Retraites: Grève des éboueurs reconduite à Paris, réquisition demandée par Darmanin

Des tas d'ordures s'accumulent devant un supermarché à Paris le 14 mars 2023 (Photo, AFP).
Des tas d'ordures s'accumulent devant un supermarché à Paris le 14 mars 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

Retraites: Grève des éboueurs reconduite à Paris, réquisition demandée par Darmanin

  • Quelque 7000 tonnes d'ordures non ramassées ont été dénombrées au neuvième jour de grève
  • «Notre métier n’est pas seulement pénible, il est dangereux et insalubre»

PARIS: "Au moins jusqu’au 20 mars": les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris, qui contestent le projet de réforme des retraites, ont voté mardi la poursuite de leur grève dans la capitale où les déchets s'entassent sur les trottoirs.

En milieu de soirée, en raison des "conditions sanitaires" régnant à Paris, Gérald Darmanin a donné instruction au préfet de police de Paris, Laurent Nunez, de demander à la mairie de "réquisitionner" des moyens afin d'évacuer les ordures.

Quelque 7.000 tonnes d'ordures non ramassées ont été dénombrées au neuvième jour de grève, selon le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, qui déplore lui une "situation catastrophique créée par le gouvernement".

Si la mairie ne donne pas suite à la demande de réquisition, "l'État se substituera", a avancé l'entourage du ministre de l'Intérieur. Ce qui signifie que l'État réquisitionnera des moyens pour collecter et évacuer les déchets.

Place Beauvau, on a évoqué en outre le courrier adressé au ministre par la maire LR du VIIe arrondissement de Paris, Rachida Dati, pour qu'il intervienne. Un épisode qui survient à un moment où la majorité présidentielle a besoin du soutien des parlementaires LR pour l'adoption de sa réforme des retraites qu'elle espère pour jeudi.

Mardi, le blocage de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, au sud de Paris, se prolongeait et les grévistes s’organisaient pour tenir les piquets de grève la nuit.  "On bloque, mais on ne fait pas n’importe quoi", dit Julien Lejeune, 44 ans, agent de la mairie de Paris chargé des eaux usées et délégué CGT. "On fait des tours de garde, on surveille qu’il n’y a pas de détérioration du matériel ni d'intrusion".

L'incinérateur d'Ivry - le plus grand d'Europe avec près de 700.000 tonnes de déchets traités chaque année et géré par l'opérateur public Syctom - est depuis le 6 mars à l’arrêt, tout comme celui d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), également en grève. Celui de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) est en maintenance.

Les grévistes disent se sentir "soutenus par la majorité de la population". "On voit que l’opinion publique est de notre côté, ça fait plaisir", dit Guillaume Konrad, 38 ans, chef de la permanence des égouts de Paris. "Même la police est passée hier (lundi) pour nous encourager", assure-t-il.

A Paris, capitale du tourisme mondial, on prend en photo les murs de poubelles

Un selfie devant une montagne de poubelles, des amas de détritus près des monuments iconiques de Paris. Dans la ville la plus visitée au monde, la grève du ramassage des ordures décidée pour faire barrage à une impopulaire réforme des retraites s'invite dans les déambulations des touristes.

Sur le bords de la Seine longeant la cathédrale Notre-Dame, des tas d'immondices obstruent la vue.

Pour s'imprégner de la célèbre cathédrale construite entre le XIIe et le XIVe siècle au cœur de la capitale française, fortement endommagée en 2019 par un incendie, il faut faire abstraction des déchets.

Les visiteurs souhaitant contempler la tour Eiffel depuis l'impressionnante esplanade du Trocadéro, lorsqu'ils sortent du métro, longent un mur de sacs plastiques noirs. Dans l'hypercentre, des venelles autrefois romantiques sont constellées de cartons, cagettes, parfois de nourriture avariée.

Que les mécontents "s’adressent (au président) Emmanuel Macron pour qu'il abandonne sa réforme", assène Régis Vieceli, secrétaire général CGT de la FTDNEEA (Filière traitement, déchets, nettoiement, eau, égouts et assainissement) de Paris.

Le mouvement affecte aussi certaines villes de province. A Rennes, la grève a démarré lundi et la collecte n’a pu être effectuée mardi, selon le groupe Suez, qui en est chargé. La collecte est également perturbée à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Des actions ont également perturbé le ramassage des déchets à Nantes, ainsi qu'en Seine-Maritime. Mardi matin, "une centaine de manifestants ont bloqué les camions" au centre de traitement des déchets de la Métropole de Rouen, a assuré Gérald Le Corre de l'union départementale CGT.

Un métier «insalubre»

La mairie de Paris, dont les agents gèrent le ramassage des ordures ménagères dans la moitié des arrondissements, se dit "solidaire" du mouvement social. Une position attaquée par le gouvernement.

Mardi, le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré sur France 2 attendre de la maire de Paris "qu'elle prenne des mesures concrètes comme la mutualisation du ramassage et du stockage entre arrondissements, voire la réquisition".

"La réquisition consiste à obliger des grévistes à venir faire leur travail: c'est une compétence de l'État sur un problème créé par l'État", leur a répondu dans l'après-midi Emmanuel Grégoire.

La Ville "met en place des mesures palliatives" et "c'est plus que le service minimum" qui est assuré avec 23.000 tonnes ramassées sur 30.000 en dix jours, a-t-il dit, reconnaissant avoir recours à des agents privés "sur des urgences absolues".

Dans le XVe arrondissement de Paris, l'opérateur privé Pizzorno, dont le garage dans le Val-de-Marne est bloqué par des étudiants et militants depuis plusieurs jours, a fait appel à des bennes de banlieue et de province pour procéder à la collecte, a assuré à l'AFP le maire LR de l'arrondissement, Philippe Goujon.

"On vient du Var (Draguignan) et on est venu en renfort pour la grève", a ainsi déclaré à l'AFPTV à Paris un éboueur pour Pizzorno, Mourad Nacer.

Si la réforme est votée, éboueurs et agents d'assainissement devraient partir à la retraite à 59 ans au lieu de 57 actuellement. Un allongement de la durée de travail "impensable" pour les grévistes qui avancent une "surmortalité" dans leurs professions et une espérance de vie très raccourcie par rapport à d'autres métiers.

"Notre métier n’est pas seulement pénible, il est dangereux et insalubre", fait valoir Julien Lejeune.

"On fait des roulements pour conserver un minimum de salaire, on travaille au ralenti, comme ça on ne casse pas la grève", explique anonymement Eric, 54 ans, éboueur dans le XVIe arrondissement, qui dit gagner moins de 1.900 euros brut par mois mais se dit "prêt à perdre des jours de salaire pour gagner ce combat".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».