De Notre-Dame-des-Landes à Bure, des projets contestés en France

Un agriculteur avec une banderole "Stop à la privatisation" sur son tracteur arrive au camp de base des manifestants à Vanze, près de Sainte-Soline à la veille d'une manifestation contre les "bassins" près du chantier de construction d'une nouvelle réserve d'eau pour l'irrigation agricole à Sainte -Soline, dans le centre-ouest de la France, le 24 mars 2023. (AFP)
Un agriculteur avec une banderole "Stop à la privatisation" sur son tracteur arrive au camp de base des manifestants à Vanze, près de Sainte-Soline à la veille d'une manifestation contre les "bassins" près du chantier de construction d'une nouvelle réserve d'eau pour l'irrigation agricole à Sainte -Soline, dans le centre-ouest de la France, le 24 mars 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 05 avril 2023

De Notre-Dame-des-Landes à Bure, des projets contestés en France

  • Le projet Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs qui hérissait défenseurs de l'environnement, syndicats agricoles et petits commerçants, a été enterré fin 2019 par Emmanuel Macron
  • Le projet Montagne d'Or, porté par le consortium russo-canadien Nordgold-Orea mining, prévoit une exploitation minière de 8 km2 à ciel ouvert en forêt équatoriale

PARIS: Manifestations, occupations, procédures judiciaires... comme les "bassines" pour l'irrigation, de nombreux projets ont suscité ou suscitent encore la mobilisation au nom de la défense de l'environnement.

Notre-Dame-des-Landes 

Né dans les années 1960, relancé en 2000, ce projet d'aéroport est devenu un emblème des luttes environnementales en France, avec notamment dès 2009 l'occupation du site par des "zadistes".

Une tentative d'évacuation massive vire au fiasco en 2012, malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.

Après des années de controverse, le projet est abandonné, début 2018, au profit d'un réaménagement de l'aéroport de Nantes (au point mort depuis).

Cigéo à Bure 

En 2000, le projet Cigéo est implanté à Bure dans la Meuse. Il vise à enterrer à 500 mètres sous terre 85.000 m3 des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français d'ici 2035-2040.

Différents collectifs écologistes et anti-nucléaires combinent occupation, manifestations et batailles juridiques.

En juillet 2022, le gouvernement signe la déclaration d’utilité publique du projet, mais des opposants déposent en septembre un recours devant le Conseil d’État.

Début 2023, une demande formelle d'autorisation a été déposée, lançant une longue phase d'instruction par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Sivens 

Le 26 octobre 2014, le corps d'un militant écologiste de 21 ans, Rémi Fraisse, est retrouvé sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), après des affrontements d'opposants au projet avec les forces de l'ordre.

Cinq mois plus tard, le projet est abandonné au profit d'une retenue d'eau réduite de moitié. Le gouvernement fait évacuer le site occupé pendant seize mois par des "zadistes".

LGV Lyon-Turin 

Vieux de plusieurs décennies, le chantier de la ligne LGV Lyon-Turin et son tunnel de 57,5 km, est toujours en cours et la question des voies d’accès de 150 km entre Lyon et Saint-Jean-de-Maurienne n’est toujours pas tranchée.

A l'hiver 2018-2019, plusieurs manifestations réunissent successivement à Turin des dizaines de milliers de partisans et d'opposants à cette ligne.

Le projet de LGV du Sud-Ouest (GPSO) qui prévoit de relier Bordeaux à Toulouse et à Dax et dont les travaux devraient commencer l'an prochain, est également critiqué par des élus et des militants en Nouvelle-Aquitaine.

Europacity dans le Val-d'Oise 

Le projet Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs prévu à Gonesse (Val-d'Oise) qui hérissait défenseurs de l'environnement, syndicats agricoles et petits commerçants, a été enterré fin 2019 par Emmanuel Macron.

Mais le devenir de 280 hectares de terres agricoles du Triangle de Gonesse avec notamment le projet d'une gare de métro du Grand Paris et l’extension du marché de Rungis restent un point de crispation entre élus locaux et militants écologistes.

Center Parcs 

Face aux interminables procédures judiciaires et à l'occupation du terrain par des "zadistes", le groupe Pierre et Vacances renonce à son projet de construction d'un Center Parcs dans la forêt de Chambaran (Isère) en 2020.

En 2022, la justice bloque un projet du même type à Poligny (Jura) et refuse celui d’extension du Center Parcs Les Bois-Francs (Eure).

Toujours en court, le projet du Rousset (Saône-et-Loire) est également contesté localement.

Projet minier Montagne d'Or en Guyane 

Le projet Montagne d'Or, porté par le consortium russo-canadien Nordgold-Orea mining, prévoit une exploitation minière de 8 km2 à ciel ouvert en forêt équatoriale.

Le collectif Or de Question, qui rassemble 30 associations guyanaises et 120 ONG opposées au projet, dénonce la déforestation et les millions de tonnes de déchets générés.

En février 2022, le Conseil constitutionnel a déclaré contraire à la Constitution une partie de l'ancien code minier, qui ne tenait pas suffisamment compte des conséquences environnementales du projet, ouvrant ainsi une voie de recours.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».