Biden sonne le «retour» d'une Amérique ouverte sur le monde

Sur une grande scène dans son fief de Wilmington, le démocrate de 78 ans a présenté les six premiers grands noms désignés pour l'accompagner à son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier (Photo, AFP)
Sur une grande scène dans son fief de Wilmington, le démocrate de 78 ans a présenté les six premiers grands noms désignés pour l'accompagner à son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 25 novembre 2020

Biden sonne le «retour» d'une Amérique ouverte sur le monde

  • « C'est une équipe qui reflète le fait que l'Amérique est de retour, prête à guider le monde et pas à s'en retirer »
  • John Kerry avait lui-même signé, au nom des Etats-Unis, l'accord sur le climat négocié en 2015

WILMINGTON : Le président élu Joe Biden a proclamé mardi que l'Amérique était « de retour, prête à guider le monde », en présentant l'équipe expérimentée qu'il a choisie pour mener la diplomatie et la sécurité dans son futur gouvernement.

Sur une grande scène dans son fief de Wilmington, le démocrate de 78 ans a présenté les six premiers grands noms désignés pour l'accompagner à son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier. Tous masqués et à distance, Covid-19 oblige.

Avec en message-clé le retour du multilatéralisme, contre-pied de « l'Amérique d'abord » encore prôné mardi par Donald Trump. Et sa « détermination » à lutter contre le changement climatique. 

« C'est une équipe qui reflète le fait que l'Amérique est de retour, prête à guider le monde et pas à s'en retirer », a déclaré Joe Biden, accompagné de sa future vice-présidente Kamala Harris. 

Cette première salve de nominations comprend plusieurs personnalités chevronnées ayant servi sous Barack Obama, comme Antony Blinken, futur chef de la diplomatie. 

« Nous ne pouvons pas résoudre seuls les problèmes du monde », a affirmé cet ex-numéro deux du département d'Etat. 

« Le multilatéralisme est de retour, la diplomatie est de retour », a renchéri la future ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. 

« Menace existentielle »

Signalant son engagement à lutter contre la « crise climatique », une « menace existentielle », le futur 46e président des Etats-Unis a créé un rôle d'émissaire spécial pour John Kerry, ex-chef de la diplomatie américaine. 

« Je ne sous-estime pas une seule seconde les difficultés à respecter mes engagements audacieux », a lancé le président élu, qui a promis de revenir dès le premier jour de son mandat dans l'accord de Paris et de parvenir aux Etats-Unis à la neutralité carbone en 2050. 

« Mais en même temps, personne ne devrait sous-estimer une seule seconde ma détermination à le faire », a-t-il ajouté dans un discours de moins de 15 minutes, sans accepter de questions.  

John Kerry avait lui-même signé, au nom des Etats-Unis, l'accord sur le climat négocié en 2015. 

Disant vouloir donner une plus grande place aux femmes et aux minorités, l'ancien vice-président de Barack Obama a désigné plusieurs pionniers, avec le premier Hispanique à la tête de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, et la première femme à la tête des services de renseignement, Avril Haines.

Le démocrate prévoit aussi, selon une source dans son entourage, de nommer au Trésor l'ancienne présidente de la Banque centrale Janet Yellen, un poste jusqu'ici toujours occupé par des hommes. 

En choisissant ces personnalités qualifiées et habituées du pouvoir, Joe Biden signale un retour à une politique plus traditionnelle que son prédécesseur Donald Trump, arrivé à Washington sur la promesse de rompre avec l'establishment. 

« L'Amérique d'abord »

Après deux semaines d'un déni sans précédent dans l'histoire américaine, le président sortant a finalement donné lundi soir son feu vert à l'ouverture du processus de transition vers une administration Biden. 

Sans pour autant concéder sa défaite à la présidentielle du 3 novembre. 

Juste avant, l'agence gouvernementale chargée du protocole de transition, la GSA, avait envoyé une lettre informant Joe Biden qu'elle ouvrait finalement le processus, dans une décision « indépendante ».

Comprendre: pas sur commande du président sortant, mais après la certification des résultats dans plusieurs Etats-clés et une série de revers en justice pour l'équipe Trump. 

Après le Michigan lundi, la Pennsylvanie et le Nevada ont à leur tour certifié mardi la victoire de Joe Biden, déclaré vainqueur de la présidentielle dès le 7 novembre. 

Concrètement, ce feu vert débloque des fonds pour l'équipe Biden et lui ouvre la porte de l'administration Trump afin de se coordonner sur les sujets brûlants, comme la campagne de vaccination à venir pour lutter contre la pandémie. 

Joe Biden aura par ailleurs enfin accès aux informations classées secret défense.

Dans une interview à NBC, le président élu a indiqué que « oui », la transition avait « déjà commencé ».

« Nous avons été contactés par les gens de la Sécurité nationale (...) Nous préparons déjà une rencontre avec l'équipe Covid à la Maison Blanche ».

« Et les contacts ont été sincères », a-t-il affirmé. « Il n'y a pas eu de ressentiment jusqu'ici. Et je ne m'attends pas à ce qu'il y en ait ».

Apparaissant de plus en plus isolé dans sa tentative de nier la défaite, Donald Trump n'a pas eu un mot mardi pour l'élection lors de deux interventions publiques.

Sans accepter de questions dans la salle de presse de la Maison Blanche, il s'est d'abord félicité du nouveau record de la Bourse de New York et des avancées vers un vaccin contre le Covid-19.

Et lors du discours souvent humoristique donné par les présidents américains avant de gracier une dinde, rendez-vous traditionnel à la Maison Blanche à l'occasion de la grande fête de Thanksgiving, il a rappelé son mot d'ordre: « Comme je le dis, l'Amérique d'abord. On ne devrait pas s'en détourner: l'Amérique d'abord ». 


La BBC doit «se battre» pour défendre son journalisme, dit le DG sortant

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC". (AFP)
Short Url
  • Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public
  • Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump

LONDRES: La BBC doit "se battre" pour défendre son journalisme, a déclaré mardi le directeur général sortant de la BBC, Tim Davie, alors que le groupe public britannique est menacé de plainte en diffamation par Donald Trump.

Tim Davie, qui a démissionné dimanche, a reconnu qu'une "erreur" avait été commise dans un documentaire sur le président américain diffusé en octobre 2024, selon ses propos tenus lors d'une visioconférence avec les employés du groupe audiovisuel public, rapportés par la chaîne BBC News.

Le groupe audiovisuel public britannique est dans la tourmente après avoir réalisé, pour ce documentaire diffusé dans son magazine d'information phare "Panorama", un montage trompeur d'un discours de Donald Trump, le 6 janvier 2021, qui donnait l'impression que le président sortant incitait explicitement ses partisans à une action violente contre le Congrès.

"Nous avons fait une erreur, et il y a eu un manquement à nos règles éditoriales", a reconnu Tim Davie, expliquant qu'il avait assumé sa "part de responsabilité" en démissionnant.

Il n'a toutefois pas mentionné directement la menace d'action en justice lancée par Donald Trump, ni la date de son départ effectif, lors de cette visioconférence avec le président de la BBC, Samir Shah.

Au moment où le groupe est très critiqué et accusé de partialité, en particulier par la droite conservatrice, le DG sortant a reconnu que "les temps sont durs pour la BBC".

"Mais nous nous en sortirons", et "nous devons nous battre pour défendre notre journalisme", a-t-il insisté.

"Nous sommes une organisation unique et précieuse, et je vois la liberté de la presse mise à rude épreuve, je vois son instrumentalisation", a-t-il encore ajouté.


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
Short Url
  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Short Url
  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.