Retraites: Borne fait un pas de côté, puis défend son «alignement» avec Macron

Le ministre français du Travail Olivier Dussopt (2eR) et la Première ministre française Elisabeth Borne (R) assistent à une réunion entre le Premier ministre français et les représentants des organisations patronales à l'hôtel Matignon à Paris, le 5 avril 2023. (Photo, AFP)
Le ministre français du Travail Olivier Dussopt (2eR) et la Première ministre française Elisabeth Borne (R) assistent à une réunion entre le Premier ministre français et les représentants des organisations patronales à l'hôtel Matignon à Paris, le 5 avril 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 avril 2023

Retraites: Borne fait un pas de côté, puis défend son «alignement» avec Macron

  • Borne semblait marquer sa différence avec Macron en appelant à respecter «une période de convalescence» dans le pays après la crise des retraites
  • Le gouvernement et les syndicats attendent tous vendredi 14 avril la décision cruciale du Conseil constitutionnel sur la conformité de la réforme des retraites

PARIS: La mésentente couve-t-elle au sommet de l'exécutif ? L'appel d'Elisabeth Borne à ne pas "brusquer les choses" avec les syndicats a jeté le doute vendredi sur sa relation avec Emmanuel Macron, même si elle a rapidement insisté sur son parfait "alignement" sur le chef de l'Etat.

"On échange régulièrement avec le président de la République et je pense que l'on partage la même analyse: il y a besoin d'apaisement dans le pays", a affirmé en fin de matinée la cheffe du gouvernement lors d'un déplacement à Rodez (Aveyron). "On est parfaitement alignés sur ce sujet", a-t-elle encore tenu à désamorcer, en précisant partager "les mêmes objectifs" avec le chef de l'Etat.

Il s'agit d'une "surinterprétation" à "partir de rien", le président et la cheffe du gouvernement "disent la même chose", a insisté son entourage.

Une clarification rendue nécessaire par l'émoi médiatique suscité par des propos distillés jeudi à plusieurs médias par la Première ministre. Celle-ci semblait marquer sa différence avec Emmanuel Macron en appelant à respecter "une période de convalescence" dans le pays après la crise des retraites, et en soulignant qu'il ne fallait "pas que les syndicats sortent humiliés de cette séquence".

Auprès du Monde, Le Point et RTL, la cheffe du gouvernement a plaidé pour "ne pas brusquer les choses". "Il faut laisser reposer. Le pays a besoin d'apaisement", a-t-elle dit, après sa rencontre de mercredi avec l'intersyndicale, qui s'est soldée par un constat de désaccords.

«Pâte à crêpe»

Ce ton conciliant a été immédiatement salué par le secrétaire général de la CDFT Laurent Berger, car il tranche avec les propos tenus par le président de la République mercredi en marge d'un déplacement en Chine.

Le chef de l'Etat avait, via son entourage, nié toute "crise démocratique en France" et assuré avoir un mandat clair pour réformer les retraites. Il avait également une nouvelle fois mis en cause la CFDT, accusée de n'avoir pas proposé de projet alternatif, déclenchant le courroux de Laurent Berger qui avait demandé à Emmanuel Macron de "garder ses nerfs".

"Le message de ce matin est plus respectueux que celui qui nous était venu de Chine", s'est félicité vendredi matin sur BFMTV et RMC le responsable du premier syndicat de France, dont les relations se sont particulièrement tendues avec Emmanuel Macron. En revanche, il n'y a "jamais eu de problème de respect" avec la cheffe du gouvernement, a-t-il ajouté.

"On voit qu’il y a des tensions à l’intérieur de l’exécutif", a estimé de son côté Simon Duteil, codélégué de Solidaires, sur BFMTV. Mme Borne "parle de convalescence mais nous on n'est pas malades (...) On n'a pas besoin de se laisser reposer, on n'est pas de la pâte à crêpes", a-t-il insisté.

Mme Borne a aussi semblé faire un pas de côté en appelant à redonner "un cap". "Avant d'aller chercher des alliés pour voter les textes, c'est important que l'on dise où l'on veut aller", a-t-elle fait valoir. "Il faut redonner du sens et du souffle à l'action. Je ne suis pas simplement là pour administrer le pays."

«Mettre des coins»

Fait inhabituel, depuis la Chine, l'entourage du président de la République a rapidement réagi aux déclarations de la Première ministre. "Le président de la République coordonne avec la Première ministre. Le cap a été donné par le président de la République lors de son interview au 13h sur France 2 et TF1. Il a demandé à la Première ministre de recevoir les syndicats et de travailler sur une feuille de route pour les mois à venir", a fermement rappelé l'entourage.

Face au bruit de possibles dissensions, le secrétaire général du parti présidentiel Renaissance Stéphane Séjourné a relativisé.

"Il y a une tentation de faire monter l'Elysée contre Matignon, de mettre des coins entre l'exécutif. Je suis en contact avec les deux, je ne vois pas du tout de problématique de ligne et d'objectifs" entre les deux a-t-il assuré sur Franceinfo.

La Première ministre comme le président sont "exactement sur la même ligne: apaiser et avancer", a renchéri le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, en marge d'un déplacement à Dijon. "Le discours n’est pas différent, il n’y a aucune prise de distance".

Au lendemain d'une 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, environ 200 manifestants ont accueilli Mme Borne sous les huées devant l'hôpital de Rodez, où elle effectuait une visite sur la santé en milieu rural.

Le gouvernement et les syndicats attendent tous vendredi 14 avril la décision cruciale du Conseil constitutionnel sur la conformité de la réforme des retraites. Elle sera précédée la veille par une 12e journée de mobilisation des syndicats.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.