Violences policières: les policiers en garde à vue, l'exécutif dans la tourmente

Agé de 41 ans, Michel Zecler, victime de violences policières est bien connu dans le milieu du hip-hop, ayant été notamment un des producteurs dès 2016 de la tournée "L'âge d'or du rap français" (Photo, AFP).
Agé de 41 ans, Michel Zecler, victime de violences policières est bien connu dans le milieu du hip-hop, ayant été notamment un des producteurs dès 2016 de la tournée "L'âge d'or du rap français" (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 28 novembre 2020

Violences policières: les policiers en garde à vue, l'exécutif dans la tourmente

  • La victime, Michel Zecler avait affirmé à la presse que les policiers l'avaient insulté et traité de «sale nègre»
  • Emmanuel Macron est entré dans l'arène vendredi. Dénonçant des images «qui nous font honte»

PARIS: Quatre policiers ont été placés vendredi en garde à vue après le passage à tabac à Paris d'un producteur de musique noir qui a déclenché une vague d'indignation dans le pays, précipité l'exécutif dans la tourmente et mis le feu au sein même de la majorité.

Ouverte mardi avant la diffusion des images des faits, accablantes, l'enquête judiciaire vise les fonctionnaires pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique","faux en écriture publique"  mais aussi, a précisé le parquet, pour des faits de "racisme".

Dès jeudi, la victime, Michel Zecler avait affirmé à la presse que les policiers l'avaient insulté et traité de "sale nègre" en le rouant de coups.

Jusqu'à présent silencieux, Emmanuel Macron est entré dans l'arène vendredi. Dénonçant des images "qui nous font honte", le chef de l'Etat a demandé "une police exemplaire" et réclamé au gouvernement des "propositions" pour "lutter contre les discriminations".

Cette demande est quasiment identique à celle faite en juin dernier à Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur. Mais en promettant la "tolérance zéro" à l'égard des forces de l'ordre en cas de "soupçons avérés" de racisme et/ou de violences, M. Castaner avait déclenché une violente fronde des policiers. Cela lui avait coûté son poste place Beauvau où il avait été remplacé par Gérald Darmanin.

Toute la journée, l'onde choc a continué à se propager.

Après les sportifs jeudi, des artistes, comme Aya Nakamura ou Mathieu Kassovitz ont apporté leur soutien au producteur. "Agressé chez lui par la police parce qu'il est noir. Il faut appeler un chat un chat !", s'est indigné le rappeur Stomy Bugsy.

Agé de 41 ans, Michel Zecler est bien connu dans le milieu du hip-hop, ayant été notamment un des producteurs dès 2016 de la tournée "L'âge d'or du rap français".

Garde à vue

Les quatre agents mis en cause ont été placés vendredi en garde à vue dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices".

Dès jeudi, ils avaient été suspendus de leurs fonctions et le ministre de l'Intérieur avait assuré qu'il demanderait leur "révocation" dès leur culpabilité établie par la justice.

Diffusée sur les réseaux sociaux par le site Loopsider, une première vidéo, vue plus de 11 millions de fois, montre Michel Zecler, tabassé pendant de longues minutes par des fonctionnaires de police, certains en uniforme, au moins un en en civil, dans l'entrée de son studio de musique parisien.

Une deuxième vidéo, révélée vendredi par le même site, montre le producteur, frappé à l'extérieur du bâtiment, devant d'autres policiers arrivés en renfort qui ont laissé faire leurs collègues.

Refusant de laisser croire que l'ensemble de la police était violente, David Le Bars (syndicat des commissaires de police), a souhaité sur CNews "que la justice agisse vite".

Cette nouvelle bavure intervient dans un climat politique chauffé à blanc par la controverse née du texte "sécurité globale", restreignant avec son article 24 la diffusion des images des forces de l'ordre en opération, et l'évacuation musclée, déjà documentée en vidéo, d'un camp illégal de migrants lundi soir à Paris.

A la recherche de solutions

Secoués jusqu'à leur sommet, l'exécutif et toute l'institution policière cherchaient vendredi dans l'urgence une porte de sortie, à la veille de nouvelles manifestations annoncées samedi contre le texte "sécurité globale" dans un climat déjà tendu par la crise sanitaire et sociale.

En guise de solutions, David Le Bars a suggéré de "généraliser" au plus vite "les caméras piétons" portées par les policiers. Une mesure promise par M. Darmanin pour 2021.

Il a également proposé que le numéro Rio d'identification des membres des forces de l'ordre et de leur unité, figure en "énorme" sur leurs uniformes afin de les identifier plus rapidement en cas de violences.

"Il ne faut pas que le ministre de l'Intérieur soit le premier flic de France", a dit en outre étonnamment M. Le Bars, alors qu'en juin dernier, les organisations syndicales avaient reproché au prédécesseur de M. Darmanin, Christophe Castaner, de ne pas assez les soutenir.

Dès son arrivée, Gérald Darmanin s'est affiché en premier soutien de ses troupes pour retisser les liens, au point d'être vite accusé par ses détracteurs "d'être pro-policiers" voire et "à la solde des syndicats".

La consternation était générale vendredi dans les rangs de la police:  "Ce n'est pas ça notre police, ma police, la police républicaine (...) c'est indéfendable (...) Cela jette l'opprobre sur toute une institution" (Yves Lefebvre, Unité SGP police). "Même si les images choquent, il ne faut pas que cela soit un prétexte pour dénigrer l'ensemble de l'institution policière" (Fabien Vanhelmelryck, Alliance).

Tout à sa volonté d'apaiser les tensions, l'exécutif a toutefois mis le feu à sa majorité en décidant de faire réécrire par une commission indépendante le très controversé article 24. Et cela alors même que l'Assemblée nationale a adopté mardi l'ensemble du texte, qui doit être examiné par le Sénat.

La décision du Premier ministre Jean Castex a été vivement rejetée par le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, et son collègue du Sénat Gérard Larcher.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.