Le trépas annoncé du grand tétras dans les Vosges

Malgré ses capacités d'adaptation le grand tétras, dont l'espérance de vie est d'une dizaine d'années, y a presque disparu. (AFP)
Malgré ses capacités d'adaptation le grand tétras, dont l'espérance de vie est d'une dizaine d'années, y a presque disparu. (AFP)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Le trépas annoncé du grand tétras dans les Vosges

  • L'oiseau est de belle taille, environ cinq kilos pour les mâles, avec une queue qu'il peut déployer en éventail
  • Aussi appelé grand coq de bruyère, il est le plus gros oiseau terrestre sauvage d'Europe et possède des caractéristiques étonnantes

SAPOIS: Depuis 50 ans, il a passé des centaines de nuits en forêt, à l'affût pour observer les animaux sauvages, dont l'emblématique grand tétras: Michel Munier, spécialiste du volatile, est infiniment triste de le voir disparaître du massif des Vosges, mais cette évolution est selon lui inéluctable.

L'oiseau est de belle taille, environ cinq kilos pour les mâles, avec une queue qu'il peut déployer en éventail. Aussi appelé grand coq de bruyère, il est le plus gros oiseau terrestre sauvage d'Europe et possède des caractéristiques étonnantes.

"Son adaptation est incroyable: par exemple, à l'automne, il a des excroissances carnées qui poussent à chaque doigt pour lui servir de raquettes sur la neige durant l'hiver", explique Michel Munier, naturaliste infatigable qui, à 76 ans, a déjà passé un demi-siècle à observer le grand tétras.

"Toutes ses plumes de couverture sont très denses, chaque plume est doublée d'un large duvet qui lui permet de faire comme une doudoune. Il a des plumes qui descendent jusqu'en bas des pattes, comme un pantalon thermique, qu'il perd au printemps. Il a un système digestif qui lui permet en hiver de ne se nourrir que d'aiguilles de sapin...", poursuit M. Munier qui sort encore de quatre nuits d'affût dans les forêts du Jura, à la poursuite du lynx.

Réchauffement climatique et tourisme 

Cet amoureux de la nature est fasciné depuis toujours pas le grand tétras, emblème de la forêt des Vosges. Il y a consacré un livre, "L'oiseau-forêt", et plus de 800 nuits passées dans les sous-bois, par tous les temps, pour tenter d'apercevoir cet oiseau rare et discret, considéré comme "vulnérable" sur la liste rouge française des espèces menacées.

Malheureusement, Michel Munier sait qu'il ne pourra plus observer son animal fétiche dans les Vosges: malgré ses capacités d'adaptation le grand tétras, dont l'espérance de vie est d'une dizaine d'années, y a presque disparu.

"Dans les Vosges, il ne reste plus que deux ou trois mâles et autant de femelles. En plus, ce sont des individus vieillissants. On les voit sur nos pièges photo installés en forêt, ce sont de vieux coqs, donc on peut dire que l'espèce est éteinte chez nous", explique son fils Vincent Munier, photographe animalier qui a accédé à une renommée internationale avec son film "La panthère des neiges".

Pour que le grand tétras prolifère, il a besoin d'au moins six mois de neige par an et de calme. Des conditions qu'il trouve à sa guise en Scandinavie, qui permettent aussi à quelques centaines de spécimens de vivre dans le massif du Jura, mais plus dans les Vosges.

"Avec la sylviculture, le réchauffement climatique et le développement du tourisme, ça a été la chute", reprend Michel Munier.

Les hivers plus courts, moins froids, et le tourisme de masse ne permettent plus au volatile, vulnérable aux prédateurs, de vivre dans les Vosges.

"C'est un peu notre dodo, un oiseau emblématique qui part. Là, on vit concrètement sa disparition rapide et totale", constate Vincent Munier, fataliste.

«J'en ai pleuré»

Certes, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et la préfecture ont lancé un plan de renforcement du grand tétras et veulent réintroduire dans le massif des animaux prélevés en Scandinavie.

Mais pour les Munier père et fils, cette initiative n'a malheureusement aucune chance de réussir.

"Si je vivais égoïstement, je devrais être pour la réintroduction, mais ce serait uniquement pour le plaisir alors qu'on sait très bien, quand on connaît l'espèce, qu'elle est en souffrance, elle n'a plus sa place ici", affirme sans détour Michel Munier.

Un avis partagé par le conseil scientifique régional du patrimoine naturel, qui a rendu la semaine passée un avis défavorable au projet.

"Toutes les expériences de réintroduction en Europe ont été des échecs", abonde Vincent Munier. "Cela nous attriste, ceux qui portent ce projet ne sont pas à l'écoute des gens de terrain. C'est une espèce fragile et vulnérable, les conditions ne sont plus là."

"La disparition de cet oiseau, c'est une voix qui s'éteint, c'est dur", regrette encore Michel Munier. "Le dernier tétras que j'aie vu, en 2021, j'en ai pleuré. Vous savez que c'est la fin. Mais la vie est toujours là, la forêt n'est pas morte! Elle continuera, avec d'autres espèces, elle chantera toujours si on laisse la forêt vieillir, avec des zones de quiétude pour les espèces qui y vivront."


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.