Violences policières: 36 enquêtes judiciaires de l'IGPN, 2 de l'IGGN

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 avril 2023

Violences policières: 36 enquêtes judiciaires de l'IGPN, 2 de l'IGGN

  • Mais il a apporté une nouvelle fois son soutien aux forces de l'ordre en insistant sur la violence de certains manifestants
  • «Quand la violence, les casseurs et l'ultragauche s'en mêlent, alors il est du devoir des forces de l'ordre de dire stop»

PARIS: Gérald Darmanin a annoncé que "36 enquêtes judiciaires" avaient été ouvertes par l'IGPN, "la police des polices", et 2 par l'IGGN (l'équivalent pour les gendarmes) depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, dans une interview au Journal du Dimanche.

Alors que les accusations se multiplient contre les "violences policières" au cours des manifestations contre la réforme des retraites ou les retenues d'eau comme à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le ministre de l'Intérieur a assuré n'avoir "jamais eu la main qui tremble pour ceux qui déshonorent leur propre uniforme".

Il a rappelé qu'en 2021, "111" policiers et gendarmes avaient été sanctionnés, et "101" en 2020, pour "usage disproportionné de la force".

Mais il a apporté une nouvelle fois son soutien aux forces de l'ordre en insistant sur la violence de certains manifestants. "A Sainte-Soline comme dans certaines manifestations sauvages, ce n'était pas du maintien de l'ordre: c'était de la guérilla".

Estimant que les politiques avaient "manqué de fermeté face à l'extrême gauche, par complaisance intellectuelle ou par lâcheté", M. Darmanin a affirmé que "plus aucune ZAD (zone à défendre, NDLR) ne s'installera dans notre pays. Ni à Sainte-Soline ni ailleurs". Et d'annoncer la création à Beauvau d'une "cellule anti-ZAD, avec des juristes spécialisés". Elle verra le jour le 1er septembre, selon son entourage.

Au total, a relevé le ministre, "depuis le 16 mars, 1.093 policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont été blessés". Il y a eu "2.579 incendies volontaires et 316 atteintes à des bâtiments publics".

"Quand la violence, les casseurs et l'ultragauche s'en mêlent, alors il est du devoir des forces de l'ordre de dire stop", selon M. Darmanin. "Je refuse de céder au terrorisme intellectuel de l'extrême gauche qui consiste à renverser les valeurs: les casseurs deviendraient les agressés et les policiers les agresseurs", a-t-il dit.

Interrogé sur la pétition appelant à la dissolution des BRAV-M (policiers à moto à Paris), qui avait recueilli samedi soir plus de 240.000 signatures, M. Darmanin a jugé que c'était "une pétition politisée, relayée par la France insoumise qui déteste la police".

Quant aux inquiétudes manifestées par le rapporteur spécial de l'ONU et le Conseil de l'Europe sur la manière dont est utilisée la force en France, le ministre a répondu: "J'entends les critiques mais j'encourage leurs auteurs, plutôt que de commenter des extraits vidéos depuis New York ou Bruxelles, à venir sur le terrain".

Questionné sur l'ultragauche, il a assuré que les services de renseignement avaient recensé "en France 2.200 fichés S" appartenant à cette mouvance.

Il a dénoncé "une complaisance très inquiétante des mouvements politiques qui ont leurs entrées à l'Assemblée nationale". "Je sonne l'alarme", a-t-il ajouté. Selon lui, la Nupes "prend la pente de cette ultragauche des années 1970", "prend en otage la gauche républicaine".

Après le lancement de la procédure de dissolution du mouvement "Les Soulèvements de la Terre", un des organisateurs de la manifestation de Sainte-Soline, M. Darmanin a annoncé qu'il ferait de même pour Defco (Défense collective), un mouvement de Rennes (Ille-et-Vilaine) qui "appelle au soulèvement".

Le ministre a par ailleurs insisté sur l'importance de son projet de loi immigration, qui pour l'instant est mis en attente, faute de majorité pour le voter.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.