Attentat de la rue Copernic en 1980: le procès s'est ouvert à Paris, sans l'accusé

L'avocat français de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) David Pere (G), Corinne Adler, une victime âgée de 13 ans à l'époque, et l'avocat français de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) Antoine Casubolo Ferro assistent à l'ouverture du procès par contumace des accusés de l'attentat de 1980 contre la synagogue de la rue Copernic, au Palais de Justice de Paris, le 3 avril 2023. (AFP).
L'avocat français de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) David Pere (G), Corinne Adler, une victime âgée de 13 ans à l'époque, et l'avocat français de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) Antoine Casubolo Ferro assistent à l'ouverture du procès par contumace des accusés de l'attentat de 1980 contre la synagogue de la rue Copernic, au Palais de Justice de Paris, le 3 avril 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Attentat de la rue Copernic en 1980: le procès s'est ouvert à Paris, sans l'accusé

  • Hassan Diab, un Libano-Canadien de 69 ans qui a toujours clamé son innocence, avait déjà fait savoir à la cour d'assises spéciale qu'il ne se présenterait pas à l'audience
  • Entre l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980, et le procès de son auteur présumé, plus de quatre décennies se seront écoulées

PARIS: Quarante-trois ans après l'attentat à la bombe contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés en octobre 1980, le procès s'est ouvert lundi matin, en l'absence de l'unique accusé.

Hassan Diab, un Libano-Canadien de 69 ans qui a toujours clamé son innocence, avait déjà fait savoir à la cour d'assises spéciale qu'il ne se présenterait pas à l'audience, chargeant ses avocats de l'y représenter.

 

 

Quatre décennies de procédure en cinq dates-clés

Entre l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris, le 3 octobre 1980, et le procès de son auteur présumé, plus de quatre décennies se seront écoulées.

Retour sur l'une des plus longues procédures de l'antiterrorisme français en cinq dates-clés.

3 octobre 1980, l'attentat

Ce vendredi, soir de shabbat, 320 personnes sont réunies à l'intérieur de la synagogue de la rue Copernic, dans le cossu XVIe arrondissement de Paris. Il est environ 18H35 quand une bombe posée sur une moto garée à proximité de l'entrée de la synagogue explose.

C'est le premier attentat mortel ayant frappé la communauté juive en France depuis la Libération. Quatre personnes sont tuées: un étudiant qui se rendait en moto chez sa petite amie, le chauffeur d'une fidèle de la synagogue, une journaliste israélienne sortie faire une course et un voisin sur le pas de sa porte avec son fils de quatre ans. Une quarantaine d'autres sont blessées.

Les enquêteurs creusent d'abord la piste de l'extrême droite, en écartent d'autres aussi infructueuses, puis se concentrent sur celle du terrorisme palestinien. L'attentat, non revendiqué, est attribué à un groupe dissident du Front populaire de libération de la Palestine, le FPLP-OS.

19 avril 1999, les renseignements

C'est à cette date, 19 ans après les faits, qu'apparaît pour la première fois le nom de Hassan Diab dans le dossier.

Un rapport de la Direction de la surveillance du territoire (DST, devenue plus tard la DGSI) transmis à l'autorité judiciaire sur les membres présumés du commando l'identifie comme l'homme qui aurait confectionné la bombe dans sa chambre d'hôtel et l'aurait placée sur la moto utilisée pour l'attentat.

Ce ressortissant libanais installé aux Etats-Unis correspondrait aux portraits-robots réalisés pendant l'enquête, et surtout, selon un autre renseignement fourni au contre-espionnage français, un passeport à son nom avait été saisi en 1981 à Rome dans les effets d'un membre présumé du FPLP-OS.

Ce passeport, avec des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando, deviendra la pièce maîtresse de l'accusation.

13 novembre 2008, l'arrestation

Hassan Diab, qui réside depuis une dizaine d'années au Canada où il a été naturalisé, et qui enseigne alors la sociologie à l'université d'Ottawa, est arrêté en vertu d'un mandat d'arrêt délivré à son encontre le 5 novembre 2008.

Un an plus tôt, différents articles de journaux révélaient son nom et son implication présumée. Dans une interview au Figaro, publiée le 24 octobre 2007, Hassan Diab se dit "victime d'une regrettable homonymie".

Avec son arrestation le 13 novembre 2008 commence une longue procédure d'extradition, qui aboutira six ans plus tard, jour pour jour.

Mis en examen et écroué en France, Hassan Diab se mure d'abord dans le silence, avant de s'expliquer face aux juges d'instruction.

Il assure qu'il était à Beyrouth au moment de l'attentat, en pleine période d'examens à l'université. D'anciens étudiants et son ex-épouse corroboreront ses déclarations.

12 janvier 2018, le non-lieu

Plus de 37 ans après les faits, les juges d'instruction signent une ordonnance de non-lieu, estimant que "les charges pouvant être retenues contre Hassan Diab ne sont pas suffisamment probantes".

Pour motiver leur décision, les magistrats relèvent la difficile appréciation de la "fiabilité" des renseignements ayant désigné Hassan Diab comme le poseur de la bombe, et jugent "vraisemblable" qu'il se trouvait au Liban à l'époque des faits.

Hassan Diab est immédiatement remis en liberté, après plus de trois ans de détention, et repart au Canada.

Le parquet de Paris fait appel.

27 janvier 2021, le renvoi aux assises

La chambre de l'instruction, après avoir suspendu sa décision aux conclusions d'une énième expertise graphologique dans cette affaire, infirme le non-lieu accordé trois ans plus tôt à Hassan Diab, estimant que les éléments pris dans leur ensemble "constituent des charges suffisantes contre l'intéressé d'avoir commis les faits qui lui sont reprochés".

La Cour de cassation rejette le 19 mai 2021 l'ultime recours de Hassan Diab (69 ans aujourd'hui), validant définitivement son renvoi devant la cour d'assises spéciale.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.