«Los reyes del Mundo», un «road movie» à la colombienne

Fille d'une psychanalyste et d'un avocat, Laura Mora a passé son adolescence, dans les années 1990, à Medellin, l'une des villes alors les plus dangereuses du monde, où le baron de la drogue Pablo Escobar semait la terreur et la mort. (AFP)
Fille d'une psychanalyste et d'un avocat, Laura Mora a passé son adolescence, dans les années 1990, à Medellin, l'une des villes alors les plus dangereuses du monde, où le baron de la drogue Pablo Escobar semait la terreur et la mort. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 mars 2023

«Los reyes del Mundo», un «road movie» à la colombienne

  • Lauréat à l'automne du Coquillage d'Or au Festival de San Sebastian, en Espagne, «Los reyes del Mundo» est le troisième long métrage de Laura Mora
  • «La Colombie est un pays très complexé: il y a cette idée, surtout dans les milieux les plus conservateurs, que nous devons donner une bonne image. Mais l'art n'a pas à le faire», déclare la cinéaste

TOULOUSE: Des jeunes des quartiers pauvres de Medellin traversent la Colombie pour aller réclamer un lopin de terre: "Los reyes del Mundo" est un "road movie" à la colombienne, épique et âpre.

Lauréat à l'automne du Coquillage d'Or au Festival de San Sebastian, en Espagne, ce film est le troisième long métrage de Laura Mora, elle-même victime de la violence qui ensanglante son pays depuis plus d'un demi-siècle.

"La Colombie est un pays très complexé: il y a cette idée, surtout dans les milieux les plus conservateurs, que nous devons donner une bonne image. Mais l'art n'a pas à le faire", a déclaré à l'AFP la cinéaste, avant de présenter son film au festival Cinelatino, organisé jusqu'au 2 avril à Toulouse, dans le sud de la France.

Fille d'une psychanalyste et d'un avocat, Laura Mora a passé son adolescence, dans les années 1990, à Medellin, l'une des villes alors les plus dangereuses du monde, où le baron de la drogue Pablo Escobar semait la terreur et la mort.

Elle voit son père tomber sous les balles d'un tueur à gages en 2002, alors qu'elle n'a que 21 ans. Dévastée par la douleur, elle part en Australie, étudie le cinéma et entreprend une thérapie.

Il en résultera "Matar a Jesus" (2019), récit fidèle de l'assassinat mais s'inspirant d'un rêve de la cinéaste, dans lequel elle rencontre le tueur de son père.

Exorciser la violence 

"Parler par les images a été ma façon de pouvoir vivre car tout me fait mal. J'ai vécu des choses très douloureuses liées à la violence", explique Laura Mora. Il lui a fallu douze ans pour tourner ce film, salué par la critique et plusieurs prix à travers le monde.

L'enquête sur l'assassinat de son père n'a toujours pas abouti. "Avec les années, nous avons compris que nous ne saurions rien", déplore la cinéaste, âgée aujourd'hui de 42 ans et rentrée vivre à Medellin.

Le succès de ses films à l'étranger n'y a rien fait. "La relation avec les gens change mais, du côté de l'Etat, rien n'a changé", regrette-t-elle.

Avec "Matar a Jesus" ("Tuer Jésus" en français), elle a exorcisé la violence subie. Mais au lieu de prendre ensuite un autre cap, elle a décidé d'approfondir le thème avec "Los reyes del Mundo" ("Les rois du monde").

"J'ai terminé +Matar a Jesus+ en 2016 et suis allée sur la côte, dans le nord de la Colombie. J'ai fait ce même voyage qu'entreprennent les jeunes dans +Los reyes del Mundo+", explique-t-elle.

Rêves et délire 

Ra, le protagoniste du film, reçoit un courrier officiel l'informant qu'il peut demander la restitution d'une parcelle confisquée des années plus tôt par des paramilitaires à sa grand-mère, depuis décédée.

Il décide d'aller faire valoir ses droits, accompagné de la seule famille qu'il connaisse: Culebro, Sere, Winny et Nano, ses amis de la rue. Ces cinq jeunes ont été sélectionnés lors d'un casting dans les quartiers pauvres de Medellin.

"Dès le début, le film est un voyage par la route, un +road movie+ qui désobéit aux règles du genre, qui va vers les rêves et le délire", raconte Laura Mora.

"C'est l'histoire de jeunes qui sont tout le temps rejetés. Il m'a donc semblé que l'imagination était le seul territoire dont personne ne pouvait les expulser", ajoute-t-elle.

Le problème de la terre et des spoliations est au cœur du conflit colombien, entre les guérillas, les paramilitaires et l'Etat.

Bien que Laura Mora n'ait "pas réfléchi en termes de réalisme magique", cher notamment à l'écrivain et prix Nobel colombien Gabriel Garcia Marquez, elle admet sentir "que le réalisme magique est une façon très particulière que nous avons, les Latino-Américains, de conter nos histoires, parce que la réalité est tellement dure qu'il nous faut trouver une beauté, ne serait-ce que dans la narration".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.