En Ukraine, le retour d'enfants enlevés par la Russie

Inessa Vertoch, 43 ans, qui a attendu son fils «jour après jour», dit l'avoir retrouvé «plus sérieux» (Photo, AFP).
Inessa Vertoch, 43 ans, qui a attendu son fils «jour après jour», dit l'avoir retrouvé «plus sérieux» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 mars 2023

En Ukraine, le retour d'enfants enlevés par la Russie

  • Pour l'Ukraine, ces enfants, comme quelque 16 000 autres au moins, ont été «enlevés» par les Russes
  • Moscou dément, s'auréole de les avoir «sauvés» de la guerre et d'avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles

KIEV: A la sortie d'un bus à Kiev, un petit garçon de 10 ans saute dans les bras de son père. Il fait partie d'un groupe de 17 enfants revenus, grâce à une ONG, de "déportation" en Russie ou de territoires ukrainiens occupés.

Denys Zaporojtchenko n'avait pas vu son fils, ainsi que ses deux filles également dans le bus, depuis six mois et demi. Tous habitaient ensemble à Kherson, dans le sud occupé de l'Ukraine lorsqu'ils ont été séparés, raconte-t-il, le 7 octobre, un mois avant la reconquête de la ville par les forces ukrainiennes.

Alors que des combats terribles s'annonçaient à Kherson avec la contre-offensive ukrainienne, M. Zaporojtchenko affirme avoir accepté d'envoyer ses enfants loin de la guerre en "camps de vacances" plus au Sud, en Crimée annexée.

Les responsables russes de l'école où étaient scolarisés ses enfants "avaient promis de les envoyer pour une semaine ou deux dans ce camp", poursuit-il. "Mais quand on a réalisé qu'il n'aurait pas fallu faire ça, c'était trop tard."

Il précise avoir pu échanger avec ses trois enfants par téléphone pendant ces longs mois de séparation.

Pour l'Ukraine, ces enfants, comme quelque 16 000 autres au moins, ont été "enlevés" par les Russes. Moscou dément, s'auréole de les avoir "sauvés" de la guerre et d'avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles.

La Cour pénale internationale (CPI) a, elle, émis la semaine dernière un mandat d'arrêt historique contre Vladimir Poutine, en estimant qu'il était présumé responsable du "crime de guerre de déportation illégale" de mineurs.

Selon des chiffres officiels du parquet général ukrainien datant de ce jeudi, 16.226 enfants ont été déportés depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février 2022.

Depuis cette date, 465 enfants sont morts, 940 ont été blessés et 395 sont portés disparus du fait du conflit.

Von der Leyen annonce une conférence sur les enfants enlevés par la Russie

"C'est un rappel horrible des périodes les plus sombres de notre histoire, les déportations d'enfants qui se passent là-bas. C'est un crime de guerre", a déclaré la responsable allemande à l'issue d'un sommet à Bruxelles.

"Nous savons que 16 200 enfants ont été déportés, seulement 300 sont revenus depuis", a-t-elle poursuivi lors d'une conférence de presse.

Elle a ajouté que "ces actions criminelles justifient complètement les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale" le 17 mars contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire présidentielle russe aux droits de l'enfant Maria Lvova-Belova pour "déportation illégale" d'enfants ukrainiens lors de l'invasion russe.

"En partenariat avec les Ukrainiens, le Premier ministre (polonais) Mateusz Morawiecki et moi-même avons lancé une initiative visant à rapatrier ces enfants enlevés par la Russie. Pour cela, nous organiserons une conférence (...) nous voulons exercer une pression internationale afin que toutes les mesures possibles soient prises pour retrouver la trace de ces enfants", a indiqué Mme von der Leyen.

L'objectif est "d'aider les organes de l'ONU et les organisations internationales concernées à obtenir des informations plus complètes" sur les enfants déportés, a-t-elle dit. "Cela inclut également les enfants qui ont été adoptés ou transférés dans des familles d'accueil russes", a-t-elle précisé.

«Intimidation et chantage»

Myroslava Khartchenko, juriste pour l'ONG Save Ukraine qui a organisé le rapatriement des 17 enfants, affirme que les autorités russes ont utilisé "l'intimidation, la manipulation et le chantage" pour s'emparer des bambins.

"Ils disent (aux parents) qu'ils ont une heure pour réfléchir et que si les Ukrainiens arrivent, ils amèneront des mercenaires américains qui 'vous frapperont et vous violeront et que c'est votre unique chance de sauver vos enfants'".

L'ONG répond, elle, aux demandes de parents désespérés qui n'ont pas réussi à récupérer leurs enfants, face au refus de l'administration russe.

Sans l'aide d'organisations gouvernementales ou internationales, faute d'accord diplomatique entre Kiev et Moscou, l'ONG doit se plier à des procédures administratives mises en place par les Russes pour chaque rapatriement.

Pour la première fois, l'association a réussi à organiser un retour groupé en Ukraine. Elle a affrété un bus, en emmenant à bord certaines des mères, qui a fait un très long détour via la Pologne, le Bélarus, la Russie puis la Crimée, faute d'avoir eu l'autorisation de franchir la ligne de front dans le sud ukrainien.

Rééducation politique

Plusieurs enfants, interviewés mercredi par l'AFP, disent ne pas avoir subi de mauvais traitements, mais racontent une forme d'éducation politique pour les convertir au discours du Kremlin.

"Si tu ne chantais pas l'hymne national (russe), ils t’obligeaient à écrire des notes explicatives. Et au Nouvel an, ils nous montraient (le discours de) Poutine", raconte Taïssia Volynska, 15 ans, originaire de Kherson.

Yana Zaporojtchenko, la fillette de 11 ans de Denys, dit qu'il y avait "beaucoup" d'inspections de responsables russes dans son camp. "Ils nous demandaient de chanter et de danser quand il y avait des inspections", indique la jeune fille.

Inessa Vertoch, 43 ans, qui a attendu son fils "jour après jour", dit l'avoir retrouvé "plus sérieux". "Il me regarde et me dit 'Maman, je ne veux pas te raconter, tu ne dormirais plus la nuit'".

Myroslava Khartchenko, de Save Ukraine, assure que des psychologues prendront en charge chacun de ces enfants.

Et elle insiste auprès des parents pour qu'ils ne retournent pas vivre dans "des zones dangereuses".

Accord entre l'Ukraine et la CPI sur l'ouverture d'un bureau de pays

La Cour pénale internationale (CPI) et l'Ukraine ont signé jeudi un accord sur la création d'un bureau de pays, a annoncé la juridiction qui a émis la semaine dernière un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine.

"Ce n'est qu'un début, un bon début", a déclaré le procureur général ukrainien Andriy Kostin à propos de l'accord qu'il a signé au nom de l'Ukraine à La Haye, où siège la cour.

"Je suis convaincu que nous ne nous arrêterons pas tant que tous les auteurs de crimes internationaux commis en Ukraine ne seront pas traduits en justice", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué.

Et ce "indépendamment de leur position politique ou militaire", a-t-il poursuivi, après avoir salué la décision "historique" de la CPI de délivrer un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour le crime de guerre de "déportation" d'enfants ukrainiens.

M. Kostin avait déjà annoncé au début du mois de mars que son pays s'apprêtait à ouvrir un bureau de la CPI.

Mercredi, l'organe législatif de la cour a dénoncé des "menaces" émanant de la Russie à l'encontre des membres de la cour après l'émission de mandats d'arrêt visant le président russe et sa commissaire aux droits de l'enfant Maria Lvova-Belova.


Ukraine : un mort et une vingtaine de blessés après une nuit de frappes russes

Des habitants se serrent dans les bras près d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque aérienne à Zaporijia, le 30 août 2025. (Photo : Marina Moiseyenko / AFP)
Des habitants se serrent dans les bras près d'un immeuble résidentiel endommagé à la suite d'une attaque aérienne à Zaporijia, le 30 août 2025. (Photo : Marina Moiseyenko / AFP)
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  • Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont intensifiés ces dernières semaines sous l'impulsion de Donald Trump, mais n'ont pour l'heure produit aucun effet concret.
  • La Russie a, au contraire, intensifié ses frappes aériennes, lançant un nombre record de drones contre le pays qu'elle envahit depuis 2022.

KIEV, UKRAINE : Dans la nuit de vendredi à samedi, la Russie a lancé une attaque aérienne d'ampleur contre des régions ukrainiennes, faisant un mort et une vingtaine de blessés à Zaporijjia (sud), selon les autorités locales. Le président Volodymyr Zelensky a appelé Washington et Bruxelles à agir.

Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont intensifiés ces dernières semaines sous l'impulsion de Donald Trump, mais n'ont pour l'heure produit aucun effet concret.

La Russie a, au contraire, intensifié ses frappes aériennes, lançant un nombre record de drones contre le pays qu'elle envahit depuis 2022.

Au moins une personne a été tuée et une vingtaine d'autres blessées lors d'attaques russes nocturnes à Zaporijjia, une grande ville du sud de l'Ukraine, ont indiqué sur Telegram les services de secours.

Trois mineurs, âgés de neuf à seize ans, ont été hospitalisés, ont-ils ajouté.

Des photos partagées par les autorités ukrainiennes montrent des bâtiments en ruine et des pompiers tentant d'éteindre un incendie. 

Des dizaines d'immeubles et de maisons se sont retrouvés sans électricité ni gaz à cause des frappes, a déclaré le gouverneur régional Ivan Fedorov.

L'armée de l'air ukrainienne a affirmé que l'armée russe avait lancé 582 drones et missiles contre l'Ukraine dans la nuit, en disant en avoir abattu la majorité.

Au total, quatorze régions ont été affectées par cette offensive, a déclaré le président Volodymyr Zelensky.

Des incendies ont été provoqués par des attaques dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), selon son gouverneur, Serguiï Lyssak.

Le ministère russe a assuré avoir effectué une « frappe massive » contre des cibles « militaires » en Ukraine. Moscou affirme toujours ne pas viser d'infrastructures civiles, malgré les très nombreux éléments prouvant le contraire. 

- « Actions concrètes » -

L'Ukraine a été endeuillée par une attaque de grande ampleur dans la nuit de mercredi à jeudi, faisant au moins 25 morts, dont des enfants, dans une zone résidentielle de Kiev, la capitale.

Cette attaque a été dénoncée par les partenaires occidentaux de Kiev, de Washington à Bruxelles, Londres accusant notamment Poutine de « saboter les espoirs de paix ».

Samedi, Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie, en frappant à nouveau l'Ukraine, montrait « son mépris total pour les paroles » de ses alliés.

« Nous comptons sur des actions concrètes », a-t-il dit, appelant les États-Unis et l'Europe à réagir.

M. Zelensky réclame en effet des sanctions économiques plus efficaces contre la Russie afin d'affaiblir son économie. « Cette guerre ne s'arrêtera pas avec de simples déclarations politiques », a-t-il dit.

Ces nouveaux bombardements interviennent alors que les efforts diplomatiques pour régler le conflit qui dure depuis trois ans et demi sont au point mort, deux semaines après un sommet entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska. 

L'Ukraine accuse la Russie de gagner du temps et de feindre la volonté de négocier pour mieux préparer de nouvelles attaques.

L'armée russe contrôle actuellement environ 20 % du territoire ukrainien et a l'avantage sur le front.

Samedi, le ministère russe de la Défense a encore revendiqué la prise d'un village de la région de Donetsk (est), Komychouvakha.

Ce type de déclarations, qu'elles viennent de Kiev ou de Moscou, est difficile à vérifier de façon indépendante en raison du manque d'accès aux zones de combat.

En réponse, l'Ukraine vise les infrastructures pétrolières et gazières en Russie, une façon de frapper le pays au portefeuille.

Samedi, l'armée ukrainienne a annoncé avoir provoqué un incendie dans la raffinerie Krasnodarsky, dans le sud de la Russie.

Les autorités de la région de Krasnodar ont confirmé qu'un incendie s'était déclaré après la chute de débris de drones, mais qu'il avait été maîtrisé.

Jeudi, le Kremlin avait indiqué que la Russie restait « intéressée » par les négociations de paix avec l'Ukraine, mais qu'elle continuerait de mener des frappes dans le pays tant que ses « objectifs » ne seraient pas atteints.

Moscou exige que l'Ukraine se retire de certains territoires qu'elle contrôle encore, notamment la région de Donetsk, et en fait une condition préalable à l'arrêt des hostilités. Kiev rejette cette idée.


Un drone ukrainien provoque un incendie à proximité du « palais de Poutine » en Russie

Le  président russe Vladimir Poutine (Photo AFP)
Le président russe Vladimir Poutine (Photo AFP)
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  • Les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, ont annoncé que la chute d'un drone avait provoqué un incendie dans une « zone forestière » à proximité de la ville de Guélendjik.
  • Le ministère des Situations d'urgence a affirmé que plus de 400 pompiers continuaient de combattre l'incendie près de Guélendjik.

MOSCOU : Des pompiers russes continue de lutter samedi contre un incendie causé par des débris de drone ukrainien, survenu plus tôt dans la semaine, près du « palais » qui serait la propriété du président russe Vladimir Poutine, sur les bords de la mer Noire.

Jeudi, les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, ont annoncé que la chute d'un drone avait provoqué un incendie dans une « zone forestière » à proximité de la ville de Guélendjik.

C'est dans cette zone que se trouve une luxueuse résidence surnommée « le palais de Poutine », dont le président russe nie tout lien.

Samedi, le ministère des Situations d'urgence a affirmé que plus de 400 pompiers continuaient de combattre l'incendie près de Guélendjik.

Des vidéos publiées vendredi par cette source montrent des flammes dévorant des arbres, un sol recouvert de cendres et un hélicoptère transportant de l'eau.

Pour l'heure, rien n'indique que l'incendie menace directement le « palais de Poutine », que les autorités russes n'ont jamais mentionné dans leurs différents communiqués.

En 2021, l'opposant russe Alexeï Navalny, depuis décédé en prison dans des circonstances troubles, avait publié une enquête accusant Vladimir Poutine d'être le propriétaire de cet immense domaine situé dans une zone touristique des bords de la mer Noire.

Selon cette enquête, cet ensemble fastueux, financé par la corruption, compterait également des vignobles, une enceinte de hockey sur glace ou encore un casino.

Vladimir Poutine a toujours nié en être le propriétaire.

L'Ukraine, qui combat depuis 2022 une offensive russe d'envergure sur son territoire, riposte en frappant la Russie avec des drones.

Ces attaques auraient modifié les habitudes de Vladimir Poutine, selon le site d'investigation russe en ligne Proekt.

Craignant pour sa sécurité, il aurait notamment cessé de se rendre à Sotchi, désormais à portée de drones, a indiqué ce média en citant une source anonyme.


Nucléaire iranien: «nous avons 30 jours» pour une solution diplomatique affime Kallas

Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. (AFP)
Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. (AFP)
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  • La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui forment l'E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements"
  • L'Union européenne, qui soutient le JCPOA, a participé aux négociations entre l'E3 et l'Iran, notamment à Genève où une ultime réunion a eu lieu cette semaine avant la décision finalement annoncée jeudi par les Européens

COPENHAGUE: Les pays occidentaux ont désormais 30 jours pour trouver une solution diplomatique à la crise du nucléaire iranien, a affirmé vendredi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

"Nous entrons dans une nouvelle phase de 30 jours (...) que nous devons vraiment utiliser pour trouver des solutions diplomatiques", a-t-elle déclaré avant le début d'une réunion de l'UE à Copenhague, au lendemain de la décision prise par les Européens de déclencher le mécanisme devant rétablir d'ici un mois les sanctions internationales contre l'Iran. Cette demande doit être examinée vendredi par le Conseil de sécurité de l'Onu.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui forment l'E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité que "sur la base de preuves factuelles", ils estiment que l'Iran est en position de non-respect important de ses engagements" en vertu de l'accord sur le nucléaire de 2015, le JCPOA, et "invoquent ainsi le mécanisme connu sous le nom du snapback", qui ouvre un processus de trente jours permettant de réimposer une série de sanctions suspendues il y a dix ans.

L'Union européenne, qui soutient le JCPOA, a participé aux négociations entre l'E3 et l'Iran, notamment à Genève où une ultime réunion a eu lieu cette semaine avant la décision finalement annoncée jeudi par les Européens.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.