Les Saoudiens accueillent le ramadan, une période sacrée pour le monde musulman

Si le ramadan est surtout connu comme le mois où les musulmans jeûnent, c'est aussi un mois de spiritualité, de prière, de réflexion, de dévotion et de générosité (Photo, Abdelghani Essa/AFP).
Si le ramadan est surtout connu comme le mois où les musulmans jeûnent, c'est aussi un mois de spiritualité, de prière, de réflexion, de dévotion et de générosité (Photo, Abdelghani Essa/AFP).
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Publié le Jeudi 23 mars 2023

Les Saoudiens accueillent le ramadan, une période sacrée pour le monde musulman

  • Les plus de deux milliards de musulmans que compte le monde croient que le jeûne pendant la journée et les prières nocturnes donnent aux fidèles l'énergie nécessaire pour mener une vie nouvelle
  • Le ministère saoudien de la Culture a lancé la Saison du Ramadan, une série d'événements festifs dans 14 villes du pays

DJEDDAH: Chaque année, à l'approche du neuvième mois du calendrier islamique, plus de 2 milliards de musulmans dans le monde se préparent à accueillir le mois du ramadan. Si cette période est généralement associée au jeûne, pour les musulmans, il symbolise aussi la récompense, la réflexion, la dévotion, la générosité et le sacrifice.

Le jeûne pendant le jour et les prières nocturnes donnent aux fidèles l'énergie spirituelle nécessaire pour mener une nouvelle vie, au bénéfice de l'ensemble de l'humanité et pour ouvrir un nouveau chapitre de paix et de progrès.

Des fidèles prient à la Grande Mosquée de La Mecque, le 21 mars 2023, alors que l'Arabie saoudite a annoncé que le mois de jeûne du ramadan commencerait le 23 mars (Photo, AFP).

Selon un hadith rapporté par Abû Hurayrah : «le Messager d'Allah, paix et bénédictions soient sur lui, a dit Quiconque jeûne le mois de Ramaḍan avec foi et en espérant la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés et quiconque veille la Nuit du Destin avec foi et espoir en la récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés.»

Ce mercredi, l'Agence de presse saoudienne a rapporté que le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, avaient échangé des messages de félicitations avec «les dirigeants des pays islamiques à l'occasion de l'avènement du mois béni du ramadan».

Le Ramadan, en plus d'être un mois de jeûne, est aussi un mois de bonheur, une forme d'adoration islamique connue sous le nom de dhikr (glorification d'Allah par un rituel phraséologique), la récitation du Coran, les bonnes actions et la charité.

En plus d'être une période de célébration, le mois de ramadan est une période de charité (Photo, Abdallah al-Faleh, AFP).

Les récompenses de la zakat (aumône légale) ou la Sadaqa (charité spontanée, non obligatoire) – toute deux forment un pilier central de la foi musulmane – sont doublées pendant le Ramadan, et les musulmans s'assurent donc de donner encore plus à ceux qui sont dans le besoin pendant le mois sacré.

L'année dernière en Arabie saoudite, la campagne nationale Ehsan pour les œuvres caritatives a reçu plus de 79 millions de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) de dons. Lors de la première campagne du Ramadan en 2021, le roi et le prince héritier ont fait plusieurs dons par l'intermédiaire d'Ehsan, ce qui a permis à la plate-forme de franchir la barre des 266 millions de dollars.

Dans les villes saintes de La Mecque et de Médine, les philanthropes offrent généralement des repas d'iftar (repas pris chaque soir au coucher du soleil par les musulmans pendant le jeûne du mois du Ramadan) aux fidèles dans des lieux spécifiques de la Grande Mosquée et de la Mosquée du Prophète.

La générosité va bien au-delà des repas d'iftar offerts par les riches ; Anas al-Ghamdi, 29 ans, originaire de Djeddah, distribue des bouteilles d'eau fraîche et des dattes aux personnes coincées dans les embouteillages aux heures de pointe.

Al-Ghamdi et son frère font cela depuis sept ans, «parce que le ramadan est le mois où l'on nourrit les pauvres, et que c'est l'occasion d'offrir de l'aide et d'obtenir des récompenses divines».

Si le jeûne est l'une des principales caractéristiques du ramadan, ce qui se passe après la rupture du jeûne chaque jour est tout aussi important. Ceux qui le célèbrent se réjouissent de la nourriture servie lors des réunions avec la famille et les proches, car cela représente les principaux rituels du mois.

Des repas d’iftar sont offerts quotidiennement dans les mosquées à travers le Royaume pendant le ramadan (Photo, AFP).

Si la générosité et la solidarité sont des caractéristiques du Ramadan, les dépenses le sont tout autant.

Il est devenu habituel de se préparer pour le Ramadan avec un sentiment de nouveauté ; les familles se lancent dans une frénésie de nettoyage, décorent leurs maisons, réorganisent les meubles, donnent certains biens aux pauvres et, bien sûr, achètent de nouveaux articles.

Naima Fadhel, femme au foyer et mère de cinq enfants, a déclaré qu'elle aimait planifier ses achats de produits de cuisine, d'accessoires et de vêtements pour le Ramadan, car cette expérience lui procure de la joie.

Fadhel aime également acheter de nouveaux articles pour sa maison, notamment pour sa cuisine, car cela «me donne un coup de pouce pour la routine culinaire quotidienne pendant le mois sacré, qui diffère des autres jours de l'année».

Les acheteurs de Djeddah se réjouissent d'acheter des décorations et des articles pour le Ramadan lors de l'exposition annuelle au Centre international d'exposition et de convention de Djeddah (Photo, AN/Abdellah Alfaleh).

La concurrence est rude, les entrepreneurs rivalisant pour offrir chaque année de nouveaux produits à la mode afin d'attirer les clients, qui se réjouissent de décorer leurs maisons pour accueillir le mois sacré avec ferveurcomme il se doit.

Soufiane Raya, spécialiste principal en marketing numérique au centre Al-Hadaya, a expliqué à Arab News que la demande de décorations montait en flèche pendant le ramadan.

Le centre Al-Hadaya, l'un des plus grands magasins de cadeaux et de décoration en Arabie saoudite, distribue des produits à d'autres magasins de la région. Pour les détaillants, la saison commence généralement deux mois avant le mois sacré et se poursuit jusqu'au milieu du ramadan.

«Jusqu'à présent, nos ventes pour le ramadan uniquement représentaient 7,6% des ventes de l'entreprise, avec Djeddah en tête des ventes, suivie de La Mecque et de Riyad. Nous avons importé des lanternes et des articles de décoration pour le Ramadan d'une valeur de 8 millions de dollars en provenance d'Égypte, d'Inde, de Turquie et de Chine pour le ramadan 2023», a indiqué Raya, ajoutant que plus de 70 conteneurs sont arrivés par les ports maritimes et les aéroports pour répondre à la demande.

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En Bref

Outre le jeûne, le ramadan est un mois de bonheur, une forme d'adoration islamique connue sous le nom de dhikr, la récitation du Coran, les bonnes actions et la charité.

Dans un marché très concurrentiel, les produits sont gardés très confidentiels. «Nous avons veillé à ce que ces produits soient bien conservés jusqu'à ce qu'ils soient distribués et déballés dans les magasins, car certains concurrents copient des articles spéciaux et les proposent à une qualité inférieure.»

Les articles les plus populaires sur le thème du ramadan sont les lanternes de différentes tailles et couleurs, les lumières scintillantes, les croissants de lune et certains produits textiles distinctifs comme le «shkaly», un tissu imprimé avec une rose vive, et le «khayamiya», un autre tissu imprimé populaire avec des motifs géométriques.

Les lanternes, symbole emblématique du mois sacré, sont toujours très demandées.

«Cette année, les lanternes égyptiennes et indiennes faites à la main et les lanternes ornées en cuivre, en bronze et en plaqué or sont les plus tendance. Cette catégorie a enregistré le taux de vente le plus élevé par rapport aux autres articles», a ajouté Raya.

Des femmes saoudiennes achètent des lanternes traditionnelles, «fanous» en arabe, vendues pendant le mois du ramadan, sur un marché de la ville de Djeddah (Photo, AFP).

Les prix des lanternes varient en fonction du matériau, de la forme et de la taille, allant d'environ 50 dollars à plus de 260 dollars. Les lanternes produites en série sont les moins chères, tandis que les lanternes artisanales atteignent les prix les plus élevés.

Si les centres commerciaux modernes regorgent de marchandises pour le ramadan, rien ne vaut le shopping à Al-Balad, le quartier historique de Djeddah, où les vendeurs et les kiosques installent des lumières et des décorations, créant ainsi une ambiance spéciale de ramadan, où l'antique côtoie le moderne.

Saleh Baechen, l'un des plus anciens commerçants du quartier, a déclaré à Arab News que les acheteurs de toute la région, en particulier des pays du Golfe, venaient profiter de «l’ambiance unique du ramadan dans le quartier historique d'Al-Balad».

Selon Baechen, «de nombreux objets de décoration anciens et d'énormes lanternes habituellement accrochées dans les grands bâtiments et les magasins» peuvent être achetés à Al-Balad. Des expositions spéciales, qui commencent généralement deux semaines avant le ramadan et se poursuivent jusqu'à la première semaine du mois sacré, sont organisées chaque année afin de promouvoir les produits locaux et apporter de la joie aux visiteurs et aux habitants.

L'une de ces expositions se tient au centre d'exposition Al-Harthi à Djeddah, avec la participation de plus de 200 marques nationales et régionales.

L’exposition se tient annuellement deux semaines avant le ramadan avec la participation de plus de 200 marques (Photo, AN par Abdallah al-Faleh).

Khidr Ismaël, qui est venu d'Égypte pour participer à l'exposition, a déclaré qu'il avait hérité de ses ancêtres le métier de fabricant de lanternes. Il propose des décorations pour le ramadan, telles que des tissus imprimés sur le thème du ramadan, des ustensiles portant des inscriptions arabes et islamiques, des meubles, des luminaires et des tentes.

«Les lanternes en forme de croissant sont à la mode cette année ; elles sont disponibles dans la taille de deux mètres. Cette année, nous proposons des lanternes en acier inoxydable qui ont une meilleure qualité et une plus grande longévité», a-t-il précisé.

Les vendeurs sont prêts à accueillir les foules de musulmans issus du monde entier dans un marché de la ville occidentale de Médine (Photo, AFP).

La Commission des arts culinaires a également lancé le marché du ramadan à Djeddah, qui se tiendra jusqu'au 22 mars. Le marché présente des produits culinaires locaux et des produits du ramadan, notamment des produits de boulangerie, des sucreries, des dattes, des épices, du café, des noix, du miel, des jouets, des vêtements et des antiquités.

Pour les familles qui viennent profiter des vacances, le marché propose des espaces tels qu'une zone pour les enfants et des activités comme le dessin, la photographie et le henné. Les vendeurs locaux pourront également y exposer leurs produits.

Le ministère saoudien de la Culture a lancé la Saison du Ramadan, une série d'événements qui se dérouleront dans 14 villes d'Arabie saoudite et dans plus de 38 endroits. La Saison du Ramadan offre une variété d'expériences, en particulier des événements culturels, éducatifs et de divertissement avec un aspect distinct du ramadan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

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« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.