Catastrophe ferroviaire en Grèce: la colère dégénère en violences, le chef de gare en détention

Des manifestants se rassemblent devant le Parlement grec à Athènes le 5 mars 2023 lors d'une manifestation à la suite de l'accident de train mortel survenu le 28 février. (Photo, AFP)
Des manifestants se rassemblent devant le Parlement grec à Athènes le 5 mars 2023 lors d'une manifestation à la suite de l'accident de train mortel survenu le 28 février. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 06 mars 2023

Catastrophe ferroviaire en Grèce: la colère dégénère en violences, le chef de gare en détention

  • L'homme de 59 ans, dont l'identité, Vassilis Samaras, a été révélée par le ministère des Transports, a reconnu sa responsabilité dans la collision frontale entre deux trains qui a fait 57 morts
  • Quelque 12 000 personnes criaient leur colère sur la place Syntagma, la grande esplanade devant le Parlement de la capitale grecque, brandissant des pancartes et des banderoles : «A bas les gouvernements assassins!»

ATHÈNES: Des heurts violents ont opposé dimanche policiers et manifestants à Athènes en marge d'un rassemblement après la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts mardi, suscitant une vague d'indignation dans tout le pays malgré le mea culpa du Premier ministre.

A Larissa, la ville la plus proche des lieux de cet accident, le chef de gare mis en cause pour avoir commis une erreur fatale a été inculpé pour sa responsabilité présumée dans "la mort d'un grand nombre de personnes", un crime passible d'une peine allant de dix ans de prison à la perpétuité, selon le Code pénal grec.

Il a été placé en détention provisoire.

Vassilis Samaras, 59 ans, dont l'identité a été révélée par le ministère des Transports, a reconnu sa responsabilité dans la collision frontale entre un train de passagers et un convoi de fret, qui se sont retrouvés sur la même voie.

Mais les manifestants, dimanche à Athènes, réclamaient que soient recherchées les responsabilités dans l'état présumé de vétusté des équipements ferroviaires, qui a laissé le destin des passagers entre les mains d'un chef de gare inexpérimenté.

"A bas les gouvernements assassins!", "Ce n'était pas une erreur humaine!", lisait-on sur les banderoles brandies par les quelque 12.000 personnes qui criaient leur colère sur la place Syntagma, la grande esplanade devant le Parlement de la capitale grecque.

Ballons noirs 

Les manifestants ont lâché des centaines de ballons noirs pour rendre hommage aux victimes.

Ce drame a suscité une immense colère face aux négligences et aux lacunes dans les chemins de fer. Et le rassemblement athénien, le quatrième depuis l'accident, a dégénéré en violents incidents.

Des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et la police a répliqué avec des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Nous ressentons une rage immense!", a résumé dans le cortège Michalis Hasiotis, président du syndicat des experts comptables. "L'appât du gain, le manque de mesures prises pour la protection des passagers a conduit à la pire tragédie ferroviaire dans notre pays".

"Rien ne va dans ce pays, les hôpitaux sont à l'agonie, les écoles ferment, les forêts brûlent... Ils se moquent de qui?", a renchéri Nikos Tsikalakis, président d'un syndicat des chemins de fer.

La plupart des victimes étaient des jeunes et des étudiants rentrant à Thessalonique, la grande ville universitaire, après un weekend prolongé.

A la télévision, des images déchirantes de parents en pleurs, attendant désespérément devant un hôpital des informations sur le sort de leurs enfants, ont aussi contribué à jeter l'opprobre sur les autorités et leur gestion jugée calamiteuse de cette catastrophe.

Dimanche matin, avant une cérémonie religieuse à la cathédrale orthodoxe d'Athènes, le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis a demandé pardon aux familles des victimes dans une adresse solennelle.

"En tant que Premier ministre, je dois à tous, mais surtout aux proches des victimes, (de demander) pardon", a-t-il écrit. "Dans la Grèce de 2023, il n'est pas possible que deux trains circulent en sens inverse sur une même ligne et que personne ne le remarque".

"Nous ne pouvons pas, ne voulons pas et ne devons pas nous cacher derrière l'erreur humaine" imputée au chef de gare, a-t-il insisté.

Le manque d'expérience du chef de gare est en effet dénoncé depuis le lendemain du drame. Selon les médias grecs, il n'avait reçu qu'une courte formation avant de se retrouver seul, au poste de chef de gare, alors que le trafic sur cette ligne était intense en raison d'un weekend prolongé.

Selon une source judiciaire, l'enquête vise aussi "à engager des poursuites pénales, si nécessaire, contre des membres de la direction de l'entreprise" Hellenic Train, les chemins de fer grecs.

«Assassins»

Les inhumations de victimes se sont par ailleurs poursuivies dimanche dans une immense émotion.

A la petite gare de Rapsani, proche des lieux de l'accident dans le centre du pays, des parents d'élèves ont déposé des oeillets rouges et blancs et allumé des bougies sur les rails.

La colère est avant tout dirigée contre Hellenic Train. Le mot "Assassins" a été peint en lettres rouges sur une vitre du siège à Athènes vendredi.

L'entreprise est mise en cause pour de nombreuses négligences et lacunes ayant entraîné cette catastrophe qualifiée de "tragédie nationale" par les autorités.

Elle s'est défendue samedi soir, assurant avoir "été présente dès les premiers instants sur les lieux" et avoir mis en place "un centre d'appel (...) pour fournir des informations".

Hellenic Train a été acheté en 2017 par le groupe public italien Ferrovie Dello Stato Italiane (FS) dans le cadre du programme de privatisations exigé par les créanciers de la Grèce pendant la crise économique (2009-2018).

Les représentants syndicaux des chemins de fer avaient tiré la sonnette d'alarme il y a trois semaines sur le risque d'accident.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.