En Irak, les deux yachts de Saddam Hussein, vestiges de sa folie des grandeurs

A Bassora, Al-Mansour (Le victorieux, en arabe) s'est incliné.  (AFP).
A Bassora, Al-Mansour (Le victorieux, en arabe) s'est incliné. (AFP).
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

En Irak, les deux yachts de Saddam Hussein, vestiges de sa folie des grandeurs

  • En 2008, alors amarré à Nice, en France, le bateau s'était retrouvé au cœur d'une saga judiciaire.
  • Les autorités irakiennes en revendiquaient la propriété après avoir découvert sa mise en vente pour près de 35 millions de dollars par une société basée aux Iles Caïman

BASSORA: L'un gît échoué sur son flanc au milieu d'un fleuve, l'autre accueille désormais des visiteurs. Dans le sud de l'Irak, deux yachts témoignent de la folie des grandeurs de Saddam Hussein, renversé il y a 20 ans par une invasion américaine.

A Bassora, Al-Mansour (Le victorieux, en arabe) s'est incliné. Après avoir été touché par les frappes américaines en mars 2003, le bateau de 120 m de long a finalement pris l'eau.

A quelques centaines de mètres, Basrah Breeze, a lui été épargné. Amarré à un quai du Chatt al-Arab, fleuve où se mêlent les eaux du Tigre et de l'Euphrate, ce deuxième yacht de l'ancien dictateur irakien est en partie ouvert aux curieux depuis janvier.

A bord, le temps s'est figé.

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"Ce qui me plaît, c'est l'équipement ancien, le fax et les vieux téléphones dans la salle des commandes", raconte à l'AFP l'universitaire Abbas al-Maliki. "

Dans un salon, un fauteuil de barbier attend le client. Dans la suite présidentielle aux tons crèmes et dorés, un lit king size dominé par un baldaquin fait ménage avec des fauteuils imitant le style XVIIIe. Dans les salles de bains, la robinetterie est en or.

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Dans la suite présidentielle aux tons crèmes et dorés, un lit king size dominé par un baldaquin fait ménage avec des fauteuils imitant le style XVIIIe. (AFP).

Rien de trop clinquant pour l'ancien président qui a dirigé l'Irak d'une main de fer de 1979 à 2003 et était connu pour son amour du luxe ostentatoire.

Surprise: Saddam Hussein n'a jamais navigué sur le Basrah Breeze. Et le luxueux bateau s'est trouvé une deuxième vocation. Il est rattaché au centre de recherches en sciences maritimes de l'université de Bassora.

"Tous ceux qui viennent sont médusés par le luxe du yacht", reconnaît Sajjad Kadhim, enseignant au centre.

« Gaspillage »

Long de 82 mètres, conçu par un chantier naval danois, le yacht livré au dictateur en 1981 peut embarquer près de 30 passagers et un équipage de 35 personnes.

Il y a 13 chambres, trois salles de réunion, une hélisurface, sans oublier un couloir secret menant à un sous-marin... pour s'enfuir en cas de danger, comme l'explique un panneau d'information.

"Tandis que le peuple irakien vivait les horreurs des guerres et un embargo, Saddam possédait un tel navire", déplore M. Kadhim, 48 ans, fustigeant le "gaspillage de l'ancien régime".

Craignant les répercussions de la guerre Iran-Irak durant la décennie 1980, le dictateur l'avait cédé à la famille royale saoudienne, avant qu'il ne finisse en Jordanie, rappelle M. Kadhim.

En 2008, alors amarré à Nice, en France, le bateau s'était retrouvé au cœur d'une saga judiciaire.

Les autorités irakiennes en revendiquaient la propriété après avoir découvert sa mise en vente pour près de 35 millions de dollars par une société basée aux Iles Caïman.

Le gouvernement irakien a finalement obtenu gain de cause. Mais n'arrivant pas à le vendre, il a finalement décidé en 2009 de le rapatrier à Bassora.

"Ce qui me plaît, c'est l'équipement ancien, le fax et les vieux téléphones dans la salle des commandes", raconte à l'AFP l'universitaire Abbas al-Maliki. "Ca m'a rappelé l'ère d'avant internet", ajoute ce visiteur.

Quant au second yacht, Al-Mansour, il est toujours à moitié immergé, sa carcasse rouillée dépassant des eaux du Chatt al-Arab.

« Protéger des bombardements »

Pesant plus de 7.000 tonnes, Al-Mansour a été assemblé en Finlande et livré en 1983, selon le site du concepteur danois Knud E. Hansen. Il pouvait accueillir 32 passagers et un équipage de 65 personnes.

Amarré dans le Golfe juste avant l'offensive de 2003, Saddam l'avait fait remonter le long du Chatt al-Arab "pour le protéger des bombardements des avions américains", raconte l'ingénieur maritime Ali Mohamed. "Ce fut un échec".

En mars 2003 "plusieurs raids ont été menés contre le yacht sur plusieurs jours. Il a été bombardé au moins à trois reprises, mais il n'a jamais coulé", raconte Qahtan al-Obeid, autrefois responsable du Patrimoine à Bassora.

Sur des photos prises par l'AFP en 2003, on peut voir Al-Mansour encore sur l'eau, les étages supérieurs ravagés par un incendie provoqué par les bombardements. Mais en juin 2003, le bateau penche déjà dangereusement.

Le navire a basculé "quand les moteurs ont été volés. Cela a créé des ouvertures et l'eau s'est engouffrée, provoquant un déséquilibre", explique M. Obeid.

Dans un pays déchiré par des décennies de guerre, les autorités ont lancé une campagne pour sortir les épaves de bateaux plus petits échoués dans le Chatt al-Arab.

Mais Al-Mansour "est un très grand bateau, il doit être découpé puis retiré", explique M. Obeid. "Ce sera coûteux et difficile".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.