Boko Haram vs Etat islamique: au Nigeria, guerre entre djihadistes pour la suprématie

Des soldats nigérians se tiennent prêts au quartier général du 120e bataillon à Goniri, dans l'État de Yobe, dans le nord-est agité du Nigéria, le 3 juillet 2019. (AFP)
Des soldats nigérians se tiennent prêts au quartier général du 120e bataillon à Goniri, dans l'État de Yobe, dans le nord-est agité du Nigéria, le 3 juillet 2019. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 mars 2023

Boko Haram vs Etat islamique: au Nigeria, guerre entre djihadistes pour la suprématie

  • Rivaux de longue date, les deux groupes ont d'abord commencé à s'affronter en raison de différends idéologiques s'opposant aux meurtres de musulmans
  • Cette rivalité s'est depuis transformée en guerre pour la suprématie autour et dans le bassin du lac Tchad, où chacun exerce son influence

KANO: Les deux principaux groupes djihadistes au Nigeria s'affrontent ces dernières semaines dans des combats meurtriers d'une rare intensité pour la suprématie longtemps convoitée dans leur fief du nord-est, selon des sources de sécurité et des habitants.

Une insurrection jihadiste sévit depuis quatorze ans dans l'Etat du Borno, où les groupes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) contrôlent des pans du territoire et multiplient les attaques, un défi de taille pour le nouveau président élu Bola Tinubu.

Rivaux de longue date, les deux groupes ont d'abord commencé à s'affronter en raison de différends idéologiques, l'Iswap -né en 2016 d'une scission au sein de Boko Haram- s'opposant aux meurtres de musulmans.

Cette rivalité s'est depuis transformée en guerre pour la suprématie autour et dans le bassin du lac Tchad, où chacun exerce son influence. Ces dernières semaines, les combats ont redoublé d'intensité, faisant des centaines de morts, notamment dans les villages de Gerere et Juma'a Toro, près de la frontière avec le Niger.

"On est au courant des combats qui se déroulent entre les terroristes, ce qui est une bonne chose pour nous, donc on observe et on garde un œil sur la façon dont cela se développe", explique à l'AFP une source dans le renseignement nigérian.

"Il est difficile de donner un bilan des deux côtés mais les chiffres sont énormes. On parle de plus de 200 morts, rien qu'à Juma'a Toro", poursuit cette source sous le couvert de l'anonymat.

Des pêcheurs sur les îlots du lac Tchad disent entendre des détonations et tirs nourris en provenance des villages de Gerere et Juma'a Toro.

"Les combats sont très intenses. On entend de grosses explosions (...), surtout la nuit", affirme l'un d'eux à l'AFP, Abubakar Alka.

"D'après les bribes (d'informations) que nous recevons, les combats pourraient durer un certain temps car Boko Haram apporte davantage d'armes depuis son enclave du côté nigérien du lac", ajoute M. Alka.

Marche ou crève 

Le bassin du lac Tchad, qui étire ses rives entre le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad, est une vaste étendue d'eau, d'îlots et de marécages où Boko Haram et l'Iswap ont installé des repaires.

Les récents affrontements ont débuté le 19 février dernier quand des combattants de Boko Haram ont pris d'assaut des camps de l'Iswap à Tumbun Gini et Kayowa, selon un autre pêcheur au fait des activités des groupes jihadistes.

Abubakar Kannai, un haut commandant de Boko Haram aidé de deux de ses lieutenants, a lancé l'assaut sur deux îlots contrôlés par l'Iswap, s'introduisant dans une prison et libérant plusieurs détenus et otages, selon cette source.

"Les affrontements ont duré de l'aube jusqu'à 17h00 et ont forcé l'Iswap à abandonné les deux camps", déclare ce pêcheur qui a requis l'anonymat.

Les hommes de Boko Haram ont "promis de récupérer tous les îlots qui, selon eux, leur appartenaient avant d'être pris par l'Iswap", a-t-il dit.

En représailles, l'Iswap a lancé des attaques sur les camps de Boko Haram près de la forêt de Sambisa, repaire connu des jihadistes, tuant plusieurs personnes, selon Ibrahim Liman, un chef de milice locale.

Le 24 février, veille de l'élection présidentielle, des combattants de Boko Haram ont à leur tour pris la fuite, entraînant la reddition de centaines d'entre eux et de leurs familles, a déclaré M. Liman.

L'armée nigérienne a annoncé avoir tué la semaine dernière "une trentaine de terroristes" de Boko Haram et interpellé 960 autres personnes, dont des femmes et des enfants, ayant fui le Nigeria voisin.

L'Iswap est devenu le groupe dominant dans la région après avoir tué en mai 2021 le chef historique de Boko Haram, Abubakar Shekau. Par peur d'être exécutés, certains combattants de Boko Haram ont rejoint l'Iswap. Les autres se sont rendus ou ont pris la fuite.

Bola Tinubu, élu fin février président du pays le plus peuplé d'Afrique, a promis le recrutement massif de soldats et policiers. Mais les experts craignent que sans nouvelle stratégie et réforme des forces de sécurité, l'"impasse" dans le nord-est perdure.

Depuis le début de la rébellion de Boko Haram en 2009, le conflit a fait plus de 40 000 morts et deux millions de déplacés, selon l'ONU.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.