Retraites: Des heurts recensés à Paris et plusieurs villes en marge des cortèges

A Toulouse, la manifestation a aussi été émaillée d’incidents (Photo, AFP).
A Toulouse, la manifestation a aussi été émaillée d’incidents (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 29 mars 2023

Retraites: Des heurts recensés à Paris et plusieurs villes en marge des cortèges

  • Dans la capitale, des affrontements ont opposé forces de l'ordre et certains militants vêtus de noirs et visages masqués
  • En début de soirée, la préfecture de police a fait état de 55 interpellations

PARIS: Des heurts avec les forces de l'ordre, échauffourées et autres dégradations ont émaillé les cortèges contre la réforme des retraites dans plusieurs villes dont Paris, où le défilé a été plus calme que lors de la précédente mobilisation, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Dans la capitale, des affrontements ont opposé forces de l'ordre et certains militants vêtus de noirs et visages masqués, vers la fin du parcours de la manifestation qui reliait la place de la République à celle de la Nation.

Auparavant un commerce Leclerc avait été pillé, des feux de poubelles allumés et du mobilier urbain dégradé par ces groupes de manifestants masqués dont le comportement tranche avec celui, calme et festif, de la masse des autres participants au cortège.

Les forces de l'ordre ont chargé et tiré des grenades de gaz lacrymogène pour "disloquer" "le bloc", permettre "l'intervention des pompiers" et "faciliter la progression du cortège", a indiqué la préfecture de police de Paris.

D'autres incidents se sont produits place de la Nation lors de la dispersion de la manifestation vers 19h00 avec des jets de pavés et bouteilles sur les forces de l'ordre qui ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes en retour.

A 20h30, le calme était revenu sur la place, où il ne restait plus que quelques dizaines de manifestants.

En début de soirée, la préfecture de police a fait état de 55 interpellations.

Au moins cinq personnes ont été prises en charge par les secours et trois blessés par des "street medics" (secouristes volontaires), ont constaté des journalistes de l'AFP.

Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 13 000 policiers et gendarmes – dont 5 500 à Paris – ont été mobilisés pour la 10e journée de protestation contre la réforme des retraites, un dispositif qu'il a qualifié d'"inédit".

Dans l'ouest de la France où les heurts avaient été particulièrement violents jeudi, des violences et dégradations ont à nouveau été recensées à Nantes et Rennes malgré deux défilés jugés globalement plus calmes.

Dans la préfecture de Loire-Atlantique, une agence bancaire et une voiture ont été incendiées et le tribunal administratif visé.

Au moins cinq manifestants ont été blessés à Nantes selon des journalistes de l’AFP. La préfecture a annoncé 49 interpellations. La maire de la ville Johanna Rolland a déploré un "vandalisme inacceptable".

Des organisations dénoncent des interdictions de rassemblements nocturnes à Paris

"Depuis vendredi dernier, des manifestants ou simples opposants à la réforme des retraites reçoivent des amendes pour participation à des manifestations interdites", alors que la participation à une manifestation non déclarée n'est pas interdite, a indiqué sur Twitter le Syndicat des avocats de France (SAF, classé à gauche).

Avec, entre autres, la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), le SAF a déposé une requête devant la justice administrative.

Ils reprochent à la préfecture de police d'avoir pris "en catimini", "sans que personne n'en soit informé", des arrêtés quotidiens interdisant les rassemblements dans une grande partie du centre de la capitale.

Celui interdisant les "rassemblements non déclarés" entre lundi 17h00 et mardi 03h00 a par exemple été publié à 17h30.

La préfecture de police a indiqué se conformer à l'article L221-2 du code des relations entre le public et l'administration qui dispose que "l'entrée en vigueur d'un acte réglementaire est subordonnée à l'accomplissement de formalités obligatoires de publicité, notamment par la voie d'une publication ou d'un affichage, sauf dispositions contraires".

Les organisations ont déposé un référé-liberté (procédure d'urgence) auprès du tribunal administratif de Paris visant l'arrêté pris pour la nuit de lundi à mardi, et la "pratique" en général.

Usages des canons à eau

À Rennes, de nombreuses dégradations ont été commises dans le centre-ville où une agence d'assurance a été saccagée. Les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau. Six personnes ont été interpellées.

À Toulouse, la manifestation a aussi été émaillée d’incidents. Les forces de l'ordre ont fait usage du canon à eau contre une cinquantaine de manifestants, vêtus de noir, portant masques et lunettes de protection.

Même scénario à Lyon où des commerces ont été vandalisés et où la préfecture a décidé de l'usage du canon à eau. 15 personnes ont été interpellées.

À Lille, c'est aussi en fin de parcours que des incidents ont éclaté entre forces de l’ordre et certains manifestants. Les premières ont utilisé deux canons à eau et tiré des gaz lacrymogènes avant de charger pour disperser des manifestants lillois, après l’arrivée du cortège.

Certains manifestants ont répliqué avec des tirs de bouteilles vers les policiers, qui ont procédé à une interpellation.  La manifestation s’était jusque-là déroulée globalement dans le calme.

Jets de projectiles, usages de gaz lacrymogène par les forces de l'ordre, dégradations ont également été recensés à Bordeaux, Calais, Dijon ou Caen.

À Strasbourg, quelques centaines de jeunes manifestants ont joué au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, particulièrement dans le quartier étudiant de la Krutenau. Des vitrines de banques ont été brisées, comme au moins une dizaine d’abribus.

À Besançon, des heurts ont opposé environ 150 manifestants à la police. La préfecture a rendu "hommage aux cadres syndicaux qui se sont interposés pour empêcher" que les manifestants mettent le feu à la porte de la préfecture.

À Nancy, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes en direction des manifestants sur la place Stanislas, la principale esplanade de la ville.

Un enseignant niçois convoqué à la police pour un pantin Macron sur les rails

Un professeur des écoles a été interrogé des heures par la police lundi pour avoir placé son "paillassou", un pantin à l'effigie d'Emmanuel Macron, sur les rails de la gare de Nice lors d'une manifestation, a-t-il affirmé mardi à l'AFP, dénonçant une "intimidation".

Gardé à vue pendant huit heures, après avoir été convoqué par courrier en audition libre, Thomas Ghestem, membre du syndicat FSU, a été interrogé par les policiers pour "outrage à personne dépositaire de l'autorité publique et provocation publique à la commission de crime ou délit sans intention", a-t-il précisé.

Il est finalement reparti libre mais son domicile aurait été perquisitionné, a-t-il affirmé. La garde à vue a été levée, a confirmé le parquet de Nice à l'AFP, précisant cependant que l'enquête sur les faits se poursuit.

La préfecture a confirmé de son côté à l'AFP avoir déposé une plainte au nom de l'État à la suite de la "mise en scène macabre" à laquelle se serait prêté cet enseignant.

Thomas Ghestem avait eu l'idée de ce "paillassou" en costume cravate avec le visage du président en 2018, pour "la fête à Macron" lancée alors par le député de La France insoumise François Ruffin.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».