Les États-Unis aident les entreprises libanaises en manque d'électricité à passer à l'énergie solaire

Compte tenu de la longue histoire du Liban en matière de coupures de courant, il est peut-être surprenant que de nombreux Libanais commencent seulement à considérer l'énergie solaire comme une solution idéale à leurs problèmes d'énergie. (Photo, Médias sociaux/Archives)
Compte tenu de la longue histoire du Liban en matière de coupures de courant, il est peut-être surprenant que de nombreux Libanais commencent seulement à considérer l'énergie solaire comme une solution idéale à leurs problèmes d'énergie. (Photo, Médias sociaux/Archives)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Les États-Unis aident les entreprises libanaises en manque d'électricité à passer à l'énergie solaire

  • L'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a lancé le Fonds pour l'énergie solaire et renouvelable
  • «J'ai décidé d’annuler mon abonnement à l'électricité parce que je ne peux pas supporter toutes ces charges»

BEYROUTH: Les États-Unis ont lancé un fonds de 20 millions de dollars américains (1 dollaraméricain = 0,94 euro) pour aider les entreprises libanaises à installer des systèmes d'énergie solaire, puisque les propriétaires luttent pour rester à flot face à l'effondrement du secteur de l'électricité du pays.

L'ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a lancé vendredi le Fonds pour l'énergie solaire et renouvelable, déclarant que ceci aiderait les entreprises locales à réduire leurs coûts d'exploitation, à soutenir leurs activités et à maintenir les niveaux d'emploi.

«Ce fonds soutiendra l'achat et l'installation de systèmes de production d'énergie solaire pour au moins 25 entreprises», a-t-elle déclaré.

L'effondrement du secteur de l'électricité au Liban a contraint les entreprises et les ménages à dépendre en grande partie de générateurs diesel privés.

L'électricité n'est disponible que quatre heures par jour, grâce à une avance de 60 millions de dollars approuvée par le Conseil des ministres en faveur de l’entreprise étatique Électricité du Liban (EDL) pour fournir le combustible nécessaire au fonctionnement des deux centrales électriques Deir Ammar et Zahrani.

Cependant, peu de libanais se fient à la générosité soudaine de l'État. Jamal, un avocat, a affirmé: «L'augmentation des heures d'alimentation à quatre heures peut être un piège temporaire pour imposer le nouveau prix aux contribuables. Ensuite, nous retomberons dans l'obscurité.»

Shea a indiqué: «Les entreprises libanaises se trouvent en difficulté durant la crise économique actuelle. Elles ont un accès limité au financement et leurs comptes de capital, ainsi que ceux de tous les déposants, sont bloqués dans les banques libanaises. Pendant des années, les entreprises libanaises ont dépendu de sources d'énergie non durables et coûteuses, nocives pour l'environnement.»

«L'Agence américaine pour le développement international a apporté un capital de départ de 4 millions de dollars au Fonds pour l'énergie solaire et renouvelable et nous nous efforçons d'obtenir 16 millions de dollars supplémentaires auprès d'investisseurs privés et d'autres donateurs», a-t-elle expliqué.

Shea a ajouté: «Le fonds prêtera des capitaux aux entreprises à des taux commerciaux, en prévoyant que les prêts seront remboursés dans un délai de deux à trois ans. Ce remboursement reposera sur les économies réalisées grâce à la réduction de la dépendance à l'égard des générateurs diesel.»

«Nous espérons que ces entreprises réduiront leurs coûts d'exploitation d'au moins 20%, en diminuant leurs dépenses en électricité, ce qui stimulera la productivité et protégera les emplois libanais», a-t-elle avisé.

Pendant des décennies, le Liban n'a pas réussi à apporter des réformes au secteur de l'électricité, ce qui a coûté à l'État des milliards de dollars sans solutions efficaces.

Le Trésor public couvre les pertes de l’Électricité du Liban (EDL), qui s'élèvent à environ 2,5 milliards de dollars par an. Le déficit créé par le secteur libanais de l'électricité représente environ 45% du budget du pays.

Des manifestants ont organisé des sit-in au siège de l'EDL en 2019 pour protester contre la réduction de l'approvisionnement en électricité. Avant la crise, les Libanais recevaient 12 heures d'électricité de l'État par jour. Cependant, les heures d'approvisionnement ont progressivement chuté à huit, puis à quatre, avant que les centrales électriques ne soient temporairement fermées.

Farid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a rencontré Najib Mikati, Premier ministre intérimaire du Liban, en début de semaine et lui a fait part de la consternation de la Banque face à l'incapacité du gouvernement à réformer le secteur de l'électricité, condition nécessaire à la mise en œuvre d'un plan financé par la banque visant à tirer de l'énergie de la Jordanie via la Syrie.

La décision du ministère libanais de l'Énergie d'augmenter les frais d'abonnement pour l'accès à l'électricité, en fonction de l'évolution constante du taux de change, a alourdi le fardeau de nombreux Libanais.

Avec des factures mensuelles s'élevant à des millions de livres libanaises, nombreux sont ceux qui annulent leur abonnement, affirmant qu'ils n'ont plus les moyens de payer l'électricité de l'État et les frais des générateurs privés, d'autant plus que ces derniers sont facturés en dollars.

Comme la livre libanaise ne cesse de perdre de sa valeur et que le prix du diesel servant à faire fonctionner les générateurs privés augmente, beaucoup de Libanais ont opté pour l'énergie solaire.

Des milliers de panneaux solaires ont été installés sur des bâtiments résidentiels et sur des terres rurales pour alimenter des usines produisant des produits locaux.

Ahmed al-Rabih, citoyen libanais, a signalé: «J'ai décidé d’annuler mon abonnement à l'électricité parce que je ne peux pas supporter toutes ces charges. La valeur de la consommation est de 10 cents pour moins de 100 kilowatts et de 27 cents pour plus de 100 kilowatts, ce qui signifie que la facture s'élèvera au moins à 1 500 000 livres libanaises.»

Un employé de l’EDL a déclaré à Arab News: «De nombreux citoyens ayant émigré du Liban ont demandé à leurs proches de soumettre des demandes d'annulation de leur abonnement à l'électricité parce qu'ils paieraient inutilement des frais sans bénéficier de l'électricité. D'autres annulent leur abonnement parce qu'ils disposent de générateurs privés ou d'énergie solaire pour leurs habitations et n'ont pas besoin de payer des frais supplémentaires.»

L'employé de l’EDL a indiqué qu'une troisième catégorie de personnes annule l’abonnement d’électricité sans avoir d'autres alternatives; ces personnes n’ont tout simplement plus les moyens. 

Des activistes ont lancé une campagne en ligne sous le slogan «Nous ne paierons pas» pour s'opposer au nouveau tarif de l'électricité publique et pour boycotter le paiement des factures de l’EDL.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Égypte exhorte toutes les parties à exercer davantage de pression pour mettre fin au conflit à Gaza

De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
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  • Le président Abdel Fattah al-Sissi salue les progrès réalisés lors des récents pourparlers
  • Le Caire avertit Israël que l’attaque de Rafah menace plus d’un million de personnes à Gaza

LE CAIRE: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué les progrès réalisés lundi lors des pourparlers de paix visant à conclure une trêve dans la guerre menée par Israël à Gaza.

M. Al-Sissi a déclaré suivre «de près les développements positifs relatifs aux négociations en cours pour parvenir à une trêve globale dans la bande de Gaza».

Il a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord qui mettra fin à la tragédie humaine du peuple palestinien et finalisera l’échange d’otages et de prisonniers.

Le Hamas a accepté lundi une proposition de cessez-le-feu sous la médiation de l’Égypte et du Qatar. Les démarches diplomatiques à fort enjeu et les manœuvres militaires ont fait naître une légère lueur d’espoir concernant la conclusion d’un accord. En effet, un accord pourrait au moins permettre de marquer une pause dans cette guerre qui dure depuis sept mois et qui a ravagé la bande de Gaza.

Un conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens dirigés par le Hamas se déroule principalement à l’intérieur et autour de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. La guerre a commencé lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant environ 1 200 personnes et prenant 150 otages.

Les frappes israéliennes ultérieures contre Gaza ont contraint environ 80% des 2,3 millions d’habitants du territoire à fuir et elles ont causé des destructions massives d’appartements, d’hôpitaux, de mosquées et d’écoles dans plusieurs villes.

Selon les autorités sanitaires locales, le nombre de Palestiniens morts à Gaza s’élève à plus de 34 500.

Par ailleurs, le ministère égyptien des Affaires étrangères a rappelé qu’il avait mis en garde contre les dangers d’une éventuelle opération militaire israélienne dans la région de Rafah, à Gaza, «étant donné que cette escalade entraîne de graves dangers humanitaires qui menacent plus d’un million de Palestiniens résidant dans cette région».

Le ministère a appelé Israël à faire preuve de «la plus grande retenue» et à «s’abstenir de toute nouvelle escalade à ce moment extrêmement critique des négociations de cessez-le-feu, afin d’épargner la vie des civils palestiniens qui subissent une catastrophe humanitaire sans précédent depuis le début de la guerre».

Il a assuré que l’Égypte continuait à discuter avec toutes les parties pour éviter que la situation ne se détériore.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a évoqué la situation à Rafah avec son homologue émirati, le cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, lors d’un appel téléphonique.

Les deux ministres ont échangé sur la possibilité que l’armée israélienne mène une opération militaire dans la ville assiégée.

M. Choukri a réitéré sa mise en garde contre les dangers d’une escalade militaire israélienne à Rafah, qui est considérée comme la dernière zone relativement sûre de la bande de Gaza et le refuge de plus d’un million de Palestiniens.

Les ministres égyptien et émirati ont insisté sur l’urgence de parvenir à un accord de trêve qui permette l’échange d’otages et de détenus et garantisse un cessez-le-feu permanent.

Ils sont convenus de poursuivre les négociations avec les différentes parties afin d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres pays de la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza : près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
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  • D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160 000 en tout
  • Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600 000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

PARIS: Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien il y a sept mois, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, des destructions d'une ampleur "énorme et sans précédent" dans la bande de Gaza.

La ville de Gaza aux trois quarts détruite

D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160.000 en tout. Et c'est au cours des deux/trois premiers mois du conflit que les destructions ont été les plus importantes, précise à l'AFP Corey Scher.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 km2 et densément construit.

L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34.789 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien assiégé par Israël. A 70% des femmes et des enfants, précise l'ONU.

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

A la lisière sud du territoire, Rafah --devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens, habitants et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU-- est pour l'instant la ville la moins détruite (avec 33,9% de bâtiments touchés) mais l'armée israélienne y a déployé des chars mardi et l'a bombardée.

Cinq hôpitaux totalement détruits

Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains. Le plus grand, celui d'al-Chifa dans la ville de Gaza, a été visé par une opération de l'armée israélienne. L'OMS a indiqué début avril qu'il avait été réduit à une "coquille vide" jonchée de dépouilles humaines.

Au cours des six premières semaines de la guerre, "60% des établissements de santé ont été déclarés endommagés ou détruits", détaille à l'AFP l'universitaire Corey Scher.

Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont complètement détruits (selon des données OpenStreetMap, du ministère de la Santé du Hamas via l'Ocha, le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, et de l'Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, compilées par l'AFP) et 28% fonctionnent partiellement, selon l'ONU.

Plus de 70% des écoles endommagées

Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flottent le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut : l'Unicef comptabilise, au 25 avril, 408 écoles endommagées (soit au moins 72,5% des 563 établissements qu'il a répertoriés). Parmi elles, 53 ont été totalement détruites et 274 directement touchées.

L'ONU estime que les deux tiers des établissements auront besoin d'une reconstruction complète ou de travaux de réhabilitation importants pour être à nouveau fonctionnels.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'Unosat et de OpenStreetMap, il ressort que 61,5% des mosquées ont été endommagées ou détruites.

Dresde

Une étude militaire américaine datant de 1954 reprise par le Financial Times indique que le bombardement de Dresde en 1945 avait endommagé 59% des bâtiments de la ville allemande. Un niveau de destruction largement dépassé dans le nord de la bande de Gaza. Et ce n'est que quarante ans plus tard, que la "Frauenkirche", l'église emblème de la ville, a vu sa reconstruction entamée, faute de financement. Le Havre, rasé à 85%, est la ville française la plus touchée à l'époque.

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de deux ans, il y avait, fin avril, plus de débris et de gravats à déblayer à Gaza que dans le pays attaqué par la Russie, selon un responsable de l'ONU. L'organisation a estimé début mai à entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction à Gaza. "L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent", a-t-elle affirmé.

"Le rythme des destructions enregistrées ne ressemble à rien de ce que nous avons étudié auparavant, il est beaucoup plus rapide et plus important", analyse Corey Scher.

 

 

 


L'ONU interdite d'accès au point de passage de Rafah par les autorités israéliennes

Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
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  • Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom
  • L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte

GENEVE: L'ONU s'est vue interdire par Israël l'accès au point de passage de Rafah dans la bande de Gaza, a-t-elle indiqué mardi, soulignant que l'aide ne pouvait plus entrer dans le territoire palestinien, y compris le diesel indispensable pour l'aide humanitaire.

"Nous n'avons actuellement aucune présence physique au point de passage de Rafah car le Cogat (organisme israélien chargé de coordonner la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupées, NDLR) nous a refusé l'accès à cette zone", qui est le principal point de passage de l'aide humanitaire, a déclaré Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), lors d'un point de presse régulier à Genève.

"On nous a dit qu'il n'y aurait pas de passage de personnel ou de marchandises dans les deux sens pour le moment... Pour combien de temps ? Je n'en sais rien", a-t-il ajouté.

"Cela a un impact considérable", a-t-il souligné. Aucune aide ne peut plus entrer non plus par le point de passage de Kerem Shalom fermé depuis dimanche par l'armée israélienne après des tirs de roquette.

"Actuellement les deux principales artères pour acheminer l'aide à Gaza sont bloquées. Ce matin est l'un des plus sombres de ce cauchemar qui dure depuis sept mois", a-t-il poursuivi. Si le carburant est bloqué, "ce serait une manière très efficace d'enterrer l'opération humanitaire", a jugé le porte-parole.

Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom, a indiqué un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), James Elder, lors du point de presse. Kerem Shalom étant "fermé", rien ne peut être contrôlé, a-t-il dit.

L'ONU bientôt à court de carburant 

Israël a lancé une vaste opération militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque massive du mouvement islamique sur le territoire israélien le 7 octobre.

L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, et affirmé mener une opération de "contreterrorisme" dans "des zones spécifiques" de l'est de Rafah.

L'ONU est d'autant plus préoccupée qu'il n'y a pas de réserves importantes d'aide dans Gaza: toute celle qui entrait jusqu'à présent a été immédiatement distribuée.

Pour le carburant, selon M. Laerke, il n'entre que par Rafah, la réserve "est pour l'ensemble" de l'opération humanitaire à Gaza et est "très, très courte, environ une journée (...) principalement de diesel, pour faire fonctionner les camions et les générateurs".

A ses côtés, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a confirmé que le point de passage de Rafah est fermé depuis lundi sans exception: "Pas de personnel entrant ou sortant, pas d'évacuations, rien. Et je crois savoir qu'il en va de même aujourd'hui".

«Pire qu'à Rafah»

Pour le porte-parole de l'Unicef, il est "difficile de voir comment les agences d'aide peuvent éviter la famine dans la bande de Gaza si cette porte est fermée pendant une longue période".

L'armée israélienne (IDF) a largué des tracts appelant les habitants à évacuer "vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah.

"Les IDF ont facilité" à al-Mawasi "la construction d'hôpitaux de campagne, de tentes" ainsi que l'arrivée d'eau, de nourriture et de matériel médical, a assuré un porte-parole de l'armée, Nadav Shoshani, lors d'un briefing mardi.

"La situation dans les zones où les gens ont reçu l'ordre de se rendre est incroyablement pire qu'à Rafah", a souligné le porte-parole de l'Unicef. Des habitants et des organisations humanitaires y décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre tandis que Rafah abrite le dernier grand hôpital de Gaza, l'hôpital européen, qui, selon M. Elder, "est l'une des dernières bouées de sauvetage pour les civils".