Colombie: Evacuer ou pas, le dilemme des paysans voisins du volcan menaçant

Vue aérienne de la municipalité de Murillo près du volcan Nevado del Ruiz à Murillo, département de Tolima, Colombie, le 7 avril 2023. (AFP).
Vue aérienne de la municipalité de Murillo près du volcan Nevado del Ruiz à Murillo, département de Tolima, Colombie, le 7 avril 2023. (AFP).
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Colombie: Evacuer ou pas, le dilemme des paysans voisins du volcan menaçant

  • La menace d'une éruption est pourtant palpable depuis la fin du mois de mars, la moyenne quotidienne des tremblements de terre à l'intérieur du volcan est passée de 50 à 12 000
  • En conséquence, les autorités ont élevé le degré d'alerte de jaune à orange, et ont ordonné l'évacuation de 7 500 résidents

MURILLO : Le panache de fumée qui s'élève au-dessus du cratère enneigé rappelle la menace latente d'une éruption. Mais la plupart des paysans au pied du volcan colombien Nevado del Ruiz ne veulent pas quitter leurs terres et leurs animaux malgré les ordres d'évacuation préventive.

Luis Cañon dit "avoir peur" des grondements du volcan mais ne voit pas d'autre issue que la "résignation".

"Je dois tout abandonner ? Mes récoltes ! Mes animaux ! Et quand je reviendrai, il n'y aura plus rien !", explique à l'AFP l'agriculteur de 50 ans, coiffé d'un chapeau de paille, un poncho noué autour du cou.

La menace d'une éruption est pourtant palpable depuis la fin du mois de mars, la moyenne quotidienne des tremblements de terre à l'intérieur du volcan est passée de 50 à 12 000.

En conséquence, les autorités ont élevé le degré d'alerte de jaune à orange, et ont ordonné l'évacuation de 7 500 résidents, familles d'agriculteurs installées sur les pentes du volcan dont l'éruption imprévisible menace au total quelque 57 000 personnes alentours.

Animaux évacués

Mais les réticents sont nombreux. "Les agriculteurs ont des vaches, des chevaux, des chèvres, de la volaille, ce qui les empêche de se déplacer et de procéder à l'évacuation préventive (...) de peur qu'ils ne soient volés", reconnaît le conseiller présidentiel, Luis Fernando Velasco.

Pour les y aider, le gouvernement a adopté "des mesures exceptionnelles pour déplacer environ 80 000 animaux (...) des zones en alerte", et ainsi sauver des vies humaines, explique-t-il.

Ici pourtant, chacun sait l'ampleur de la menace du Nevado del Ruiz car le fantôme de l'éruption de 1985, deuxième la plus meurtrière du XXe siècle, hante toujours la région. Une coulée boueuse, dite lahar, a balayé une ville entière et 25 000 personnes sont mortes sous une torrent de cendres, d'eau et de roches, provoqué par la fonte des glaces accrochées au volcan.

Luis Londoño se souvient encore de ce 13 novembre "terrifiant". La nuit, une rivière voisine "grondait" et les gens couraient partout "en pleurant et en criant que c'était la fin du monde".

Résidant à Herveo, une commune à 30 km au nord-est du volcan, il dit craindre une nouvelle tragédie. "La peur est grande que la montagne enneigée explose, tout le monde parle de ça en ville", dit cet homme de 65 ans qui ne sait pas encore ce qu'il fera si l'ordre d'évacuation tombe.

De temps en temps, "quelques cendres" tombent, dit une autre habitante, Cecilia Gallego. "Parfois je m’endors plus anxieuse que d'autres soirs en pensant que les cendres vont faire tomber le toit" de la maison, dit-elle, toutefois sceptique face aux demandes d'évacuation préventive de la police qui va de maison en maison informer la population.

Arbeis Rojas, le maire de la municipalité de 9 000 habitants, assure lui que tout est prêt : "protocoles d'évacuation, abris, points de rencontre, aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales".

«Pas bon signe»

La brume tombe en fin d'après-midi, cachant le sommet du volcan et faisant disparaître son imposante menace.

"Je suis tranquille, car c'est une belle journée et il n'y a rien d'anormal", se rassure Cecilia Gallego, cheveux grisonnants et crucifix autour du cou.

Pourtant, le conseiller présidentiel, Luis Fernando Velasco se dit lui "préoccupé" par "les tremblements de terre qui se rapprochent de plus en plus du cratère, ce qui, selon les volcanologues, n'est pas bon signe".

John Makario Londoño-Bonilla, directeur du service géologique colombien, ne peut se montrer formel sur l'imminence d'une éruption. Elle est "probable, en termes de jours ou de semaines" dit-il devant un mur d'écrans où sont rapportés les moindres mouvements du sol.

Sur les sentiers escarpés qui entourent le volcan, quelques soldats contrôlent les allées et venues aux abords du parc naturel, qui est fermé. L'activité touristique est suspendue et César Ortegon, guide vers les sources d'eau chaude qui émanent de la montagne enneigée, quitte les lieux.

Il se souvient de 1985 et ne se risquera pas à une deuxième fois. Réchapper à la catastrophe a été pour lui "comme une nouvelle naissance".

Il sait d'avance que "tout le monde ne va pas partir", mais lui ferme la porte de son local, salue ses compagnons et grimpe dans un camion. Soulagé.


Nigeria: au moins 40 morts après des affrontements avec un gang armé

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
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  • Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP
  • Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences

JOS: Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP.

Le secrétaire de la Croix-Rouge de l'Etat de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, a déclaré à l'AFP que "des centaines de miliciens d'auto-défense ont été pris en embuscade" dimanche dans le village de Kukawa. Cette attaque est survenue alors que les miliciens se regroupaient après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun, selon un habitant.

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences.

"Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l'Etat voisin de Bauchi", a précisé Nuruddeen Hussain Magaji. "On s'attend à ce que d'autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse", a-t-il ajouté.

Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun, dans la circonscription voisine de Wase, a déclaré que "dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté, dimanche".


Trump reçoit Netanyahu à la recherche d'un accord à Gaza

Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza
  • Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus

WASHINGTON: Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu Benjamin Netanyahu à dîner à la Maison Blanche lundi soir, lequel a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la Paix.

La troisième visite à Washington du Premier ministre israélien M. Netanyahu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l'élan donné par la récente trêve entre Israël et l'Iran après une guerre de 12 jours.

"Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord de paix.

Assis l'un en face de l'autre autour d'une grande table, le président américain s'est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza.

"Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.

Le Premier ministre israélien a lui annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu'il a envoyée au comité Nobel.

"A l'heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l'autre), dans une région après l'autre", a loué M. Netanyahu.

La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Depuis dimanche, deux sessions de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se sont tenues à Doha, selon des sources palestiniennes proches des négociations. "Aucune percée" n'a été encore réalisée, a indiqué à l'AFP l'une d'elles.

Mardi matin, l'armée israélienne a annoncé que cinq soldats avaient été tués et deux autres grièvement blessés au combat dans le nord de la bande de Gaza.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait indiqué que "la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, à laquelle l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Dimanche, Donald Trump a estimé qu'il existait "de bonnes chances" de parvenir à un accord "cette semaine".

Les négociations indirectes, menées via les médiateurs qatari, égyptien et américain, portent "sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord de cessez-le-feu et d'un "échange" d'otages retenus à Gaza contre des Palestiniens détenus en Israël, selon un responsable palestinien.

- "Inacceptables" -

La délégation du Hamas se trouvait dans une salle et la délégation israélienne dans une autre, dans le même bâtiment, a-t-il précisé.

"Le Hamas est sérieux et soucieux d'aboutir à un accord pour mettre fin à la guerre et à la souffrance de notre peuple, à condition que la partie israélienne fasse preuve de bonne foi et ne cherche pas à entraver ou à faire traîner le processus", a affirmé le responsable palestinien.

Lundi soir, M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.

"Maintenant, les gens diront que ce n'est pas un Etat complet, que ce n'est pas un Etat. Nous nous en moquons", a-t-il dit.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

- "On ne savait plus où aller" -

Des dizaines de personnes, dont des parents d'otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l'antenne de Tel-Aviv de l'ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu.

Les manifestants ont brandi des drapeaux américains, des affiches portant des photos d'otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire "Président Trump, faites l'histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre".

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Une première trêve d'une semaine en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois début 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Sur le terrain à Gaza, la Défense civile a fait état de 12 Palestiniens tués par des frappes israéliennes, dont six morts dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord), qui "abrite des centaines de déplacés".

"On a été surpris par des missiles et des explosions à l'intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts", témoigne auprès de l'AFP Salman Qoudoum, en exhortant à un accord de cessez-le-feu. "On ne peut plus attendre".


Le Japon se tourne vers les pays du CCG pour assurer la stabilité au Moyen-Orient

Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
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  • Le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya rencontre le Dr Jasem Al-Budaiwi du CCG
  • L'industrie pétrolière mondiale et l'instabilité au Moyen-Orient ont été abordées.

TOKYO : Le ministre japonais des Affaires étrangères, M. Takeshi Iwaya, a rencontré lundi le secrétaire général du CCG, M. Jasem Al-Budaiwi, pour discuter de l'industrie pétrolière mondiale et de l'instabilité croissante au Moyen-Orient.

Iwaya a déclaré que les pays du CCG jouaient un rôle de plus en plus important dans le contexte de l'agitation régionale et internationale, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères.

Le Japon souhaite approfondir la coopération politique et économique avec le CCG afin d'apporter la paix et la stabilité à la région, y compris la conclusion des négociations de l'accord de partenariat économique entre le Japon et le CCG.

M. Al-Budaiwi a déclaré que le bloc régional espérait également l'achèvement des négociations de l'APE et la poursuite de la coopération dans le cadre du plan d'action Japon-CCG.

M. Al-Budaiwi a ajouté que Tokyo était un partenaire important et a lancé une invitation pour une réunion des ministres des affaires étrangères des deux parties.

Les fonctionnaires ont parlé franchement des questions relatives au Moyen-Orient, notamment du conflit entre Israël et l'Iran, des attaques contre la bande de Gaza et de la situation en Syrie.

M. Iwaya a déclaré que le Japon poursuivrait ses efforts diplomatiques pour faire en sorte que l'accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran soit mis en œuvre et que les voies du dialogue soient rouvertes.

M. Al-Budaiwi s'est fait l'écho de ce point de vue et a déclaré que les pays du CCG restaient attachés au dialogue.

Les fonctionnaires ont fait part de leurs préoccupations concernant les actes qui menacent les routes maritimes et les attaques contre les installations pétrolières.

- Cet article est également publié sur Arab News Japan