La chaîne Iran International interrompt ses émissions à Londres à la suite de menaces

Iran International TV a déplacé sa diffusion 24 heures sur 24 dans son studio de Washington (Photo, Volant Media).
Iran International TV a déplacé sa diffusion 24 heures sur 24 dans son studio de Washington (Photo, Volant Media).
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Publié le Dimanche 19 février 2023

La chaîne Iran International interrompt ses émissions à Londres à la suite de menaces

  • Une semaine après l'arrestation d'un homme de 30 ans accusé de terrorisme, une station de langue persane transfère ses activités aux États-Unis
  • La police déclare que les menaces étrangères sont désormais si graves qu'elle ne peut plus atténuer le danger pour le personnel et le grand public

LONDRES: Une chaîne de télévision en langue persane basée à Londres a été contrainte de fermer ses bureaux sur les conseils de la police en réponse à des menaces iraniennes visant plusieurs personnes au Royaume-Uni.

«Après une escalade significative des menaces de l'État iranien et les conseils de la police métropolitaine, Iran International TV a fermé à contrecœur ses studios londoniens et déplacé la diffusion à Washington», où elle continuera à diffuser sans interruption, a déclaré la chaîne dans un communiqué.

Cette décision intervient une semaine après l'arrestation et l'inculpation par la police de Magomed-Husejn Dovtaev, citoyen autrichien, pour avoir prétendument «recueilli des informations susceptibles d’être utiles à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme», a révélé la police.

«Les menaces avaient augmenté au point que l'on a estimé qu'il n'était plus possible de protéger le personnel de la chaîne, les autres employés du centre d'affaires de Chiswick et le grand public», a ajouté la société médiatique.

Iran International, qui a été lancée en mai 2017 et couvre largement les manifestations contre le régime, est basée dans un complexe de l'ouest de Londres formé de 12 bâtiments qui accueillent plusieurs entreprises étrangères et mondiales, employant des milliers de personnes du monde entier.

Le commissaire adjoint Matt Jukes, chef de l'unité antiterroriste de la police métropolitaine, a détaillé qu' «à la lumière de l'enquête en cours qui fait suite à l'arrestation d'un homme le week-end dernier dans cette zone et malgré des mesures de sécurité extraordinaires, nous avons toujours de sérieuses inquiétudes pour la sécurité des personnes travaillant dans cette entreprise.»

En novembre, la police avait déjà été appelée à protéger le bâtiment de la chaîne. Jukes a confirmé que, malgré le changement de lieu, des «mesures de sécurité protectrices» resteront en place dans le but de «rassurer» la communauté locale.

«Je ne peux pas croire que l'on en soit arrivé là. Un État étranger a fait peser une menace si importante sur le sol britannique que nous devons nous déplacer», s’est désolé Mahmood Enayat, directeur général d'Iran International TV.

«Soyons clairs, ce n'est pas seulement une menace pour notre chaîne de télévision, mais pour le public britannique dans son ensemble. Plus encore, il s'agit d'une attaque contre les valeurs de souveraineté, de sécurité et de liberté d'expression auxquelles le Royaume-Uni a toujours été attaché», a-t-il précisé dans un communiqué.

Adam Baillie, responsable de la liaison avec les médias chez Volant Media, propriétaire d'Iran International TV, a confirmé à Arab News que les émissions de la chaîne n'ont pas été interrompues et qu'elles sont désormais diffusées par ses studios aux États-Unis.

Il a indiqué que la chaîne Afghanistan International, qui appartient également à Volant Media, continue de fonctionner dans les studios de Chiswick, mais que les employés d'Iran International travaillent désormais à distance.

«C'est essentiellement (comme) un autre confinement de la Covid-19, qui consiste à travailler à domicile, parce que c'est tout simplement plus facile et plus sûr pour le moment, selon la police.»

«N'oubliez pas qu'il s'agit d'un grand centre d'affaires, que nous n'occupons qu'une partie d'un bâtiment  et qu'il y a environ 10 000 personnes, donc la police doit être attentive à la sécurité de toute la zone, pas seulement à la nôtre», a expliqué Baillie.

Il a affirmé que malgré l’augmentation du niveau de menace, tout le personnel est en sécurité et que, bien que la situation soit «très préoccupante, d'une certaine manière, rien n'a changé et les gens continuent à travailler».

Baillie a également signalé que ce changement était temporaire et qu'il n'était pas prévu de déménager, de fermer ou de licencier du personnel.

Depuis sa création, le personnel d'Iran International TV affirme avoir fait l'objet d'une campagne de menaces et que des pressions ont été exercées sur leurs familles en Iran.

Jukes a souligné que la police et le MI5 ont déjoué 15 complots depuis le début de l'année 2022 visant à kidnapper ou à tuer des Britanniques ou des personnes basées au Royaume-Uni considérées comme des ennemis du régime.

«Cette nouvelle peut également inquiéter les membres de la diaspora iranienne au Royaume-Uni», a-t-il soutenu. «Si quelqu'un a des inquiétudes concernant sa propre sécurité ou celle de quelqu'un d'autre, il doit contacter la police locale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.