L’attentat de la mosquée de Peshawar place le Pakistan devant un choix difficile en matière de sécurité

Des enquêteurs fouillent les décombres d’une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar après qu’un attentat suicide a tué plus de 100 personnes le 1er février 2023. (AFP)
Des enquêteurs fouillent les décombres d’une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar après qu’un attentat suicide a tué plus de 100 personnes le 1er février 2023. (AFP)
Moazzam Jah Ansari (C), chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, intervient lors d’une conférence de presse au quartier général de la police à Peshawar, le 2 février 2023. (AFP)
Moazzam Jah Ansari (C), chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, intervient lors d’une conférence de presse au quartier général de la police à Peshawar, le 2 février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 18 février 2023

L’attentat de la mosquée de Peshawar place le Pakistan devant un choix difficile en matière de sécurité

  • Le gouvernement est contraint de lancer une offensive générale contre les milices dans un contexte de crise économique et politique
  • L’attentat suicide perpétré en janvier dans une mosquée de la police à Peshawar est l’attaque terroriste la plus meurtrière depuis plusieurs années

ISLAMABAD: La tempête de crises que traverse le Pakistan — crise économique, chute de la monnaie, polarisation politique et militantisme islamiste — a été exacerbée par l’attentat suicide perpétré le mois dernier contre une mosquée située dans un complexe policier hautement fortifié à Peshawar.

Cet attentat, le plus meurtrier au Pakistan depuis plusieurs années, rappelle une période qui remonte à plus de dix ans, où Peshawar, une ville proche des anciennes zones tribales qui bordent l’Afghanistan, était marquée par la violence des militants et une contre-offensive militaire.

Les autorités de Peshawar pensent que l’attentat du 30 janvier a été perpétré en représailles au rôle joué par la police en première ligne de la lutte que mène le Pakistan contre une insurrection résurgente depuis le retour au pouvoir des Talibans de l’autre côté de la frontière, en Afghanistan.

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L’explosion d’une mosquée qui a fait 101 morts – principalement des policiers – dans le nord-ouest du Pakistan, le 30 janvier 2023, a replongé une ville longtemps marquée par la violence dans une situation tendue. (AFP)

Cet attentat suicide est le dernier d’une série d’attaques contre le personnel de sécurité dans tout le pays depuis que la milice Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) a mis fin à son accord de cessez-le-feu avec le gouvernement pakistanais en novembre.

En visite à Peshawar peu après l’attaque, le Premier ministre pakistanais, Shahbaz Sharif, a déclaré que «toutes les ressources» seraient mobilisées pour débusquer les militants. «Il s’agit d’une attaque contre le Pakistan, ni plus ni moins [...].  Je ne doute pas que le terrorisme soit notre principal défi en matière de sécurité nationale», a-t-il tweeté.

Si le gouvernement de Sharif décide de joindre l’action à la parole, il ne manquera pas de soutien à en juger par l’indignation de l’opinion publique, attisée par le nombre élevé de morts.

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Le Premier ministre du Pakistan, Shehbaz Sharif. (AFP)

«Le Pakistan doit sortir de la confusion, mettre fin à l’apaisement des militants par le biais de pourparlers de paix et s’engager à fond contre eux pour instaurer une paix permanente», explique Mosharraf Zaidi, un analyste pakistanais de la sécurité, à Arab News.

Tant que le Pakistan «n’aura pas rompu avec l’extrémisme violent», les militants continueront à croire qu’ils peuvent prendre le pouvoir, souligne-t-il.

«Nous devons écraser l'infrastructure idéologique et la chaîne d’approvisionnement des militants pour briser leur colonne vertébrale», note Zaidi, ajoutant que le gouvernement devait formuler une «stratégie décisive» pour débusquer les terroristes. 

L’attentat de Peshawar s’est produit à un moment où le Pakistan est confronté à une série de défis de taille, avec des tensions politiques intérieures qui s’exacerbent en raison de l’aggravation de l’inflation, à l’approche des élections générales prévues en octobre.

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Des responsables de la sécurité pakistanaise se rassemblent pour assister aux funérailles des policiers qui ont été tués dans un attentat contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 30 janvier 2023. (Photo, AFP)

Selon les analystes, la désunion politique et la confusion idéologique ont permis aux militants de se regrouper et de cibler l’État.

La situation est compliquée par le fait que le TTP a pris ses distances par rapport à l’attentat de Peshawar, affirmant qu’il ne vise pas les mosquées. La police cherche à savoir si l’attentat est l’œuvre d’une filiale du TTP, Jamaat-ul-Ahrar.

Bien que distinct, le mouvement des Talibans du Pakistan, créé en 2007, est allié au mouvement des Talibans d’Afghanistan, qui a repris le pouvoir dans l’Afghanistan voisin en août 2021, lorsque les forces américaines et de l’Otan ont mis fin à leur occupation du pays qui durait depuis vingt ans.

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Cette photo non datée reçue le 17 décembre 2014 montre des combattants du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) dans un lieu non divulgué. (Photo, AFP)

Plusieurs milices, dont le TTP, ont commencé à mener des opérations dans les anciennes zones tribales administrées fédéralement (FATA) du Pakistan peu après l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis et leurs alliés, en réponse au refus des Talibans de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001.

Pendant cette période, les militants ont déclenché une vague d’attentats terroristes dans les FATA, tuant des soldats, assassinant des politiciens et des célébrités connus pour leur franc-parler, et éliminant les opposants perçus comme tels. Pour aggraver la crise, ils ont rendu illégale l’éducation des femmes dans la région, détruisant environ 200 écoles de filles.

C’est en 2012, dans le district de Swat, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, que Malala Yousafzai, 15 ans, a reçu une balle dans la tête tirée par un militant taliban pakistanais. Elle a miraculeusement survécu à l’attaque et a ensuite remporté le prix Nobel de la paix pour son plaidoyer en faveur de l’éducation des filles.

 

EN BREF

  • Allié avec Al-Qaïda, Tehrik-e-Taliban Pakistan a été créé en 2007 et a tué des dizaines de milliers de civils et de membres du personnel de sécurité
  • Écrasé par une répression militaire après 2014, le TTP s’est regroupé depuis que les Talibans ont pris le pouvoir de l’autre côté de la frontière en août 2021
  • Pour ce qui est de l’attentat du 30 janvier à Peshawar, la police pakistanaise a accusé Jamaat-ul-Ahrar, un groupe plus radical occasionnellement affilié au TTP, qui a nié toute implication

Des opérations de lutte contre l’insurrection à grande échelle ont commencé en 2014, tuant la plupart des commandants et combattants des milices et poussant les autres à se réfugier en Afghanistan. Les zones constituant les FATA, établies au moment de la partition avec l’Inde en 1947, ont été fusionnées à la province voisine du Khyber Pakhtunkhwa en 2018.

Cependant, après le retour des Talibans au pouvoir à Kaboul et la fin des opérations antiterroristes américaines dans la région frontalière, les militants pakistanais ont commencé à se regrouper dans les anciens districts tribaux. Depuis lors, une série d’attaques meurtrières a laissé les Pakistanais dans l’incertitude quant à la reprise de l’insurrection dans leur pays.

Ismaïl Khan, journaliste pakistanais et analyste de la sécurité, estime que le gouvernement Sharif doit de toute urgence élaborer «une stratégie globale et à long terme dans le cadre de la conférence pour faire face au problème actuel».

Par ailleurs, «le gouvernement devrait également collaborer directement avec le gouvernement afghan pour mettre fin aux mouvements transfrontaliers des terroristes, en plus de formuler et de mettre en œuvre une solide stratégie de lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré à Arab News.

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Des bénévoles pakistanais portent un étudiant blessé d’un Institut de formation agricole après une attaque de militants talibans à Peshawar, le 1er décembre 2017. (AFP)

Rien qu’en janvier, les militants ont tué 124 membres du personnel de sécurité et en ont blessé 247 dans 26 attentats distincts, la majorité d’entre eux ayant eu lieu dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, qui borde l’Afghanistan, selon les données communiquées par le Pak Institute for Peace Studies, un groupe de réflexion basé à Islamabad.

La ventilation des données montre que sur ces 26 attaques, sept ont eu lieu au Baloutchistan, faisant six morts et 17 blessées; une au Sindh, sans aucune victime; deux au Pendjab, faisant deux morts; et 16 au Khyber Pakhtunkhwa, faisant 116 morts et 230 blessés.

Selon le groupe de réflexion, les attaques ont augmenté de 50% au Pakistan, principalement dans les provinces occidentales limitrophes de l’Afghanistan, au cours de la première année du règne des Talibans à Kaboul.

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Mémorial pour les victimes du massacre perpétré par les Talibans en 2015 à l’École publique de l’armée. (AFP)

Ces derniers mois, Islamabad a accusé Kaboul de ne pas avoir assuré la sécurité de ses frontières et d’avoir permis aux militants présents en Afghanistan de planifier des attaques contre le Pakistan.

Les négociations de paix entre le TTP et le Pakistan, sous la médiation du mouvement des Talibans d’Afghanistan, ont échoué en novembre, rompant un cessez-le-feu précaire. Pendant les pourparlers, les militants ont vu leur nombre augmenter grâce à la libération d’une centaine de combattants de rang inférieur des prisons pakistanaises.

Le général de division Ejaz Awan (retraité), éminent analyste de la sécurité et ancien ambassadeur du Pakistan à Brunei, estime qu’une réponse militaire est la seule solution à la menace terroriste.

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Certains commandants militaires pakistanais estiment qu’il ne reste plus qu’une seule option, celle de mener une guerre à part entière contre les militants talibans. (Photo, AFP)

«Ils ne veulent ni reconnaître la Constitution, ni la loi, ni l’autorité de l’État pakistanais. Il ne reste donc qu’une seule option, celle de mener une guerre totale contre eux», indique Awan à Arab News.

Awan, qui a tenu plusieurs séries de pourparlers de paix infructueux avec les militants au début des années 2000, souhaite que le gouvernement pakistanais lance une opération fondée sur le renseignement dans les districts tribaux du pays et dans d’autres régions afin d’éradiquer les militants, leurs facilitateurs et leurs partisans.

«Ces militants sont équipés des derniers gadgets, tels que des lunettes de vision nocturne, laissés par les forces américaines et de l’Otan en Afghanistan après leur retrait. Le Pakistan devrait donc également aborder la question avec les autorités afghanes», ajoute-t-il. 

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Des soldats pakistanais participent à un raid sur un repaire de militants lors d’une opération à Peshawar, le 16 avril 2019. (Photo, AFP)

Selon les enquêteurs qui se sont adressés à l’AFP, le suspect est apparu sur une vidéo de surveillance en arrivant aux portes du complexe sur une moto avant de passer un contrôle de sécurité et de demander aux agents où se trouve la mosquée Police Lines.

Moazzam Jah Ansari, chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, a précisé que le kamikaze avait utilisé 10 à 12 kg d’explosifs, apportés sur le site avant l’attentat en pièces détachées.

Les autorités ont eu du mal à trouver une explication au fait que le kamikaze ait réussi à accéder à la mosquée, vêtu d’un uniforme de police.

Ils enquêtent sur la manière dont une violation aussi importante a pu se produire dans l’une des zones les plus sécurisées de la ville, qui abrite les bureaux de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Certains craignent que des personnes se trouvant dans le complexe policier aient facilité l’attaque.

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Des policiers et des habitants allument des bougies en hommage aux victimes de l’attentat suicide contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, lors d’une veillée à Karachi le 2 février 2023. (AFP)

Des centaines de policiers participaient aux prières de l’après-midi à l’intérieur du quartier général de la police, qui aurait dû être étroitement contrôlé, lorsque l’explosion s’est produite, provoquant l’effondrement d’un mur et l’écrasement de dizaines d’officiers.

Le 2 février, les responsables de la police ont revu le nombre de morts à la baisse, passant de 101 à 83 officiers et un civil, après avoir déclaré qu’il y avait eu confusion dans l’enregistrement des corps. De nombreux survivants sont toujours hospitalisés et se trouvent dans un état critique.

Exprimant sa solidarité avec le Pakistan, le ministère saoudien des Affaires étrangères a «réaffirmé la position ferme du Royaume qui rejette le fait de cibler les lieux de culte, de terroriser et de tuer des innocents», selon un article publié par l’agence de officiellle presse saoudienne.

Le ministère «a également affirmé que le Royaume se tient aux côtés de la République islamique du Pakistan, pays frère, contre toute forme de violence, d’extrémisme et de terrorisme, quels que soient ses motifs ou ses justifications».

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Des militants de la société civile protestent à Lahore, au Pakistan, le 1er février 2023, à la suite de l’attentat suicide perpétré contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar. (AFP)

L’attaque a en outre suscité de vives condamnations de la part de la Ligue islamique mondiale et du secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, entre autres organisations internationales.

«Il est particulièrement odieux que cet attentat se soit produit dans un lieu de culte», a commenté Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, par l’intermédiaire d’un porte-parole. «La liberté de religion ou de croyance, y compris la possibilité de pratiquer son culte en paix et en sécurité, est un droit humain universel.»

«Il est impératif que nous améliorions notre collecte de renseignements et que nous équipions correctement nos forces de police pour lutter contre la menace croissante du terrorisme», a souligné Imran Khan, ancien Premier ministre pakistanais et farouche critique du gouvernement actuel.

Le Premier ministre Sharif a lancé un appel à l’unité nationale à la suite de l’attentat de Peshawar. «Nous devons nous unir pour résoudre ce problème», a-t-il déclaré le 3 février lors de sa visite dans la ville.

Néanmoins, compte tenu de l’ensemble des défis auxquels le Pakistan est confronté, l’attention de son gouvernement continuera probablement à se porter sur plusieurs fronts.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.


Affaires de corruption en Espagne: Pedro Sánchez devant une commission d'enquête

Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance. (AFP)
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  • L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué
  • Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez comparaît jeudi devant une commission d'enquête sénatoriale afin de s'expliquer sur un scandale de corruption dont les principaux protagonistes ont longtemps été ses hommes de confiance.

Connue sous le nom d'"affaire Koldo", du nom de Koldo García Izaguirre, l'assistant d'un ancien ministre des Transports et ex-bras droit de M. Sánchez, José Luis Ábalos, cette affaire est l'un des scandales qui éclaboussent depuis plus d'un an l'entourage du Premier ministre.

Sa comparution devant cette commission sénatoriale se produira dans un climat de polarisation politique extrême, le Parti populaire (PP, opposition de droite), majoritaire à la chambre haute, ayant fait de la corruption l'axe principal de son offensive contre le gouvernement de gauche dirigé par M. Sánchez.

"Pensez-vous dire la vérité demain (jeudi) devant la commission?", lui a ainsi demandé le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, mercredi matin au Congrès des députés.

"Vous mentirez de nouveau" 

M. Feijóo a ajouté que sa question était "rhétorique", dans la mesure où il est, selon lui, exclu que Pedro Sánchez puisse dire la vérité sur cette affaire, de peur de s'incriminer.

"Vous mentirez de nouveau, parce que vous savez que la vérité entraînerait votre chute" a lancé le chef du premier parti d'opposition, accusant M. Sánchez d'avoir menti "à tous" et sur tous les sujets.

L'objectif du PP est de montrer que le Premier ministre était au courant des malversations révélées par l'enquête sur l'affaire Koldo et qu'il y était même impliqué.

Ce scandale a éclaté au grand jour en février 2024 avec l'arrestation de Koldo García Izaguirre, soupçonné d'être au cœur d'une énorme escroquerie ayant permis à une petite société d'obtenir entre mars et juin 2020 - au plus fort de la pandémie de Covid-19 - des contrats d'un montant de 53 millions d'euros pour fournir des masques à diverses administrations. Ces contrats avaient dégagé des commissions illégales de plusieurs millions d'euros.

La justice est vite remontée jusqu'à José Luis Ábalos, le juge chargé de l'enquête considérant qu'il avait joué un rôle d'"intermédiaire" dans la combine.

Outre son poste de ministre, M. Ábalos était surtout secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, poste clé qui en faisait l'homme de confiance de M. Sánchez.

Il a été expulsé du Parti socialiste, mais l'affaire n'a fait ensuite que s'aggraver pour le Premier ministre.

Car le successeur de M. Ábalos comme secrétaire à l'Organisation du Parti socialiste, Santos Cerdán, a à son tour été mis en cause en juin dernier, après la publication d'un rapport de police selon lequel il était au cœur du réseau de corruption et avait touché des pots-de-vin en échange de contrats publics.

Il a été placé en détention provisoire en juillet.

Englué 

Face à ce séisme, Pedro Sánchez a demandé pardon à plusieurs reprises aux Espagnols, assurant qu'il ignorait tout de l'affaire et que le Parti socialiste, dont il est secrétaire général depuis 2017, n'avait jamais bénéficié de financements illégaux.

Il a redit en septembre qu'il ne disposait d'"aucune information" sur les délits reprochés à José Luis Ábalos, Santos Cerdán et Koldo García Izaguirre, et a rejeté toute "corruption systémique" au sein de son parti.

Il reprendra cette ligne de défense jeudi devant la commission sénatoriale, mais il est certain qu'il ne convaincra pas la droite, qui se dit assurée qu'il était au courant et l'accuse d'avoir tenté d'étouffer le scandale.

Outre cette tentaculaire affaire Koldo, M. Sánchez est englué dans d'autres affaires judiciaires qui le touchent de près: son épouse, Begoña Gómez, devrait être jugée pour une affaire de corruption et trafic d'influence, son frère David le sera également pour trafic d'influence et le procureur général de l’État, Álvaro García Ortiz, qu'il a nommé, sera jugé à partir de lundi pour violation du secret judiciaire.

L'audition de Pedro Sánchez, qui doit débuter à 09H00 (08H00 GMT), devrait durer plusieurs heures.


Elon Musk lance Grokipedia pour concurrencer Wikipédia qu'il juge orienté à gauche

Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
Le PDG de Tesla, Elon Musk, assiste à la cérémonie de commémoration de l'activiste d'extrême droite Charlie Kirk au State Farm Stadium à Glendale, Arizona. (AFP)
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  • Elon Musk et xAI ont lancé Grokipedia, une encyclopédie en ligne concurrente de Wikipédia, générée par intelligence artificielle et présentée comme “plus objective” selon Musk, avec déjà 885.000 définitions
  • Grokipedia est critiquée pour un biais idéologique apparent dans certains articles, notamment ceux sur Musk, Black Lives Matter ou Tucker Carlson, tandis que Wikipédia revendique un point de vue neutre

NEW YORK: Elon Musk et son entreprise xAI ont mis en ligne lundi Grokipedia, présenté comme le concurrent de l'encyclopédie en ligne Wikipédia, accusée de biais idéologique par une partie des républicains aux États-Unis.

La version a été numérotée 0.1 et comptait déjà lundi soir plus de 885.000 définitions, contre plus de 7 millions en anglais pour Wikipédia.

Dans un message posté sur X, Elon Musk a promis l'arrivée prochaine d'une version 1.0, "dix fois meilleure" que la 0.1, qui est déjà "meilleure que Wikipédia à (son) avis".

Il y a une semaine, l'entrepreneur avait décidé de reporter de quelques jours le lancement de Grokipedia, annoncé fin septembre, un délai justifié par la nécessité d'effectuer "un travail supplémentaire pour purger la propagande".

A l'image de responsables républicains, Elon Musk critique régulièrement Wikipédia depuis plusieurs années. En 2024, il avait taxé le site d'être "contrôlé par des activistes d'extrême gauche" et appelé à ne plus faire de don à la plateforme.

"Le but de Grok et de (Grokipedia) est la vérité, toute la vérité, rien que la vérité", a affirmé l'homme le plus riche du monde, qui a précisé que le programme informatique de l'encyclopédie était en accès libre (open source). "Tout le monde peut donc l'utiliser pour n'importe quoi gratuitement."

- "Biais systémiques" -

Le contenu de certains articles de Grokipedia témoigne d'une orientation des résultats, à l'image de la page consacrée à Elon Musk.

Dans les premiers paragraphes de résumé, la plateforme indique que le patron de Tesla et SpaceX a "influencé le débat" sur plusieurs sujets, ce qui lui a valu "des critiques des médias traditionnels qui font preuve de penchants à gauche dans leur couverture".

Concernant le mouvement des droits civiques "Black Lives Matter", Grokipedia écrit qu'il a "mobilisé des millions de personnes".

"Cependant, ces manifestations ont entraîné des émeutes, (...) les plus coûteuses de l'histoire des assurance pour les dommages aux biens", poursuit l'encyclopédie, sans mentionner, comme le fait Wikipédia, que "la grande majorité des manifestations de 2020 se sont déroulées dans le calme".

Autre exemple, la page consacrée à l'éditorialiste conservateur Tucker Carlson, qui souligne son "rôle (...) dans la dénonciation des biais systémiques du journalisme traditionnel". Elle renvoie à un article du site du magazine Newsweek qui ne mentionne ces biais que dans des citations de Tucker Carlson lui-même.

Créé en 2001, Wikipédia est une encyclopédie collaborative gérée par des bénévoles, largement financée par des dons, et dont les pages peuvent être écrites ou modifiées par les internautes.

Elle revendique un "point de vue neutre" dans ses contenus.

Le contenu de Grokipedia est lui généré par intelligence artificielle (IA) et l'assistant d'IA générative Grok mais cite également plusieurs sources sur chaque page.

En avril, le procureur fédéral de Washington, Ed Martin, remplacé depuis, avait adressé une demande de documents à la fondation Wikimédia, qui a autorité sur Wikipédia.

Il disait vouloir déterminer si Wikimédia était bien habilitée à bénéficier de l'exonération d'impôts octroyée aux fondations.

Le procureur désigné par Donald Trump avait dénoncé "la manipulation de l'information" dont Wikipédia se rendait coupable, selon lui, la plateforme cherchant à "masquer la propagande".

Fin août, deux élus républicains de la Chambre des représentants, James Comer et Nancy Mace, ont ouvert une enquête sur des "manoeuvres organisées (...) pour influencer l'opinion américaine (...) en manipulant des articles Wikipédia".

La naissance de Grokipedia a été saluée par plusieurs personnalités de droite, notamment l'idéologue ultranationaliste russe Alexandre Douguine, qualifiant l'article le concernant de "neutre", "objectif" et "juste" alors que celui de Wikipédia est, selon lui, "diffamatoire".