Les promesses climatiques des multinationales souvent trompeuses, pointe une étude

La Cloche d'Or qui accueille des entreprises et des multinationales au Luxembourg, vue le 10 novembre 2014 (Photo, AFP).
La Cloche d'Or qui accueille des entreprises et des multinationales au Luxembourg, vue le 10 novembre 2014 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 13 février 2023

Les promesses climatiques des multinationales souvent trompeuses, pointe une étude

  • Carrefour, encore coiffé du bonnet d'âne cette année, semble ainsi exclure plus de 80% de ses magasins de ses objectifs climatiques
  • Parmi les 24 entreprises étudiées, seule la stratégie climatique du géant danois du transport maritime Maersk présente une intégrité jugée «raisonnable»

PARIS: Le "greenwashing" se porte bien: les engagements climatiques des grandes entreprises manquent dans l'ensemble de crédibilité et de transparence, selon un rapport publié lundi qui se penche sur les ambitions affichées de 24 multinationales de tous secteurs.

Cette étude réalisée par les groupes de réflexion NewClimate Institute et Carbon Market Watch évalue les stratégies de ces géants du commerce, de l'agroalimentaire, du transport ou encore d'industries diverses qui représentaient à elles seules quelque 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2019. Elles ont en commun de mettre en avant leurs engagements en faveur du climat.

Mais la réalité est souvent loin d'être à la hauteur des promesses, conclut le rapport, qui constate une absence généralisée de progrès depuis une précédente édition il y a un an.

"La plupart des stratégies climatiques des entreprises sont empêtrées dans des engagements ambigus, des plans de compensation qui manquent de crédibilité et des exclusions dans le périmètre des émissions", pointe-t-il.

Ainsi de la compagnie aérienne American Airlines qui n'a qu'une lointaine promesse de neutralité carbone pour 2050, sans objectif pour 2030, et fait tout dépendre de carburants "durables" encore très incertains.

Toutefois "des bonnes pratiques reproductibles peuvent être identifiées chez une minorité".

Parmi les 24 entreprises étudiées, seule la stratégie climatique du géant danois du transport maritime Maersk - qui investit dans des carburants alternatifs et des nouveaux navires - présente une intégrité jugée "raisonnable". Aucune entreprise n'atteint un niveau de "haute" intégrité.

Mauvais élèves
La stratégie de 15 autres des entreprises étudiées est jugée d'intégrité "faible" ou "très faible". Les mauvais élèves identifiés sont American Airlines, les supermarchés français Carrefour, le géant brésilien de la viande JBS et le coréen Samsung.

Ces conclusions s'appuient sur les données d'émissions des entreprises elles-mêmes et, entre autres, sur leur recours à la "compensation".

Cette dernière est très utilisée puisque 23 entreprises sur 24 l'utilisent pour atteindre leurs objectifs climatiques. Elle consiste à financer par exemple la plantation de millions d'arbres ou des projets d'énergie renouvelable, qui "compenseront" ou absorberont ensuite du CO2.

Le recours à ces mécanismes, peu ou mal vérifiés, qui se substitue souvent à la baisse des émissions, est sévèrement critiqué par les experts de l'ONU. Le rapport en pointe également les limites, comme le recours affiché à des capacités d'absorption du CO2 par les terres et forêts qui dépassent leurs capacités réelles.

"Dans cette décennie critique pour l'action climatique, les plans actuels des entreprises ne reflètent pas l'urgence nécessaire à réduire les émissions", regrette Thomas Day, du NewClimate Institute, l'un des auteurs.

Gouffre immense
A l'horizon 2030, leurs promesses sont ainsi loin de ce qui serait nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5°C, l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris. Elles s'engagent dans l'ensemble à réduire leurs émissions de seulement 15%, voire de 21% selon une interprétation optimiste, là où il faudrait deux fois plus (-43%), ont calculé les auteurs.

A plus long terme, ces multinationales affichent toutes des ambitions de "neutralité" carbone ou "zéro émissions nettes" à des horizons différents (par exemple 2050 pour Nestlé), ce qui impliquerait une réduction de 90% ou 95% des émissions pour la plupart des secteurs. Mais là encore, la réalité est décevante et le "gouffre immense", les réductions combinées prévues atteignant seulement 36%.

Le rapport dénonce aussi une tendance de certains à ne pas comptabiliser des émissions. Carrefour, encore coiffé du bonnet d'âne cette année, semble ainsi exclure plus de 80% de ses magasins (par exemple franchisés) de ses objectifs climatiques, selon le rapport.

"Nous ne sommes pas d'accord", a réagi le groupe auprès de l'AFP, mettant en avant une trajectoire chiffrée de réduction, y compris sur des émissions indirectes, mais sans répondre sur la question du périmètre de magasins retenus.

JBS, épinglé pour des engagements vagues, juge le rapport "trompeur" et regrette que ses clarifications auprès des ONG n'aient pas été retenues.

D'autres entreprises mises en cause, contactées par l'AFP, ont aussi assuré de leur sincérité. Un porte-parole de Samsung s'est dit prêt à "écouter" les remarques. Des engagements qui ne manqueront pas d'être évalués par les experts.


Le G7 va s'attaquer à l'impact climatique de la mode, annonce Béchu

Short Url
  • Le groupe des sept économies les plus avancées va affirmer que "nous devons faire face à la question de la fast fashion"
  • Les ministres réunis à Turin espèrent freiner "le développement incontrôlé de l'industrie textile, qui est responsable de beaucoup de pollution plastique et d'émissions" de gaz à effet de serre, facteur de réchauffement climatique

TURIN: Les pays du G7 vont s'attaquer au lourd impact environnemental et climatique du secteur de la mode et du textile, a déclaré lundi le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu.

Le groupe des sept économies les plus avancées va affirmer que "nous devons faire face à la question de la fast fashion", dans un communiqué publié mardi à l'issue d'une réunion de deux jours en Italie consacrée au climat, à l'énergie et à l'environnement, a déclaré à l'AFP le ministre.

Les ministres réunis à Turin espèrent freiner "le développement incontrôlé de l'industrie textile, qui est responsable de beaucoup de pollution plastique et d'émissions" de gaz à effet de serre, facteur de réchauffement climatique, a-t-il ajouté.

"Les émissions du textile sont déjà plus importantes que le total des émissions africaines", a-t-il ajouté.

La déclaration de Turin souligne que "la mode doit devenir plus circulaire et qu'il doit y avoir plus de recyclage", selon M. Béchu qui souligne que c'est la première fois que le G7 s'attaque aux émissions du secteur textile.

Un forum international sur l'efficacité des ressources devrait être annoncé par le G7 pour proposer des actions concrètes aux pays, qu'il s'agisse d'accroître la responsabilité des fabricants ou d'améliorer la transparence de la chaîne d'approvisionnement.

Selon le cabinet de conseil McKinsey, les émissions totales de gaz à effet de serre provenant de la production textile sont supérieures à celles émises par l'ensemble du transport aérien et maritime international combinés.

Les écologistes exhortent depuis longtemps le secteur à ralentir ou à mettre fin à la "fast fashion" qui consiste à produire en masse des vêtements bon marché qui sont rapidement jetés.

Cette industrie consomme d'énormes quantités d'eau, de produits chimiques et encombre les décharges des pays pauvres avec des déchets textiles, tout en générant des gaz à effet de serre.

L'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a recommandé une accélération des efforts pour une transition vers une économie circulaire, axée sur la réutilisation ou le recyclage des matériaux, si les pays veulent atteindre leurs objectifs en matière de climat.

Selon une étude récente de l'AEE, 4% à 9% des textiles qui arrivent sur le marché européen finissent par être détruits sans jamais avoir été utilisés.

Fin mars, le Parlement français a voté une série de mesures visant à rendre moins attrayante pour les acheteurs la mode rapide à bas prix, en particulier celle des producteurs chinois.


L’Arabie saoudite s’engage en faveur des technologies vertes, déclare le ministre de l’Énergie

Short Url
  • Les experts ont discuté des projets de divers pays sur la manière de progresser dans la production de molécules vertes
  • Malgré les aspects positifs des pays engagés dans la production de molécules vertes, comme la création d’emplois, il reste encore un long chemin à parcourir

DUBAÏ: L’Arabie saoudite se concentre sur la production de molécules vertes: c’est ce qu’a déclaré le prince Abdelaziz ben Salmane al-Saoud, ministre de l’Énergie du Royaume.

«Nos projets sont clairs pour tout le monde. Nous nous concentrons sur la molécule», a affirmé le prince lors d’une réunion du Forum économique mondial, à Riyad. «Être respectueux de l’environnement est notre devoir humain. Ce que nous faisons aujourd’hui ne devrait nullement compromettre les aspirations des générations futures.»

Lors d’une réunion axée sur les molécules vertes comme les biocarburants, l’hydrogène et leurs dérivés, les experts ont discuté des projets de divers pays sur la manière de progresser dans la production de molécules vertes.

Pour sa part, le prince Abdelaziz est convaincu que le concept devrait être indépendant de la couleur, car le commerce des molécules concerne la manière dont nous produisons de l’énergie propre – et cela n’a pas de couleur.

«Il existe une empreinte carbone que nous devons gérer et atténuer. Je pense que la stigmatisation restreindrait nos choix plutôt que de les élargir. Nous pensons, en tant que Saoudiens, que nous avons besoin de toutes les sources d’énergie, qu’il s’agisse de combustibles nucléaires, à base d’hydrocarbures ou de synthèse. Nous sommes ouverts aux options qui se présentent à nous.»

Le prince a également déclaré que le Royaume était «libertaire» dans son approche commerciale, qu’il étaitdisposé à partager son expertise avec d’autres pays et qu’il était déjà en affaires avec certains États européens.

«Même si la technologie reste un défi, nous continuons à déployer les efforts nécessaires pour la rendre accessible et abordable à tous», a-t-il affirmé.

Le ministre de l’Énergie et des Infrastructures des Émirats arabes unis (EAU), Souhail al-Mazrouei, a soutenu que, comme en Arabie saoudite, les dirigeants de son pays étaientconscients de la nécessité d’investir dans les nouvelles énergies.

«La région revêt une importance primordiale pour résoudre les problèmes et trouver des solutions», a précisé M. Al-Mazrouei. «L’énergie propre est un domaine dans lequel nous avons décidé de nous lancer il y a dix-sept ans, alors que nous réfléchissions à ce qui se passerait lorsque nous exporterions le dernier baril de pétrole.»

Faisant écho aux propos du prince, M. Al-Mazrouei a indiquéque les consommateurs ne devraient pas se limiter à la technologie considérée comme exploitable simplement parce qu’ils peuvent se permettre de la payer.

«Nous travaillons sur la technologie pour la rendre accessible à tous», a-t-il ajouté.

Amani Abou Zeid, commissaire aux infrastructures et à l’énergie de l’Union africaine, a fait savoir que l’Afrique avait différents niveaux de développement et de besoins et il a exprimé la nécessité de favoriser des options énergétiques de rechange.

Electrifiés que dans 49% du continent

«Dans l’ensemble, nous ne sommes encore électrifiés que dans 49% du continent; plus de la moitié de la population n’adonc pas d’électricité. L’Afrique ne peut se permettre d’écarter une solution à ce stade.»

Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies SE, ainsi que Shrikant Vaidya, président de l’Indian Oil Corporation, et Erasmo Carlos Battistella, PDG de Be8, ont réitéré l’importance de l’accessibilité et du prix abordable lors de la production de molécules vertes.

Malgré les aspects positifs des pays engagés dans la production de molécules vertes, comme la création d’emplois, il reste encore un long chemin à parcourir.

Le prince Abdelaziz a conclu en ces termes: «Je pense que nous devons être conscients de l’importance de ce défi. Nous évoquons toujours l’intelligence artificielle, la composante de l’électrification, et ce qui est nécessaire pour y parvenir. Le monde aura besoin de molécules propres et nous espéronsœuvrer tous ensemble à cette fin.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad se prépare à la réunion du WEF sur la collaboration, la croissance et l'énergie

Un millier de dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi. (AFP/File)
Un millier de dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi. (AFP/File)
Short Url
  • La réunion vise à combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud et à trouver des « solutions collaboratives à des défis communs »
  • Elle favorisera un « dialogue orienté vers l'action » sur trois thèmes-clés : La croissance inclusive, l'énergie pour le développement et la collaboration mondiale

RIYAD : Environ 1 000 dirigeants de 92 pays se réuniront à Riyad pour la réunion spéciale du Forum économique mondial sur la collaboration mondiale, la croissance et l'énergie au service du développement, dimanche et lundi.

Dans le prolongement du sommet inaugural sur la croissance qui s'est tenu en Suisse l'année dernière, la réunion de Riyad, selon le WEF, « encouragera les approches prospectives des crises interconnectées, tout en restant réaliste quant aux compromis à court terme » et « s'efforcera de combler le fossé croissant entre le Nord et le Sud sur des questions telles que les politiques économiques émergentes, la transition énergétique et les chocs géopolitiques ».

Børge Brende, président du WEF, a déclaré dans un communiqué de presse : « Avec les tensions géopolitiques et les disparités socio-économiques qui creusent les fossés à l'échelle mondiale, la collaboration internationale et le dialogue ciblé n'ont jamais été aussi urgents. »

Cette réunion spéciale, placée sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, offre l'occasion aux dirigeants, selon Brende, de « transformer les idées en actions et de débloquer des solutions évolutives aux nombreux défis interconnectés auxquels ils sont confrontés. »

Le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faiçal Al-Ibrahim, a déclaré dans le communiqué : « En cette période charnière, la revitalisation de la collaboration internationale n'a jamais été aussi importante. En Arabie saoudite, le Forum économique mondial a choisi une plateforme mondiale établie et dynamique pour le leadership de la pensée, les solutions et l'action, comme hôte d'une réunion cruciale à un moment aussi critique ».

« Nous nous efforçons de faire en sorte que le progrès d'une partie du monde ne se fasse pas au détriment d'une autre. Et nous nous engageons à affronter ce moment avec la détermination de créer ensemble un avenir commun qui soit sûr, stable et durable », a-t-il poursuivi.

Les trois thèmes de l'événement sont les suivants : « Un pacte pour une croissance inclusive », « Catalyser l'action sur l'énergie pour le développement » et « Redynamiser la collaboration mondiale ».

Parmi les participants figurent Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, l'émir du Koweït, le Premier ministre égyptien Mostafa Kamal Madbouly, le remier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani, Bisher Al-Khasawneh, le Premier ministre jordanien ; Anwar Ibrahim, Premier ministre malaisien ; Shehbaz Sharif, Premier ministre pakistanais ; Mahmoud Abbas, président palestinien ; Mohammed Bin Abduelrahman Al-Thani, Premier ministre qatari ; Antony Blinken, secrétaire d'État américain ; Josep Borrell, haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ; Stéphane Séjourné, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères ; Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères ; David Cameron, secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, au Commonwealth et au Développement ; Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international ; Sigrid Kaag, coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction des Nations unies pour Gaza ; et Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com