Les Arabes dans l’imaginaire français

La représentation collective de l’Arabe en France est incontestablement un héritage de la période coloniale (Shutterstock)
La représentation collective de l’Arabe en France est incontestablement un héritage de la période coloniale (Shutterstock)
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Publié le Mardi 01 décembre 2020

Les Arabes dans l’imaginaire français

  • La représentation collective de l’Arabe en France est incontestablement un héritage de la période coloniale
  • Au gré des circonstances, le regard porté sur les Arabes est marqué par une ambivalence où se mêlent rejet et attirance

PARIS: Contrairement à une idée reçue, la présence arabe en France n’est pas liée aux vagues d’immigration économique des années 1960. Elle remonte plutôt au haut Moyen Âge, vers 717, lorsque les armées arabo-berbères – sous commandement omeyyade – franchissent les Pyrénées pour ravir la Septimanie aux Wisigoths. Elle deviendra l’une des cinq provinces d’Al-Andalus, avec Arbûna (Narbonne) pour capitale. Souvent éclipsé, cet événement constitue pourtant une étape clé dans l’histoire de France.

C’est donc au viiie siècle que l’Arabe fait irruption dans l’imaginaire français. Perçu comme l’Infidèle (non chrétien), on le désigne indifféremment comme «le Maure», «l’Ismaélien» ou encore «le Mahométan». Il sera visé par la propagande de l’élite «cultivée» de l’époque, qui n’y fait référence que par des épithètes insultantes et des représentations dégradantes.

Quant à la religion musulmane, qualifiée d’hérétique, elle fera l’objet de toutes sortes de calomnies et de désinformations. Relayés et alimentés par des hommes du pouvoir ecclésial, des écrivains et autres chroniqueurs, ces clichés perdureront des siècles durant et «nourriront» les esprits au cours des croisades et au-delà.

Toutefois, au gré des circonstances, le regard porté sur les Arabes est marqué par une ambivalence où se mêlent rejet et attirance. En témoigne l’admiration portée aux soldats arabes qui ont combattu pour la France. Sébastopol, Sedan, Verdun, Monte Cassino… ils furent de toutes les batailles. Parfois même du mauvais côté de l’histoire, comme à Diên Biên Phu. Une fois démobilisés, les rescapés regagneront leurs pays… sous domination coloniale.

Les clichés négatifs ressurgissent avec force pendant la période coloniale, comme pour justifier la violence faite aux populations dominées. Ces «indigènes sauvages», que la République se charge de guider vers les lumières de la «civilisation». Sous la IIIe République, la propagande antiarabe s’invite à l’école. Les manuels scolaires de l’époque vantent «l’œuvre civilisatrice de la colonisation» et se fondent sur la raciologie du xixe siècle pour concilier préjugés dominateurs et principes républicains.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France manque de bras pour sa reconstruction. Elle fait venir 100 000 travailleurs par an, majoritairement des colonies. C’est le début de l’immigration de masse favorisée par les Trente Glorieuses et le plein emploi: de 50 000 en 1946, ils passent à 3 868 000 en 1975. Les migrants de cette période (1945-1975) représentent un enjeu majeur pour les grands groupes. Non sans paternalisme, Francis Bouygues dira: «Les étrangers ont beaucoup de qualités, et ce sont des gens courageux.»

Pour le patronat, les travailleurs immigrés sont un simple facteur de production. Leur présence en France est nécessaire à condition qu’elle soit temporaire. Cette vision «idéale» de l’immigration économique, qui nie l’aspect social de la question, volera en éclats dans les années 1970 avec le regroupement familial.

Pour la frange raciste de la population, l’idée que les «Arabes» puissent s’installer durablement en France est insupportable. Cela déclenche une série de crimes racistes, entre 1971 et 1983, qui feront des dizaines de victimes. À l’origine économique, l’immigration devient progressivement un enjeu politique et électoral. Toutes les tendances politiques essayeront de la contrôler, à l’exception de l’extrême droite qui exploite le moindre fait divers pour réveiller les vieux démons.

La représentation collective de l’Arabe en France est incontestablement un héritage de la période coloniale. Si les anciens stéréotypes semblent passés de mode, il n’en demeure pas moins que le regard sur l’autre oscille entre rejet et attirance au gré des crises et des évènements.

Lorsque la France devient championne du monde de football en 1998, elle célèbre Zinedine Zidane, fils de travailleur immigré algérien, fer de lance de l’équipe et six fois en tête des personnalités préférées des français. L’euphorie du moment accouche du slogan «black-blanc-beur» synonyme de «vivre ensemble», croit-on. Ce mythe finira par se briser sept ans plus tard avec les émeutes de Clichy-sous-Bois liées à la mort tragique de deux adolescents qui fuyaient, par peur, la police.

Devant l’étendue de la révolte, les autorités instaurent un couvre-feu, adossé à la loi sur l’état d’urgence. Ironie de l’histoire, cette loi référence a été votée en avril 1955, sous le gouvernement d’Edgar Faure, dans le contexte de la guerre d’Algérie. Durant cette période, elle a été également appliquée en métropole… aux seuls Nord-Africains. C’est l’origine du fameux «contrôle au faciès» qui a perduré jusqu’à nos jours.

Progressivement, on passe de «l’Arabe» au «musulman». Déjà en 1983, le socialiste Pierre Mauroy instrumentalise ce cliché pour discréditer les grèves aux yeux de l’opinion dans le secteur de l’automobile. Les ouvriers nord-africains qui y travaillent sont accusés d’être «agités par des groupes religieux», et le mouvement social taxé de «grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites». 

L’islamisation des regards se légitimera à travers la révolution iranienne, l’affaire du foulard et les attentats commis par des terroristes se réclamant de l’islam. Le microcosme politico-médiatique généralise le qualificatif de «musulman» et évoque une supposée «communauté musulmane», sans se soucier de savoir si les intéressés le sont vraiment. Nicolas Sarkozy n’hésitera pas employer la terminologie de «musulmans d’apparence» et de «préfet musulman» pour désigner l’ex-Préfet du Jura Aïssa Dermouche.

Les attentats du 11 septembre 2001 finiront par fixer définitivement l’image du terroriste islamiste dans l’imaginaire collectif. On assiste à la montée crescendo d’un racisme décomplexé, relayé de manière récurrente par des médias exhibitionnistes et des écrivains en mal de fonds de commerce. Gros paradoxe, lorsqu’on sait que les Français d’origine arabe, dans leur grande majorité, pratiquants ou pas, évoluent en parfaite harmonie avec les valeurs de la République. De plus, ils contribuent efficacement à l’essor de la France dans tous les domaines. L’exemple le plus emblématique est sans conteste celui des milliers de médecins d’origine arabe, généralement maghrébins, qui portent à bout de bras le système sanitaire français. Ceux-là comme d’autres se sentent pourtant stigmatisés en raison de leur origine, de la consonance de leur nom et de leur religion réelle ou supposée. Ce sentiment d’exclusion  est plus fort chez les femmes, comme le montre un sondage YouGov/Arab News réalisé en septembre 2020.

Force est de constater que le rejet aujourd’hui de cette catégorie de Français présente de nombreuses similitudes avec celui de l’Arabe hier. Les mêmes préjugés et les mêmes représentations biaisées subsistent. Jusqu’à quand?


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.


L’ambassadeur d’Arabie saoudite en France célèbre la journée internationale de solidarité

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
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  • Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité
  • À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily

PARIS: Célébrée chaque année le 20 décembre, la Journée internationale de la solidarité humaine rappelle une évidence, mise à l’épreuve par les crises contemporaines et pourtant toute simple : l’humanité partage un destin commun.

Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et à encourager des actions concrètes en faveur de la lutte contre la pauvreté et des Objectifs de développement durable.

Dans la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000, la solidarité est d’ailleurs consacrée comme l’une des valeurs fondamentales devant structurer les relations internationales au XXIᵉ siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est dans ce cadre que l’ONU a mis en place le Fonds de solidarité mondial, destiné à soutenir les populations les plus vulnérables et à lutter contre l’extrême pauvreté.

La Journée internationale de la solidarité humaine sert donc de rappel annuel du fait que les engagements pris lors des grandes conférences internationales ne doivent pas rester de simples déclarations d’intention, mais se traduire par des politiques et des initiatives tangibles.

Une solidarité au cœur de l’action internationale

À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily.

Devant un parterre de diplomates, de responsables religieux et de parlementaires, l’ambassadeur a souligné la portée universelle de cette date symbolique : « C’est une journée qui nous rappelle que notre humanité est partagée et que notre avenir est commun », a-t-il déclaré, inscrivant son propos dans un contexte international marqué par les conflits, les crises humanitaires et les inégalités croissantes.

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international.

Ces valeurs, a-t-il insisté, sont profondément enracinées dans la culture saoudienne, les principes de l’islam et la Vision 2030, feuille de route stratégique qui guide la transformation du pays.

Engagement humanitaire et dialogue interculturel

Sur le terrain humanitaire, l’Arabie saoudite déploie une aide « sans distinction d’origine ou de religion », notamment à travers le Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire et le secours, qui intervient dans de nombreux pays en fournissant une assistance alimentaire, des soins médicaux, une aide à l’éducation et des secours d’urgence lors de crises majeures.

À cet engagement s’ajoute l’action du Fonds saoudien pour le développement, qui finance plus de 700 projets dans 93 pays, contribuant au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation.

Le secteur privé et les fondations caritatives jouent également un rôle important, à l’image de la Fondation caritative du prince Sultan, active en Arabie saoudite, en France et dans de nombreux pays, notamment à travers un partenariat durable avec l’UNESCO.

Sur le plan du dialogue interculturel et interreligieux, l’ambassadeur a salué le rôle de la Ligue mondiale islamique, reconnue comme membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU.

Depuis La Mecque, cette organisation œuvre à promouvoir les valeurs de tolérance de l’islam et à combattre l’extrémisme et le radicalisme. Son action s’inscrit dans une vision plus large de coexistence pacifique et de compréhension mutuelle entre les peuples.

Selon Fahd Al Ruwaily, le Fonds franco-saoudien pour le Liban, créé en 2022, illustre cette volonté commune d’agir concrètement pour soutenir des populations en détresse. De même, les efforts humanitaires du Royaume se déploient dans des zones de crise comme Gaza, la Syrie, l’Ukraine ou le Yémen.

En conclusion, Fahd Al Ruwaily a rappelé que, face aux défis mondiaux tels que les conflits armés, le terrorisme, les crises humanitaires, le changement climatique et les inégalités, la solidarité humaine n’est plus une option, mais une nécessité.

En cette Journée internationale de la solidarité humaine, son appel est clair : renouveler l’engagement collectif en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus digne, où la coopération et le dialogue demeurent les meilleurs remparts contre les fractures contemporaines.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.