Procès en appel du Mediator: Irène Frachon réclame «justice» contre le «cynisme» de Servier

La pneumologue française Irene Frachon arrive pour une audience au palais de justice de Paris, lors du procès en appel de l'affaire dite «Mediator», le 14 février 2023 (Photo, AFP).
La pneumologue française Irene Frachon arrive pour une audience au palais de justice de Paris, lors du procès en appel de l'affaire dite «Mediator», le 14 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 février 2023

Procès en appel du Mediator: Irène Frachon réclame «justice» contre le «cynisme» de Servier

  • Depuis le 9 janvier, la cour d'appel de Paris rejuge Servier et son ex-directeur général, deux ans après la condamnation du laboratoire à 2,7 millions d'euros d'amende
  • Les bancs du public et des parties civiles, ordinairement clairsemés, sont remplis pour venir écouter la «fille de Brest»

PARIS: "Je vous supplie de faire justice". Au procès en appel du Mediator, la pneumologue Irène Frachon a appelé mardi la cour d'appel de Paris à "poser les bornes" face au "cynisme" des laboratoires Servier, "au nom des victimes du monde entier".

Campée à la barre, la médecin du CHU de Brest qui a révélé l'ampleur du scandale sanitaire du Mediator a retracé "probablement pour la dernière fois devant une juridiction pénale" son combat pour faire interdire ce médicament puis pour aider les victimes à obtenir réparation.

Commercialisé comme antidiabétique en 1976 mais indûment prescrit comme coupe-faim jusqu'à son interdiction en 2009, le Mediator a entraîné de graves effets cardiovasculaires sur des milliers de patients, entraînant parfois leur mort.

Depuis le 9 janvier, la cour d'appel de Paris rejuge Servier et son ex-directeur général, deux ans après la condamnation du laboratoire à 2,7 millions d'euros d'amende pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires".

Dans la salle d'audience spéciale "grands procès" du palais de justice de Paris, les bancs du public et des parties civiles, ordinairement clairsemés, sont remplis pour venir écouter la "fille de Brest".

Le Mediator et les autres médicaments de la même famille, c'est le "plus grand scandale de l’industrie pharmaceutique française" et "c'est 33 ans de ma vie professionnelle", résume la pneumologue de 59 ans.

Elle jalonne son exposé des cas de patients rencontrés: Henriette, Simone, Chantal ou Michel, décédés ou lourdement handicapés après avoir pris du Mediator.

"Je n’ai pas fait ce métier pour me retrouver dans cette salle avec derrière moi, probablement, un cortège de milliers de victimes et de morts", lance-t-elle.

«Vindicte procédurière»

La pneumologue retrace ses interrogations scientifiques, depuis son arrivée comme "jeune interne" à l'hôpital Béclère à Clamart, près de Paris, en 1990, dans un service spécialisé dans une maladie "très rare et gravissime", l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).

"Mon chef me dit: +nous sommes extrêmement inquiets: depuis trois ans on voit arriver beaucoup de jeunes femmes qui meurent très vite. Nous pensons que c’est lié à l'exposition à un coupe-faim", l'Isoméride, commercialisé en France par Servier depuis 1985 et qui sera finalement retiré du marché en 1997.

Elle enchaîne avec ses premiers doutes en 2007, face à Joëlle, patiente atteinte d'"HTAP sévère" non expliquée, "sous Mediator pour un diabète". Puis sa découverte que ce médicament se transforme dans l'organisme en norfenfluramine, une substance de la famille des amphétamines aux propriétés coupe-faim, comme l'Isoméride.

Vient ensuite "le siège de l'agence" du médicament pour "obtenir une décision de suspension", qui arrive fin 2009 mais n'est suivie d'aucune communication vis-à-vis des patients et des médecins.

"Il y a une dangerosité telle de ce laboratoire qu’on ne peut pas en rester là, quel va être le quatrième, cinquième, sixième Isoméride ou Mediator ?", s'interroge alors la pneumologue, qui publie l'année suivante "Médiator 150 mg: Combien de morts ?"

En face, elle décrit des décennies de "négation forcenée de la dangerosité d’un produit" de la part de Servier. Elle n'a pas de mots assez durs pour le laboratoire: une "firme extraordinairement violente et délinquante", qui utilise une "vindicte procédurière pour museler la parole".

"Autre exemple de ce cynisme", selon elle, le fait que Servier reconnaisse désormais les effets secondaires du Mediator mais "conteste pied à pied" les demandes des victimes devant le fonds d'indemnisation à l'amiable.

Suzanne, une patiente lyonnaise, a ainsi dû multiplier pendant des années examens et contre-expertises. "L'offre (d'indemnisation) de Servier est arrivée 48h avant le décès de Suzanne, le 25 décembre dernier".

Irène Frachon cite le slogan d'une campagne mondiale de sensibilisation sur les maladies cardiovasculaires, lancée par Servier en septembre 2021: "'Every Beat Matters'. Chaque battement cardiaque compte. Est-ce qu’il s’agit de santé publique, ou d’attendre que ces battements s’arrêtent... pour ne pas payer".

"Les enseignements tirés sont quasi nuls sur le plan du fonctionnement des institutions, du laboratoire Servier, de la question des conflits d’intérêts", estime-t-elle, déplorant que cette situation alimente "la défiance et le complotisme de nos concitoyens".

Côté défense, "j'expliquerai (lors des plaidoiries) pourquoi je n'ai aucune question à poser à Mme Frachon", lance, lapidaire, Me Hervé Temime, concluant ces 5h30 de témoignage.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.