Istanbul dans la hantise du «Big One»

 Salih Dogru, 12 ans, et son cousin Eren Dogru, 14 ans, visitent les tombes des victimes du tremblement de terre au cimetière de Cankaya, où ils se sont installés après la secousse du 6 février qui a frappé la Syrie et la Turquie (AFP).
Salih Dogru, 12 ans, et son cousin Eren Dogru, 14 ans, visitent les tombes des victimes du tremblement de terre au cimetière de Cankaya, où ils se sont installés après la secousse du 6 février qui a frappé la Syrie et la Turquie (AFP).
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Istanbul dans la hantise du «Big One»

  • La secousse du 6 février s'est produite à 800 km de là, sur une faille éloignée, mais les images des villes éventrées ont créé une psychose à Istanbul
  • «Il y a une forte demande pour les quartiers nord d'Istanbul, plus éloignés de la ligne de faille, et pour les maisons individuelles», explique Mehmet Erkek, directeur d’une plateforme d'annonces immobilières

ISTANBUL : L'ingénieur, casque blanc et gilet bleu, ausculte le béton. Dans deux jours, les résidents de ce modeste immeuble du district de Bagcilar, à Istanbul, sauront si leurs murs risquent de s'effondrer au premier séisme.

«J'ai plutôt confiance mais mes enfants ne sont pas convaincus, alors nous faisons faire ce test», confie Durmus Uygun, propriétaire d'un appartement situé au quatrième étage du bâtiment.

«S'il est positif, nous pourrons vivre en paix. Mais qui sait où nous nous trouverons au moment du séisme? On sera peut-être au supermarché ou sur notre lieu de travail, c'est ce qui nous fait peur», lâche le quinquagénaire coiffé d'un béret noir.

Depuis le tremblement de terre de magnitude 7,8 du 6 février, qui a fait plus de 48.000 morts en Turquie et dévasté des régions entières, plus de 140.000 habitants ont contacté la municipalité d'Istanbul afin que leur immeuble soit testé.

Cinquante équipes d'ingénieurs parcourent la mégapole, mesurant la qualité du béton et le diamètre des fers à béton. Si le risque est jugé «très élevé», les immeubles peuvent être condamnés à la démolition.

La secousse du 6 février s'est produite à 800 km de là, sur une faille éloignée, mais les images des villes éventrées ont créé une psychose à Istanbul, où près de 100.000 immeubles s'effondreront ou seront gravement endommagés en cas de séisme de magnitude 7,5, de l'aveu même de la municipalité.

- «Tout ce qui peut sauver» -

Certains quartiers du sud de la ville ne sont situés qu'à 15 km de la faille nord-anatolienne, et des sismologues ont calculé à 47% la probabilité qu'un séisme d'une magnitude supérieure à 7,3 se produise près d'Istanbul dans les trente ans.

A deux pâtés de maisons de l'immeuble de Durmus Uygun, dans ce quartier déshérité et densément peuplé de la rive européenne d'Istanbul, Ali Nezir, quincailler, vend depuis un mois des sifflets aux habitants qui craignent de se retrouver un jour sous les décombres.

«Les gens ont peur», dit l'homme, dans sa petite boutique située sous 12 étages de béton.

Des habitants ont commencé à stocker biscuits et bouteilles d'eau au pied de leur lit. D'autres, comme Durmus Uygun, se sont constitués des sacs d'urgence contenant de quoi survivre en attendant les secours.

Ugur Erisoglu, grossiste stambouliote, vend pour 200 livres turques (10 euros) de petits sacs rouges conçus spécialement pour les séismes contenant lampes, couvertures de survie, kits d'urgence et minerves, «tout ce qui peut sauver».

Ses ventes ont explosé: «Nous en vendions 1.000 par mois. Depuis le séisme nous avons reçu 15.000 commandes, dont 8.000 pour Istanbul».

- «Etat d'alerte» -

La peur du «Big One», parfois ancrée de longue date chez les habitants ayant vécu le séisme d'août 1999, qui a fait plus de 17.000 morts dans le nord-ouest de la Turquie dont un millier à Istanbul, conduit certains habitants à vouloir déménager.

«Il y a une forte demande pour les quartiers nord d'Istanbul, plus éloignés de la ligne de faille, et pour les maisons individuelles», explique Mehmet Erkek, directeur général de Zingat, une plateforme d'annonces immobilières.

Les recherches ont aussi explosé pour des villes comme Edirne et Kirklareli, situées à 200 km environ au nord-ouest d'Istanbul, à distance des potentielles secousses.

Nil Akat, psychologue clinicienne, reçoit elle aussi des patients «qui font des plans très concrets pour déménager d'Istanbul».

«Beaucoup ne se sentent plus en sécurité chez eux. Ils sont en état d'alerte, toujours sur le qui-vive. Dans la rue, ils choisissent le bon trottoir au cas où un immeuble s'écroulerait».

La psychologue en a parlé avec des confrères: «Une partie (de nos patients) n'arrivent plus à penser de manière rationnelle».

Pour elle, cette peur peut s'emparer de «tout le monde». «Il n'y a pas d'âge, pas de classe sociale.»

Çisel Aktimur songeait depuis longtemps à quitter Istanbul, mais le séisme du 6 février a transformé cette envie en «priorité».

La trentenaire, qui vit au 12e étage d'une tour, possède une vue imprenable sur une partie de la ville.

Elle préfère ne pas imaginer les scènes de dévastation dont elle serait la spectatrice en cas de séisme d'ampleur: «Même si rien n'arrive à mon immeuble, je ne pourrai sans doute pas supporter ce que je verrai»


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.