Ukraine: Poutine s'est rendu à Marioupol dévastée, première visite en zone conquise

Il s'agit de son premier déplacement dans cette cité portuaire d'Ukraine assiégée pendant des mois par les forces russes avant de tomber en mai 2022 (Photo, AFP).
Il s'agit de son premier déplacement dans cette cité portuaire d'Ukraine assiégée pendant des mois par les forces russes avant de tomber en mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 19 mars 2023

Ukraine: Poutine s'est rendu à Marioupol dévastée, première visite en zone conquise

  • Poutine est allé à Marioupol en hélicoptère et a fait un tour de la ville, au volant d'une voiture
  • Le président russe a fait cette visite de nuit «comme s'il était un voleur», a rétorqué le ministère ukrainien de la Défense

KIEV: Vladimir Poutine s'est rendu à Marioupol, la ville portuaire du sud de l'Ukraine dévastée par les bombardements et devenue le symbole de la résistance contre l'invasion du pays, provoquant la colère de Kiev qui a dénoncé dimanche "le cynisme" du président russe.

Lors de cette visite, sa première dans une zone conquise depuis le début de l'offensive russe en Ukraine en février 2022, Vladimir Poutine, arrivé en hélicoptère, a fait un tour de la ville au volant d'une voiture, selon le Kremlin.

Selon des images diffusées par la télévision russe, le déplacement a eu lieu de nuit, Vladimir Poutine se faisant présenter l'éclairage des rues et parlant avec des habitants. "Nous prions pour vous", lui a assuré une habitante, en affirmant que la ville était "un petit bout de paradis".

Le président russe a fait cette visite de nuit "comme s'il était un voleur", a rétorqué le ministère ukrainien de la Défense.

"Poutine a visité la ville ukrainienne de Marioupol en s'abritant derrière la nuit. Premièrement, c'est plus sûr. Et aussi, la nuit lui permet de mettre l'accent sur ce qu'il veut montrer, et maintient la ville que son armée a totalement détruite et ses quelques habitants qui ont survécu à l'abri des regards indiscrets", a déclaré le ministère sur Twitter.

"Les criminels reviennent toujours sur les lieux de leurs crimes... Le meurtrier de milliers de familles de Marioupol est venu admirer les ruines de la ville et ses tombes. Cynisme et absence de remords", a écrit sur Twitter le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak.

Vladimir Poutine a également visité un théâtre musical reconstruit et suivi la présentation d'un rapport sur les travaux de reconstruction de la ville en ruines, selon le Kremlin.

"Tout cela était très spontané", a assuré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Ses déplacements en ville n'étaient pas prévus non plus", a-t-il assuré.

«Crime de guerre majeur»

Il s'agissait du premier déplacement de M. Poutine dans cette ville assiégée et bombardée pendant de longues semaines par les forces russes au début de l'invasion de l'Ukraine. La ville était finalement tombée en mai 2022 après une résistance acharnée de soldats ukrainiens retranchés, aux côtés de civils, dans les souterrains de l'immense aciérie Azovstal.

Selon Kiev, Marioupol a été à 90% détruite et au moins 20 000 personnes y ont péri. L'Union européenne avait qualifié le siège de la ville de "crime de guerre majeur".

Cette visite surprise constitue surtout le premier voyage du maître du Kremlin dans le Donbass, en zone conquise, depuis le déclenchement de l'offensive russe le 24 février 2022, qui a valu à Moscou une série de sévères sanctions internationales.

Selon le Kremlin, M. Poutine a également tenu une réunion à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, non loin de la frontière ukrainienne, avec des responsables de l'armée russe, notamment le chef de l'état-major Valéri Guérassimov.

Le Conseil municipal ukrainien de Marioupol, réfugié en territoire tenu par les autorités ukrainiennes, a fustigé la visite de "la ville occupée" par un "criminel international".

Si elle a eu lieu de nuit, c'est "probablement pour ne pas voir à la lumière du jour la ville tuée par sa +libération+", a ajouté le Conseil.

Le Conseil municipal ukrainien a fait référence au mandat d'arrêt émis vendredi à l'encontre de M. Poutine par la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de crime de guerre pour "déportation illégale" d'enfants ukrainiens.

«Nouvelle ère» avec la Chine

La Cour a aussi tenté de vérifier si le bombardement et le siège de Marioupol pouvaient constituer un crime contre l'humanité, mais il lui manque encore des éléments pour parvenir à une telle conclusion, faute d'accès à la région.

Le Kremlin a lui jugé "nul et non avenu" le mandat d'arrêt de la CPI, dont Moscou ne reconnaît pas la compétence.

M. Poutine s'était auparavant rendu samedi en Crimée, pour le neuvième anniversaire de l'annexion en 2014 de cette péninsule ukrainienne par la Russie. Il s'agissait de sa première visite en Crimée depuis 2021.

La visite de Vladimir Poutine en Ukraine sous contrôle russe s'est déroulée peu avant celle, prévue à partir de lundi, du président chinois Xi Jinping en Russie, censée ouvrir une "nouvelle ère" dans les relations entre deux alliés.

L'offensive russe en Ukraine a conduit le Kremlin à se réorienter vers la Chine, sur fond de tensions avec l'Occident qui soutient l'Ukraine. En février, Pékin a cherché à s'imposer comme médiateur en publiant un document exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix.


L'administration Biden souhaite renforcer son engagement au Moyen-Orient selon des experts

Les États-Unis ont estimé qu'ils devaient changer de politique après avoir constaté que la Chine avait noué des liens plus étroits avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite (AFP)
Les États-Unis ont estimé qu'ils devaient changer de politique après avoir constaté que la Chine avait noué des liens plus étroits avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite (AFP)
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  • La montée en puissance de la Chine et la guerre entre la Russie et l'Ukraine ont forcé les États-Unis à changer de politique, selon les participants d’un forum à Washington
  • L'Arabie saoudite est considérée comme un partenaire clé dans la nouvelle stratégie américaine en matière de politique étrangère

WASHINGTON: L'administration du président américain, Joe Biden, cherche à s'engager davantage avec l'Arabie saoudite et d'autres pays du Moyen-Orient – un changement marqué par rapport à sa position politique antérieure – en raison de l'influence croissante de la Chine et de la Russie dans la région, et de leurs ambitions militaires et économiques expansionnistes. 

Tel est le consensus auquel sont parvenus les experts chargés d'évaluer la politique étrangère des États-Unis lors d'un forum organisé lundi par le Middle East Institute à Washington. 

Lors de cet événement intitulé «Assessing Biden's Middle East Policy Approach, 2021-2023», les experts ont analysé les raisons pour lesquelles l'administration, qui a pris ses fonctions en 2021, ne souhaitait pas s'engager dans ce que les États-Unis considéraient comme le déclin de l'importance géopolitique des pays du Moyen-Orient. 

Selon les experts, deux raisons principales expliquent le changement de position de la Maison Blanche: d'une part, la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine en février 2021 et, d'autre part, l'influence croissante de la Chine dans la région, qui a permis à Pékin de réaliser une sorte de coup d'éclat en négociant un accord de rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran au début de l'année. 

Brian Katulis, chercheur principal et vice-président de la politique de l'Institut du Moyen-Orient, a déclaré que l'administration Biden était entrée en fonction avec le slogan des «trois C»: Covid-19, Chine et changement climatique. 

Selon Katulis, la guerre de la Russie en Ukraine et la présence accrue de la Chine au Moyen-Orient ont déclenché la sonnette d'alarme à la Maison Blanche. 

«Au printemps dernier, Washington s'est progressivement rendu compte que des alliés traditionnels comme l'Arabie saoudite pourraient se tourner vers la Chine», a-t-il déclaré.  

«L'accord négocié par la Chine entre l'Iran et l'Arabie saoudite au début de l'année a été une véritable onde de choc et un signal d'alarme pour de nombreuses personnes à la Maison-Blanche», a-t-il ajouté. 

Dennis Ross, ancien conseiller sur le Moyen-Orient de plusieurs administrations démocrates et républicaines et actuellement chercheur à l'Institut pro-israélien de Washington pour la politique du Proche-Orient, a déclaré que l'administration Biden ne se souciait pas du Moyen-Orient lorsqu'elle a pris ses fonctions en 2021. 

Ross a expliqué que le conflit en Ukraine avait changé la donne et que ce n'était pas seulement le pétrole et l'énergie – les revenus dont la Russie a besoin pour financer sa guerre – qui avaient poussé l'administration à se réengager au Moyen-Orient.  

Selon Ross, la vision du monde de Biden a également joué un rôle, à savoir qu'il existe une lutte idéologique mondiale entre la démocratie et le totalitarisme.     

Selon lui, l'administration voulait établir un ordre international libéral, fondé sur des règles, pour contrer les menaces que représentaient la Chine et la Russie. Mais elle s'est vite rendu compte qu'elle avait besoin de ce qu'elle considérait comme des «nations non démocratiques» pour faire partie de la coalition. 

«En fait, vous avez besoin de pays non démocratiques qui ont des atouts pour faire partie de votre coalition ou au moins pour vous assurer qu'ils ne font pas partie de l'autre coalition», a-t-il dit. 

«Biden a déclaré ne pas vouloir se retirer du Moyen-Orient et laisser un vide que les Russes et les Chinois vont combler», a-t-il ajouté. 

Ross a affirmé que la politique de Biden à l'égard du Moyen-Orient concernait davantage la Chine que la Russie, estimant que cette dernière était susceptible d'être beaucoup plus faible en raison de la guerre en Ukraine. 

Les États-Unis cherchent également à être l'architecte d'un accord visant à établir des liens formels entre Israël et l'Arabie saoudite, dans le cadre de leur vision visant à empêcher de puissants concurrents de s'implanter dans cette région riche en pétrole.  

Ross a indiqué que les récentes visites en Arabie saoudite de Jake Sullivan, conseiller de Biden en matière de sécurité nationale, et du secrétaire d'État Antony Blinken, s'inscrivaient dans le cadre des efforts déployés pour renouer le dialogue avec les dirigeants du Royaume. 

En accord avec les principaux arguments de Ross, l'expert et universitaire du Moyen-Orient Vali Nasr a souligné la manière dont l'administration Biden avait tenté de construire une coalition au Moyen-Orient pour s'opposer aux ambitions nucléaires de l'Iran. 

Nasr, professeur d'affaires internationales et d'études sur le Moyen-Orient à l'université Johns-Hopkins, a déclaré que le président américain s'était rendu en Arabie saoudite en juillet 2022, après une visite en Israël, afin de vendre l'idée d'une «Otan arabe», une proposition de coalition militaire au Moyen-Orient parrainée par les États-Unis et destinée à contrer l'Iran. 

«Mais Biden a été éconduit par les Saoudiens, qui lui ont dit qu'ils s'engageaient à nouveau aux côtés de l'Iran», a-t-il déclaré. Nasr a précisé que les États-Unis avaient jugé nécessaire de modifier leur politique après avoir constaté que la Chine avait noué des liens plus étroits avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Le soldat américain expulsé de Corée du Nord est de retour aux Etats-Unis

Un homme passe devant un téléviseur qui diffuse une photo du soldat américain Travis King (C), qui a franchi la frontière avec la Corée du Nord alors qu'il faisait partie d'un groupe de touristes visitant la zone démilitarisée à la frontière de la Corée du Sud, le 18 juillet. (AFP)
Un homme passe devant un téléviseur qui diffuse une photo du soldat américain Travis King (C), qui a franchi la frontière avec la Corée du Nord alors qu'il faisait partie d'un groupe de touristes visitant la zone démilitarisée à la frontière de la Corée du Sud, le 18 juillet. (AFP)
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  • Selon un autre responsable, il devait être pris en charge dans un hôpital militaire au Texas, là où la star du basket-ball Brittney Griner avait été examinée après sa détention en Russie l'an dernier
  • Ce soldat avait été récupéré mercredi en «bonne santé» par l'armée américaine après avoir été expulsé par la Corée du Nord, au terme d'une séquence diplomatique dans laquelle la Suède et la Chine ont joué un rôle

WASHINGTON: Le soldat américain Travis King a été rapatrié aux Etats-Unis après avoir été expulsé par la Corée du Nord, a indiqué jeudi un responsable du ministère américain de la Défense.

"Je confirme qu'il a atterri aux Etats-Unis", a déclaré à l'AFP ce responsable, sans donner plus de détails.

Selon un autre responsable, il devait être pris en charge dans un hôpital militaire au Texas, là où la star du basket-ball Brittney Griner avait été examinée après sa détention en Russie l'an dernier.

Ce soldat avait été récupéré mercredi en "bonne santé" par l'armée américaine après avoir été expulsé par la Corée du Nord, au terme d'une séquence diplomatique dans laquelle la Suède et la Chine ont joué un rôle.

Trois mois plus tôt, Travis King, soldat américain stationné en Corée du Sud, était entré illégalement en Corée du Nord depuis la zone démilitarisée séparant les deux pays. Il devait rentrer au Texas pour répondre à une commission de discipline après avoir eu maille à partir avec les autorités en Corée du Sud.

Selon l'agence d'Etat nord-coréenne KCNA, qui avait rapporté la détention du soldat King, ce dernier avait fait défection pour échapper "aux mauvais traitements et à la discrimination raciale dans l'armée américaine".

La Corée du Sud est un allié clé des Etats-Unis et accueille quelque 27 000 militaires américains sur son sol.

Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre depuis la fin du conflit dans la péninsule en 1953, qui s'est conclue sur un armistice et non un traité de paix, et leur frontière commune est particulièrement fortifiée.


Burkina: quatre officiers interpellés après une tentative de coup d'Etat déjouée

Des soldats burkinabés participent à la cérémonie de clôture de l'entraînement militaire annuel Flintlock, organisé par l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme, à Jacqueville, le 14 mars 2023. (AFP)
Des soldats burkinabés participent à la cérémonie de clôture de l'entraînement militaire annuel Flintlock, organisé par l'Académie internationale de lutte contre le terrorisme, à Jacqueville, le 14 mars 2023. (AFP)
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  • Le gouvernement avait affirmé mercredi soir qu'une «tentative avérée de coup d'Etat a été déjouée le 26 septembre 2023 par les services de renseignement et de sécurité burkinabè»
  • En décembre 2022, le parquet avait déjà dénoncé une tentative de déstabilisation du régime et annoncé des arrestations de militaires

OUGADOUGOU: La justice militaire du Burkina Faso a annoncé l'interpellation de quatre officiers, soupçonnés d'être impliqués dans un "complot contre la sûreté de l'Etat", après des déclarations du gouvernement affirmant avoir déjoué une tentative de putsch.

Le parquet militaire "sur la base de dénonciation digne de foi, faisant état d'un complot contre la sûreté de l'Etat en cours et mettant en cause des officiers (...) a immédiatement ouvert une enquête circonstanciée pour élucider les faits dénoncés", a indiqué le magistrat militaire Ahmed Ferdinand Sountoura dans un communiqué consulté jeudi par l'AFP.

Selon ce texte, "quatre officiers" ont été interpellés et "deux sont en fuite".

Jeudi, les rues de la capitale Ouagadougou étaient calmes, sans dispositif sécuritaire particulier, selon un journaliste de l'AFP.

Le gouvernement avait affirmé mercredi soir qu'une "tentative avérée de coup d'Etat a été déjouée le 26 septembre 2023 par les services de renseignement et de sécurité burkinabè".

Il assurait également vouloir faire "toute la lumière sur ce complot" tandis que le parquet militaire a de son côté lancé un appel à témoigner, "au regard de la récurrence des velléités et autres allégations de déstabilisation".

En décembre 2022, le parquet avait déjà dénoncé une tentative de déstabilisation du régime et annoncé des arrestations de militaires.

Mardi soir, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale Ouagadougou à l'appel de soutiens du capitaine Traoré, pour le "défendre" face aux rumeurs de putsch qui agitaient les réseaux sociaux.

«Détermination»

"Je rassure de ma détermination à conduire la transition à bon port en dépit de l’adversité et des différentes manœuvres pour stopper notre marche inexorable vers une souveraineté assumée", avait déclaré le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, mercredi, sur X (ex-Twitter).

Le média français Jeune Afrique, qui avait publié deux articles évoquant des tensions au sein de l'armée burkinabè, a été suspendu lundi par le gouvernement.

Ces tentatives de déstabilisation présumées surviennent presqu'un an jour pour jour après sa prise de pouvoir, lors d'un putsch le 30 septembre 2022, le deuxième en huit mois.

Il avait notamment invoqué la dégradation de la situation sécuritaire pour justifier ce coup d'Etat, le deuxième en huit mois dans ce pays miné par les violences djihadistes sanglantes sur une grande partie de son territoire.

Les attaques ont notamment lieu dans la zone des "trois frontières", que le Burkina partage avec le Niger et le Mali, deux pays également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d'Etat.

Ces trois pays ont signé plus tôt ce mois-ci une charte établissant une alliance "de défense collective et d'assistance mutuelle", créant l'Alliance des Etats du Sahel (AES).

Depuis 2015, ces violences ont fait au seul Burkina plus de 17 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.

Le gouvernement burkinabè a annoncé la semaine dernière qu'au 31 août 191 937 personnes déplacées étaient retournées dans leurs localités respectives dans plusieurs régions du Burkina, en vantant une reconquête de localités jadis occupées par des groupes djihadistes.

En dépit de ces actions, les attaques attribuées aux groupes djihadistes liés à Al-Qaida et l'Etat islamique se poursuivent régulièrement sur la quasi-totalité du territoire burkinabè.