L'Inde ouvre le G20 Finances sur un appel à réformer les institutions internationales

Cette photo prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indien (PIB) le 22 février 2023 montre une vue générale des participants lors d'une réunion des ministres des Finances et de la Banque centrale du G20 sous la présidence indienne du G20 à Bengaluru. (Photo, AFP)
Cette photo prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indien (PIB) le 22 février 2023 montre une vue générale des participants lors d'une réunion des ministres des Finances et de la Banque centrale du G20 sous la présidence indienne du G20 à Bengaluru. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 24 février 2023

L'Inde ouvre le G20 Finances sur un appel à réformer les institutions internationales

  • Réunis à Bangalore, capitale technologique de l'Inde, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 tentent de s'accorder sur des solutions face aux défis posés par l'économie mondiale
  • L'Inde, pays organisateur du G20, s'est fixé comme priorité pour sa présidence une réforme des institutions financières internationales, dont la Banque mondiale

BANGALORE: Le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé vendredi à une réforme des institutions internationales, au premier jour d'une réunion du G20 Finances, organisé en Inde.

Réunis à Bangalore, capitale technologique de l'Inde, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20 tentent de s'accorder sur des solutions face aux défis posés par l'économie mondiale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de poussée inflationniste.

L'Inde, pays organisateur du G20, s'est fixé comme priorité pour sa présidence une réforme des institutions financières internationales, dont la Banque mondiale.

"La confiance dans les institutions financières internationales s'est érodée. C'est en partie parce qu'elles ont été lentes à se réformer", a souligné dans son discours d'ouverture le Premier ministre indien Narendra Modi.

"Nous devons travailler ensemble à renforcer les banques multilatérales de développement afin de relever les défis mondiaux tels que le changement climatique et les niveaux d'endettement élevés", a affirmé le dirigeant indien.

Ces remarques font écho aux appels lancés par d'autres représentants pour que la Banque mondiale augmente ses prêts et élargisse son champ d'action.

«Faire pression»

"Je continuerai à faire pression pour que tous les créanciers officiels bilatéraux, y compris la Chine, participent à des traitements significatifs de la dette des pays en développement et des marchés émergents en difficulté", a assuré jeudi en Inde la secrétaire d'Etat américaine au Trésor, Janet Yellen.

La Banque mondiale a lancé en octobre une première feuille de route en vue d'une réforme, censée mieux répondre aux besoins de financement des pays en développement.

Cette réforme doit permettre de mobiliser des fonds plus efficacement pour les pays les plus pauvres, face aux défis posés par l'inflation, l'endettement ou encore le changement climatique.

Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a annoncé au début du mois qu'il quitterait son poste d'ici fin juin, avec un an d'avance.

Il s'était récemment trouvé sous le feu des critiques, accusé par l'ancien vice-président américain Al Gore d'être climatosceptique et de n'avoir pas su renforcer le financement de projets climatiques dans les pays en développement.

Washington a proposé jeudi à sa succession à la tête de la Banque mondiale la candidature de l'ancien PDG de Mastercard d'origine indienne Ajay Banga.

Jardin et lac artificiel

"Je pense que nous avons un très bon candidat pour la Banque Mondiale", a estimé devant la presse le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire.

Les discussions du G20 Finances se déroulent jusqu'à samedi dans un hôtel de luxe bordé par un jardin et un lac artificiel, en retrait de l'effervescence de Bangalore.

Jusqu'à samedi, les puissances du G20 vont également tenter de trouver un accord pour alléger la dette des pays les plus pauvres.

En 2020, le G20 a convenu d'un "cadre commun" pour la restructuration de la dette des pays les plus pauvres mais sa mise en oeuvre est lente.

Les Etats-Unis accusent la Chine, principal créancier de nombreux pays africains, de ralentir le processus.

«Analyser les causes»

Le ministre chinois des Finances, Liu Kun, a appelé vendredi à "analyser les causes des problèmes d'endettement de façon juste, objective et approfondie", selon un communiqué publié par son ministère.

Le responsable s'exprimait au G20 Finances par liaison vidéo depuis la Chine.

La réforme de la fiscalité internationale, dont la taxation des principaux acteurs du numérique, figure également au programme du G20 Finances.

Les échanges se tiennent un an jour pour jour après le début de l'invasion russe de l'Ukraine et sur fond de désaccords entre les participants du G20 sur ce sujet.

L'Allemagne et la France ont plaidé vendredi pour l'inscription du terme "guerre" au communiqué final du G20 Finances, malgré des réticences de l'Inde.

A l'image de la Chine, l'Inde n'a pas condamné l'intervention militaire de Moscou et a augmenté depuis un an ses importations de pétrole russe.

L'an dernier lors des trois précédentes réunions du G20 Finances, aucun communiqué n'avait pu être rédigé en raison des divergences d'opinions des pays du G20, alors sous présidence indonésienne.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".