En Californie, la présidente taïwanaise salue le soutien «indéfectible» des Etats-Unis

Le républicain Kevin McCarthy s'entretient avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en arrivant pour une réunion bipartite à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan à Simi Valley, Californie, le 5 avril 2023 (Photo, AFP).
Le républicain Kevin McCarthy s'entretient avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen en arrivant pour une réunion bipartite à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan à Simi Valley, Californie, le 5 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 06 avril 2023

En Californie, la présidente taïwanaise salue le soutien «indéfectible» des Etats-Unis

  • Tsai Ing-wen est arrivée mardi soir à Los Angeles après sa tournée diplomatique en Amérique centrale, pour une rencontre qui irrite grandement Pékin
  • Pékin a comparé mercredi la nouvelle rencontre sur le sol américain à des «actes de collusion gravement erronés» entre les Etats-Unis et Taïwan

SIMI VALLEY: La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a salué mercredi le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à son île autonome, lors de sa rencontre en Californie avec le républicain Kevin McCarthy, suscitant l'ire de Pékin qui a promis une réponse "déterminée".

La dirigeante de 66 ans, issue d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance – une ligne rouge absolue pour la Chine –, s'est entretenue avec le président de la Chambre des représentants à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, près de Los Angeles, malgré les menaces répétées de ripostes émises par Pékin ces dernières semaines.

La Chine avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan en août dernier, lorsque la démocrate Nancy Pelosi, prédécesseure de M. McCarthy au perchoir, s'était rendue à Taïwan.

Pékin a comparé mercredi la nouvelle rencontre sur le sol américain à des "actes de collusion gravement erronés" entre les Etats-Unis et Taïwan.

"La Chine prendra des mesures déterminées et efficaces pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale", a réagi le ministère des affaires étrangères dans un communiqué, sans mentionner explicitement des exercices militaires.

Ton prudent

Dans ce contexte inflammable, M. McCarthy a adopté un ton prudent. Le troisième personnage de l'Etat américain a assuré que la relation entre Taipei et Washington était "plus forte" qu'elle ne l'a jamais été "au cours de (sa) vie".

L'élu de Californie était entouré d'un grand groupe de parlementaires, républicains comme démocrates, pour recevoir la présidente taïwanaise, qui était en "transit" après une tournée en Amérique latine.

"Leur présence et leur soutien indéfectible rassurent le peuple taïwanais: nous ne sommes pas isolés, nous ne sommes pas seuls", s'est félicitée Tsai Ing-wen.

La Chine considère que l'île démocratique et autonome de Taïwan est une de ses provinces à reprendre, en privilégiant une "réunification pacifique", mais sans exclure d'employer la force.

Au nom de son principe d'"une seule Chine", aucun pays n'est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps.

Seuls 13 Etats reconnaissent encore Taïwan, dont le Belize et le Guatemala, pays d'Amérique latine que Mme Tsai a visités ces derniers jours pour cimenter la relation avec ses rares alliés officiels, après une première étape à New York.

Mais les Etats-Unis entretiennent de longue date une "ambiguïté stratégique" sur la question taïwanaise. Washington reconnaît Pékin depuis 1979, mais reste l'allié le plus puissant de Taïwan ainsi que son principal fournisseur d'armes.

Le soutien à l'île est l'un des rares points de consensus entre les deux partis au Congrès américain. Sous le mandat de Tsai Ing-wen, Taïwan s'est rapproché des Etats-Unis.

Symboles

Un état de fait que M. McCarthy s'est employé à rappeler à grands renforts de symboles devant une ancienne version de l'avion présidentiel Air Force One de Ronald Reagan.

"L'amitié entre les peuples taïwanais et américain revêt une grande importance pour le monde libre et est essentielle au maintien de la liberté économique, de la paix et de la stabilité régionale", a-t-il déclaré.

Le président de la Chambre des représentants, qui souhaitait initialement se rendre à Taïwan, a évité d'évoquer directement la Chine aux côtés de Mme Tsai, mais s'est montré plus direct lors d'une conférence de presse après la rencontre.

"Il n'y a pas lieu de prendre des mesures de rétorsion", a-t-il plaidé. Mais "la Chine ne va pas me dire où je peux aller ni à qui je peux m'adresser", a-t-il ajouté, sans exclure une future visite sur l'île.

Il a également appelé à "continuer les ventes d'armes à Taïwan", qui sont selon lui le "meilleur moyen" d'empêcher une invasion chinoise de l'île. "C'est une leçon essentielle que nous avons tirée de l'Ukraine, à savoir que l'idée de simples sanctions à l'avenir n'arrêtera personne", a-t-il insisté.

L'administration Biden a elle aussi tenté de calmer le jeu. Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a souligné qu'il ne s'agissait que d'un "transit" de la dirigeante taïwanaise sur le territoire américain et non d'une visite officielle. Il a appelé Pékin à ne pas se servir de l'entretien comme "excuse" pour "faire monter les tensions".

Reste à savoir comment se traduira la réponse chinoise dans les faits.

"La Chine a déjà fait des déclarations assez menaçantes, ce qui suggère qu'elle doit répondre d'une manière ou d'une autre", juge auprès de l'AFP Bonnie Glaser, directrice du programme Asie du groupe de réflexion américain German Marshall Fund. Sans réaction forte, le président chinois "Xi Jinping risque de paraître faible."


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.