Sophie Binet élue à la tête de la CGT

Mardi, les congressistes ont rejeté le rapport d'activité de la direction sortante (50,32% des voix contre), un événement sans précédent dans l'histoire de la CGT et un désaveu majeur pour Philippe Martinez. (AFP).
Mardi, les congressistes ont rejeté le rapport d'activité de la direction sortante (50,32% des voix contre), un événement sans précédent dans l'histoire de la CGT et un désaveu majeur pour Philippe Martinez. (AFP).
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Publié le Vendredi 31 mars 2023

Sophie Binet élue à la tête de la CGT

  • La nouvelle équipe dirigeante --secrétaire général, administrateur et bureau exécutif-- devrait être présentée aux congressistes à 10H00
  • Les crispations autour de la succession de Philippe Martinez montrent les fractures profondes de la CGT et la défiance de nombre d'organisations vis-à-vis de la direction sortante

COURNON D'AUVERGNE: La secrétaire générale de la Fédération des cadres (Ugict) Sophie Binet est devenue vendredi, à la surprise générale, secrétaire générale de la CGT, première femme à occuper ce poste depuis la création de l'organisation en 1895, ont indiqué des membres de la direction à l'AFP.

Cette élection survient au terme d'une nuit de tractations au cours de laquelle aucune des deux candidates jusqu'alors pressenties, Marie Buisson, la dauphine du secrétaire général sortant Philippe Martinez, et Céline Verzeletti, ne sont parvenues à faire consensus sur leur nom.

Sophie Binet, née en 1982, est une ancienne membre du syndicat étudiant Unef et ancienne CPE (Conseillère principale d'orientation). Elle était à la tête de l'Ugict depuis 2018.

Issue de la Commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT, elle était référente du collectif femmes mixité, et engagée sur les questions environnementales et l'égalité hommes-femmes

Candidate "par défaut" selon certains, elle aura la lourde tâche de recoller les morceaux d'une CGT profondément divisée, à un moment où la centrale est en première ligne dans la lutte contre la réforme des retraites.

Ce coup de théâtre survient après une semaine de congrès houleux, en pleine bataille contre la réforme des retraite et à quelques jours d'une réunion de l'intersyndicale à Matignon, une invitation proposée par Elisabeth Borne.

Les crispations autour de la succession de Philippe Martinez montrent les fractures profondes de la CGT et la défiance de nombre d'organisations vis-à-vis de la direction sortante, au premier rang desquelles plusieurs puissantes fédérations industrielles (cheminots, énergie, chimie).

Le Congrès avait démarré dans une atmosphère tendue lundi, une vingtaine de membres de la fédération du commerce étant entrés de force dans la salle des débats pour protester contre le fait qu'ils ne puissent y siéger.

EN BREF

cgt
Marie Buisson, la candidate poussée par le secrétaire général sortant Philippe Martinez. (AFP).

 

La proposition d'équipe pour diriger la CGT, avec à sa tête Marie Buisson, la candidate poussée par le secrétaire général sortant Philippe Martinez, a été rejetée par le parlement du syndicat et une autre a été faite autour de Sophie Binet, la responsable du syndicat des cadres, a-t-on appris de sources concordantes.

Mardi, les congressistes ont rejeté le rapport d'activité de la direction sortante (50,32% des voix contre), un événement sans précédent dans l'histoire de la CGT et un désaveu majeur pour Philippe Martinez et sa dauphine.

 

« Pressions, menaces »

Membre du bureau du Congrès, Géraldine Madounari s'était émue mercredi à la tribune: "Se promener dans les allées amène à voire et entendre le pire de l'humanité. Pressions, menaces, votes orientés", avait-elle lancé.

Les débats sur le document d'orientation ont montré les désaccords entre les cégétistes sur les liens de la CGT avec les syndicats qui lui sont proches (FSU et Solidaires), sur l'écologie ou encore sur les questions internationales --certains demandent toujours que la CGT adhère à la Fédération  syndicale mondiale (FSM) qu'elle a quittée en 1995.

Point de crispation particulièrement aigu, la question de l'appartenance de la CGT au collectif Plus jamais ça, que la CGT a cofondé en mars 2020 avec des ONG et des associations, dont Greenpeace et Oxfam, et où Marie Buisson représentait la CGT.

Jeudi soir, un vote allant dans le sens d'une sortie de la CGT de ce collectif a sonné comme un signal d'alarme pour la direction sortante.

In fine, le document d'orientation a été adopté avec 72,79%, un score supérieur à celui du congrès de Dijon en 2019, selon Laurent Indrusiak, de la commission du document d'orientation.

En signe d'apaisement, la direction avait pris le soin d'arrondir les angles sur les aspects les plus clivants du texte, supprimant par exemple la mention de FSU et de Solidaires dans le paragraphe sur "l'unification du syndicalisme", et celle de "Plus jamais ça" dans un autre paragraphe sur les collectifs auxquels la CGT participe.

Jeudi soir, un "appel" a été signé, dans lequel la CGT a redemandé le "retrait pur et simple" de la réforme des retraites. "Il n'y aura ni médiation, ni compromis", dit le texte, prenant ses distances avec l'idée de "médiation" portée par l'intersyndicale et approuvée par Philippe Martinez mardi.


Le chef de la diplomatie française au Moyen-Orient, lundi en Israël

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, donne une conférence de presse à la Résidence des pins, la résidence officielle de l'ambassadeur de France au Liban, dans le quartier de Horsh à Beyrouth, le 30 septembre 2024. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, donne une conférence de presse à la Résidence des pins, la résidence officielle de l'ambassadeur de France au Liban, dans le quartier de Horsh à Beyrouth, le 30 septembre 2024. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française s'envolera vendredi pour le Proche-Orient et sera présent lundi en Israël pour le premier anniversaire de l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier
  • Le ministre s'était déjà rendu à Beyrouth lundi, exhortant Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre au Liban" et appelant les belligérants à "saisir" la proposition internationale de cessez-le-feu lancée la semaine dernière à l'ONU

PARIS: Le chef de la diplomatie française s'envolera vendredi pour le Proche-Orient et sera présent lundi en Israël pour le premier anniversaire de l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, a appris l'AFP auprès de son entourage.

Selon cette source, Jean-Noël Barrot doit se rendre en Arabie saoudite et au Qatar samedi, aux Emirats arabes unis et en Jordanie dimanche puis à Tel-Aviv et à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Le ministre s'était déjà rendu à Beyrouth lundi, exhortant Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre au Liban" et appelant les belligérants à "saisir" la proposition internationale de cessez-le-feu lancée la semaine dernière à l'ONU.

A l'issue d'un Conseil de défense tenu mardi, le président Emmanuel Macron avait demandé à son ministre des Affaires étrangères "de se rendre à nouveau au Moyen-Orient", selon un communiqué de l'Elysée.

Il a pour mission de "consulter tous ceux qui ont un rôle à jouer pour amorcer la désescalade et trouver des solutions durables à la crise actuelle dans tous ses aspects", en particulier au Liban et à Gaza.

Ce voyage intervient après une nouvelle nuit de frappes intensives israéliennes sur la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah libanais. Les autorités libanaises ont aussi affirmé qu'Israël avait mené un raid dans l'est du Liban, coupant un axe routier vital avec la Syrie voisine.

Lundi, Jean-Noël Barrot devrait assister à des célébrations prévues en Israël pour commémorer l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre et plongé la région dans une instabilité chronique.


Attentat près de la tour Eiffel en décembre: un Franco-Iranien déchu de sa nationalité française

Les anneaux olympiques sont visibles sur la Tour Eiffel à Paris, le 11 septembre 2024. (AFP)
Les anneaux olympiques sont visibles sur la Tour Eiffel à Paris, le 11 septembre 2024. (AFP)
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  • ​​​​​​​Un Franco-Iranien de 27 ans, accusé d'être l'auteur de l'attaque mortelle commise en décembre dernier près de la tour Eiffel, a été déchu de sa nationalité française, par un décret publié vendredi

PARIS: Un Franco-Iranien de 27 ans, accusé d'être l'auteur de l'attaque mortelle commise en décembre dernier près de la tour Eiffel, a été déchu de sa nationalité française, par un décret publié vendredi au Journal officiel, soit la 23e déchéance depuis le début de l'année.

Armand Rajabpour-Miyandoab, né en 1997 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avait tué au couteau un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes dans la soirée du samedi 2 décembre, à proximité du pont de Bir-Hakeim.

Interpellé juste après les faits, l'homme, connu pour son islamisme radical et ses troubles psychiatriques, avait été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat, "en relation avec une entreprise terroriste" et en état de récidive légale, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placé en détention provisoire.

Il s'agit de la 23e déchéance de nationalité prononcée par décret depuis le début de l'année, après 11 en 2023, selon le ministère de l'Intérieur.

"Depuis 2019, 50 déchéances de nationalité ont été prises. Ces mesures ont concerné uniquement des individus ayant été condamnés pour un crime ou un délit constituant un acte de terrorisme", selon des données de la place Beauvau.

Vendredi, deux déchéances - pour Armand Rajabpour-Miyandoab et pour un autre homme de 27 ans - sont parues au Journal officiel au lendemain de la déchéance d'un autre binational, âgé de 41 ans.

La déchéance de nationalité est inscrite dans un cadre juridique très précis, avec des cas d'application en lien direct avec la lutte contre le terrorisme, notamment à la suite de décisions judiciaires consécutives  aux attentats des années 2015, précise le ministère de l'Intérieur.

La déchéance concerne les seuls Français par "acquisition" et non les nationaux par naissance.


Impôts, immigration: Barnier tente d'asseoir son autorité face à sa coalition

Le Premier ministre français Michel Barnier parle à côté d'un écran affichant une photo du président français Emmanuel Macron lors de l'émission politique "L'Événement" diffusée sur la chaîne de télévision française France 2, à Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, le 3 octobre 2024. (AFP)
Le Premier ministre français Michel Barnier parle à côté d'un écran affichant une photo du président français Emmanuel Macron lors de l'émission politique "L'Événement" diffusée sur la chaîne de télévision française France 2, à Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, le 3 octobre 2024. (AFP)
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  • "Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises qui font plus d'un milliard" d'euros de chiffre d'affaires, "cela représente 300 entreprises", a développé le Premier ministre sur France 2
  • Michel Barnier a également annoncé que les hausses d'impôts qui viseront les personnes les plus fortunées - les ménages gagnant plus de 500.000 euros par an - permettront "de récupérer 2 milliards d'euros"

PARIS: "C'est moi qui fixe la ligne": Michel Barnier a entendu jeudi asseoir son autorité, en assumant des hausses d'impôt pour quelque "300 entreprises" ainsi que "les personnes les plus fortunées", malgré les frictions avec le camp macroniste, et en nuançant la ligne dure prônée par son ministre de l'Intérieur sur l'immigration.

"Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises qui font plus d'un milliard" d'euros de chiffre d'affaires, "cela représente 300 entreprises", a développé le Premier ministre sur France 2. Le "temps" de cette contribution supplémentaire "sera fixé dans la loi", "ce sera un an, peut-être deux ans".

"Mais il n'y aura pas d'impôts nouveaux sur la quasi-totalité des 4 millions d'entreprises", a-t-il ajouté, en réfutant tout "choc fiscal".

Michel Barnier a également annoncé que les hausses d'impôts qui viseront les personnes les plus fortunées - les ménages gagnant plus de 500.000 euros par an - permettront "de récupérer 2 milliards d'euros".

Le chef du gouvernement avait été mis sous pression dans la matinée par Gérald Darmanin, fer de lance des opposants dans le camp macroniste à toute augmentation de la fiscalité.

"Inacceptable", avait notamment fustigé l'ancien ministre des Comptes publics, prévenant qu'il ne "voterait pas une augmentation d'impôts", en considérant notamment qu'une révision des allègements de cotisations patronales reviendrait à "une augmentation du coût du travail" et une remontée du chômage.

"Dans l'effort que nous allons faire pour réduire la dette, 60 milliards, il y aura deux tiers de réduction des dépenses publiques. Et ça va être très dur", a par ailleurs prévenu le Premier ministre, en annonçant son intention de "fusionner des services publics" et "sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires".

"La facture va être payée par les services publics, par les restrictions qui vont être opérées, par toute une série de mesures qui vont en fait impacter le quotidien des familles moyennes et modestes", a réagi dans la foulée le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, quand le leader insoumis Manuel Bompard a taclé un Premier ministre "exécuteur des basses œuvres d'Emmanuel Macron".

Michel Barnier a encore indiqué vouloir lancer "pour l'année prochaine" un chantier de "l'allocation sociale unique", "de telle sorte qu'au bout de ce travail, ça paye plus de travailler que de ne pas travailler", un projet défendu par Laurent Wauquiez (LR).

Première étape: le vote du budget, dont M. Barnier a admis qu'il passera probablement par un 49.3, puisqu'"il n'y a pas de majorité" à l'Assemblée nationale.

- "J'accepte d'être impopulaire" -

L'exercice du grand oral télévisé de jeudi soir devait servir au locataire de Matignon à affirmer son cap mais aussi à asseoir son autorité, après plusieurs couacs dans sa fragile coalition.

A l'adresse de son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait provoqué l'ire de bon nombre de macronistes pour avoir assuré que l'Etat de droit n'était "pas sacré" ou que l'immigration n'était "pas une chance", Michel Barnier a rétorqué: "c'est moi qui fixe la ligne".

"Il y aura des mesures rigoureuses pour maîtriser" l'immigration, a-t-il assuré, tout en semblant écarter l'idée d'une nouvelle loi réclamée par Marine Le Pen. "Je ne vais pas me lancer dans des grands débats idéologiques", a-t-il ajouté.

Attendu vendredi dans le Puy-de-Dôme au Sommet de l'élevage, le chef du gouvernement a en outre promis jeudi de "faire une pause sur les normes" agricoles pour "encourager" les agriculteurs touchés par les crises.

"Ils en ont ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles" et "ils travaillent beaucoup de manière vitale pour faire vivre, pour nourrir les Français avec de la nourriture saine, équilibrée, diversifiée, traçable", a-t-il fait valoir, après avoir reçu mercredi à Matignon le patron du puissant syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau.

Sur le sujet de la fin de vie, le locataire de Matignon s'est dit "favorable à reprendre le travail au moment où il a été interrompu" à l'Assemblée nationale, dissolution oblige, en soulignant qu'il n'était "pas forcément d'accord avec tous les amendements" adoptés lors de l'examen de cette proposition de loi.

Et, sur l'ensemble de ses projets et de son action, il a martelé accepter d'"être impopulaire".

Y compris au sein de sa coalition? La manière dont le chef du gouvernement a publiquement mouché son prédécesseur, Gabriel Attal, sur le déficit budgétaire "trouvé en arrivant", a laissé des profondes traces dans l'attelage de la nouvelle majorité.

"Je ne suis pas sûr que la meilleure manière de s'assurer du soutien de ses députés est de mettre une petite gifle au président de groupe", a observé l'ex-ministre macroniste Roland Lescure. "Ce n'était pas nécessaire", a renchérit Gérald Darmanin, "surtout qu'il n'a pas répondu sur le même ton à Madame Le Pen".