Les Houthis prévoient de démolir les bazars du vieux Sanaa pour en faire un site religieux

Une vue de la vieille ville de la capitale yéménite Sanaa avec ses bâtiments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 24 février 2023 (AFP)
Une vue de la vieille ville de la capitale yéménite Sanaa avec ses bâtiments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 24 février 2023 (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 20 mars 2023

Les Houthis prévoient de démolir les bazars du vieux Sanaa pour en faire un site religieux

  • Le projet des Houthis démolirait au moins trois sites historiques du vieux Sanaa, dont Al-Mahdada, Al-Halaqa, Al-Manqala, ainsi que des dizaines de maisons et d’entreprises
  • Un commerçant a refusé de vendre son magasin, même si cela devait lui coûter la vie

AL-MUKALLA : La milice houthie du Yémen vise à détruire les anciens marchés et bâtiments du vieux Sanaa, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, afin de construire un sanctuaire religieux, ont affirmé des responsables.

L’avertissement urgent du gouvernement yéménite, des résidents et des commerçants locaux est intervenu suite à une vidéo divulguée de la réunion des responsables houthis dans laquelle ils présentent un nouveau film en 3D d’une façade massive avec un sanctuaire religieux nommé en l’honneur de l’imam Ali Ebn Ali Talib, le beau-fils et cousin du prophète Mohamed. Il serait construit au-dessus de centaines de magasins et de bâtiments dans le vieux Sanaa.

Le projet houthi démolirait au moins trois sites historiques de la région, dont Al-Mahdada, Al-Halaqa et Al-Manqala, ainsi que des dizaines de maisons et d’entreprises.

Les Yéménites, révoltés par cette nouvelle, ont demandé que la communauté internationale et les autorités onusiennes du patrimoine, notamment l’UNESCO, interviennent afin d’empêcher les Houthis d’exécuter leur plan.

Muammar Al-Eryani, ministre yéménite de l’Information, de la Culture et du Tourisme, a souligné que si les Houthis avançaient dans leur projet, des centaines de vieilles maisons et de lieux à Sanaa, datant de l’Antiquité, seraient détruits. Il a ajouté que les Houthis avaient auparavant ignoré les appels à ne pas démolir une mosquée à Sanaa.

Il a déclaré dans un tweet : « La milice houthie a déjà totalement démoli la mosquée historique Al-Nahrain, altérant ses matériaux de construction et précieuses pierres.»

« Nous mettons en garde contre la démolition par la milice terroriste houthie des marchés d’Al-Mahdada, d’Al-Halaqa et d’Al-Manqala, qui comprennent des centaines de magasins d’antiquités à Sanaa. »

Mohamed Jumeh, représentant permanent du Yémen auprès de l’UNESCO, a déclaré que le gouvernement avait écrit à l’UNESCO afin d’informer l’organisation du plan houthi et de son impact sur la nature de Sanaa en tant que site du patrimoine mondial, avertissant que si le plan allait de l’avant, Sanaa serait retiré de la liste de l’UNESCO.

Jumeh a déclaré que les Houthis transformeraient le caractère de la ville en remplaçant les anciens matériaux de construction des magasins et des résidences endommagés par de nouveaux matériaux. Ceci supprimerait le caractère ancien de Sanaa.

« Le problème est qu’ils introduisent un nouveau style dans l’architecture yéménite, ce qui contredit la nature historique de Sanaa » a déclaré Jumeh à la télévision nationale, ajoutant que l’architecture du lieu saint des Houthis serait une reprise du style des sites religieux en Iran.

« D’autre part, cette structure contemporaine n’est pas issue du milieu culturel yéménite ; il s’agit plutôt de l’environnement culturel iranien et du style architectural persan. »

Les responsables yéménites, les défenseurs de l’environnement et les archéologues espèrent qu’une large couverture médiatique des propositions des Houthis ainsi que la pression internationale des organisations du patrimoine mondial obligeront les Houthis à abandonner l’idée.

Jumeh a déclaré : « Je pense que la pression internationale de l’UNESCO et d’autres organisations internationales afin d’arrêter l’aide à Sanaa pourrait avoir une influence. »

À Sanaa, les propriétaires de plusieurs marchés d’antiquités concernés ont déclaré avoir été obligés par les Houthis à vendre leurs magasins.

Dans un tweet, Abdul Wahab Qatran, un avocat militant basé à Sanaa, a déclaré avoir visité Old Sanaa et rencontré des propriétaires de magasins qui ont affirmé que les Houthis avaient tenté de les forcer à abandonner leurs entreprises afin de construire un lieu saint pour l’Imam Ali.

« Nous sommes en présence de fous qui ont précédemment détruit la mosquée Al-Nahrain, qui a plus de 1400 ans. Maintenant, ils veulent démolir les marchés de la ville la plus importante et la plus ancienne du monde » a ajouté Qatran.

 Selon Qatran, un commerçant a accepté de vendre son magasin pour un « montant raisonnable » tandis qu’un autre a refusé de vendre le sien, même si cela devait lui coûter la vie.

Malgré le tollé des habitants de Sanaa et des Yéménites en général, les Houthis n’ont fait aucun commentaire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Short Url
  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

Short Url
  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.