Raffineries, transports, enseignants... Le point sur les secteurs en grève

Des policiers protestent devant le poste de police de Roubaix, dans le nord de la France, le 7 mars 2023, au sixième jour des rassemblements nationaux organisés depuis le début de l'année contre la réforme des retraites du président français. (Photo Sameer Al-Doumy / AFP)
Des policiers protestent devant le poste de police de Roubaix, dans le nord de la France, le 7 mars 2023, au sixième jour des rassemblements nationaux organisés depuis le début de l'année contre la réforme des retraites du président français. (Photo Sameer Al-Doumy / AFP)
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Publié le Mardi 07 mars 2023

Raffineries, transports, enseignants... Le point sur les secteurs en grève

  • A la SNCF, la grève a commencé lundi à 19H00 et 80% des TGV Inoui et Ouigo sont annulés, ainsi que presque tous les Intercités
  • La SNCF et la RATP en Ile-de-France ont déjà annoncé qu'outre mardi, le trafic serait très perturbé également mercredi, tous les syndicats ayant appelé à des grèves reconductibles

PARIS: Plus aucun carburant ne sort des raffineries françaises depuis mardi, 80% des trains sont annulés, des écoles sont fermées... Avant d'éventuelles reconduction de la grève contre la réforme des retraites les prochains jours, voici le point des perturbations.

Des estimations des taux de grévistes seront communiquées dans la journée de mardi par les syndicats, les directions des grandes entreprises ou l'administration.

Transports

A la SNCF, la grève a commencé lundi à 19H00 et 80% des TGV Inoui et Ouigo sont annulés, ainsi que presque tous les Intercités, avec des liaisons internationales dégradées voire interrompues entre la France et l'Allemagne et la France et l'Espagne notamment.

En Ile-de-France, sur le réseau SNCF, un train sur trois circulait sur les RER A et B et sur les lignes ferroviaires H, K, U, un train sur cinq sur les RER C et D, ainsi que sur les lignes J, L, N, R, et un sur dix sur le RER E et la ligne P.

A Paris, sur le réseau RATP, deux métros sur trois en journée circulent sur la ligne 4. Le trafic sera normal sur les seules lignes 1 et 14 (automatisées). La ligne 6 est ouverte de 05H30 à 20H00 avec un train sur trois en moyenne, comme la ligne 12 - un train sur quatre en heures creuses. Les autres lignes ne sont elles ouvertes qu'aux heures de pointe (06h30-09h30 et 16h30-19h30) et sur certains tronçons.

A Lille, la plupart des bus ne circulaient pas. A Marseille les deux lignes de métro et une ligne de tram sur trois étaient fermées, avec 85% des bus affectés par la grève. A Nice, aucun tram ne circulera.

La SNCF et la RATP en Ile-de-France ont déjà annoncé qu'outre mardi, le trafic serait très perturbé également mercredi, tous les syndicats ayant appelé à des grèves reconductibles.

Dans les airs, la Direction générale de l'aviation civile a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols le mardi et le mercredi, de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

Air France prévoit d'assurer près de huit vols sur dix, dont la totalité de ses vols long- courriers, sans exclure "des retards et des annulations de dernière minute".

Des manifestants ont également commencé à bloquer dans la nuit de lundi à mardi un important axe routier de Rennes (Ille-et-Vilaine), la nationale 24.

Education

Plus de 60% des enseignants du premier degré devraient être grévistes mardi, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Pas de prévisions pour les collèges-lycées, les enseignants n'étant pas tenus de se déclarer 48 heures avant.

Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facultés. Energie et industrie

Les expéditions de carburants étaient bloquées mardi matin à la sortie de "toutes les raffineries" de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), a affirmé le syndicat CGT-Chimie. Il y a sept raffineries dans l'Hexagone.

Si ces blocages se poursuivaient, ils pourraient mener à l'arrêt des raffineries, qui n'auraient plus de place pour stocker le carburant produit sur place, et à des pénuries dans les stations comme en octobre dernier, même si les professionnels du pétrole estimait mardi ce scénario encore peu probable.

Dans le gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte la France ont été mis à l'arrêt pour "sept jours" lundi par les syndicats, et les sites français de stockage de gaz devraient être affectés aussi mardi.

Chez EDF, le mouvement a démarré vendredi après-midi à l'appel de la CGT. Les grévistes feront baisser la production d'électricité.

Lundi, la réduction a atteint 3.450 mégawatts (MW) dans les centrales nucléaires et 3.165 MW sur les centrales thermiques, soit l'équivalent de six réacteurs nucléaires, selon la CGT. A cela s'est ajoutée une baisse de puissance disponible des barrages de 3.600 MW lundi à 19H00, selon EDF.

Mardi, les assemblées générales pourraient décider localement d'une "reprise en main du

réseau", ce qui priverait le gestionnaire du réseau RTE de la possibilité de piloter les machines à distance, a indiqué à l'AFP la CGT-Energie, qui promet "une semaine noire".

Déchets

Les éboueurs sont appelés à la grève reconductible par la CGT.

A Paris, les poubelles n'ont pas été collectées dans quatre arrondissements lundi, et un des trois incinérateurs autour de la capitale, à Paris/Ivry, est bloqué depuis lundi par des agents de la ville (70 selon la préfecture de police), empêchant les déchets d'y être brûlés.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.