Thalys: quand le tireur se présentait comme un SDF qui voulait braquer un train

Croquis du tribunal dans la salle d'audience. (AFP)
Croquis du tribunal dans la salle d'audience. (AFP)
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Publié le Jeudi 26 novembre 2020

Thalys: quand le tireur se présentait comme un SDF qui voulait braquer un train

  • «J'ai en face de moi un jeune homme de 25 ans, athlétique, 1m85. Propre sur lui, barbe bien rasée, attitude calme, posée. Il est très détendu»
  • Le suspect commence par dire la vérité. Il est né au Maroc, est arrivé en Espagne grâce au regroupement familial à ses 18 ans. Début 2014, il se retrouve en Belgique, à la recherche d'un travail

PARIS : Il s'était présenté comme un SDF qui voulait braquer un train après avoir trouvé un sac d'armes et de munitions abandonné dans un parc. Au procès de l'attaque déjouée du Thalys, la cour d'assises spéciale de Paris est revenue mardi sur la version «fantaisiste» servie par Ayoub El Khazzani en garde à vue.

21 août 2015, 18H00 environ. Ayoub El Khazzani est interpellé en gare d'Arras, où s'est arrêté en urgence le train Amsterdam-Paris dans lequel il est monté armé d'une kalachnikov, d'un pistolet, d'un cutter et de 300 balles, avant d'être maîtrisé par les passagers. Il est placé en garde en vue. 

«J'ai en face de moi un jeune homme de 25 ans, athlétique, 1m85. Propre sur lui, barbe bien rasée, attitude calme, posée. Il est très détendu», dit à la cour d'assises spéciale, par visioconférence, un des enquêteurs de l'antiterrorisme qui l'a interrogé pendant quatre-vingt-douze heures.

Le suspect commence par dire la vérité. Il est né au Maroc, est arrivé en Espagne grâce au regroupement familial à ses 18 ans. Début 2014, il se retrouve en Belgique, à la recherche d'un travail.

Les enquêteurs trouvent la suite de son récit moins crédible. Ayoub El Khazzani leur dit qu'il est SDF, qu'il erre en Europe où il vit de petits larcins.

«Il avait les mains sales, les ongles longs?», demande l'avocat général. «Absolument pas, il n'avait pas les stigmates de quelqu'un qui vit dans la rue», répond l'enquêteur.

«Déclarations fantaisistes»

Aux policiers, le Marocain décrit une «vie très routinière», jusqu'au 19 août. «Cette nuit-là dans un parc à Bruxelles, il découvre une valise», remplie d'armes et de centaines de munitions, leur dit-il.

Et deux jours plus tard, il affirme monter dans un train «choisi au hasard» pour y faire un braquage. «Si lourdement armé?», s'étonnent les enquêteurs qui s'interrogent aussi sur la façon dont il comptait sortir du train.

«Il voulait sauter par la fenêtre», raconte l'enquêteur à la barre. Un pari risqué dans un train lancé à grande vitesse, lui font-ils remarquer. «Maintenant que vous le dites...», avait répondu Ayoub El Khazzani.

«On est d'accord que ce sont des déclarations fantaisistes, qu'il vous a raconté n'importe quoi», balaie son avocate Sarah Mauger-Poliak. 

Les policiers découvrent ensuite qu'il s'est rendu en Turquie, qu'il a publié des messages djihadistes sur l'Etat français «terroriste» sur les réseaux sociaux. Sur son téléphone, ils identifient aussi un chant religieux repris par les organisations djihadistes pour galvaniser leurs combattants.

Le président le fait jouer dans la salle d'audience, où il résonne pendant 2 minutes 40. L'accusé garde les yeux au sol. 

Questions oubliées Confronté à ses incohérences, Ayoub El Khazzani a refusé de répondre aux questions des policiers à la fin de sa garde à vue. Il se murera ensuite dans le silence pendant un an et demi, avant de reconnaître s'être rendu à Bruxelles pour commettre un attentat dans le Thalys dirigé, assure-t-il aujourd'hui, contre les seuls soldats américains qui l'ont maîtrisé.

L'accusé a voyagé de Syrie en Europe par la route des migrants, en compagnie d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur de la cellule jihadiste à l'origine de l'attaque du Thalys, puis des attentats de Paris (130 morts) et de Bruxelles (32 morts). Ce dernier a été tué en banlieue parisienne par la police dans la foulée des attaques du 13-Novembre.

Mais en août 2015, Ayoub El Khazzani n'a rien dit de tout ça.

«Pendant ses dernières auditions de garde à vue, il oppose son droit au silence à 290 questions», rappelle l'avocat général. «A quatre reprises, il va choisir de répondre. Vous vous rappelez de ces questions?». L'enquêteur n'en a pas souvenir, alors l'avocat général les lit.

«Avez-vous des informations à nous fournir concernant un attentat sur le territoire national?» «Non, je ne connais pas», répond alors Ayoub El Khazzani. «Concernant un attentat à l'étranger? Je n'ai pas d'informations». « J'aimerais bien vous aider mais je ne connais rien de tout ça». 

«A 290 reprises il ne répond pas et là, il choisit de le faire. A votre avis pourquoi?», demande l'avocat général.

«Il joue la montre, clairement, il gagne du temps», poursuit le magistrat. «Malheureusement, on sait ce qu'il s'est passé ensuite».

 

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.