Les tensions couvent dans les communes allemandes face à un afflux de migrants

Une banderole indiquant "400, c'est trop - nous nous serrons les coudes" est affichée le long de la route principale traversant Upahl, dans le nord de l'Allemagne, le 13 février 2023. (Photo, AFP)
Une banderole indiquant "400, c'est trop - nous nous serrons les coudes" est affichée le long de la route principale traversant Upahl, dans le nord de l'Allemagne, le 13 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 février 2023

Les tensions couvent dans les communes allemandes face à un afflux de migrants

  • Depuis des semaines, cette bourgade de quelque 500 habitants est vent debout contre un projet d'installer un centre d'hébergement de demandeurs d'asile pouvant accueillir, dans des conteneurs, jusqu'à 400 personnes
  • L'an passé, 217 774 demandes d'asile ont été déposées en Allemagne, soit plus du double du total de 2020, selon les données officielles

UPAHL: "Upahl dit non", "pensez à nos enfants !" : le long de la route conduisant à ce village du nord de l'Allemagne, difficile d'ignorer les pancartes en bois dont les larges lettres aux couleurs vives détonnent dans la grisaille du ciel.

Depuis des semaines, cette bourgade de quelque 500 habitants est vent debout contre un projet d'installer un centre d'hébergement de demandeurs d'asile pouvant accueillir, dans des conteneurs, jusqu'à 400 personnes.

Comme ailleurs en Allemagne, ce district rural du Mecklenbourg, la région où est situé Upahl, peine à faire face à l'afflux de réfugiés.

L'an passé, 217 774 demandes d'asile ont été déposées en Allemagne, soit plus du double du total de 2020, selon les données officielles.

Il s'agit du nombre le plus élevé depuis la grande crise migratoire des années 2015/16 quand Syriens et Afghans fuyant la guerre ou les persécutions avaient trouvé refuge dans la première économie européenne.

L'an passé aussi, ils arrivaient surtout de Syrie où la guerre continue, suivie par l'Afghanistan désormais aux mains des talibans, la Turquie ou l'Irak.

Et depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, plus d'un million d'Ukrainiens sont allés en Allemagne. Même s'ils n'ont pas besoin de demander l'asile, leur prise en charge accentue la pression sur les collectivités locales.

"Nous avons une situation à laquelle nous ne pouvons plus faire face, comme de nombreux autres cantons et communes en Allemagne", déclare à l'AFP Tino Schomann, le responsable administratif du district du Mecklenbourg du Nord-Ouest où des gymnases ont été réquisitionnés pour accueillir des demandeurs d'asile.

«Vivre tranquillement»

Le chauffeur routier à la retraite Bernd Wien, 66 ans, qui vit depuis 1980 à Upahl, est en première ligne des actions de protestation contre le centre qui doit ouvrir en mars. "Nous voulons juste vivre tranquillement ici, profiter de notre retraite", dit-il.

"Nous n'avons pas de barrières, pas de portail, on peut sonner chez les autres si on a besoin de quelque chose", témoigne Jan Achilles, 46 ans et membre du conseil municipal.

Le centre de réfugiés va tout changer, prédit cet analyste des sujets environnementaux. Quand des centaines de "personnes, des réfugiés ou des Allemands ou autres, sont entassées au même endroit, cela crée des problèmes", affirme-t-il.

Après des mois d'appels à l'aide des responsables locaux, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser les a rencontrés jeudi, appelant chacun à "un effort humanitaire commun".

Aucun mesure concrète n'a été annoncée à l'issue de la réunion.

Reinhard Sager, le chef de l'Association des districts allemands, a appelé le chancelier Olaf Scholz à prendre l'affaire en main.

"Les municipalités font vraiment un excellent travail et la volonté des particuliers d'aider est toujours aussi grande", a assuré M. Sager.

Mais "il est urgent de soulager la pression (...) qui est considérable et augmente de jour en jour, de semaine en semaine", a-t-il plaidé.

Le bureau d'Anika Reisch, une agente d'assurances de 38 ans, avoisine le terrain où les bulldozers préparent déjà l'installation des conteneurs, à Upahl.

Cette mère de deux enfants se dit pleine d'empathie pour les futurs occupants "qui sont traumatisés, qui s'inquiètent de l'avenir".

Mais elle est contre leur installation dans une structure où "ils n'ont aucune intimité, où ils ne peuvent pas (...) faire face à tout ce qu'ils ont vécu. Cela ne peut être bon pour personne".

«Plus dramatique» que 2015 

La grande crise migratoire de 2015 avait marqué l'essor du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Avec sa campagne agressive contre les migrants, la formation avait réussi deux ans plus tard à faire une entrée fracassante au parlement.

A Upahl, des militants d'extrême droite se sont immiscés parmi les manifestants, nourrissant les craintes que la crise actuelle ne puisse de nouveau profiter à l'AfD.

"La situation générale est au bout du compte bien plus dramatique qu’en 2015 en raison de la guerre, de l'inflation, des crises économiques et des nouveaux réfugiés", estime auprès de l'AFP Hajo Funke, politologue à l'Université libre de Berlin.

Avec des capacités d'accueil épuisées dans sa région et entre 20 et 30 nouveaux arrivants par semaine, Tino Schomann, le responsable du district, ne voit pas d'autre option que le centre d'Upahl : "j'ai besoin de plus de place", dit-il.


L'Asean «  profondément inquiète » face à l'escalade du conflit en Birmanie

L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte. (AFP).
L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte. (AFP).
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  • La Birmanie, pays membre de l'Asean, est enlisé dans un violent conflit civil depuis le coup d'Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi
  • L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie

BANGKOK: L'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) a exprimé sa "profonde" inquiétude face à l'intensification du conflit civil en Birmanie, qui a culminé récemment avec la prise d'une ville stratégique à la frontière thaïlandaise par des combattants anti-junte.

"Nous, les Etats-membres de l'Asean, sommes profondément inquiets par la récente escalade des conflits, notamment dans la région de Myawaddy", ont écrit les ministres des Affaires étrangères du bloc de dix pays, dans un communiqué conjoint daté de jeudi.

"Nous demandons de manière urgente à toutes les parties de cesser immédiatement la violence et de faire preuve de la plus grande retenue, de respecter le droit humanitaire international et de prendre toutes les mesures nécessaires pour désamorcer les tensions et assurer la protection et la sécurité de tous les civils", ont-ils insisté.

La Birmanie, pays membre de l'Asean, est enlisé dans un violent conflit civil depuis le coup d'Etat de 2021 contre Aung San Suu Kyi, sans qu'une issue pacifique ne se dessine, malgré les appels répétés du groupe régional qui a présenté un plan de sortie de crise il y a trois ans.

Les combats se sont accentués ces derniers mois après une série d'attaques de groupes ethniques minoritaires et de combattants anti-junte dans plusieurs régions.

Le pouvoir militaire a essuyé plusieurs revers majeurs, notamment dans des zones frontalières de la Chine et de la Thaïlande, qui le place dans une position de faiblesse inédite depuis le putsch, selon des analystes.

La semaine dernière, la junte s'est retirée de la ville stratégique de Myawaddy, après des jours de combats dont les bruits d'explosion et d'artillerie étaient perceptibles du côté thaïlandais.

Depuis, il n'y a pas eu d'affrontements importants dans la ville, mais des combats ont lieu à une trentaine de kilomètres plus loin, à Kawkareik, autre localitée située sur la principale route reliant Rangoun à la Thaïlande.

La Thaïlande a de son côté rehaussé son niveau de présence militaire à sa frontière.

Le royaume a prévenu qu'il n'accepterait aucune "violation" de son territoire, tout en se préparant à un éventuel afflux de réfugiés.

Aung San Suu Kyi en résidence surveillée 

"En tant que pays voisin, nous soutenons les négociations qui pourraient mener à l'unité, la paix et la stabilité", a déclaré vendredi Nikorndej Balankura, porte-parole de la diplomatie thaïlandaise.

Depuis octobre 2021, la Birmanie a été écartée des sommets et réunions ministérielles de l'Asean mais, en janvier, une haute fonctionnaire de Naypyidaw a participé à une "retraite" des ministres des Affaires étrangères au Laos, pays qui assure la présidence annuelle tournante.

Un émissaire laotien de l'Asean a rencontré début janvier le chef de la junte à Naypyidaw, pour discuter de la "paix et de la stabilité".

La Birmanie a souvent été un sujet de discorde entre les membres de l'Asean.

Le plan de sortie de crise en cinq points concocté par l'Asean comprend la mise en place d'un dialogue entre toutes les parties concernées. Une demande restée lettre morte pour le moment, la junte continuant de qualifieer ses adversaires ethniques et politiques de "terroristes".

Aung San Suu Kyi purge de son côté une peine de prison de 27 ans pour plusieurs condamnations qualifiées de mascarade par les groupes de défense des droits humains.

La prix Nobel de la paix, 78 ans, a été transférée de sa cellule à une résidence surveillée, a indiqué mercredi une source militaire à l'AFP, la junte ayant annoncé des mesures pour protéger les détenus fragiles face à une vague de chaleur.

Le conflit a tué plus de 4.800 civils depuis 2021, selon un groupe de surveillance local.


Israël attaque l’Iran: fortes explosions tôt vendredi dans le centre du pays

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars (Photo, AFP/Archives)
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  • Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes
  • Les vols commerciaux ont été suspendus avant une reprise graduelle depuis les deux aéroports majeurs de la capitale, comme l’a annonce l’agence Irna

TEHERAN, WASHINGTON : Israël a lancé une attaque contre l'Iran, en représailles aux frappes iraniennes contre son territoire du week-end dernier, ont indiqué plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains.

ABC, CBS et CNN, entre autres médias, ont rapporté les frappes tôt vendredi, heure du Moyen-Orient, en citant des responsables américains.

CNN a précisé que l'attaque israélienne n'avait pas pris pour cible d'installations nucléaires, rapportant là encore un responsable américain.

De fortes explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, trois d’entre elles près d'une base militaire dans le centre du pays, a rapporté l'agence officielle Fars.

Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan (centre), sont "totalement en sécurité", a précisé l'agence Tasnim.

 


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com