Réforme des retraites en France: Macron veut un vote à l'Assemblée

Des personnes participent à une manifestation lors d'une 8e journée de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement à Montpellier le 15 mars 2023. (Photo, AFP)
Des personnes participent à une manifestation lors d'une 8e journée de grèves et de manifestations à travers le pays contre le projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement à Montpellier le 15 mars 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 16 mars 2023

Réforme des retraites en France: Macron veut un vote à l'Assemblée

  • Depuis le 19 janvier, des millions de Français ont déjà manifesté à sept reprises pour dire leur refus de cette réforme
  • Le gouvernement français a choisi de relever l'âge légal de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population

PARIS: Le président Emmanuel Macron a fait savoir mercredi soir qu'il "souhaite aller au vote" jeudi à l'Assemblée nationale sur sa réforme contestée des retraites, après une huitième journée de manifestations et de grèves en France.

M. Macron "souhaite aller au vote" jeudi à l'Assemblée nationale, a déclaré l'Elysée mercredi soir à l'issue d'une réunion du chef de l'Etat avec la Première ministre Elisabeth Borne et des ministres.

"Nous devons mobiliser tous les parlementaires dans un esprit de responsabilité", "les consultations se poursuivent demain pour continuer la mobilisation", a-t-on dit dans l'entourage du président à la veille de ce vote décisif et encore incertain quant à l'existence d'une majorité en faveur de la réforme.

Le président n'envisage pas "à ce stade" de la faire adopter par un 49.3, l'article de la constitution qui permet d'adopter un texte sans vote, a-t-on appris de sources concordantes dans le camp présidentiel.

Députés et sénateurs ont trouvé un accord mercredi sur une version commune du projet contesté, avec la mesure la plus décriée, le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.

Jeudi, ce texte sera soumis au vote du Sénat, où la majorité de droite et centriste devrait sans surprise l'approuver, puis à l'Assemblée nationale, où le camp présidentiel ne dispose pas de la majorité absolue.

Là, le vote est incertain: si le parti de droite Les Républicains dit vouloir adopter la réforme, de nombreux frondeurs dans ses rangs entretiennent le suspense.

"Je dis aux parlementaires, ne votez pas cette loi, elle est déconnectée de la réalité concrète du travail", a lancé mercredi Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste CFDT.

L'intersyndicale "appelle solennellement les parlementaires à voter contre le projet de loi". Les huit principaux syndicats français tiendront une conférence de presse devant l'Assemblée nationale jeudi pour tenter de peser une ultime fois sur le vote.

Depuis le 19 janvier, des millions de Français ont déjà manifesté pour dire leur refus de cette réforme, mercredi ayant été la 8e journée de mobilisation.

Le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans cristallise la colère. Les opposants à cette réforme la juge "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.

Le gouvernement français a choisi de relever l'âge légal de départ à la retraite pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.

La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables.

Manifestants moins nombreux

Un total de 480 000 personnes ont défilé mercredi en France, dont 37 000 à Paris, contre la réforme des retraites à l'appel des syndicats, selon un comptage du ministère de l'Intérieur.

Pour cette 8e journée de mobilisation, le syndicat CGT a dénombré 1,78 million de manifestants. Samedi dernier, 368 000 personnes avaient défilé en France, selon le ministère de l'Intérieur, dont 48 000 à Paris.

Interpellation d'une femme qui avait agressé un pompier à Paris

La police a interpellé mercredi à Paris en fin de manifestation contre la réforme des retraites une femme connue pour avoir agressé un pompier lors d'un rassemblement dans la capitale le 1er mai 2022, a-t-on appris de source policière.

Le 1er mai 2022, un casque de "street médic" - ces bénévoles qui prodiguent des soins aux blessés lors de manifestations- sur la tête, elle avait agressé un sapeur-pompier en intervention.

Cette agression avait été largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Interpellée rapidement, cette femme, présentée comme faisant partie de la mouvance d'extrême gauche, avait été condamnée le 1er juin 2022 à dix mois de prison ferme et à une interdiction de venir dans la capitale pendant un an.

Mardi 7 mars à Paris lors de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites, elle était apparue sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux non loin du lieu où une voiture de SOS Médecins avait été dégradée, a-t-on rapporté de source policière.

Mercredi, les forces de l'ordre l'ont repérée de nouveau dans la capitale et l'ont interpellée en fin de manifestation place d'Italie, a-t-on ajouté de même source, en rappelant qu'elle était toujours sous le coup d'une interdiction de paraître à Paris.

Déchets amoncelés dans Paris

Au dixième jour de grèves des éboueurs opposés à cette réforme dans les rues de Paris, l'amoncellement des poubelles dans cette capitale mondiale du tourisme s'est encore aggravée, avec plus de 7 600 tonnes de déchets encombrant les trottoirs, selon la mairie.

Les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont voté mardi soir la poursuite de la grève "au moins jusqu'au 20 mars".

En réaction, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a informé mercredi soir la maire socialiste Anne Hidalgo de sa décision de réquisitionner des agents pour évacuer les poubelles, a-t-on appris dans son entourage.

Outre le ramassage des déchets dans plusieurs villes de France, les grèves reconductibles se poursuivent dans plusieurs secteurs clés.

Les grévistes du syndicat CGT Energie ont ainsi menacé de faire baisser la pression dans les réseaux de gaz, sans quoi les grévistes s'en chargeront, ce qui pourrait priver de gaz des centrales et certains clients industriels.

Les salariés de quatre terminaux méthaniers français et de 11 sites de stockage ont reconduit leur grève jusqu'au début de la semaine prochaine.

Plusieurs raffineries étaient toujours en grève et les transports ferroviaires et aériens restaient perturbés.

Le président Macron joue une part importante de son crédit politique sur cette réforme, mesure phare de son second quinquennat et symbole de sa volonté affichée de réformer, mais qui cristallise la grogne d'une partie des Français à son encontre.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.