En Ukraine, le stand-up toujours en scène malgré la guerre

Si Kiev a gagné la guerre sur Twitter, elle ne l'a pas gagné sur le terrain et la menace russe pèse sur l'esprit des clients de l'immense bar où la soirée est organisée, dans un quartier anonyme du sud de Kiev. (AFP).
Si Kiev a gagné la guerre sur Twitter, elle ne l'a pas gagné sur le terrain et la menace russe pèse sur l'esprit des clients de l'immense bar où la soirée est organisée, dans un quartier anonyme du sud de Kiev. (AFP).
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Publié le Vendredi 03 mars 2023

En Ukraine, le stand-up toujours en scène malgré la guerre

  • En Ukraine, pays qui a élu comme président en 2019 l'ancien humoriste Volodymyr Zelensky, la scène du stand-up n'a pas mis longtemps à redémarrer
  • En un an de guerre, l'humour ukrainien "est devenu plus adulte", confie le producteur Ivan Jornokleï

UKRAINE: Sur la scène d'un "comedy club" de Kiev, devant un public acquis à sa cause, Anton Boldyrev teste ses dernières vannes. Sa petite amie russophone, son frère jumeau dans l'armée ou la réaction de sa mère à l'arrivée d'un missile, chacun en prend pour son grade.

"Vous aussi, vos parents vous appellent pendant les alertes aériennes ?", lance l'humoriste.

"Honnêtement, je pense que leur seul but, c'est de dire à quel point t'es mal caché. Ma mère m'appelle un jour, elle me demande 'T'es où'? Je lui dis 'Métro Arsenalna' (la plus profonde station de Kiev, ndlr). Elle me dit 'Il faut que tu descendes encore plus profondément'. Moi je lui demande: 'Et toi maman t'es où?' Elle répond 'Moi, je suis au village, la connexion est mauvaise, je suis montée au grenier'".

Carton plein: la salle s'esclaffe. En Ukraine, pays qui a élu comme président en 2019 l'ancien humoriste Volodymyr Zelensky, la scène du stand-up n'a pas mis longtemps à redémarrer après l'invasion lancée par Vladimir Poutine, en février 2022.

Dès le mois de mai, Ivan Jornokleï, producteur de la "Ukrainian Stand-Up Agency", a recommencé à organiser des soirées à travers le pays.

"On ne savait pas si les gens allaient venir. Est-ce que c'est approprié ou pas? Est-ce qu'il est temps ou pas? Mais c'était le bon timing (...) On montre qu'on rit, donc qu'on ne se rend pas", se souvient le dynamique trentenaire, vêtu d'un t-shirt sur lequel est écrit "Les mots sont notre arme".

Aujourd'hui, il organise une vingtaine de soirées par mois, dont une partie des bénéfices est reversée à l'armée. Certaines ont eu lieu dans des abris souterrains. Pour d'autres, il a fallu s'équiper de générateurs afin d'éviter les coupures de courant, fréquentes quand l'armée russe a commencé à bombarder les sites énergétiques ukrainiens.

Humour « plus adulte »

Le sketch d'Anton Boldyrev terminé, c'est au tour de Marina Voïtsekhovska de monter sur scène. Son ton pince-sans-rire fait mouche: la jeune femme a seulement deux ans de stand-up derrière elle mais ses vidéos cumulent des centaines de milliers de vues sur YouTube.

Si la jeune femme évoque par moments la guerre, c'est uniquement en arrière-plan. "Tout mon humour est construit sur mes expériences personnelles. Et comme en ce moment, notre vie est concentrée sur la guerre, alors mon humour tourne autour de ça", dit à l'AFP l'artiste de 26 ans.

"Par exemple, je raconte que comme je parle très bien ukrainien, que j'ai l'air sympa, on me demande rarement mes papiers aux check-points. La seule fois où c'est arrivé, c'est quand je suis revenue dans mon village. C'était mon ex-mari, il voulait savoir si j'avais changé de nom après le divorce !"

Pour d'autres toutefois, le stand-up doit permettre aux Ukrainiens de faire abstraction des combats. Ramyl Iangoulov explique ainsi éviter le sujet, préférant rappeler à son public "qu'il reste de la vie" après la guerre.

Sinon, "les gens se renferment sur eux-mêmes. En Ukraine, ils ne sont pas habitués à aller voir un psychologue lorsqu'ils ont un problème", ajoute l'humoriste de 33 ans.

Une chose est sûre: en un an de guerre, l'humour ukrainien "est devenu plus adulte", confie le producteur Ivan Jornokleï: "On ne veut plus seulement rire pour rire. On veut faire part de notre douleur, de nos inquiétudes".

Mettre ses problèmes sur pause 

Au début de la guerre, l'Ukraine a mis les rieurs de son côté. Ses "memes" -images détournées sur les réseaux sociaux- et les innombrables montages tournant l'armée russe en dérision, partagées par les responsables politiques eux-mêmes, ont fait un carton.

Mais si Kiev a gagné la guerre sur Twitter, elle ne l'a pas gagné sur le terrain et la menace russe pèse sur l'esprit des clients de l'immense bar où la soirée est organisée, dans un quartier anonyme du sud de Kiev.

Une centaine de spectateurs, des jeunes actifs d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années, sont venus en couple ou entre amis, partageant bières et pizzas en attendant le spectacle.

Pour Tetiana, 30 ans, venue par curiosité "passer un moment romantique" avec son mari, "c'est une occasion d'entendre autre chose, de parler et de rire d'autre chose que de la guerre".

"L'humour incite à vivre. Au moins, de cette façon, on peut mettre tous ses problèmes sur pause et souffler".


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.