Sara Khadem, la reine iranienne des échecs à visage découvert

La championne d'échecs iranienne Sara Khadem pose pour une photo en jouant aux échecs dans le sud de l'Espagne, le 14 février 2023. (Photo de Cristina Quicler / AFP)
La championne d'échecs iranienne Sara Khadem pose pour une photo en jouant aux échecs dans le sud de l'Espagne, le 14 février 2023. (Photo de Cristina Quicler / AFP)
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Publié le Vendredi 17 février 2023

Sara Khadem, la reine iranienne des échecs à visage découvert

  • Le 26 décembre aux championnats du monde de parties rapides à Almaty, au Kazakhstan elle se présente sans hijab pour ne pas «trahir» le mouvement de contestation déclenché en Iran par la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini
  • «Je n'ai jamais porté le voile au quotidien,, donc ça me semblait hypocrite de faire quelque chose en face des caméras auquel je ne croyais pas», assume Sara, qui dit avoir refusé de s'excuser comme lui demandaient les autorités iraniennes

MADRID : Pour ne pas «trahir» le mouvement de contestation dans son pays, l'Iranienne Sara Khadem s'est présentée sans voile à un tournoi d'échecs. Une décision risquée qui l'a contrainte à s'exiler en Espagne pour ne pas être arrêtée.

La vie de la grande maître d'échecs, 17ème joueuse mondiale à seulement 25 ans, a basculé le 26 décembre aux championnats du monde de parties rapides à Almaty, au Kazakhstan.

Elle se présente alors sans hijab pour ne pas «trahir» le mouvement de contestation déclenché en Iran par la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, raconte-t-elle à l'AFP dans une localité du sud de l'Espagne dont elle demande à ne pas donner le nom pour des «raisons de sécurité».

«Le gouvernement iranien pourrait nous poursuivre, même dans d'autres pays. Ils l'ont déjà fait par le passé», explique-t-elle.

Reprise dans le monde entier, sa photo sans voile n'échappe pas aux autorités iraniennes. Une connaissance bien informée lui apprend qu'un mandat d'arrêt a été émis à son encontre et qu'elle sera «détenue à son retour en Iran».

Sans même pouvoir emporter un échiquier, elle part avec son mari, Ardeshir Ahmadi, réalisateur et ancien présentateur télé irano-canadien de 32 ans, et leur fils d'un an, pour l'Espagne.

- «Hypocrite» -

«Je n'ai jamais porté le voile au quotidien (...) donc ça me semblait hypocrite de faire quelque chose en face des caméras auquel je ne croyais pas», assume Sara, qui dit avoir refusé de s'excuser comme lui demandaient les autorités iraniennes.

«La raison était personnelle, mais le timing était évidemment lié à ce qui se passait en Iran (...) On s'est toutes senties inspirées et encouragées» par le mouvement de contestation et les personnalités iraniennes ayant ôté leur voile, ajoute-t-elle.

En octobre, la grimpeuse Elnaz Rekabi n'avait mis qu'un bandeau lors des Championnats d'Asie d'escalade à Séoul, ce qui avait été interprété comme un geste de solidarité avec les manifestations.

«Quitter l'Iran n'a jamais été notre souhait. C'est notre terre natale, on y a beaucoup d'attaches», poursuit Sara, la voix presque éteinte, en précisant qu'«être loin de (ses) parents est la décision la plus difficile» qu'elle a eu à prendre dans sa vie.

Sara - qui préfère ne plus utiliser son nom complet, Khademalsharieh («servante de la religion» en arabe), car il lui a valu de nombreuses railleries depuis son départ - explique être entrée en Espagne grâce à un visa Schengen obtenu pour de précédentes compétitions.

Elle et son mari bénéficient désormais d'un permis de résidence accordé par l'Espagne au couple en échange de l'achat d'un bien immobilier d'au moins 500.000 euros.

La joueuse d'échecs, qui a été reçue en janvier par le Premier ministre Pedro Sánchez avec qui elle a disputé une partie, reste consciente de la chance qu'elle a, car «beaucoup d'Iraniens n'arrivent pas à obtenir de visa» pour l'Europe.

Au total, des milliers de personnes ont été arrêtées pour leur implication présumée dans le mouvement de contestation. Le pouvoir iranien a envoyé ces derniers jours un signal d'apaisement en relâchant de nombreux détenus.

- «Plus de sacrifices» -

Sara avait déjà subi les foudres du régime iranien en 2020. Elle avait alors été interdite de voyage pendant six mois pour avoir quitté l'équipe nationale iranienne en signe de protestation contre l'abattage, «par erreur» selon Téhéran, d'un Boeing ukrainien par l'armée iranienne.

«C'était un trou énorme dans ma carrière (...) un sentiment horrible, je pensais que ma carrière prendrait fin», se souvient la jeune femme, qui joue aux échecs depuis l'âge de huit ans et a sacrifié pour cela une partie de sa scolarité.

«J'ai dû promettre» aux autorités «que je n'émigrerai pas», confie-t-elle, laissant échapper un rire discret.

Avant cela, elle s'était déjà fait remarquer en soutenant publiquement le jeune prodige iranien des échecs Alireza Firouzja. Naturalisé français, il a quitté son pays après que la fédération lui a interdit de disputer le championnat du monde de parties rapides en décembre 2019 de crainte qu'il y affronte des joueurs israéliens.

Sara Khadem espère pouvoir bientôt retrouver les compétitions, devant l'échiquier ou comme commentatrice.

Quant à l'avenir de son pays, elle se dit «optimiste». «Peut-être qu'il faudra plus de sacrifices pour obtenir un grand changement», mais «je crois que viendra un jour où nous pourrons tous rentrer» en Iran, veut-elle croire.


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.