UE: le pari de prix de l'électricité plus prévisibles pour financer la transition énergétique

Le plan ne modifie pas le fonctionnement du marché de gros de l'électricité, où les prix quotidiens sont déterminés par le coût de la dernière centrale utilisée pour équilibrer le réseau, principalement des centrales à gaz — les prix flambant donc à l'unisson des cours du gaz. (AFP)
Le plan ne modifie pas le fonctionnement du marché de gros de l'électricité, où les prix quotidiens sont déterminés par le coût de la dernière centrale utilisée pour équilibrer le réseau, principalement des centrales à gaz — les prix flambant donc à l'unisson des cours du gaz. (AFP)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

UE: le pari de prix de l'électricité plus prévisibles pour financer la transition énergétique

  • Bruxelles veut favoriser les contrats d'achat d'électricité à prix fixe entre producteur et consommateur, en enjoignant aux États d'apporter des garanties aux souscripteurs
  • La réforme entend amortir l'impact sur les revenus des producteurs et les tarifs des consommateurs, en les "lissant" par un recours accru aux contrats de long terme

BRUXELLES: La réforme du marché de l'électricité proposée par la Commission européenne garantirait des prix plus prévisibles aux producteurs et aux consommateurs, aidant à financer la transition énergétique, mais ne ferait pas disparaître la volatilité due aux hydrocarbures ni chuter immédiatement les factures, soulignent les acteurs du secteur.

La fin des flambées des cours?

Le plan ne modifie pas le fonctionnement du marché de gros de l'électricité, où les prix quotidiens sont déterminés par le coût de la dernière centrale utilisée pour équilibrer le réseau, principalement des centrales à gaz — les prix flambant donc à l'unisson des cours du gaz.

"Les signaux de prix sur ce marché ne changent pas (...) Ce système fonctionne très bien" et reste indispensable pour répondre aux pics de demande à l'échelle du continent, souligne Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie du gestionnaire du réseau français RTE.

Faute d'empêcher la volatilité de court terme, la réforme entend amortir l'impact sur les revenus des producteurs et les tarifs des consommateurs, en les "lissant" par un recours accru aux contrats de long terme.

Les consommateurs pourraient profiter davantage des coûts bas des renouvelables et du nucléaire, et la garantie de revenus prévisibles encouragerait les investissements dans ces énergies décarbonées, réduisant progressivement l'influence du gaz sur les prix.

"La proposition est ciblée et équilibrée", établissant des instruments à long terme, "pièce manquante du système" mais sans abandonner "une approche axée sur le marché", se félicite Kristian Ruby, patron de la fédération de l'industrie électrique Eurelectric.

Des prix bas garantis aux consommateurs?

Bruxelles veut favoriser les contrats d'achat d'électricité à prix fixe entre producteur et consommateur, en enjoignant aux États d'apporter des garanties aux souscripteurs.

Les fournisseurs d'électricité au détail devraient se couvrir avec ces contrats long terme "pour atténuer leur surexposition à la volatilité": contrainte dénoncée par les intéressés, mais qui "contribuerait à stabiliser les prix pour les consommateurs", salue Monique Goyens, du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC).

Forcés de proposer aux clients des offres à prix fixe, les fournisseurs "seraient empêchés d'augmenter unilatéralement le prix des contrats", ajoute-t-elle.

Les entreprises énergivores pourraient "bénéficier de prix prévisibles sur dix ou quinze années", applaudit l'Union française des industries utilisatrices d'énergies (agroalimentaire, verre, métaux...).

Mais cela reste "insuffisant", tempère Axel Eggert, du lobby de la sidérurgie Eurofer: les contrats long terme ne sont pas déconnectés du marché court terme et "incapables d'apporter efficacement une solution structurelle" face à l'"urgence" de dégonfler des prix européens trop élevés, s'alarme-t-il.

Les négociations entre États de l'UE, divisés sur le nucléaire, rendent improbable tout impact sur les factures l'hiver prochain, mais la réforme "pourrait avoir un effet marqué assez rapidement pour les clients en quelques années", observe M. Ruby.

Pour autant, ces contrats à prix fixe risquent de bloquer des fournisseurs ou des consommateurs "à un niveau de prix élevé" pour des années sans pouvoir profiter ensuite d'éventuelles baisses des cours, avertit-il.

Un moteur du financement d'énergies vertes?

La Commission soutient l'usage de "contrats pour la différence" (CFD) à prix garanti par l’État: si le cours quotidien est supérieur au prix fixé, le producteur d'électricité reverse ses recettes excédentaires; dans le cas contraire, il perçoit une compensation de l’État.

Pour tout soutien public à de nouveaux investissements dans les renouvelables et le nucléaire, y compris dans des centrales existantes, les États seraient obligés de recourir aux CFD.

Les contrats long terme apportent "une solution liée à un besoin d'investissement" pour la transition énergétique, observe Michel Colombier, chercheur à l'IDDRI.

Ils vont "mécaniquement limiter le retour à des prix d'achat de 40 euros/MWh", qui empêchaient "les investissements nécessaires pour renouveler le parc fossile vieillissant et développer les options décarbonées", tandis que les CFD pourraient contribuer au financement du parc nucléaire français, développe-t-il.

De quoi libérer des investissements massifs? "Espérons-le! Mais actuellement, les États-Unis proposent un cadre extrêmement attractif, tandis que l'Europe entame un processus législatif long et compliqué", tempère Kristian Ruby.

Il dénonce aussi l'obligation de recourir aux seuls CFD, outil pas nécessairement adapté à toutes les tailles de projets.

Autres inconvénients: les CFD peuvent dissuader des investisseurs si ceux-ci misent sur une future inflation des prix et préfèrent attendre. De plus, l’État sert de garant, avec le risque d'un "impact budgétaire considérable", rappelle le think-tank Bruegel.


La France encouragée à donner plus vite la priorité à l'électricité

Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
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  • RTE appelle à accélérer l’électrification pour réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles, combler le retard de la France et tenir ses objectifs climatiques et industriels
  • Le gestionnaire du réseau prône une stratégie combinant nucléaire et renouvelables,

PARIS: En plein débat sur les choix énergétiques de la France, le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE sonne la mobilisation générale pour accélérer la transition vers l'électricité et réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles.

Sans cela, le pays pourrait manquer ses objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, avertit l'opérateur.

"La pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide est attestée", écrit RTE dans son bilan prévisionnel 2025, destiné à éclairer les choix du gouvernement sur le futur énergétique du pays.

Le gardien de l'équilibre électrique français rappelle que les importations d'hydrocarbures (gaz, pétrole) constituent la première source du déficit commercial, une note salée de 50 à 70 milliards d'euros chaque année, et même près de 120 milliards lors de la crise énergétique.

La stratégie de décarbonation de la France vise à réduire d'ici 2035 la part des hydrocarbures dans sa consommation d'énergie de 60% aujourd'hui à 30-35% en augmentant l'usage de l'électricité bas carbone - nucléaire ou renouvelable - dans les transports, l'industrie, les bâtiments...

Problème: le pays accuse aujourd'hui un "retard" dans cette "électrification" alors qu'il dispose de "l’avantage quasi-unique en Europe d’une production d’électricité particulièrement abondante et déjà décarbonée à 95%", avec des prix sur les marchés de gros parmi les plus bas du continent, souligne RTE.

L'impératif de remplacement des énergies fossiles par de l’électricité décarbonée "va bien au-delà" des objectifs climatiques de baisse des émissions, précise à l'AFP Thomas Veyrenc, directeur général Economie, stratégie et finances de RTE. "C’est un enjeu de souveraineté de réduire des importations d’énergies fossiles de la Russie, du Moyen-Orient, ou même des Etats-Unis".

Ce rapport "confirme la nécessité d’accélérer sur l’électrification des usages pour atteindre nos objectifs: transition écologique, des logements plus résilients, décarbonation de l’industrie et réindustrialisation, indépendance énergétique", a commenté le ministère français de l'Industrie et de l'Energie.

Sa publication doit ouvrir une séquence politique avec des annonces du gouvernement sur une "stratégie d'électrification complémentaire" à la future feuille de route énergétique de la France, selon le ministère. Des décisions seront d'ailleurs "prises d’ici Noël", assure-t-il.

- Avancer sur deux jambes -

La publication du décret sur cette feuille de route a déjà plus de deux ans de retard en raison de profondes divisions politiques sur le partage entre nucléaire et énergies renouvelables, auxquelles est notamment opposé le Rassemblement national, le principal parti d'extrême droite français.

Leurs adversaires venus aussi d'une partie de la droite les accusent de coûter cher en aides publiques et de déséquilibrer le système électrique en raison de leur intermittence.

Mais du point de vue de RTE, nucléaire et renouvelables ne se concurrencent pas. "Le système énergétique de demain devra marcher sur deux jambes, les renouvelables et le nucléaire. Il n'y aurait aucun intérêt à se priver de l'une maintenant, au risque de ne plus pouvoir avancer", estime Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Le rapport actualise la trajectoire de décarbonation de la France en tenant compte du retard pris dans l’électrification depuis 2023, de la dégradation du contexte macroéconomique et des conséquences durables des actions de sobriété instaurées durant la crise énergétique de 2022-2023.

La France tend ainsi à s'inscrire actuellement dans une trajectoire de décarbonation dite "lente" dans laquelle elle n'atteint pas ses objectifs climatiques et voit la part de l'industrie manufacturière dans son PIB (Produit intérieur brut) baisser. Cela se traduit par une demande d'électricité en berne et un épisode de surcapacité avérée jusqu'en 2027-2028.

Pour en sortir, RTE prône une accélération de la consommation électrique dans les secteurs qui n'en consomment pas, correspondant à une trajectoire de décarbonation "rapide" alignée sur ses objectifs climatiques et de réindustrialisation - la solution la moins coûteuse et la plus efficace selon RTE.

"Face à cette situation de surcapacité électrique temporaire, la France a le choix entre actionner un levier de décarbonation rapide, possible car les projets industriels existent ou bien ralentir transitoirement le rythme d’installation des renouvelables", ajoute M. Piechaczyk.

Mais il met en garde: ce levier-là est "bien moins efficace économiquement".


Les Bourses mondiales patientent avant la Fed

Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
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  • "Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank
  • Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid

PARIS: Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine.

En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,30% quand Francfort (+0,02%), Londres (+0,06%) et Milan (-0,01%) restaient à l'équilibre.

En Asie, à la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a oscillé autour de l'équilibre, terminant en hausse de 0,18%. A Séoul, l'indice Kospi a gagné 1,34%. A Hong Kong, l'indice Hang Seng lâchait 1,23% dans les derniers échanges.

"Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.

Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid.

"La faiblesse récente des données sur l'emploi et un indice PCE stable (...) soutiennent cette perspective", note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

A 2,8% sur un an contre 2,7% en août, l'inflation s'éloigne encore de la cible de la banque centrale américaine, qui est de 2%. L'inflation sous-jacente (hors prix de l'énergie et de l'alimentation) a, elle, légèrement ralenti à 2,8% en glissement annuel, contre 2,9% le mois précédent.

La répartition des votes au sein du FOMC, le Comité de politique monétaire de la Fed, devrait également être scrutée.

"Le FOMC est divisé", souligne Mme Ozkardeskaya. "Certains membres craignent qu'une inflation alimentée par les droits de douane ne contrebalance les forces désinflationnistes et plaident pour la prudence — face à ceux qui veulent des baisses plus rapides, en ligne avec les pressions politiques et la préférence du public."

L'hypothèse la plus probable pour l'analyste reste que "les taux continueront de baisser à mesure que le comité se tourne vers des membres plus alignés sur les positions de la nouvelle administration, à commencer par un nouveau président de la Réserve fédérale".

Parmi les personnalités vues comme de potentiels successeurs de Jerome Powell, l'actuel principal conseiller à l'économie du président américain, Kevin Hasset, est régulièrement cité.

Et "au-delà de cette décision de premier plan, le ton de la conférence de presse du président Powell et le communiqué qui l'accompagne seront essentiels", note Jim Reid.

La Chine menacée de droits de douane

L'excédent commercial colossal de la Chine a dépassé pour la première fois les 1.000 milliards de dollars en 2025, les exportations à travers le reste du monde compensant la forte baisse des livraisons vers les États-Unis, indiquent des chiffres officiels publiés lundi.

Le président français Emmanuel Macron, tout juste de retour de Chine où il a plaidé la cause européenne en fin de semaine passée, a menacé Pékin dimanche de droits de douane "dans les tout prochains mois" si la Chine ne prend pas des mesures pour réduire le déficit commercial qui ne cesse de se creuser avec l'Union européenne.

Lundi, les valeurs européennes exposées à la Chine comme le luxe français, perdaient du terrain. A Paris, L'Oréal cédait 1,64%, Hermes 1,57%, Christian Dior 1,36%, LVMH 1,00% et Kering 0,59% vers 08H30 GMT.

La défense japonaise soutenue

"Les tensions entre la Chine et le Japon montent, soutenant les actions japonaises de la défense", commente Ipek Ozkardeskaya.

Tokyo a convoqué l'ambassadeur de Chine au Japon pour lui exprimer sa "vive protestation" après que des avions militaires chinois ont verrouillé leurs radars sur des chasseurs japonais, au moment où les tensions sont fortes entre les deux pays au sujet de Taïwan.

La Première ministre Sanae Takaichi a suggéré le mois dernier que le Japon pourrait intervenir militairement en cas d'attaque chinoise contre Taïwan, île dont Pékin revendique la souveraineté. La Chine n'exclut pas de recourir à la force pour la reprendre.

A Tokyo, Mitsubishi Heavy Industries a terminé en hausse de 3,06%, Kawasaki Heavy Industries de 2,48% et Japan Steel Works de 4,68%.


L'Arabie saoudite approuve le budget 2026 avec 306 milliards de dollars de recettes prévues

 Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a approuvé le budget 2026 du royaume lors d'une réunion du cabinet à Dammam mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a approuvé le budget 2026 du royaume lors d'une réunion du cabinet à Dammam mardi. (SPA)
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  • Le budget 2026, approuvé mardi par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion du cabinet à Dammam, fixe les dépenses totales à 1,31 trillion de SR
  • Le déficit budgétaire devrait atteindre environ 165 milliards de SR en 2026, soit 3,3 % du PIB, grâce à des politiques de dépenses anticycliques ciblées

RIYADH : L'Arabie saoudite devrait générer des recettes de 1,15 trillion de francs suisses (306 milliards de dollars) en 2026, soit une augmentation de 5,1 pour cent par rapport à l'estimation de 2025, soulignant les gains du programme de diversification économique en cours du Royaume.

Le budget 2026, approuvé mardi par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors d'une réunion du cabinet à Dammam, fixe les dépenses totales à 1,31 trillion de SR, soit un peu moins que les 1,34 trillion de SR prévus pour 2025, selon la déclaration budgétaire publiée par le ministère des Finances.