Dans la province russe, les adieux à un soldat «héros», fauché par «le destin»

La tombe d'un militaire russe se trouve parmi d'autres tombes dans un cimetière de la ville d'Efremov dans la région de Tula le 24 mars 2023. (Photo de Natalia KOLESNIKOVA / AFP)
La tombe d'un militaire russe se trouve parmi d'autres tombes dans un cimetière de la ville d'Efremov dans la région de Tula le 24 mars 2023. (Photo de Natalia KOLESNIKOVA / AFP)
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Publié le Dimanche 26 mars 2023

Dans la province russe, les adieux à un soldat «héros», fauché par «le destin»

  • Sous le regard des saints figurant sur les fresques qui ornent l'église locale, le corps du militaire de 23 ans est allongé dans un cercueil fermé, contrairement à la coutume orthodoxe, drapé de toile rouge
  • La petite église est pleine et une partie de l'assistance a dû rester dehors sous la pluie. Le cercueil est ensuite emmené, escorté par une voiture de police et une ambulance, pour l'enterrement

BOGORODISTK: Sous un ciel gris et une pluie incessante, la petite ville de Bogoroditsk, à 240 kilomètres au sud de Moscou, fait ses adieux à Igor Skoubko, tué en Ukraine. Célébré en "héros", le jeune soldat a été fauché par "le destin".

Sous le regard des saints figurant sur les fresques qui ornent l'église locale, le corps du militaire de 23 ans est allongé dans un cercueil fermé, contrairement à la coutume orthodoxe, drapé de toile rouge. Igor Skoubko a été tué le 11 mars en Ukraine, où la Russie mène depuis plus d'un an une offensive.

"Nous prions pour le repos de l'âme du défunt et pour que ses pêchés, volontaires ou involontaires, soient pardonnés", prononce un vieux pope à la barbe blanche. La petite église est pleine et une partie de l'assistance a dû rester dehors sous la pluie.

Le cercueil est ensuite emmené, escorté par une voiture de police et une ambulance, pour l'enterrement.

Au cimetière, dans les alentours de Bogoroditsk, petite ville d'à peine 30.000 habitants, une petite allée comporte déjà cinq tombes recouvertes de couronnes de fleurs artificielles avec des photos de jeunes hommes souriants, en uniforme militaire. Des "allées de la gloire", comme il est convenu de les appeler en Russie, que l'on trouve désormais dans beaucoup de villes russes.

Une cinquantaine de personnes accompagnent le cercueil, marchant dans la boue, les membres de la famille en sanglots. Le maire de Bogoroditsk, Vadim Igonine, prononce un court discours, évitant soigneusement de mentionner le mot "guerre", banni par les autorités russes sous peine de poursuites.

Pour M. Igonine, le jeune soldat a été victime du "destin". "Nous accompagnons dans son dernier voyage Igor Skoubko, qui a péri en accomplissant son devoir militaire, en participant à l'opération militaire spéciale", formule-t-il.

«Il devait vivre»

"Il avait de la joie de vivre, il était fort et ambitieux. Il devait vivre et vivre, mais le destin a décidé autrement. Que la terre lui soit douce", ajoute encore le maire.

"Notre pays tient bon grâce à des gars comme lui, grâce à leur courage et à leur héroïsme", lance de son côté le commissaire militaire régional, Alexeï Chakhov.

Pour ce sacrifice, les autorités remettent dans une boîte en bois une décoration posthume, l'ordre du courage, à la veuve d'Igor, en larmes.

Aucun des proches n'a souhaité s'exprimer pendant la cérémonie. Seuls des sanglots se mêlaient au son de la pluie. Le cercueil a été placé dans la tombe aux sons de l'hymne russe. Les militaires ont tiré trois salves.

Dans une autre petite ville, Efremov, à 80 kilomètres au sud de Bogoroditsk, peuplée de 37.000 habitants, Vadim Artiouchkov et son épouse Elena sont eux venus se recueillir sur la tombe de leur fils.

Alexeï a été tué à 42 ans le 6 novembre près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, ville industrielle devenue l'épicentre des combats depuis des mois et théâtres d'immenses destructions et de lourdes pertes dans les deux camps.

"Il était parti comme volontaire" pour combattre en Ukraine, "il conduisait un véhicule blindé Tigre, et en était très fier", raconte Vadim.

Les habitants d'Efremov apprennent les pertes "avec douleur et regret", ajoute-t-il. Mais "personne ne pourra dire qu'il ne fallait pas le faire", est-il convaincu.

Au cimetière de cette ville, on peut compter au moins 11 tombes de soldats ayant péri depuis le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février 2022. Et les fossoyeurs sont en train d'en creuser une nouvelle, "pour un militaire", selon eux.

Sur une route à l'entrée de la ville, deux grandes affiches avec les photos des défunts , les mêmes noms qu'au cimetière et l'inscription: "Gloire aux héros de la Russie!"

Les autorités russes n'ont révélé aucun bilan des pertes en Ukraine depuis septembre 2022, lorsque le ministère de la Défense a fait état de 5.937 soldats tués. Selon des estimations occidentales, les forces russes pourraient compter plus de 150.000 morts et blessés dans leurs rangs.


Le Conseil de l'Europe met en garde contre les ventes d'armes à Israël

Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza". (AFP)
Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza". (AFP)
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  • La semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé une suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser dans le cadre du conflit à Gaza
  • "Cependant, il faut faire plus et rapidement", plaide le commissaire

STRASBOURG: Le Conseil de l'Europe a mis en garde mardi contre les ventes d'armes à Israël, appelant ses 46 Etats membres à s'assurer qu'elles ne sont pas utilisées dans le cadre de violations des droits de l'homme à Gaza.

Dans un communiqué, le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, a réitéré son appel aux pays membres afin qu'ils "fassent tout leur possible pour prévenir et répondre aux violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme dans le contexte du conflit à Gaza".

"Cela comprend l'application des normes juridiques existantes pour faire en sorte que les transferts d'armements ne soient pas autorisés lorsqu'il existe un risque qu'ils soient utilisés pour commettre des violations" des droits fondamentaux, écrit le commissaire.

La semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé une suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser dans le cadre du conflit à Gaza, un changement politique majeur pour Berlin, allié traditionnel de l'Etat hébreu.

"Cependant, il faut faire plus et rapidement", plaide le commissaire.

Le Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg, est la vigie de la démocratie et des droits de l'homme sur le continent.

En juin, M. O'Flaherty s'était inquiété auprès des autorités allemandes de "restrictions à la liberté d'expression et à la liberté de réunion pacifique" des personnes manifestant "dans le contexte du conflit à Gaza".


Inde: au moins 68 personnes toujours disparues après la crue subite dans l'Himalaya

Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier. (AFP)
Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier. (AFP)
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  • Les responsables des secours ont indiqué mardi qu'ils recherchaient des corps dans les décombres de la ville touristique de Dharali, dans l'Etat indien d'Uttarakhand (nord)
  • Gambhir Singh Chauhan, de la Force nationale d'intervention en cas de catastrophe (NDRF), a déclaré que des chiens renifleurs avaient identifié plusieurs sites indiquant la présence d'un corps

NEW DELHI: Au moins 68 personnes sont toujours portées disparues dans la crue meurtrière qui a balayé la semaine dernière une localité dans l'Himalaya indien, ont annoncé mardi les autorités locales.

Elles recensent désormais 68 personnes disparues, dont 44 Indiens et 22 Népalais. Neuf soldats figurent sur la liste.

Les responsables des secours ont indiqué mardi qu'ils recherchaient des corps dans les décombres de la ville touristique de Dharali, dans l'Etat indien d'Uttarakhand (nord).

Gambhir Singh Chauhan, de la Force nationale d'intervention en cas de catastrophe (NDRF), a déclaré que des chiens renifleurs avaient identifié plusieurs sites indiquant la présence d'un corps.

"Lorsque les fouilles ont commencé, de l'eau a jailli du sol", a-t-il précisé.

Les autorités avaient déclaré peu après le désastre que la crue avait été causée par une intense averse de pluie.

Mais des experts évaluant les dégâts estiment que l'averse n'était que le déclencheur final, qui est venu s'ajouter à des jours de pluies soutenues et prolongées qui avaient déjà détrempé et ramolli le sol.

Les glaciers de l'Himalaya, qui fournissent une eau essentielle à près de deux milliards de personnes, fondent plus vite que jamais à cause du réchauffement climatique, exposant les populations à des désastres imprévisibles et coûteux, préviennent les scientifiques.

Le ramollissement du pergélisol (ou permafrost, partie du sol gelée en permanence pendant au moins deux années consécutives) augmente les risques de glissements de terrain.

Pour P.K. Joshi, expert des dangers de l'Himalaya à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi, il semble que la crue ait été causée par l'effondrement d'un amas de débris de roche, appelé moraine, qui retenait un lac d'eau de fonte d'un glacier.


L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien". (AFP)
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  • "Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra
  • Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit

CANBERRA: L'Australie va reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, a annoncé le Premier ministre Anthony Albanese lundi, emboîtant le pas à d'autres pays tels que la France et le Canada.

"Une solution à deux Etats est le meilleur espoir de l'humanité pour rompre le cycle de la violence au Moyen-Orient et aboutir à une fin au conflit et aux souffrances" à Gaza, a déclaré le chef du gouvernement travailliste à la presse à Canberra.

Et d'ajouter: "l'Australie va reconnaître le droit du peuple palestinien à un Etat qui lui est propre". "La paix ne peut être que temporaire" tant que les Israéliens et les Palestiniens ne disposent pas de leurs Etats, a-t-il dit.

La guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a ravivé les velléités à reconnaître l'Etat de Palestine.

M. Albanese dit avoir reçu des garanties de la part de l'Autorité palestinienne, afin qu'"aucune place (ne soit donnée) aux terroristes du Hamas dans tout futur Etat palestinien".

Les pressions internationales s'accentuent sur le gouvernement israélien pour trouver une issue au conflit, qui a conduit à une grave crise humanitaire dans l'enclave palestinienne assiégée, où vivent quelque 2,4 millions de personnes. Les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, se sont par ailleurs intensifiées depuis le début de la guerre à Gaza.

Selon M. Albanese, le gouvernement israélien continue de défier "le droit international et de refuser une aide suffisante" aux Palestiniens de Gaza.

Elan international 

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître l'Etat de Palestine à l'occasion de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, en espérant créer une dynamique collective en ce sens.

Une décision qui "récompense la terreur", avait alors jugé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en référence à l'attaque du 7-Octobre. Les Etats-Unis, premier soutien d'Israël, ont pour leur part "fermement" rejeté une mesure "imprudente".

Quelques jours plus tard, le Canada avait lui aussi fait part de son intention en faveur d'un Etat de Palestine. Le Royaume-Uni a aussi annoncé qu'il le reconnaîtrait, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Au total, les trois quarts des Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat de Palestine, proclamé par la direction palestinienne en exil à la fin des années 1980. Cet acte diplomatique a été réalisé par une dizaine de pays depuis le début de la guerre à Gaza.

Fin juillet, l'Australie et 14 autres pays occidentaux, parmi lesquels la France et la Canada, avaient "invité" la communauté internationale à reconnaître un Etat de Palestine.

Lundi, c'est aussi la Nouvelle-Zélande, voisine de l'Australie, qui a dit qu'elle réfléchirait d'ici septembre à reconnaître un Etat de Palestine.

Mentionnant "la catastrophe humanitaire" en cours à Gaza, le chef de la diplomatie Winston Peters a déclaré: "nous avons l'intention d'évaluer la question (de la reconnaissance de l'Etat de Palestine, ndlr) et d'agir en vertu des principes, des valeurs et des intérêts nationaux de la Nouvelle-Zélande". Le ministre a indiqué qu'une décision serait annoncée à l'ONU en septembre.

Quelques heures avant la déclaration à la presse d'Anthony Albanese, Benjamin Netanyahu avait critiqué un élan international "honteux" et "décevant" qui n'allait "pas apporter la paix", mais "la guerre".

Lundi, l'ambassadeur d'Israël en Australie a critiqué la décision de Canberra. "L'Australie renforce la position du Hamas (...) tout en affaiblissant la cause  de ceux qui travaillent à mettre fin à la violence et obtenir une paix véritable et durable", a écrit Amir Maimon sur ses réseaux sociaux.

L'attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné, côté israélien, la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont déjà fait 61.430 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.