction de la plupart des régimes spéciaux.

L'index sur l'emploi des seniors était au menu de la soirée.

Des tensions ont ressurgi lorsque M. Dussopt a demandé à l'écologiste Sandrine Rousseau de ne pas le "haranguer", ce que cette dernière a qualifié de "sexiste".

"Je considère que c'est une insulte" et "cela fait beaucoup en matière d'attaques personnelles", s'est récrié le ministre.

Quelque 16 000 amendements restent à discuter en une semaine.

«Respect»

Dans une rare prise de parole, à la veille d'une quatrième journée de manifestations, Emmanuel Macron a appelé vendredi les organisateurs de la contestation à conserver leur "esprit de responsabilité" afin que "les désaccords puissent s'exprimer, mais dans le calme, le respect des biens et des personnes, et avec une volonté de ne pas bloquer la vie du reste du pays".

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a peu goûté l'intervention: "Excusez-moi, mais bordel, on n'est pas responsables depuis le début?". Et de marteler: le report de l'âge de la retraite de 62 à 64 ans suscite "un profond rejet".

Les trois premières journées de mobilisation ont réuni sans incidents notables entre 757 000 personnes selon l'Intérieur (2 millions selon les organisateurs) et 1,27 million (2,5 millions).

Samedi, les syndicats espèrent mobiliser ceux qui ne peuvent faire grève en semaine.

De source policière, il est prévu de 600 000 à 800 000 manifestants dans  240 cortèges.

L'intersyndicale a déjà programmé des journées d'actions les 16 février et 7 mars, et se prépare à un long bras de fer. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez évoque de possibles "grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles".


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.

 


Salon du Bourget : les députés et le président de la Seine-Saint-Denis boycotteront l'inauguration

L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
L'équipe de démonstration de l'armée de l'air et de l'espace française « Patrouille de France » effectue des figures acrobatiques lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace (SIAE) à l'aéroport du Bourget, au nord de Paris, le 23 juin 2023. (Photo de Christophe ARCHAMBAULT / AFP)
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  • le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi.
  • « Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français a déclaré Stéphane Peu

BOBIGNY, FRANCE : Jeudi et vendredi, le président socialiste du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, et les députés du département ont fait part de leur refus de participer à l'inauguration du Salon du Bourget lundi, en raison de la présence d'entreprises israéliennes.

Organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), le plus ancien et le plus grand rendez-vous aérospatial au monde se tient du 16 au 22 juin au Bourget, en Seine-Saint-Denis.

La présence d'Israël, qui compte neuf exposants, a été vivement critiquée, et a même fait l'objet de recours en justice.

Mardi, le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté la requête d'associations qui lui demandaient d'exclure les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de crimes internationaux. La cour d'appel de Paris a par la suite confirmé cette décision. 

« Des entreprises israéliennes d'armement y seront présentes. « Comment peut-on, d'un côté, se dire attaché aux droits humains et, de l'autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale pour actes génocidaires ? », a écrit jeudi sur X le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.

« Je ne participerai pas à l'accueil protocolaire traditionnel du président de la République et du Premier ministre », a-t-il poursuivi.

La position est identique chez l'ensemble des députés de Seine-Saint-Denis, tous de gauche.

« Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l'État israélien soient reçus sous le haut patronage de l'État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza », a déclaré Stéphane Peu (PCF) dans un communiqué de presse. 

Joint par l'AFP, Éric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale et député LFI, a indiqué que c'était également la position des députés insoumis. « Nous allons même manifester contre », a-t-il ajouté.

Samedi, une manifestation est prévue au départ de la Bourse du travail de Bobigny à 13 heures, à l'appel d'une intersyndicale et d'une coalition d'associations.

Cette manifestation s'inscrit dans le cadre d'un week-end de mobilisation et d'un « village anti-guerre » organisé du 20 au 22 juin à Bobigny.

Israël est en guerre depuis près de 20 mois contre le Hamas, à la suite de l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien.

Les accusations de génocide et de crimes de guerre contre Israël se multiplient, provenant d'experts de l'ONU, de groupes de défense des droits humains et de pays de plus en plus nombreux. Israël les rejette.