Aucun signe de paix à l’horizon entre la Russie et l’Ukraine après une année de guerre

En janvier, un tir de missile sur un bâtiment à Dnipro, en Ukraine, a fait cinq morts et 39 blessés (Photo, AFP).
En janvier, un tir de missile sur un bâtiment à Dnipro, en Ukraine, a fait cinq morts et 39 blessés (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 février 2023

Aucun signe de paix à l’horizon entre la Russie et l’Ukraine après une année de guerre

  • Des millions de personnes ont été déplacées et des centaines de milliers ont été tuées depuis le début de la guerre, le 24 février 2022
  • Les pays du CCG se sont abstenus d'exprimer leur soutien à l'une ou l'autre des parties et ont préféré privilégier la diplomatie

DUBAÏ: Il y a exactement un an, la Russie a envoyé des troupes au-delà de sa frontière, dans le nord, l'est et le sud de l'Ukraine, dans le but d'encercler rapidement la capitale, Kiev, et de destituer le gouvernement de Volodymyr Zelensky.

Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que cette «opération militaire spéciale» avait pour but de «démilitariser» et de «dénazifier» le pays afin de protéger les Russes de souche, d'empêcher Kiev de rejoindre l'Otan et de maintenir l’Ukraine dans la sphère d'influence russe.

Les forces russes se sont heurtées à une forte résistance de la part du peuple et de l'armée ukrainiens, qui ont repoussé l'avancée sur la capitale et forcé des divisions entières à se retirer des villes de Kharkiv au nord-est et de Kherson au sud.

Douze mois plus tard, la guerre, probablement estimée ne durer que quelques jours par les stratèges militaires russes, est devenue une impasse amère, les armées adverses étant retranchées le long d'une ligne de front s'étendant sur 1 500 km du nord au sud, dans l'est de l'Ukraine.

Bien que la Russie ait tenté d'annexer quatre provinces ukrainiennes – Louhansk et Donetsk à l'est et Kherson et Zaporizhzhia au sud – elle ne contrôle pas entièrement ces zones. Et comme les événements de l'année dernière l'ont montré, même la Crimée, annexée par la Russie en 2014, demeure vulnérable.

Depuis que la Russie a lancé son «opération militaire spéciale» le 24 février, quelque 8 millions d'Ukrainiens ont été déplacés en Europe et ailleurs, tandis que des milliers de soldats sont morts dans les deux camps. Diverses sources occidentales estiment que le conflit a fait 150 000 victimes de part et d'autre, les militaires russes pouvant être responsables de 150 000 de ces décès.

Des millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis l'invasion russe en février de l'année dernière (Photo, AFP).

«La Russie applique les tactiques de guerre de colonisation du XIXe siècle au XXIe siècle. Cela ne fonctionne pas – ni les outils, ni les moyens, ni la cause», a déclaré Dmytro Senik, ambassadeur d'Ukraine aux Émirats arabes unis, à Arab News avant le premier anniversaire du début du conflit russo-ukrainien.

Alors que la guerre s'éternise, Moscou a été contraint de s'approvisionner en armes et en munitions auprès d'alliés sympathisants, notamment l’Iran, généralement accusée de fournir à l’armée russe la même marque de drones kamikazes utilisés et donnés à des groupes mandataires au Moyen-Orient.

De nombreux drones de ce type ont été utilisés ces derniers mois pour attaquer des infrastructures civiles, notamment des centrales électriques et des bâtiments résidentiels dans les villes ukrainiennes.

«Alors que la Russie continue d'échouer sur le champ de bataille, les généraux russes le confirmant, ils ont commencé à cibler les infrastructures vitales de l'Ukraine et les centrales thermiques dans le but de priver les Ukrainiens de chauffage, d'alimentation électrique et de pompage de l'eau», a indiqué Senik.

«Les Russes prétendent être venus à la “rescousse”. Mais, au contraire, ils tuent et détruisent des vies. Ils avaient l'intention de nous faire mourir de froid, de rendre nos conditions de vie misérables. Cela va à l'encontre de l'article 2 de la Convention sur le génocide. Encore et encore, la Russie viole le droit international.»

Parlant des récits russes sur le nazisme, Senik a expliqué: «Pour le Kremlin, chaque pays voisin qui planifie son propre avenir de construction nationale et refuse de devenir une colonie d'un empire russe, devient, aux yeux des Russes, un nazi.»

Pour leur part, des voix pro-russes ont exhorté le Kremlin à faire monter la barre pour atteindre les objectifs stratégiques de la guerre.

Après qu'une explosion a endommagé le pont de Kertch reliant la Russie à la Crimée en octobre dernier, Margarita Simonyan, directrice de la chaîne d'information russe RT, financée par l'État, s'est demandée ouvertement sur les réseaux sociaux quelle serait la réponse de Moscou, en demandant: «Ensuite?»

Qualifiant les opérations militaires russes d'acte illégal d'agression, l'Occident a imposé une série de sanctions aux responsables du Kremlin, à l'économie russe et à son industrie des hydrocarbures, ce qui a contribué en partie à la crise de l'inflation mondiale et à la flambée des prix du carburant.

Une autre conséquence néfaste de la guerre a été la perturbation de l'agriculture régionale et de la navigation sur la mer Noire. Par conséquent, la peur d’une pénurie mondiale de céréales a entraîné une flambée des prix des produits alimentaires, notamment dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique qui dépendent des importations, forçant ainsi l'ONU à intervenir en tant que médiateur.

En Chffres

- 150 000: Nombre estimé de victimes militaires de chaque côté, selon les sources occidentales.

- 21 000: Estimation du nombre de civils ukrainiens tués ou blessés, selon l'ONU.

- 8 millions d'Ukrainiens ont été contraints de fuir depuis le début de la guerre, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés.

- 5 millions d'Ukrainiens déplacés à l'intérieur du pays. Le même nombre aurait cherché refuge en Russie.

- 65 000 personnes soupçonnées de crimes de guerre, selon le commissaire européen à la justice, Didier Reynders.

Alors que les exportations de céréales ukrainiennes ont repris en juillet dernier grâce à un accord conclu entre Kiev et Moscou sous l'égide des Nations unies, certains pays ont dû attendre des mois avant de recevoir leurs cargaisons, tandis que d'autres, comme l'Égypte, la Tunisie, le Yémen et le Liban, ont eu du mal à stabiliser le prix du pain à cause de l'inflation.

Fredrick Kempe, président de l'Atlantic Council, a qualifié la guerre de «signal d’alarme» pour les décideurs politiques, qui constitue un «point d'inflexion dans l'histoire» où les dirigeants ont la possibilité de prendre des décisions qui auront «une influence démesurée» sur les générations futures.

Toutefois, l'implication de l'Occident dans la guerre, notamment la fourniture d'armes, de munitions et, plus récemment, de chars de combat modernes à l'Ukraine, a poussé les relations entre Moscou et Washington à leur niveau le plus bas depuis la guerre froide.

Dans son discours sur l'état de la nation mardi, Poutine a déclaré que son pays suspendait le traité New Start – le dernier traité de contrôle des armes nucléaires encore en vigueur, signé par la Russie et les États-Unis en 2010 – et qu’il est prêt à reprendre les essais nucléaires. Néanmoins, le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que Moscou continuerait à respecter strictement les restrictions quantitatives et à informer les États-Unis des lancements d'essai prévus de missiles balistiques intercontinentaux.

Ce lundi, le président américain, Joe Biden, a effectué une visite inopinée à Kiev, sa première dans le pays depuis le début de la guerre, où il a promis le maintien du soutien de Washington à l'Ukraine lors d'une rencontre avec Zelensky.

Ce mercredi, Biden a également rencontré les dirigeants de l'Otan et de l'Europe dans la capitale polonaise, Varsovie. Les alliés se sont engagés à «consolider notre posture de dissuasion et de défense sur l'ensemble du flanc oriental, de la Baltique à la mer Noire».

Pendant ce temps, Poutine s'entretenait avec le haut diplomate chinois Wang Yi, en visite à Moscou après que Washington et l'Otan ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que la Chine se prépare à fournir des armes à la Russie, ce que Pékin dément.

Les pays occidentaux, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont fourni à l'Ukraine des véhicules de combat (Photo, AFP).

«Nous ne nous laisserons pas submerger par les menaces et les pressions de tierces parties», a prévenu Wang, selon un compte rendu de la réunion, qui le cite également disant que la Chine est prête à «approfondir la confiance politique» et à «renforcer la coordination stratégique» avec la Russie.

Pékin a cherché à se positionner comme une partie neutre dans la guerre, tout en maintenant des relations étroites avec son allié stratégique, la Russie. Elle s'est dite «profondément préoccupée» et a averti que le conflit «s'intensifie et devient même hors de contrôle».

À la suite de la réunion, Moscou a déclaré que Pékin avait présenté son point de vue sur les approches d'un «règlement politique» en Ukraine.

Pendant ce temps, à New York, l'Assemblée générale des Nations unies s'est réunie mercredi avec Kiev et ses alliés pour recueillir le soutien d'une résolution appelant à une «paix juste et durable».

Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a décrit le conflit comme «une insulte à notre conscience collective», qualifiant cet anniversaire «d'étape sombre pour le peuple ukrainien et pour la communauté internationale».

La communauté internationale reste divisée sur la guerre. En octobre de l'année dernière, 143 États membres de l'Assemblée générale ont voté pour condamner l'annexion de certaines parties de l'Ukraine. La Russie, le Belarus, la Syrie et la Corée du Nord se sont opposés à la motion, tandis que l'Inde et la Chine faisaient partie des 35 États qui se sont abstenus.

Les pays du Conseil de coopération du Golfe, dont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, se sont abstenus d'exprimer leur soutien à l'une ou l'autre des parties au conflit, appelant plutôt à la diplomatie afin de mettre fin à cette crise. Ils ont toutefois soutenu des résolutions appelant au respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine.

Depuis que la Russie a lancé son «opération militaire spéciale» le 24 février, quelque 8 millions d'Ukrainiens ont été déplacés en Europe et ailleurs (Photo, AFP).

Ayant servi d'intermédiaire dans un échange de prisonniers et entretenu des relations avec toutes les parties au conflit, l’Arabie saoudite reste bien placée pour jouer le rôle de médiateur entre la Russie, d'une part, et l'Ukraine et les pays occidentaux, d'autre part.

Malgré l'épuisement apparent des deux camps, les responsables de Kiev, de Washington et d'autres capitales occidentales craignent que la Russie ne profite du premier anniversaire de la guerre pour lancer une nouvelle offensive avec des centaines de milliers de soldats afin de sortir de l'impasse. De son côté, Senik, n'est pas inquiet à ce sujet.

«Je ne pense pas que les chiffres comptent. Il s'agit de qualité et non de quantité», a-t-il souligné. «L'armée russe était confiante mais dysfonctionnelle, menant des tactiques de la Seconde Guerre mondiale consistant à utiliser les hommes comme chair à canon. La Russie a perdu plus de 20 000 soldats en essayant de prendre la petite ville de Soledar, une ville de 9 000 civils. Poutine ne se soucie pas de son peuple.»

Selon Senik, les Ukrainiens sont tout aussi prêts à se battre. «Pendant des siècles, la Russie a essayé d'éradiquer la culture ukrainienne. Même après trois cent ans, le combat se poursuit encore», a-t-il déclaré à Arab News.

«Nous avons tenu tête à ce que l'on croyait être la deuxième armée la plus puissante du monde. Nous continuons à nous battre et à faire preuve de résilience. Nous vaincrons. Nous préférons rester sans lumière et sans chauffage, mais jamais avec la Russie.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Russie: un deuxième journaliste arrêté pour des vidéos pour l'équipe de Navalny

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi (Photo, Fournie).
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  • La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison
  • Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE

MOSCOU: Un journaliste russe a été placé en détention en Russie pour "extrémisme", accusé d'avoir participé à la création de vidéos pour l'équipe de l'opposant défunt Alexeï Navalny, a rapporté l'agence de presse américaine Associated Press, avec laquelle il a notamment collaboré.

Sergueï Kareline est le deuxième journaliste a être arrêté pour ces accusations, après Konstantin Gabov, également placé en détention samedi et qui collaborait occasionnellement avec l'agence de presse canadienne Reuters.

Associated Press s'est dite dans un commentaire à l'AFP dimanche "très préoccupée par la détention du vidéo-journaliste russe Sergueï Kareline" et indique "rechercher des informations supplémentaires" sur cette affaire.

Complices

Sergueï Kareline et Konstantin Gabov sont accusés d'avoir participé à la préparation de vidéos pour la chaîne YouTube NavalnyLIVE de l'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison en février dans des circonstances troubles.

Son mouvement a été classé comme "extrémiste" par la justice, ce qui fait courir le risque de poursuites à ses collaborateurs et partisans.

La plupart des associés de l'opposant défunt sont en exil à l'étranger, d'autres ont écopé de lourdes peines de prison.

Les autorités russes ont renforcé ces derniers mois leur pression sur les médias indépendants et étrangers en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts des voix dissidentes depuis le début de l'offensive en Ukraine.

Fin mars, une photojournaliste, Antonina Kravtsova, qui travaillait sous le nom d'Antonina Favorskaïa, avait été également placée en détention pour des accusations d'"extrémisme".

Elle couvrait très régulièrement les procès d'Alexeï Navalny pour SOTAvision, l'un des derniers médias documentant depuis la Russie les répressions politiques, classé "agent de l'étranger" par les autorités russes.

Un journaliste russe de l'édition russe du média Forbes, Sergueï Mingazov, a, lui, été arrêté le 26 avril, accusé d'avoir diffusé de "fausses informations" sur les exactions imputées à l'armée russe en Ukraine.

Plusieurs autres journalistes se trouvent en détention en Russie dont l'Américain Evan Gershkovich, visé par des accusation d'"espionnage" qu'il rejette tout comme son média, ses proches et les autorités américaines.

Une journaliste russo-américaine, Alsu Kurmasheva, travaillant pour Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), est aussi en détention depuis octobre 2023 pour ne pas s'être enregistrée en tant qu'"agent de l'étranger" comme l'exigent les autorités.


Washington annonce 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (au centre) et le chef d'état-major interarmées, le général C. Q. Brown, Jr. (à droite), répondent aux questions lors d'un point de presse au Pentagone le 26 avril 2024 à Arlington, en Virginie (Photo, AFP).
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  • Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie
  • Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi

WASHINGTON: Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé vendredi un nouveau volet de 6 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, au moment où Washington tente de rattraper le retard dans ses livraisons à Kiev après des mois d'impasse au Congrès.

"Il s'agit de la plus grande enveloppe d'aide militaire que nous ayons annoncée jusqu'ici", a souligné le responsable américain, lors d'une conférence de presse.

Ce programme d'aide comprend de la défense aérienne, des systèmes anti-drones, des munitions d'artillerie.

Il permettra à Kiev de "stabiliser la ligne de front", a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il s'agit du second volet d'aide annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.

Les deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès et promulgué dans la foulée par Joe Biden, l'Ukraine rencontrant actuellement des difficultés dans sa guerre contre la Russie.

Si l'aide d'un milliard de dollars dévoilée mercredi proviendra des stocks de l'armée américaine, celle annoncée vendredi proviendra de contrats avec l'industrie de défense ou de partenaires. Ce qui signifie qu'elle nécessitera davantage de temps pour parvenir jusque sur le champ de bataille.

Après avoir promulgué mercredi la loi prévoyant ces 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, Joe Biden avait promis un envoi rapide et massif d'armement.

Vote au Congrès 

Les Etats-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n'avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d'un an et demi -- principalement en raison de querelles partisanes.

Avant cette semaine, Washington n'avait annoncé d'aide à l'Ukraine qu'à une seule occasion cette année: une aide de 300 millions de dollars en mars rendue uniquement possible en raison d'économies réalisées par le Pentagone sur d'autres achats.

L'adoption de ce plan d'aide est un soulagement pour l'armée ukrainienne, confrontée à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions, face aux pressions constantes des troupes russes à l'est. Les autorités prédisent une dégradation sur le front potentiellement dès la mi-mai.

Et si le retour de l'aide américaine va permettre à l'armée ukrainienne de reprendre l'initiative face à la Russie, la préparation d'une contre-offensive sera bien plus longue, a estimé jeudi une responsable militaire américaine.

"Les Ukrainiens ont rationné leurs munitions depuis un moment (...), donc les Russes ont, pour résumer, repris l'initiative", a déclaré à la presse cette responsable sous couvert de l'anonymat.

L'aide militaire des alliés "va permettre aux Ukrainiens de commencer à reprendre l'initiative", mais "ce ne sera pas un processus rapide", a-t-elle ajouté.

La réception et la mise en place opérationnelle des nouvelles livraisons va prendre du temps, rien que "pour défendre leurs positions", a-t-elle prévenu, disant ne s'attendre à "aucune offensive de grande ampleur dans un premier temps".


Biden se moque de Trump lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche

Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
Le président américain Joe Biden rit pendant que l'humoriste américain Colin Jost (à l’écran) prend la parole lors du dîner de l'Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) au Washington Hilton, à Washington, DC, le 27 avril 2024. (Photo par Brendan Smialowski AFP)
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  • «L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans»
  • Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire»

WASHINGTON, États-Unis : Le président Joe Biden a fait preuve d'autodérision samedi tout en égratignant son concurrent à la présidentielle américaine Donald Trump, un «enfant de six ans», lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche, événement qui a suscité une manifestation contre la guerre à Gaza à ses abords.

De nombreux invités de marque, journalistes ou célébrités, sont arrivés à l'hôtel Hilton de la capitale fédérale au moment où une centaine de manifestants étaient rassemblés près de l'entrée. Certains protestataires ont alors entonné des slogans tels que «Honte à vous».

A l'intérieur du bâtiment, la guerre entre le Hamas et Israël n'a toutefois pas occupé le devant de la scène, au contraire des moqueries sur l'âge de Joe Biden ou ses chutes occasionnelles dans les escaliers de l'avion présidentiel.

La présence du dirigeant américain à ce gala annuel s'inscrit dans la longue tradition de l'événement, interrompue pendant le mandat de son prédécesseur Donald Trump, qui veut que le président écoute, avec le sourire, un humoriste l'éreinter en règle devant une assemblée en smoking et robes longues, puis prononce un discours émaillé de blagues plus ou moins réussies.

A la manœuvre cette année pour rire du président américain se trouvait le comédien Colin Jost, auteur et acteur pour l'émission phare de la télévision américaine «Saturday Night Live», diffusée sur NBC. Son épouse, l'actrice Scarlett Johansson, était également présente samedi au dîner.

«Je voudrais signaler qu'il est 22H00 passées, Joe l'endormi est toujours debout, pendant que Donald Trump a passé la semaine à s'endormir au tribunal chaque matin», a asséné l'humoriste, dans une allusion au procès à New York de l'ancien président pour une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Entre autodérision et taquineries à l'encontre des médias, M. Biden, 81 ans, a pris la parole pour railler son rival républicain, 77 ans, expliquant que «l'âge est la seule chose que nous avons en commun».

Colin Jost et Joe Biden ont toutefois adopté un ton plus grave en abordant la question du climat politique aux Etats-Unis. La rhétorique de Donald Trump constitue un danger selon le président américain, en particulier après l'assaut du Capitole en 2021, et «les enjeux ne pourraient être plus élevés», d'après lui.

- Manifestation pro-palestinienne  -

«L'élection de 2024 bat son plein et oui l'âge est un sujet», a déclaré M. Biden avant de lancer: «Je suis un adulte qui se présente contre un enfant de six ans».

Loin des rires de l'assistance parcourant la salle, une manifestation s'est déroulée devant l'hôtel, d'où, depuis une fenêtre du dernier étage, des protestataires ont suspendu un drapeau palestinien de plusieurs mètres de long. D'autres étaient rassemblés en contrebas, au niveau de la chaussée, tenant des pancartes ou des mégaphones.

Le dîner de gala s'est tenu alors que le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise dans les campus américains, avec des arrestations par centaines et le déploiement de policiers anti-émeute.

Un des groupes qui ont organisé la manifestation devant l'hôtel Hilton, Code Pink, a dit vouloir «arrêter» le dîner pour protester contre «la complicité du gouvernement Biden dans le ciblage et le meurtre de journalistes palestiniens par l'armée israélienne», précisant que cette action serait «non violente».

Depuis des mois maintenant, à chaque fois que le président américain se déplace, des manifestants se rassemblent pour protester contre le soutien à Israël de celui qu'ils appellent «Joe le génocidaire», et pour réclamer un arrêt des hostilités à Gaza.

Plusieurs journalistes palestiniens avaient appelé dans une lettre ouverte leurs confrères américains à boycotter cet événement très couru, point d'orgue de tout un week-end de réceptions mondaines.

«Vous avez une responsabilité particulière de dire leur vérité aux puissants et de soutenir l'intégrité journalistique. Il est inacceptable de rester silencieux, par peur ou pour des raisons de carrière, lorsque des journalistes à Gaza continuent d'être détenus, torturés, et tués parce qu'ils font leur métier», ont écrit une vingtaine de journalistes palestiniens.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une association établie à New York, au moins 97 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, dont 92 Palestiniens. Au moins 16 autres ont été blessés.

Le dîner était organisé par l'association des correspondants à la Maison Blanche. Cet événement annuel donne aussi lieu à une remise de prix et à une distribution de bourses à des étudiants en journalisme.

L'an dernier, 2.600 invités avaient assisté à l'événement.