Face à la flambée des prix, un «trimestre anti-inflation» et un projet de chèque alimentaire

Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire donne une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec des dirigeants d'entreprises de grande distribution consacrée à la lutte contre l'inflation au ministère à Paris, le 6 mars 2023. (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP )
Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire donne une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec des dirigeants d'entreprises de grande distribution consacrée à la lutte contre l'inflation au ministère à Paris, le 6 mars 2023. (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP )
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Publié le Lundi 06 mars 2023

Face à la flambée des prix, un «trimestre anti-inflation» et un projet de chèque alimentaire

  • Bruno Le Maire a annoncé «un chèque alimentaire pour les plus modestes»
  • L'enjeu politique est majeur pour le gouvernement qui planche depuis des mois avec le secteur pour tenter de maîtriser la flambée des prix alimentaires, évaluée à 14,5% en un an en février par l'Insee

PARIS: Pour tenter d'éteindre l'incendie de l'inflation sur les produits alimentaires à la veille de la mobilisation sur les retraites, le gouvernement a annoncé un "trimestre anti-inflation" ainsi qu'un chèque alimentaire qui devrait voir le jour en 2023.

L'opération commerciale qui, loin d'imposer aux grandes surfaces un panier anti-inflation piloté par le gouvernement, vise à offrir, dixit le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "le prix le plus bas possible" sur une sélection de "centaines" de produits. Leur choix sera opéré par les distributeurs, l'opération devant se dérouler du 15 mars au 15 juin.

Il en coûtera "plusieurs centaines de millions d'euros" à la grande distribution, selon le ministre qui a scellé l'accord lundi à Bercy en présence des principaux représentants du secteur (Carrefour, Intermarché, Système U, Casino, Aldi...), à l'exception notable du leader en termes de parts de marché, E.Leclerc.

Présent au même moment sur CNews, le médiatique président du comité stratégique de l'enseigne, Michel-Edouard Leclerc a critiqué une sélection de produits qui "donne l'impression qu'on se rattrape sur le reste".

Bruno Le Maire a annoncé par ailleurs "un chèque alimentaire pour les plus modestes", promesse de campagne d'Emmanuel Macron qu'il avait déjà évoquée en décembre 2020 devant la Convention citoyenne pour le climat.

Ce dispositif, initialement censé permettre aux plus modestes d'avoir accès à des produits alimentaires français de qualité "se fera sur une base territoriale, sans doute le département", a-t-il précisé, assurant qu'une "expérimentation sera lancée dans les tout prochains mois".

Certaines enseignes n'ont pas attendu pour lancer leurs propres opérations commerciales, destinées à attirer ou fidéliser leurs clients dans un contexte où les consommateurs sont à la recherche de petits prix ou de promotions.

Logo tricolore

L'enjeu politique est majeur pour le gouvernement qui planche depuis des mois avec le secteur pour tenter de maîtriser la flambée des prix alimentaires, évaluée à 14,5% en un an en février par l'Insee.

Initialement, le projet promu par la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire portait sur un "panier anti-inflation" qui aurait permis aux consommateurs de comparer les prix entre enseignes, mais la grande distribution avait freiné des quatre fers. Seule exception : Système U qui avait dégainé début février un panier de 150 produits et revendique lundi d'être "la seule du marché" à faire une opération à prix coûtant, c'est-à-dire en sacrifiant autant de marges que ce que la loi lui permet.

Désormais, le gouvernement indique seulement que les distributeurs s'engagent à facturer un assortiment de produits laissés à leur discrétion au "prix le plus bas possible" pour les consommateurs.

La formule, peu engageante, a été critiquée par l'association de consommateurs UFC-Que Choisir. "Aucune définition réglementaire" n'existe en la matière, a rappelé sur France Bleu lundi Olivier Andrault, chargé de mission agriculture/alimentation de cette association.

Ces produits seront identifiés par un logo tricolore "trimestre anti-inflation". Selon les distributeurs, ces opérations commerciales porteront principalement sur les produits de marques propres, c'est-à-dire ceux qui comme Reflets de France, Marque Repère, Marque U, sont propriétés des enseignes et n'entrent pas dans le cadre des négociations annuelles avec les industriels.

Réouverture des négociations

En échange de cet accord, les distributeurs ont obtenu de Bercy qu'à l'issue de ce "trimestre anti-inflation", les négociations commerciales avec les fournisseurs de l'agro-industrie, qui se sont achevées le 1er mars, soient relancées.

"Nous rouvrirons les négociations commerciales avec les grands industriels de façon à ce que la baisse des prix de gros que nous observons sur les marchés" puisse "se traduire" aussi en rayons, a expliqué le ministre de l'Economie.

Les négociations achevées dans la douleur le 1er mars ont abouti à une hausse moyenne de quelque 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels pour tenir compte de la hausse de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...), selon les deux camps.

Président de la principale organisation patronale de l'agroalimentaire, l'Ania, Jean-Philippe André a toutefois immédiatement prévenu que les industriels n'accepteraient de baisser leurs prix à l'issue d'un nouveau round de négociations que si leurs coûts de production baissent auparavant.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.